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J'avais déjà lu les deux (micros) romans, il ne m'en fallait pas plus pour attaquer ce recueil de nouvelles.

Ce que je pensais déjà de cet auteur se confirme. Il est incroyable de justesse et percutant. Ce qui me bluffe a chaque fois c'est son efficacité sur un si petit nombre de pages.

Ici ses nouvelles vont de plusieurs pages à 2 pages. Comment peut-on sincèrement faire quelque chose de prenant et d'incisif sur 2 pages ? Et bien Ken Liu l'a fait !!
Bien sur j'avoue quand même que ce n'était pas mes nouvelles préférées.
Ce que j'aime donc chez l'auteur c'est déjà qu'il est percutant, mais surtout qu'il fait réfléchir. Certaines de ses nouvelles m'ont menée a avoir la chair de poule par leur intensité.
Je n'ai pas envie de les détaillées car elles sont toutes intéressantes. Bien sur un recueil de nouvelles se picore de-ci delà....

Un auteur que je ne peux que conseiller vivement...
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Un recueil de nouvelles qui laissera une empreinte.
Un fil les relie. Les hommes, l'importance de la mémoire, la transmission.
Ces histoires et leurs personnages vont jusqu'à se fondre à l'univers et se perdre dans la nuit du futur, il n'empêche que même la nouvelle La ménagerie de papier, pourtant bien ancrée sur terre et au présent, se rattache à la même ficelle. le même cerf-volant de papier.

Une nouvelle par ci une nouvelle par là, le lecteur voyage. Un recueil à ouvrir et à rouvrir pour laisser échapper des pensées subtilement profondes.
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J'avais été époustouflée par l'excellence de « l'homme qui mit fin à l'histoire », c'est donc avec plaisir et en toute confiance que je me suis lancée avec quelques amies babéliotes dans une lecture commune du recueil de nouvelles « la ménagerie de papier » du même Ken Liu. Comme il est compliqué d'évoquer cette lecture… Comment faire passer son ressenti lorsqu'on est au-delà du coup de coeur ? Comment évoquer avec mon peu d'éloquence la pertinence et l'intelligence des réflexions abordées par l'auteur ? Et puis comment faire ça sans trop en dire ? En effet, je tiens à laisser aux futurs lecteurs le plaisir de la découverte. Je ne vais donc pas faire un compte-rendu détaillé de ma lecture, simplement livrer mon ressenti face à ce qui est pour moi un sommet de la littérature SFFF. Oui, je vais loin mais quand on est face à un tel niveau d'excellence autant dire les choses telles qu'on les ressent. « La ménagerie de papier » est une oeuvre grandiose, magistrale, sublime… Je m'arrête là, la liste des superlatifs pourrait être très longue…

Ken Liu est vraiment impressionnant. Il a un talent remarquable pour donner vie à un univers en très peu de pages. Il est capable avec une économie de mots de créer tout un monde, avec un background solide, un fonctionnement parfaitement exposé, des personnages consistants et vivants… Là où d'autres ont besoin de dizaines de pages pour mettre en place leur récit, Liu y parvient en quelques phrases. Et pourtant, jamais les récits ne paraissent désincarnés, ils ne se contentent pas d'être descriptifs. Il y a de l'émotion, du sentiment, de la chair, de l'âme… En effet, quel que soit le sujet abordé, Liu place l'humain au coeur de ses histoires. Tous les récits ont une dimension intime qui ne peut que toucher et parfois même bouleverser le lecteur. Chaque lecteur découvrira forcément dans ce recueil un texte qui trouvera un écho en lui, une histoire dont on a l'impression qu'elle a été écrite juste pour soi tant elle nous parle.
En plus de son immense talent de conteur, Liu montre ici son éclectisme. Il excelle dans tous les registres, maniant aussi bien l'humour que le drame. Et quelle écriture ! Fluide, élégante et poétique… Que du bonheur !

