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Jean Clottes (Traducteur)
EAN : 9782020327817
128 pages
Seuil (07/03/2003)
2.5/5   2 notes
Résumé :

Le récit d’un voyage entrepris en 1873 dans les montagnes du Drakensberg est au cœur de ce livre et en constitue le fil conducteur. J.M. Orpen, qui dirigeait l’expédition, obtint d’un San (Boschiman) des explications extraordinaires concernant les peintures rupestres spécifiques à ce lieu. Les élans magnifiques, les danses de transe, les « animaux de la pluie » et toutes les représentations picturales si originales de cet art rupestre, difficiles à compr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'auteur de cet ouvrage a beaucoup échangé et travaillé avec le traducteur de ce texte en français qui est un grand préhistorien français. En fait cet ouvrage pointilleux et dense repose principalement sur une expédition de l'auteur chez les San et sur leur territoire en Afrique du sud ( un territoire bien plus vaste que la région visitée). Les San ont une culture chamanique très inclusive de leur environnement qu'ils maitrisent à la perfection. Ils occupent leur territoire de manière continue depuis environ 45000 ans. Ils continuent de faire des peintures dans cette tradition . Il y a des oeuvres San avérées à moins 10000 par exemple et également (des gravures sur roches). Les San continuent d'avoir un rapport intime avec l'art rupestre de tradition préhistorique qui dégage selon leur codification actuelle un sens manifeste toujours contemporain en tant que langage sacré. Il semble que déjà très anciennement ces oeuvres sont liées à un contexte religieux chamanique. Cette continuité de sens au travers des millénaires et la connaissance d'un véritable langage pictural qui se perpétue dans une indéniable continuité est fascinante. L'auteur pose que ces peintures sont fréquemment en rapport avec la transe chamanique. Il y aurait dans ces oeuvres la figuration d'un panthéon divin San ou d'esprits intercesseurs ou simplement guides entre les mondes (l'élan du Cap). le chaman lui-même serait figuré dans ses processus numineux alors qu'il s'approprierait des attributs propres aux animaux pour accomplir au coeur de sa transe ,son voyage dans d'autres niveaux de réalité. Cet art millénaire est splendide ,lumineux et polychrome et il exploite intensément les aspérités de ses supports et les flux de lumière in situe dans le cadre d'une conception initiale en synergie complexe avec l'environnement physique qui façonne le pictural. le traducteur de ce texte en français est un éminent préhistorien français promoteur en France de la thèse chamanique autour de l'interprétation de l'art rupestre européen . Une interprétation très parachutée et problématique ,très discutable et avec peu d'arguments solides en sa faveur pour l'Europe, au contraire des oeuvres San d'Afrique du Sud.
Explorer ce contexte chamanique explicite, subtil et nuancé de l'art San est très parlant et il faut donc savoir que ces oeuvres sont la source d'hypothèses totalisantes et peu plausibles en art pariétal européen où un autre contexte prévaut . Un univers paléo européen qui s'est peut-être perpétué dans le néolithique européen pour des raisons qui sont en rapport avec les flux migratoires réguliers en provenance du levant (Voir le langage de la déesse de Marija Gimbutas entre autres). Pour information ces documents rupestres San sont infiniment nombreux .Assez marginalement certaines de ces oeuvres semblent être de nature historiographiques et non religieuses car elles détailleraient des affrontements avec les populations bantoues plus tardivement arrivés en Afrique Australe où elles furent initialement invasives. Ce livre s'insère donc nécessairement dans la querelle autour du contenu éventuellement chamanique de l'art pariétal européen. L'idée c'est que les peuples de chasseurs cueilleurs s'exprimeraient par des religions chamaniques .Beaucoup de peuples de chasseurs cueilleurs ont créé des peintures sur roches, quelquefois en plein air comme dans le Portugal préhistorique et sur un petit mobilier portatif. « La démarche interprétative chamanique » repose sur l'énoncé suivant : "ce que font les peuples chamaniques aujourd'hui ,les hommes de Lascaux le faisait aussi »
