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EAN : 9782253937487
320 pages
Le Livre de Poche (13/09/2023)
3.53/5   32 notes
Résumé :
1939. Hans, le père de Jonathan Lichtenstein, arrive en Grande-Bretagne après avoir échappé à l’Allemagne nazie grâce au dernier convoi du Kindertransport. Presque tous les membres de sa famille étant morts durant l’Holocauste, il reste en Angleterre, où il tourne le dos à sa culture juive allemande. Toute sa vie, Jonathan peine à comprendre ce père taiseux, au comportement erratique.
À l’aube de ses quatre-vingts ans, Hans accepte d’affronte les démon... >Voir plus
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Nous allons donc Hans Lichtenstein, qui a décidé de revenir, en compagnie de son fils Jonathan, sur les traces de ce qui fut son périple de Berlin jusqu'en Grande Bretagne en 1940, à bord du dernier Kindertransport, alors qu'il était âgé de douze ans, laissant derrière lui une grande partie de sa famille, tel un voyage à l'envers.

Hans n'a jamais voulu évoquer son passé en famille, on sait quelques bribes : Ruth la mère de Hans a survécu à la guerre et vivait à Berlin-Est, donc ne pouvait pas franchir le mur. Les grands-parents maternels de Hans étaient décédés avant les deux ans de Jonathan. C'est à peu près tout.

"Lorsque j'étais petit, mon père n'évoquait jamais ouvertement son enfance, ni ce qui avait trait à ses origines allemandes. C'était presque comme s'il n'avait pas été jeune. Il ne disait rien à propos de don père, de sa mère, de ses grands-parents, pas plus qu'il ne mentionnait des amis, les endroits où il avait joué ou habité, les écoles qu'il avait fréquentées…"

Hans n'a vu Ruth que trois fois, une à Berlin et les deux autres lorsqu'elle est venue leur rendre visite (ce qui n'a laissé un bon souvenir à personne, étant donné son autoritarisme !)

Devant le silence obstiné de son père, Jonathan va sombrer dans l'apathie, le dégoût de vivre, l'anorexie… Face à ce père, médecin apprécié de tous, bouillonnant d'énergie, il se sent à peine de droit d'exister, comme un éternel enfant.

Hans a mis un point d'honneur à réussir sa vie familiale et professionnelle, ne laissant rien filtrer de son enfance dans l'Allemagne nazie, qui se manifeste dans sa haine des voitures allemandes, Volkswagen, Mercedes, qu'il dénigre constamment et pour cause, il s'achètera uniquement des Mini, dans lesquelles il conduira sa famille assez nombreuse (5 enfants) en prenant des risques insensés sur les routes terrorisant les siens.

Malgré cette relation dure et conflictuelle, le père ne tolérant aucun signe de faiblesse, il décide de l'accompagner dans ce voyage à l'envers : retour vers Berlin, en suivant les mêmes lieux que le train a utilisé : le ferry vers le Pays-Bas, le train, en visitant les sites témoins, le musée du peuple juif de Berlin, cimetière juif, la boutique que tenait son père et qui a été détruite lors de la Nuit de Cristal.

Certains souvenirs remontent, même ceux qui semblent les plus insignifiants, telles les pancartes sur le trajet les arrêts en cours de route, sur fond de pâtisseries et de café partagés avec son fils, dans les fameuses Konditorei. Il y a un pèlerinage sur le trajet du Kindertransport (dont il fit partie du dernier convoi) et un retour sur les plaisirs de son enfance. Force est de constater qu'il se souvient de beaucoup de choses alors qu'il n'était âgé que de 12 ans.

Même, si tout cela lui remue les tripes, au propre comme au figuré, il met un point d'honneur à rester stoïque alors que son fils fait des crises de panique, obligé de se coucher à plat-ventre sur le sol et embrasser la terre ou le béton, en apnée… ce voyage n'est pas de tout repos car Hans ne perd pas son habitude d'adresser sans cesse des reproches, des critiques à son fils. Ils vont se découvrir un peu plus, mais ce qui ne s'est pas constitué pendant l'enfance sur le plan affectif, peut-il se rattraper, rien n'est moins sûr.