D'une intelligence inouïe, provoquant des torrents d'émotion, servies par une écriture magnifique, chacune des nouvelles de ce recueil est un petit diamant.
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J'avais découvert ce livre lors d'une masse critique en 2015, j'ai fini par l'acheter et l'enterrer dans ma PAL. Je remercie juten-doji pour cette pioche (Février 2018) et de m'avoir aidé à l'en sortir. Je pensais avoir un roman complet et non un recueil de 19 nouvelles. J'ai découvert cet auteur avec « L'homme qui mit fin à l'histoire », le style était très particulier sur une période historique sombre. À voir donc ! J'espère que je ne me lasserai pas à la lecture de ce recueil car je ne suis pas particulièrement fan des nouvelles…

Voici donc mon avis sur chacun de ses nouvelles, certaines valent le détour et d'autres moins, à mon goût bien entendu :
- Renaissance : Cette nouvelle m'a fait penser à un mélange entre « La nuit des temps » et « La vie éternelle », trop d'éléments sont concordants. Cette première nouvelle m'a beaucoup surprise à cause du changement total d'univers par rapport à ma précédente lecture de lui. Elle m'a un peu déstabilisé au départ. L'imagination y est très originale où la logique et la fin laissent sans voix.
- Avant et Après : Une phrase qui fait 2 pages avec beaucoup de virgules. Très étrange.
- Les Algorithmes de l'amour : Alternance de passé et présent d'une jeune femme qui dissèque mentalement l'être humain pour créer des poupées très réalistes. Curieuse conception de la vie et de l'amour.
- Nova Verba, Mundus Novus : Ou la théorie de la terre plate et la création d'un nouveau langage.
- Faits pour être ensemble : Ou comment avoir son esprit et sa mémoire dans une machine...
Les nouvelles sont plutôt dérangeantes dans le sens où elles sont futuristes mais en même temps si proche de notre réalité virtuelle que c'est à se demander comment va devenir notre monde avec toutes ces technologies ainsi qu'avec la destruction des ressources de notre planète et les problèmes qu'il y a un peu partout liés au dérèglement des climats, aux famines, malnutritions, ...
- Emily vous répond : Bizarre et pas tout compris.
- Trajectoire : Ou comment essayer de repousser la mort le plus longtemps possible.
Les nouvelles les plus longues sont celles qui font se poser le plus de questions tant elles sont futuristes sans être totalement irréelles. Ken Liu a vraiment un style très particulier pour conter ce genre d'histoires.
- Le Golem au GMS : J'ai adoré la petite Rebecca, sacré tempérament. Ça a été une nouvelle très amusante à lire et nettement plus reposante que les précédentes.
- La Peste : Ou l'éternel problème de vouloir sauver quelqu'un qui n'a rien demandé car on pense qu'on est plus intelligent que lui.
- L'erreur d'un seul bit : Abandon au milieu de la nouvelle car je n'y ai strictement rien compris. La logique programmeur n'est pas mon fort.
- La ménagerie de papier : Petite nouvelle assez triste qui semble un brin autobiographique. J'ai néanmoins trouvé dommage qu'elle ne soit pas plus longue car l'univers y est bien différent des autres nouvelles…
- Le Livre chez diverses espèces : Nouvelle assez bizarre et qui ressemble plus à un catalogue d'espèces fantastiques.
- Le Journal intime : Trop bizarre.
Cette nouvelle me fait penser à un livre à la mode Harry Potter mais l'ambiance y est très glauque.
- L'Oracle : Curieuse histoire mais je n'avais pas du tout pensé à cette fin. Jolie morale au final.
- La Plaideuse : Petit polar à la mode asiatique. J'aime beaucoup ce type d'histoires car le dépaysement est assuré et les résolutions d'enquêtes sont très différentes des occidentales. C'est toujours très intéressant à lire, beaucoup de détails et d'informations. J'aurais même préféré que cette nouvelle soit plus longue.
- Le Peuple de Pélé : Les space-opera ne sont pas ma tasse de thé en lecture et pourtant, j'ai bien apprécié cette nouvelle sur un monde nouveau où les USA ont décidé d'envoyer un équipage dans un voyage sans retour. Je serai curieuse d'en connaître la suite.
- Mono no aware : Alternance de passé et de présent dans une sorte de dystopie et de space-opera. Ça pourrait être la suite du précédent car les personnages partent en direction du même système solaire. La fin y est néanmoins très triste.
- La forme de la Pensée : Ken Liu continue sur le monde qu'il a inventé mais avec une toute autre histoire et un langage particulier. Quand les barbares ne sont pas ceux que l'on croit… Spécial mais en même temps, j'ai l'impression d'y voir notre futur possible où l'anglais prévaut sur toutes les autres langues et où on veut éduquer tout le monde même les tribus indigènes en dépit du bon sens et sans même chercher à les comprendre…
- Les Vagues : Encore un space-opera avec un ajout de jouvence éternelle, cela donne une ère technologique des plus avancées sur une nouvelle planète, le tout mêlé de légendes sur la création et de l'Humanité.

