AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,49

sur 9324 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Primo Levi raconte l'inracontable. Il le fait avec force et subtilité.
Il le fait, et cela m'a beaucoup étonné sans haine pour ses bourreaux.

Il passe du récit méthodique du strict quotidien du prisonnier à la description de certains Hommes, à l'analyse profonde de la nature humaine.

Il observe avec beaucoup de perspicacité ce qui fait de vous un Homme ou pas, ou plus.

Que reste t'il quand l'être humain touche le fond ?

Primo Levi l'a vécu, l'a vu et nous le transmet avec talent.

Je ne trouve pas les mots pour en dire plus.
C'est tout simplement un livre majeur, indispensable, humain.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
Commenter  J’apprécie          661
Comment dire l'innommable ? Que dire après cela ? Se taire tout d'abord. Se terrer. Comme un chien.
Et puis parler, écrire, dire l'innommable, le répéter sans cesse jusqu'à la nuit des temps. Se dire que cela peut recommencer, que cela s'est malheureusement déjà reproduit à plusieurs reprises, ailleurs, depuis la parution de ce texte.
Ne pas se taire, ne jamais se taire.
Regarder en face avec des yeux atterrés l'horreur, l'innommable.
Les mots sans doute manqueront encore, il faudra aller les chercher plus loin, enfouis dans la nuit et derrière le brouillard.
Puissent les mots de chacun d'entre nous retentir, se nouer, faire une farandole, dresser des barricades, dire celles et ceux qui ont perdu leur nom, leurs vêtements et leurs cheveux, le discernement et la dignité, sont devenus nus, avec des numéros gravés sur leurs bras, ont touché le fond, ne sont jamais revenus pour la plupart d'entre eux.
Les répéter inlassablement comme une litanie à nos enfants, petits-enfants, qui les répéteront à leur tour jusqu'à ce que l'innommable cesse peut-être un jour.
Dire que cela fut.
Ne jamais oublier.
Graver ces mots dans le coeur des uns et des autres pour les rendre indélébiles.
Déranger la quiétude des maisons, le sommeil et les habitudes tranquilles.
Dire ce que des hommes ont pu faire à d'autres hommes.
Dire l'enfer à visage humain.
Celles et ceux qui avaient pourtant dit : " plus jamais cela !" se sont malheureusement trompés.
Pourquoi ?
Comment survivre après cela, pour ceux qui en sont revenus ? Comment survivre avec cela ?
Survivre, tenir debout, pour raconter, témoigner, dire l'indicible, rester vivant, retrouver sa dignité.
Lutter pour sa propre vie tout en étant l'ami de tous.
Si c'est un homme est le récit sobre de Primo Levi revenu du camp d'Auschwitz. De ce qu'il a vécu, il témoigne dans un récit sobre, sans haine et sans désir de vengeance.
Si c'est un livre, c'est bien celui-là, pour répéter encore et toujours PLUS JAMAIS CELA !
Commenter  J’apprécie          659
Des mois, si ce ne sont pas des années que je lis des extraits de ce grand témoignage de Primo Levi.
Mon édition date de 1996, publiée chez Robert Laffont.
Je lisais, relisais des passages depuis un an.
À présent, je peux dire que j'en ai fait le tour.
Écrit sur base de nombreuses notes que le prisonnier a prises au camp de détention en 1943 et ensuite à Auschwitz en 1944, le récit nous délivre la façon de s'organiser des hommes dans pareille tourmente qui dépasse toute horreur que l'on peut imaginer.
À la fin de la guerre, les alliés lui ont demandé de rassembler ses écrits. C'est seulement en 1967 qu'ils ont été publiés . En 1987, le livre verra le jour en français.
Primo Levi, juif italien a été arrêté en 1943 dans l'Italie fasciste.
Quand on lit les horreurs décrites, il nous livre la distance qu'il a pu prendre, un peu comme si ce n'était pas lui qui les vivait.
Il a gagné quelques droits, un peu de confort en tant que chimiste car il s'est fait enrôler dans un kommando de travail chimique.
Il a connu l'envie de survivre grâce au printemps qui revenait, grâce à l'amitié, à la vie.
On apprend énormément de faits non seulement sur l'organisation des détenus entre eux, le marché noir, le troc, mais aussi sur l'organisation des camps par l'autorité allemande. de la sociologie de l'horreur!
Pour l'auteur, il existe deux catégories de prisonniers : ceux qui sont capables de trouver des positions d'autorité et les plus faibles, touchés par la faim, l'extrême fatigue, la maladie...Il dénonce par la même occasion le rôle infâme des kapos, ces prisonniers qui agissent sous les ordres des SS et n'hésitent pas à faire mal à leurs semblables.
Il est terrorisé lorsqu'ils doivent courir nus devant les SS qui décident s'ils peuvent vivre ou mourir.
Il est honteux, brisé devant le courage puni d'un homme qui a participé à la démolition d'un four crématoire.
Ils sont évacués lorsque les Allemands ont perdu la guerre mais il est isolé des autres à cause de la scarlatine.
Il sera libéré avec deux autres en janvier 45 par l'armée russe.
Un très grand récit témoignage dans l'enfer.
J'allais oublier la dernière partie du récit qui comprend un article avec des propos très forts au sujet des alliés et de leur comportement envers les juifs pendant la guerre : article signé Primo Levi en 1987, année de sa mort.
On peut aussi lire l'interview de Primo Levi par Philippe Roth en 1987 également. Là aussi, les propos de l'auteur sont assez forts.

