On a les héros qu'on mérite

Ni un roman, ni un essai, ce livre est un dictionnaire amoureux Canada dry : il a ce point commun de la subjectivité des choix, puisque l'auteur nous livre son histoire et ses héros, qu'il a croisé, qu'il adore, qu'il collectionne. Et c'est une fresque riche de personnages fictifs, réels parfois, de bandes dessinées, de livres, de films. Ça commence doucement, et c'est crescendo d'intérêts. On redécouvre des oeuvres, des envies de revoir ou de relire : Hitchcock par exemple, mais aussi relire Simenon, mais aussi revoir la trilogie Batman de Nolan (j'approuve la comparaison Superman-Batman), les Monty Python, Jean Echenoz, et tant encore. de bonnes anecdotes pour agrémenter le tout. Ah oui aussi : un grand-père familier du "nonsens". Ce livre c'est un planning assuré cinémato-littéraire pour les mois à venir. Je recommande (c'est rare) cette écriture très plaisante, cultivée et amusée. C'est difficile de critiquer un livre qui vous donne la recette de la bonne critique ! Mais comme tout le monde a ses raisons (bon là faut vraiment avoir lu ce livre).

C'est le genre de livres qui passent sous les radars, une sorte de dictionnaire amoureux en version Light qui récapitule en une vingtaine de chapitres, d'à peine quelques pages, les coups de coeur d'un critique cinéma de la presse magazine.

On y croise des noms qu'on connaît : Hitchcock, Hawks, Renoir, Ingrid Bergman, Borges ou Simenon. Que peut-on en attendre, avant de le lire ? Que peut-on en dire, après l'avoir lu ?

Ceci : que ces 200 et quelques pages sont tendres, drôles, justes, légères - intelligentes aussi en même temps que vagabondes. Elles ne souffrent, c'est leur force et peut-être leur seule limite, d'aucun développement savant, d'aucune lourdeur d'appareil, d'aucune pose avantageuse ou suffisante. Tout se situe entre gris très clair et bleu très ciel.

Il y est dit (ce sont les mots de Rivette) que Hawks filmait à hauteur d'homme. Libiot écrit à hauteur de lecteur, et son panthéon où on voit aussi apparaître Batman et Langelot sonne étrangement familier. Sans doute a-t-on aussi les auteurs qu'on mérite...