Comme vous l'aurez compris, cette lecture a été mitigée. Il s'agit quand même d'un curieux recueil où on trouve toute l'étendue de l'imagination de Ken Liu, certaines m'ont beaucoup plus (notamment La Plaideuse), d'autres moins (Les Vagues) et d'autres m'ont laissés de marbre (L'erreur d'un seul bit). Un recueil très atypique au final où l'auteur met en avant le monde qu'il a inventé sous différents thèmes et histoires (Pélé). Les 4 dernières nouvelles étant des space-opera de différents styles, il me tardait quand même de voir la fin de ce recueil. En film, ça ne me dérange pas mais en roman, j'y suis souvent hermétique, je ne comprend rien aux histoires. Si vous souhaitez découvrir les différents styles de cet auteur et son imaginaire plus qu'original, je vous conseille très fortement de découvrir ce recueil, il mérite d'être plus lu. Beaucoup de ces nouvelles sont d'ailleurs primées. Pour ma part, je continuerai sans doute à découvrir ces écrits, il est juste dommage qu'il se cantonne aux nouvelles. Pour moi, il a vraiment la possibilité de créer des romans complets.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La ménagerie de papier est un recueil de dix-neuf nouvelles d'un auteur que je découvre ici et dont je retiens désormais le nom, Ken Liu, car il n'est pas du tout impossible que je retourne dans son univers littéraire sans tarder, bien au contraire.
Ce recueil aborde indifféremment la science-fiction ou la fantasy et ce détail n'est pas sans importance car on peut aimer la science-fiction et ne pas du tout aimer la fantasy. L'inverse est vrai aussi. Ah, je vois déjà que certains se reconnaissent dans mon propos.
Certains pourraient même vous rétorquer qu'il y a entre la science-fiction et la fantasy un fossé aussi éloigné que notre bonne vieille Terre l'est des autres galaxies qui lui sont étrangères.
Pourtant, - mais c'est peut-être parce que je suis un peu encore novice sur les deux genres, cette association ici ne m'a pas du tout dérangé.
Le regroupement de ces dix-neuf nouvelles est le fruit d'un choix opéré par les éditions le Bélial et je trouve que l'agencement est fort réussi. L'ensemble tient debout comme un bel édifice défiant les astres, le temps et l'imaginaire...
Parmi ce champ des possibles qui est visité ou revisité dans ce recueil, la science-fiction occupe une large part du recueil, mais peu m'importe les genres en définitive, j'ai lu quelque chose qui tient de la littérature, celle qui me séduit.
S'il fallait rechercher un fil qui couture l'ensemble pour en délivrer un chapelet de perles dans son harmonie, ce serait peut-être le thème de l'enfance. L'enfance résonne ici avec tendresse, parfois avec nostalgie ou douleur. Souvent un enfant va éclairer de sa candeur, - c'est-à-dire de cette part d'intelligence capable de s'approprier un monde hostile, les chemins où tâtonnent ses parents et peut-être toute une communauté en proie au doute, à la peur, à la haine comme seule réponse...
L'exil, le douloureux exil dont on ne reviendra jamais, la quête d'un autre monde par choix ou par obligation...
L'inquiétude et le pessimisme traversent souvent le paysage de ces nouvelles, puisqu'il s'agit souvent en SF de s'inspirer, d'une certaine manière, du monde qui nous entoure, mais parfois des chemins philosophiques s'invitent, comme une tentative d'apaiser l'effroi d'un vide. Mais il y a quelque chose qui rassure malgré tout, apaise nos plaies, l'enchantement peut-être... ou bien la rencontre avec certains personnages...
L'humanité est là aussi présente dans toutes ces nouvelles avec toute sa palette de nuances, ses failles, ses odyssées, ...
La recherche d'immortalité... Pourquoi est-ce tant un mythe intemporel ? C'est dit avec inspiration et beauté dans quelques-unes de ces nouvelles et qui m'ont rappelé le recueil de Greg Egan, océaniques, même si ce dernier va sans doute davantage fouiller avec plus de profondeur et d'acuité certains des thèmes abordés, plus de dureté aussi... Choisir, c'est renoncer... Choisir entre l'immortalité mais rester au stade physique où l'on est, - dix ans, trente-cinq ans..., ou bien vieillir et mourir mais traverser tous les stades de la vie et les aborder avec l'immanence de l'instant, ces vertiges, ces espoirs, ces chagrins, celui de partir, de voir l'autre qu'on aime partir...
« Partout, la vie continuait sans fin, mais on n'était pas plus heureux pour autant. Les gens ne vieillissaient pas ensemble - ils ne grandissaient pas ensemble non plus. Les couples mariés revenaient sur leurs voeux, et ce n'était plus la mort qui les séparait, mais l'ennui. »
L'autre, l'étranger, la confrontation des cultures... Celui qui vient d'une Terre nouvelle. Comment ne pas voir ici une poignante allégorie aux destins parfois tragiques des migrants ayant quitté leurs territoires hostiles vers quelque eldorado improbable.
