Des mois, si ce ne sont pas des années que je lis des extraits de ce grand témoignage de
Primo Levi.
Mon édition date de 1996, publiée chez Robert Laffont.
Je lisais, relisais des passages depuis un an.
À présent, je peux dire que j'en ai fait le tour.
Écrit sur base de nombreuses notes que le prisonnier a prises au camp de détention en 1943 et ensuite à Auschwitz en 1944, le récit nous délivre la façon de s'organiser des hommes dans pareille tourmente qui dépasse toute horreur que l'on peut imaginer.
À la fin de la guerre, les alliés lui ont demandé de rassembler ses écrits. C'est seulement en 1967 qu'ils ont été publiés . En 1987, le livre verra le jour en français.
Primo Levi, juif italien a été arrêté en 1943 dans l'Italie fasciste.
Quand on lit les horreurs décrites, il nous livre la distance qu'il a pu prendre, un peu comme si ce n'était pas lui qui les vivait.
Il a gagné quelques droits, un peu de confort en tant que chimiste car il s'est fait enrôler dans un kommando de travail chimique.
Il a connu l'envie de survivre grâce au printemps qui revenait, grâce à l'amitié, à la vie.
On apprend énormément de faits non seulement sur l'organisation des détenus entre eux, le marché noir, le troc, mais aussi sur l'organisation des camps par l'autorité allemande. de la sociologie de l'horreur!
Pour l'auteur, il existe deux catégories de prisonniers : ceux qui sont capables de trouver des positions d'autorité et les plus faibles, touchés par la faim, l'extrême fatigue, la maladie...Il dénonce par la même occasion le rôle infâme des kapos, ces prisonniers qui agissent sous les ordres des SS et n'hésitent pas à faire mal à leurs semblables.
Il est terrorisé lorsqu'ils doivent courir nus devant les SS qui décident s'ils peuvent vivre ou mourir.
Il est honteux, brisé devant le courage puni d'un homme qui a participé à la démolition d'un four crématoire.
Ils sont évacués lorsque les Allemands ont perdu la guerre mais il est isolé des autres à cause de la scarlatine.
Il sera libéré avec deux autres en janvier 45 par l'armée russe.
Un très grand récit témoignage dans l'enfer.
J'allais oublier la dernière partie du récit qui comprend un article avec des propos très forts au sujet des alliés et de leur comportement envers les juifs pendant la guerre : article signé
Primo Levi en 1987, année de sa mort.
On peut aussi lire l'interview de
Primo Levi par Philippe Roth en 1987 également. Là aussi, les propos de l'auteur sont assez forts.