Une scène difficile : quand Hans veut entrer dans l'immeuble où a habité son père, alors qu'une octogénaire lui dit que « on ne peut pas laisser entrer les gens comme vous » (sic)

J'ai beaucoup aimé ce récit, témoignage d'une histoire que je ne connaissais pas, ces Kindertransport qui ont permis à des enfants d'échapper au pire et d'avoir accès à une autre vie, même si ce qui a été détruit l'est pour toujours, et témoignage aussi d'une relation père-fils qui a eu du mal à se construire, avec tous les non-dits, le poids des disparus.

Jonathan Lichtenstein a une écriture sobre, pas de lace pour le pathos, mais pour la souffrance, oui par contre. Il choisit d'alterner le présent et le passé, les étapes du voyage et les évènements qui ont jalonné la vie de la famille que Hans s'est construite au Pays de Galles.

Je l'ai terminé il y a plus d'une semaine, mais j'ai pris le temps pour rédiger ma chronique, temps nécessaire pour « digérer » ce voyage initiatique, pour ne pas laisser l'émotion me submerger, car certains passages sont très forts. Pour un premier livre, c'est vraiment réussi, car l'auteur sait très bien raconter.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions JC Lattes qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#ReveniràBerlin #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je remercie les éditions J.-C. Lattès pour l'envoi, via net galley, de l'ouvrage Revenir à Berlin : Sur les traces de mon père de Jonathan Lichtenstein.
1939. Hans, le père de Jonathan Lichtenstein, arrive en Grande-Bretagne après avoir échappé à l'Allemagne nazie grâce au dernier convoi du Kindertransport.
Presque tous les membres de sa famille étant morts durant l'Holocauste, il reste en Angleterre, où il tourne le dos à sa culture juive allemande.
Toute sa vie, Jonathan peine à comprendre ce père taiseux, au comportement erratique.
À l'aube de ses quatre-vingts ans, Hans accepte d'affronte les démons de son passé.
Le père et le fils entreprennent alors le voyage inverse jusqu'à Berlin et abordent les questions trop longtemps laissées en suspens.
Revenir à Berlin : Sur les traces de mon père est un récit. Celui du trajet d'un père et son fils effectué sur les traces de leur passé.
Hans a survécu à la seconde guerre mondiale. Juif, il a pu fuir l'Allemagne nazie grâce au dernier convoi du Kindertransport. Il n'est jamais retourné dans le pays de son enfance. Il a caché de nombreuses choses concernant son passé à ses enfants. Ces derniers savent les points essentiels évidemment, mais pas tout.. loin de là !
Hans est un homme littéralement bouffé par les fantômes du passé, par ceux qui se sont suicidés, et par ceux qui n'ont pas survécu aux tragiques évènements qui se sont déroulés pendant cette guerre.
Jonathan, un de ses fils, est également hanté par les fantômes du passé de son père, par tous les non-dits, les secrets de famille. Il a souvent la sensation d'étouffer face à ce paternel qui ne s'est jamais confié.
Alors que Hans vieillit, est malade, ils décident de faire le trajet inverse à celui fait par Hans des années auparavant.
Jonathan et son père ne sont pas complices, ils se connaissent mal toutefois le fils a bien compris que pour libérer Hans ce voyage était nécessaire malgré un état de santé précaire.
Cet ouvrage est une leçon de mémoire, il est important pour ne pas oublier et ne pas refaire les mêmes erreurs.
En compagnie de l'auteur, nous refaisons le chemin en sens inverse et c'est passionnant. Nous explorons les traumatismes qui se transmettent de génération en génération.
Leur voyage sera parfois difficile, mais ils vont enfin réussir à briser certains non-dits. Ils vont apprendre à mieux se connaitre, à avancer ensemble.
Ce récit est touchant, j'ai apprécié qu'il y ai des photos car elles apportent un vrai plus à cet ouvrage.
Je n'ai pas eu de coup de coeur car j'ai trouvé ça un peu froid par moment. Toutefois je le recommande sans hésitation car c'est un récit parfois poignant qui ne vous laissera pas indifférent.
Ma note : quatre étoiles.