« Fouler dans un lointain futur le sol d'une autre planète, respirer l'air libre... »
Parfois, ces mondes étranges ne semblent pas si éloignés des nôtres, lorsque les thèmes évoquent la dépossession de notre libre-arbitre face aux algorithmes « géniaux » capables de nous « aider » et nous prendre en charge au moindre pas, au moindre faux-pas... voulant tout contrôler à partir de nos données personnelles. Parfois en lisant certaines de ces nouvelles, j'ai pensé que Ken Liu s'était inspiré des origines du monde dont il est issu, la Chine et son oppression sur un peuple systématiquement contrôlé, verrouillé... La SF, ce serait un peuple chinois enfin libéré d'un carcan qui pèse depuis des décennies sur un peuple qui ne souvient plus d'avoir connu un jour la liberté...
Le langage, la communication avec l'autre... L'amour peut-être... Demain, plus tard après-demain, le désir et l'amour, qu'en adviendra-t-il ?
Le thème de la mémoire aussi m'a séduit, la manière dont il est abordé ici, celui de la transmission forcément n'est jamais très loin...
J'ai aimé les thèmes abordés, j'ai aimé l'élégance réjouissante et la douceur des mots que pose cet écrivain pour les aborder, j'ai aimé la puissance de certains des textes, j'ai aimé me projeter dans une sorte de vertige intersidéral, y perdre pied, m'éprendre de certains personnages attachants en me demandant à chaque fois s'ils n'étaient pas à des années-lumière de moi. Pourtant, j'étais si proche de leurs pensées, de leurs gestes que je me suis demandé si certains de mes contemporains qui parfois m'entourent et que je côtoie dans le même espace-temps, ce ne sont pas eux plutôt qui seraient à des années-lumière de moi...
C'est aussi un magnifique pas de côté, un regard acerbe et percutant sur notre société, nos aliénations, nos servitudes volontaires... Comme toujours, la SF sait puiser dans notre quotidien pour projeter en miroir ce qui pourrait nous arriver de pire, mais pourquoi pas de meilleur aussi...
J'ai aimé voir ici certaines mythes antiques revisités à la sauce SF, le mythe de Pygmalion, celui de Prométhée, l'inspirante Athéna... C'est selon moi la prouesse d'un écrivain inventif. Et si vous aimez l'humour ou l'ironie qui n'est guère loin, vous serez servi à certains endroits...
Il y a une émotion pure, vibrante, minérale, sidérale qui traversent ces nouvelles. La nouvelle éponyme est sans nulle doute un bijou d'émotion, sa poésie, sa beauté et son côté onirique magnifique m'ont touché, mais ce n'est pas peut-être pas celle que je retiendrai pour capter tout le sens qui porte ces textes. Je retiendrai davantage les nouvelles suivantes : « Les algorithmes de l'amour », « Mono no aware », « La forme de la pensée » et « Les vagues ». Je pourrais vous en citer d'autres, je pourrais vous dire que j'emporte tout ou presque sur ma planète déserte car beaucoup de ces textes sont de haut vol.
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J'ai rarement lu un recueil de nouvelles qui ratisse aussi large dans les divers horizons, en se maintenant toujours à un aussi haut niveau, de qualité, d'invention, de poésie, de réflexion, et d'anticipation. Ken Liu ne se cantonne pas à un genre, il nous fait voyager aussi bien dans le space opera, le hard SF, la fantasy, le fantastique et même le récit intimiste et touchant avec “La ménagerie de papier” et le policier avec “La Plaideuse”, en explorant des thèmes aussi variés et complexes que l'expérimentation et le clonage humains, l'immortalité, la linguistique, la foi religieuse, la famille, l'ethnologie, la mythologie et n'ayons pas peur de le dire, le sens de la vie, de la mort, et tout cela avec une plume belle et élégante mais toujours juste et précise. Même son introduction est un grand moment de lecture, on a l'impression qu'il ne pose jamais aucun mot au hasard. J'ai l'impression de découvrir là le fils spirituel d'Ursula le Guin. J'ai lu il y a peu de temps “L'homme qui mit fin à l'histoire” et déjà j'avais été impressionné, et ici, tout est de ce niveau, pas un seul moment de faiblesse. Une chose est certaine, Ken Liu est un auteur à suivre avec la plus grande attention, et ce recueil de nouvelles est déjà un sommet, chaque texte possède l'envergure d'un roman. J'ai vraiment hâte de découvrir ce que ça donnera sous la forme plus longue du roman.
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Auteur sino-américain, Ken Liu rencontre un succès grandissant auprès les lecteurs amateurs de romans fantastiques et de science-fiction. Il multiplie les prix littéraires : prix Hugo, prix Nebula de la meilleure nouvelle science-fiction, le World Fantasy Award pour n'en citer que quelques-uns.
J'ai voulu me rendre compte de son style en choisissant un recueil de nouvelles.
Le titre, « La ménagerie de papier », tout simplement magnifique, a déterminé mon choix de lecture.

