- Bien dormi ? demanda Antoine.
- Mon côté gauche a bien dormi, le droit n'avait pas assez de place.
- Si le bonheur se présente, ne le laisse pas passer.
- Je ne suis pas sûr qu'il ait ma nouvelle adresse ton bonheur...
- Paris n'est qu'à deux heures quarante. Et puis toi aussi tu peux venir me voir, non ? Enfin, si tu en as envie.
- Bien sûr que j'en ai envie. J'aurais encore plus envie que tu ne partes pas, que nous puissions nous revoir dans la semaine. Je ne t'aurais pas poposé de dînér avec moi lundi, la date aurait été trop proche, je n'aurais pas voulu te faire peur, ou être trop présent, mais je t'aurais dit mardi ; toi tu m'aurais répondu que ce mardi-là, tu étais malheureusement prise ; alors nous aurions choisi de nous revoir mercredi. Mercredi aurait été parfait pour nous deux. Bien sûr, la première partie de la semaine nous aurait paru interminable, la seconde un eu moins car nous nous serions retrouvés pendant le week-end. d'ailleurs, dimanche prochain, nous aurions brunché , à cette même table, qui serait devenu notre table.
Audrey posa ses lèvres sur celles de Mathias.
-Tu sais ce que nous devrions faire, maintenant ? murmura-t-elle. Profiter de ce dimanche-là, puisque nous sommes assis à notre table, et que nous avons encore toute une après-midi , rien qu'à nous.
- C'était qui ton copain en détresse ?
- Un certain David.
- Jamais entendu parler ! répondit Antoine.
- Tu es sûr ? Tu m'étonnes... Je ne t'ai jamais parlé de David ?
- Mathias... tu as du gloss sur les lèvres ! Fous-toi encore de ma gueule et je remonte la cloison.
- Tu ne peux pas la passer dans tes frais, moi si ! Et puis arrête de parler et fais attention à la route, si j'en crois la carte, tu dois prendre la prochaine à droite... A droite j'ai dit, pourquoi tu as pris à gauche ?
- Parce que tu tiens la carte à l'envers, andouille !
C'étaient ceux de Margaret Tudor qui, chaque nuit, guettait le retour de son mari James IV, porté disparu dans les combats contre les armées de son beau-frère Henry VIII.
- Je comprend qu'elle l'ait perdu, comment tu voulais t'y retrouver avec tous ces chiffres ? s'exclama Mathias.
Cette fois ce fut Louis qui le rappela à l'ordre.
Se fixer des règles n'avait aucun intérêt, si ce n'était pour essayer de les enfreindre.
"Je reviendrai vous voir bientôt". "C'est ce qu'on dit quand on part".
Sophie s’en était allée depuis plus d’une heure.
Antoine tournait toujours en rond dans son salon. Il
s’approcha du mur de l’autre côté duquel vivait Mathias.
Il gratta à la cloison, mais aucun bruit ne revint en écho,
son meilleur ami devait dormir depuis longtemps
Vous avez le mal du pays ? demanda Mathias.
– Non, pas encore, répondit la jeune femme,
amusée.