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Jonathan Lichtenstein raconte dans le livre l'histoire de son père Hans. A 11 ans, en 1939, Hans est arrivé seul au Royaume-Uni. Juif, il a fuit l'Allemagne grâce au KinderTransport, un train qui a permis de sauver des milliers d'enfants juifs en les escortant jusqu'à Londres. de cette enfance, Hans a gardé une personnalité particulière que ses enfants ont parfois eu du mal à cerner....
A l'âge de 80 ans, Hans et Jonathan vont faire à rebours le voyage jusqu'à Berlin, l'occasion pour le père et le fils de se rapprocher et d'oser se dire des choses qui n'ont jamais été dites. le récit alterne des souvenirs de l'enfance de Jonathan et la découverte du voyage...La dureté d'Hans au début du livre avec ses enfants m'a un peu troublé, puis petit à petit les failles de cet homme se dévoilent et l'empathie prend place....
Ce livre est très touchant, aussi bien quand il raconte la petite histoire que la grande Histoire....
Merci à Netgalley et JC Lattès pour cette lecture.
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Jonathan a toujours eu un relation difficile avec son père, Hans, un taiseux, un peu fou parfois, irrévérencieux, intrépide mais secret. Il faut dire que Jonathan ne correspond pas, non plus, aux attentes du paternel… il sent bien que Hans a des secrets, confirmés par sa mère… mais rien ne sort… même pas la visite d'une tante, la soeur de son père, inconnue au bataillon, qui, après 2 semaines, de non-dits ou d'explications en catimini, repart et ne reviendra plus…

Jonathan, au fil des années, a récupéré des brides, par-ci, par-là… le transport des enfants en 1939, venant de Berlin, via les Pays-Bas, la vie au Pays de Galles, le refus de parler l'allemand, d'évoquer l'Allemagne, les nazis, la Shoah…

Un jour, cela prend à Hans, comme d'aller faire pipi… il veut revoir Berlin… le père et le fils partent donc, en voiture, en refaisant le chemin inverse de 1939… le ferry du Pays de Galles, Amsterdam, l'Allemagne, Berlin, un camp de concentration… le tout avec de nouvelles brides de renseignements sur la famille de Hans, les suicides masculins de la famille, les traumatismes, Berlin sous les Nazis, les angoisses de Hans répondant aux affres de Jonathan (souffle coupé, envie de mourir, etc.)….

Ce pas de deux, agrémenté de souvenirs gallois d'enfance, de crises existentielles, d'engueulades et de révélations… Berlin, des photos prises à la dérobée, des souvenirs à la pelle, avec peine, et ce poids de l'héritage, des non-dits, des regrets de n'avoir pas su avant, de ne pas avoir vécu, après…

L'émotion s'accumule, doucement, pour, dans les derniers paragraphes vous saisir à la gorge… sur un beau portrait…
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Un récit personnel qui raconte comment l'auteur a accompagné son père pour revivre à l'envers le voyage qu'il a fait depuis Berlin. Son père a fait partie des enfants amenés depuis Berlin par le programme humanitaire Kindertransport pour sauver des enfants juifs suite aux persécutions nazies.

On n'en apprend pas sur ce programme mais seulement sur la relation de cette famille. Un récit familial sur ce qui a marqué l'auteur, ses souvenirs avec son père et sa famille plus large. Des souvenirs d'enfance ponctuent les différentes étapes montrant que ce voyage père/fils donne des clés de compréhension sur le passé de chacun.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quelque chose lui a été dérobé au cours de son voyage en train, qui ne reviendra pas. Ceux qui survivent à ce à quoi il a survécu, s’ils réchappent à la mort de leur vie antérieure, sont néanmoins contraints de la conserver en eux.
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Plus tard, je me suis demandé quel besoin m'avait poussé à accomplir ce genre de chose. J'ai fini par comprendre que si mon père et moi ne pouvions communiquer par des mots, nous partagions l'intuition que, par le biais de ces expériences hors du commun, nous cherchions à rester en vie, que nous ne désirions pas mourir mais au contraire vivre vraiment. Ces moments intenses nous guérissaient des périodes banales où exister ou non nous laissait indifférents. Le danger extrême provoquait en nous un dévorant appétit de vivre.
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J’ai mis des décennies à me faire une idée de ce qu’il avait vécu. Je m’y suis efforcé car je voulais mesurer l’impact que son enfance avait eu sur la mienne, savoir pourquoi j’avais une conduite d’échec, pourquoi je ne réussissais rien, pourquoi je ne voulais pas parler aux gens, pourquoi le monde me paraissait souvent haïssable…
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Mon père n’était pas disponible pour moi, je ne l’étais pas pour lui, et bien que cela ait pesé sur mes épaules dès mon plus jeune âge et que je me sois efforcé de remédier à nos mutismes respectifs, c’était ainsi…
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