Ken Liu ne peut être enfermé dans un genre littéraire. En alternant des textes fantastiques, de science-fiction, d'anticipation, de policier, … l'auteur nous offre une belle palette de tons et de plaisirs. Guidé par nos avancées technologiques et scientifiques, ce recueil imagine l'évolution de l'espèce humaine en proposant différents futurs possibles.
*
Ses dix-neuf nouvelles offrent un large éventail de textes très différents les uns des autres, permettant de mettre en évidence le talent de cet auteur qui sait se renouveler et proposer des histoires qui interrogent et font réfléchir.
Il sait également maîtriser des récits très courts de quelques pages seulement, comme des récits un peu plus longs d'une cinquantaine de pages.
*
Je ne résumerai pas chacune de ces nouvelles. L'intérêt est de se laisser porter par toutes ces histoires originales et surprenantes, qui se finissent souvent de manière inattendue, touchante ou triste.
Bien sûr, elles ne se valent pas toutes. Chaque lecteur trouvera forcément, suivant ses goûts et ses envies, le récit tant attendu, celui qui le marquera, le touchera, le troublera, le bouleversera, l'indignera, le réconfortera, ou le questionnera.

Mon premier choix se portera sans aucun doute sur le récit fantastique qui a donné le nom à ce recueil de nouvelles, « La ménagerie de papier ». Ken Liu nous parle de manière pudique et délicate de l'amour d'une mère pour son fils. Par un jeu de miroirs, la magie des origamis révèle la personnalité de cette mère discrète et sensible.