Commenter  J’apprécie          636
Primo Lévi retrace pas à pas et avec une extrême précision son séjour à Monowitz-Auschwitz, depuis son arrestation, son voyage, son arrivée en wagons plombés après 15 jours de voyages, jusqu'à sa libération.
Il décrit le brutal processus de déshumanisation, comment rapidement il devient le numéro 174 517, comment Hundert Vierundsiebzig Fünf Hundert Siebzehn devient sa nouvelle identité. (...)
Plus qu'un récit au quotidien, ce texte est une analyse sociologique d'un camp de concentration et d'extermination.
Plus qu'une tentative d'émouvoir, il s'agit d'une volonté de rendre compte, de donner à comprendre l'ensemble des mécanismes de survie et d'aliénation et d'appeler au devoir de mémoire.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          611
un livre dur, humain, étouffant....Primo Levi montre ce que fut sa vie dans un camp de concentration pour lui ce fut Auschwitz....la peur, la faim, le froid, un peu de chance, la solitude, l'indifférence, chacun pour soi...et puis, un bras qui vous soutiens, un sourire, l'espoir....Primo Levi revint d'Auschwitz, il voulut témoigner sans artifices de son passage dans cet enfer.
Ce document devrait se trouver dans toute bibliothèque pour que, jamais la folie des hommes ne soit oubliée.........éternel espoir
J'écris souvent une critique avec un certain recul. J'ai entamé celle-ci après avoir lu le dérangeant livre de Robert Merle : "la mort est mon métier" dont je parlerai en son temps. Simplement, il raconte l'ascension d'un enfant renfermé, "élevé" dans une famille pauvre...stricte, sans amour qui deviendra l'"organisateur" des camps de la mort.
Dans la dernière partie de ce livre, le personnage principal dirige Auschwitz....Hé bien, je trouve ce livre beaucoup plus violent, choquant que celui de Primo Levi.
Peut-être parce que la parole est donnée aux bourreaux :
parlant d'enfants gazés
"j'avais des ordres. Les enfants étaient considérés comme inaptes au travail.Je devait donc les gazer.
"Il ne vous est jamais venu à l'idée des les épargner ?
"il ne m'est jamais venu à l'idée de désobéir aux ordres.
Commenter  J’apprécie          614
Comment peut-on se sentir coupable quand d'autres ont décidé de vous anéantir vous et vos semblables ? Primo Lévi raconte cette chose affreuse qui est peut-être la pire des monstruosités perpétrées par les nazis : la culpabilité des victimes, celle de savoir qu'elles ont survécu au détriment de leurs compagnons d'infortune. Une souffrance insurmontable qui a tué Primo Lévi quarante après les faits, mais qui avant, pour que l'innommable ne se reproduise pas, aura soumis à notre réflexion et à celle des générations suivantes ce poème écrit en juin 1947 placé en exergue de Si c'est un homme :

« Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui pour un non. Considérez si c'est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu'à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver. N'oubliez pas que cela fut, Non, ne l'oubliez pas : Gravez ces mots dans votre coeur. Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant ; Répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable, Que vos enfants se détournent de vous. »
Commenter  J’apprécie          590
En 1944, Primo Levi est déporté à Auschwitz. Il y survit pendant un peu plus d'un an. En 1947, il rapporte ce qu'il a vécu pendant son internement, non pas « … dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. »
Et en effet, si les faits nous sont parfaitement connus pour qu'on nous les rappelle régulièrement et à juste titre, lors d'écrits, de reportages ou de films, Primo Levi s'attaque à l'insaisissable, à l'immatériel, aux comportements des hommes placés dans une situation particulière : l'enfer. Il adopte une attitude neutre lors de son récit, souhaitant avoir le rôle de témoin dans un tribunal informel, nous laissant le rôle de juge, comme il l'explique.
Pour illustrer les intentions de l'auteur, ingénieur chimiste, on pourrait dire qu'il étudie non pas les éléments en présence mais les réactions créées quand ces éléments entrent en contact les uns avec les autres.
Il s'agit bien d'une description du caractère humain plongé dans l'horreur de la barbarie nazi. Dès lors, l'heure n'est plus aux grands sentiments. Tant d'un bord que de l'autre, l'individu se recroqueville sur lui-même et son instinct de survie, quoiqu'il en coûte en termes de vie humaine ou en « bons sentiments ». l'humanité est annihilée au profit d'une journée supplémentaire en vie : c'est la grande entreprise de déshumanisation qui se met en mouvement.
« Savez-vous comment on dit « jamais » dans le langage du camp ? « Morgen früh », demain matin. »
Ce qui fait qu'ils sont des hommes, des femmes ou des enfants est anéanti, car leur conscience, le seul arbitre du bien et du mal, est brisée. le temps semble suspendu. le camp est devenu l'espace où la bestialité la plus cruelle peut donner libre court à toutes les inventions les plus féroces, tant parmi les bourreaux que parmi leurs victimes.
« Si c'est un homme » n'est pas seulement un énième récit sur les camps de concentration, c'est surtout un témoignage sur la nature humaine. L'ouvrage est remarquablement bien écrit et traduit. le texte est limpide, il frappe sans conteste les esprits et est un argument supplémentaire au devoir de mémoire des nations et de chaque individu.
Au sortir de cette lecture, il monte naturellement une envie de vengeance, mais ce serait s'avilir à devenir comme ces êtres, des meurtriers, des tortionnaires, indignes de faire partie de la race humaine, êtres en-dessous de tout, quant au pardon, il est inadéquat, il faudrait être au-dessus des hommes pour s'autoriser ce droit divin. Contentons-nous de contempler les faits, ces actes inexcusables que nos congénères ont commis pour en tirer leçon et améliorer l'espèce.
Traduction de Martine Schruoffeneger.
Editions Julliard, Pocket, 315 pages.
Commenter  J’apprécie          580
Peut-on imaginer la souffrance qu'à pu ressentir Primo Levi à l'écriture de son témoignage? A revenir sur ces évènements d'autant plus prégnants qu'ils étaient si récents. Certainement pas.

Nous avons tous une idée de la vie dans les camps d'extermination tant on en a entendu parlé, ou vu dans des films. Je me souviens de celui qui passait régulièrement quand j'étais ado, les évadés de Sobibor je crois. Il y avait l'horreur mais il y avait l'espoir de la fuite.

Primo Levi expose à la vue de tous un monde duquel tout espoir a été extrait, en totalité. L'homme est dépossédé d'abord de sa famille, de ses proches (dont il apprendra plus tard le funeste sort) puis de tout bien matériel, de tout moyen permettant de conserver la moindre estime de soi (habillement, hygiène), de son identité et de toute capacité à se projeter dans un ailleurs.