Perso dans le cadre d'un certificat d'histoire des religions j'ai approché le chamanisme des Bouriates de Sibérie et par nécessité la démarche chamanique en générale. Ce que j'en ai retenu, c'est que les pratiques chamaniques ont des possibilités de déclinaisons variée. Elles peuvent s'intégrer dans des religions d'une autre nature que chamanique avec le culte à un panthéon ,avec des rituels et un clergé structuré sur d'autres fondement que l'élection initiatique chamanique et sur des modes opératoires non chamanique. Si on se concentre sur la zone refuge des populations occidentales européennes pendant les maximums glaciaires (Espagne atlantique et sud-ouest de la France), on ne manque pas de constater que se dégage les contours d'une aire culturelle commune assez probable, dont les expressions ont varié sur des centaines de siècles et les images pariétales ont certainement possédées des valeurs sémiologiques différentes ,pour les populations préhistoriques qui se sont succédées dans ce territoire (qui sait combien de sites ? et combien de fois ? ont été oubliés et redécouverts plusieurs fois. L'histoire des religions anciennes et les approches historiques sur la longue durée et la continuité variable (un champ historique spécialisé) enseigne que le conservatisme est une tendance forte dans les groupes religieux mais que sous l'apparence du conservatisme (par exemple iconographique) les contenus, les rituels et la dogmatique évoluent grandement (pression du milieu naturel ou social). Pour ce qui est des cultures paléolithiques européennes ont doit souligner que les représentations humaines sont très rares et elles sont encore plus rarement imputables à des essais figuratifs éventuellement chamanique ( un cas unique de transe éventuelle tardif) .Quelquefois ce qui a l'air indubitablement humain ne l'est peut-être pas (questionnement autour de la présence de logogrammes). Une partie significative de ces représentations sont en rapport avec des figurations clairement liées au symbolisme de la fécondité au niveau primaire avec des vulves et d'autres symboles féminins ou dérivés comme l'affrontement de bisons pendant le rut .Il est démontré que les femmes de manières certaines avaient accès aux sanctuaires (certains au moins pour l'instant). Elles y peignaient peut être car elles laissaient massivement la marque de leur mains (celles de nombreux enfants sont également attestées). Quand le réchauffement du climat (fin du paléolithique) a modifié la donne en segmentant les peuplements et en induisant peut-être une fragmentation ethnique? Avec la dispersion des gens et avec la multiplication du matériel portatif les figurations de la fécondité féminine occupent une place toujours significative mais le sexe masculin est en pleine floraison figurative. La femme fertile est toujours stylisée à la fin du paléolithique européen ,mais elle conserve un aspect fécond surdimensionné. Décréter que le culte des déesses mère fécondes, et celui de la fécondité en générale ,est un import des peuples asianiques (des agriculteurs néolithiques) qui auraient modifié intégralement le paysage religieux européen est une vue de l'esprit et un rêve éveillé. Si on se penche sur l'Anatolie et le Zagros (qui sont les régions sources des peuplements paléolithiques comme néolithiques de L'Europe) on constate que les cultes de la déesse sont en rapport étroit avec les expressions religieuses paléolithiques et néolithiques de ces régions et c'est valable également pour les peuples éleveurs de la fin du paléolithique balkanique. le lecteur intéressé explorera avantageusement les thèmes religieux de catal huyuk ( taureau, déesse mère, oiseau ,félin .. etc... ) La comparaison avec l'art pariétal européen plaide très probablement pour l'existence d'une aire culturelle commune et conservatrice de l'atlantique au levant . le chamanisme est peut-être un facteur à prendre en compte (un unique document du paléolithique récent va dans ce sens) mais quand et surtout selon quelles modalités ou cadres ? Ce texte permet d'approcher le contenu à l'origine de la thèse chamanique autour de la compréhension des oeuvres rupestres du paléolithique européen, en offrant la contemplation d'une iconographie chamanique opératoire chez les San (actuels et préhistoriques) . On peut ainsi comprendre pourquoi ces réalités sud-africaines et chamaniques ne peuvent être plaquées arbitrairement sur l'Europe.
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Jean Clottes et David Lewis Williams : Les Chamanes de la préhistoire
Depuis le site préhistorique de Laugerie-Basse (Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne), Olivier BARROT présente le livre "Les chamanes de la préhistoire" de Jean CLOTTES et David LEWIS WILLIAMS, édité par LA MAISON DES ROCHES. Images de peintures rupestres.
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