La seconde nouvelle dont je vous parlerai est « Mono no Aware » ou la sensibilité de l'éphémère que je résumerai par cette belle phrase.
« Mais c'est la conscience de la mort toujours proche, de la beauté inhérente à chaque instant, qui nous permet de tout supporter. »
Cette nouvelle, constellée de magnifiques haïkus sur le temps, à la fois fugitif et éternel, est une tendre réflexion sur l'importance de l'autre, sur la notion de sacrifice et d'amour.
« Rien ne dit
Dans le chant de la cigale
Qu'elle est près de sa fin. »

« Les étoiles brillent
Nous sommes des invités
Un sourire, un nom. »

« Trajectoire » est aussi une nouvelle percutante qui m'a séduite par son héroïne attachante dans sa quête d'immortalité.
« Et malgré tout ce qu'il m'avait enseigné sur la liberté, j'avais fini par m'attendre à sentir ses épaules larges contre ma joue le matin, sa main entre mes cuisses le soir. J'avais fini par avoir l'impression que je lui appartenais et qu'il était à moi. Si on ne s'était jamais dit « je t'aime », je comprenais à présent que ça n'avait aucune importance. »
Une belle leçon de vie sur l'art qui façonne les morts pour « simuler la vie avec la mort ».

Une autre nouvelle a retenu mon attention. C'est « La forme de la pensée », qui interroge sur les difficultés de communication, l'incompréhension qui peut résulter des variations du langage et de la pensée.
On suit Sarah, une petite terrienne qui va se lier d'amitié avec un enfant Kalathanis. En s'ouvrant à une culture étrangère, elle va construire un pont entre les deux peuples et leur culture, mais cette voie est obstruée par la peur de l'autre, la volonté de dominer et l'ignorance.

Il y en a bien sûr d'autres nouvelles qui m'ont plu comme « le Golem », avec ses dialogues amusants entre une petite fille impertinente et Dieu, ou « Nova Verba, Mundus Novus » qui fait un clin d'oeil au Disque-Monde de Terry Pratchett. Ou bien, « L'algorithme de l'amour » et son émouvante héroïne. Ou encore « Emily vous répond », un récit épistolaire drôle et cynique sur l'importance des souvenirs.
*
Toujours est-il que Ken Liu pose un regard sur notre société et l'individu, parfois critique, parfois triste, souvent touchant. Il met en lumière notre volonté de conformisme alors que ce sont nos différences qui font notre richesse. Il aborde de nombreux thèmes touchant à la famille, la transmission intergénérationnelle, la religion, la liberté, le langage, la pensée, la mémoire et l'oubli, le temps, la vieillesse et la mort.
Le ton employé varie en fonction des nouvelles. Parfois humoristique, moqueur, sarcastique, dramatique, il est le plus souvent nostalgique ou mélancolique.
*
La plume de Ken Liu, savant mélange de culture asiatique et américaine, est magnifique, poétique, subtile, pertinente. L'émotion est souvent présente. Les thèmes chers à l'auteur sont porteurs de réflexions intéressantes et de questionnements sur le sens de la vie, sur notre Histoire passée, présente et future.

J'ai passé un très bon moment de lecture. Je dois reconnaître que la nouvelle littéraire n'est pas un genre que j'affectionne. J'ai besoin de temps pour entrer dans l'histoire et faire la connaissance des personnages.
Mais Ken Liu a réussi le pari de me faire voyager dans son monde avec intelligence et émotions, il m'a captivée la plupart du temps, m'a fait aussi sourire, et surtout, il m'a souvent interrogée sur la vie, la mienne également, mes attentes, mes projets, mon futur.
Je poursuivrai sans aucun doute mon exploration de son oeuvre, peut-être avec le second recueil de nouvelles intitulé « Jardins de poussière ».
*
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Ken Liu est un auteur dont je connais le nom depuis un petit moment. C'est grâce à mon libraire et ses commentaires plus qu'élogieux que je possède plusieurs livres de cet auteur dans ma Pal dont la trilogie La dynastie dent de lion. C'est finalement à travers son recueil de nouvelles « La ménagerie de papier » que j'ai découvert cet auteur.
Les gens qui me connaissent savent que les nouvelles ne sont pas vraiment mon genre littéraire favori. Aussi, même si je n'ai pas rechigné à me lancer dans cette lecture, je ne pensais pas forcement tomber autant sous le charme de ce livre…
Car oui, je ne peux que saluer le talent de l'auteur qui possède assurément une très belle plume. Car il faut en avoir du talent pour réussir à me happer en quelques pages dans des histoires aussi diverses que variées mais formidablement bien racontées.
Je ne pourrais que citer les trois qui m'ont le plus marquée : la première de ce livre, qui m'a vraiment laissé une impression qui va perdurer encore un moment : »Renaissance », « La ménagerie de papier « bien sûr et « Faits pour être ensemble ».
Donc, je ne pourrais que conseiller ce livre à tous les amateurs de littérature de l'imaginaire, car clairement, cet auteur mérite le détour.
Suite à cette lecture, j'ai déplacé la trilogie que je possède de Ken Liu, histoire de la mettre en évidence dans ma Pal….