Les frontières du monde s'arrêtent aux barbelés du camp, les paysages, la vie derrière ont disparu. L'unique manière de sortir "c'est par la cheminée" comme il est coutume de dire entre prisonniers. Par une décision aléatoire des bourreaux chacun sait qu'il peut disparaitre d'un instant à l'autre sans que quelque raison soit invoquée. Aucun avenir n'est possible tant finir le jour présent compte et tant la faim occupe les esprits. Car se nourrir est le sujet de préoccupation principal au camps. le pain est la monnaie universelle qui permet les échanges et l'amélioration si infime soit-elle du quotidien.

Et il est cruel ce quotidien, rythmé par l'organisation du camp. Levé aux aurores, attentes interminables dans le froid glacial, le travail harassant, la ration de pain qu'on savoure et qui n'apaise jamais la faim ou qu'on met de côté pour échanger contre un objet, le comptage, le coucher, les corvées, interminablement.

Comment rester un homme quand on est réduit à numéro, quand il ne reste plus en nous que l'étincelle de volonté de la survie? C'est ce que tente d'expliquer Primo Levi, en citant quelques compagnons qui vont apporter leur aide sans contrepartie, par humanité. Ces personnes par des gestes simples vont apporter la ressource pour continuer à croire qu'il existe une raison de lutter.

Un ouvrage cauchemardesque (au sens propre), qui nous accompagne jour et nuit longtemps après sa lecture et certainement plus longtemps encore. Un témoignage poignant pour ne pas oublier de quoi sont capables les hommes contre les hommes mais aussi grâce à ce récit ce que les hommes sont capables de faire pour les hommes.
Commenter  J’apprécie          587
Déporté d'Italie en janvier 44 vers d'Auschwitz, le jeune chimiste Levi nous livre avec sobriété la vie du camp de travail, avec un bout de pain dans le ventre, habillé de guenilles, braver le froid, la faim, la soif, le travail épuisant, les coups des Kapos, gardes chiourmes cruels sélectionnés parmi les prisonniers de droit civil allemands, le chacun pour soi, la destruction de l'être humain.
La majorité ne comprennent pas assez vite les règles du camp et s'en vont avant trois mois ...par la cheminée.

Certains s'accrochent, tenir jusqu'au printemps, survivre pour pouvoir le raconter. Alors c'est la débrouille, trafic de soupe, chemises, cuillères, au cours du jour estimé en demi rations de pain. C'est échapper aux sélections périodiques des plus faibles pour les chambres à gaz, c'est trouver un protecteur parmi les ouvriers de l'usine.

Primo Lévi est abandonné à l'infirmerie quand à l'approche des Russes, les SS évacuent les prisonniers valides lors d'une marche mortelle par -20°C.
Commence une autre survie de 10 jours dans le camp déserté, au milieu des malades, des morts, des excréments infectés de typhus et dysenteries, mortelles dans leur état de faiblesse.

Quel courage pour se souvenir et écrire tout ça!

Livre renseigné par Simone Veil dans sa biographie, cette immersion n'a pas été facile. J'en étais malade, j'en rêvais la nuit, mais cela a le mérite de préserver le souvenir de ce qui ne devrait plus jamais se reproduire.
Commenter  J’apprécie          5810
Un homme politique français a déclaré un jour que les chambres à gaz était un détail dans l'histoire de la seconde guerre mondiale.
Ce livre apporte un démenti cinglant à ces propos, il montre au contraire que c'était un élèment essentiel dans la politique d'extermination mise en place par les nazis.
A chacune des pages, la détresse des déportés apparaît. Face à leur volonté de survivre, les nazis n'ont de cesse de leur ôter toute dignité, de nier jusqu'à leur statut d'être humain.
Que rajouter de plus face à ce témoignage boulversant, les mots me manquent.
Commenter  J’apprécie          560




Lecteurs (26311) Voir plus



Quiz Voir plus

Si c'est un homme

Quelle est la forme ce texte ?

C'est un roman.
C'est un recueil de nouvelles.
C'est un récit autobiographique.

10 questions
1311 lecteurs ont répondu
Thème : Si c'est un homme de Primo LeviCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..