Je ne vais pas résumer cette histoire de la désespérance. Dans
Si c'est un homme,
Primo Lévi raconte les mois qu'il a passé dans le Lager, le camp d'extermination d'Auschwitz. La misère, les humiliations, les coups, la faim omniprésente, le travail incessant, les sabots, le froid et les pieds qui enflent, les maladies, l'annihilation de la personnalité humaine... Il en est ressorti, pas des milliers d'autres. Alors il témoigne, pour que plus jamais ça ne recommence.
C'est horrible, terrible.
Si c'est un homme est un témoignage raconté factuellement, de façon presque clinique.
Primo Lévi donne la voix à toutes ces victimes de la folie humaine, comme pour s'en libérer, décharger son âme, peut-être comprendre ce qui est au-delà de toute compréhension, pour alerter, et pour apprendre : "Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme". Ce récit commencé dans le Lager est un choc, devrait passer entre les mains de tout le monde, et être dans les programmes d'histoire des collèges et lycées.
Au-delà du récit lui-même, qui m'a, comme on dit, chamboulée, retournée, je ressors de cette lecture pessimiste sur le devenir humain. Parce que, si encore l'horreur des camps de torture et de mort, choquant l'humanité, avait servi de leçon aux générations futures, si l'homme apprenait de ses folies, on pourrait peut-être trouver un sens à tous ces morts, toutes ses souffrances. Mais ce n'est pas si simple, bien sur. Il n'y a qu'à regarder les informations, ça recommence, sous une forme ou une autre, pour une histoire de religion, de lopin de terre ou d'origine.
Ce témoignage est à lire, à relire, à distribuer autour de nous, pour éviter, si on le peut, que ça ne recommence, et surtout, qu'on ne puisse plus avoir la lâcheté de dire : "je ne savais pas"...