Challenge Mauvais Genres 2021
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Je suis loin d'être aussi enthousiaste à propos de la ménagerie de papier que la majorité de ses lecteurs. J'ai passé des moments agréables avec Ken Liu, mais je pressens que ce recueil ne va pas me laisser un grand souvenir - déjà la plupart des premières nouvelles lues commencent peu à peu à s'estomper dans mon esprit.


Ken Liu est curieux, je n'en doute pas, il s'intéresse à de nombreux sujets (et en cela il me rappelle un peu China Miéville), et son recueil, bien que très marqué par la science-fiction, a le mérite de montrer une palette diversifiée de son auteur. Les thématiques, bien que pas mal orientées vers les questions métaphysiques ou d'ordre éthique, sont aussi intimistes, parfois, traitent de la communication, de la mémoire. C'est d'ailleurs Les Algorithmes de l'amour, nouvelle sur la dépression engendrée à la fois par un deuil et des questions métaphysiques tournant à l'obsession, qui m'a vraiment marquée.


Le revers du côté agréable de la lecture, c'est ma sensation de déjà-vu et de déjà-lu. Tous ces questionnements, j'y ai déjà été confrontée dans maints romans et nouvelles, films, BD, séries TV (pour n'en rester qu'à la fiction). Et je trouve que la plupart du temps, Ken Liu, tout comme dans le Regard, reste finalement à la superficie des choses bien souvent, ou ne fait que reprendre, sans les rendre plus originales, des réflexions maintes fois générées par d'autres avant lui, ou même par n'importe qui n'écrivant pas mais se donnant la peine de cogiter un minimum. En somme, il m'a semblé que les intrigues, leurs péripéties, prenaient très souvent le pas sur le fond.


Donc c'est sans regret que je referme ce recueil. Je n'ai pas l'impression d'avoir perdu mon temps puisque je ne me suis pas ennuyée, mais je ne n'y ai pas gagné grand-chose non plus.


Je tiens tout de même à faire remarquer que le Bélial' a effectué un travail éditorial dont beaucoup s'abstiennent malheureusement : la chronologie des nouvelles précède l'avant-propos de Ken Liu, permettant au lecteur de savoir dans quel ordre elles ont été publiées. Une autre chronologie, beaucoup plus détaillée, indique notamment les dates et les titres des textes originaux, ainsi que les différentes publications afférentes. Mnémos pourrait à l'occasion s'en inspirer, disons, au hasard... pour ses intégrales.
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Ken Liu est né en Chine, et à onze ans, a émigré aux États Unis. Il y étudiera l'informatique et la littérature anglaise. Il embrasse des carrières différentes : Ingénieur logiciel, docteur en droit et avocat d'entreprise, consultant juridique, traducteur, il écrit et publie de la fiction en 2002. Des prix récompensent son oeuvre.
En particulier, le prix de l'imaginaire pour « La ménagerie de papier et autres histoires ».
C'est un recueil de nouvelles qui comprend un mélange de récits de science-fiction et de récits fantastiques, chacun ayant ses propres thèmes et son propre style narratif.

On y trouve divers thèmes: l'identité, la culture, la technologie, la famille et la condition humaine, dans une gamme variée d'histoires mêlant des éléments de l'histoire et de la culture chinoise (une fenêtre sur la Chine) à de la fiction spéculative.
Avec du voyage dans le temps, de la réalité virtuelle, de l'intelligence artificielle…

Une des nouvelles qui m'a marqué plus particulièrement est celle du nom éponyme, qui raconte l'histoire d'un jeune garçon dont la mère est chinoise et le père américain. Sa mère utilise des animaux magiques en origami pour communiquer avec lui et lui enseigner leur héritage culturel. Au fur et à mesure qu'il grandit, il se débattra avec son identité et ses racines culturelles.

Chaque histoire soulève des questions qui font réfléchir.
C'est ce que j'apprécie dans un roman.
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