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Anne-Sylvie Homassel (Traducteur)Stéphane Perger (Illustrateur)
EAN : 9791091146456
256 pages
Dystopia (15/10/2021)
3.11/5   19 notes
Résumé :
Sommaire :

Panopticon

Stabilimentum

Guêpe et Serpent

Cinereous

À toi le droit de commencer

Le Seigneur de la chasse

C’est plus agréable quand on mord

Allochthon

Fournaise

Les mystères

Dernier été dans la pureté et la lumière

Et l’amour n’aura point d’empire
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a un moment que je voulais découvrir l'oeuvre de Livia Llewellyn. Et j'avais, pour ce faire, téléchargé — d'une façon des plus légale — une copie de Fournaise. Mais je ne suis vraiment pas fan de la lecture sur écran et j'ai toujours trouvé mieux à faire. Alors, quand s'est présentée l'occasion d'avoir en main une copie papier... Habituellement, quand je commence ma lecture dans cet état d'esprit, le livre part d'office avec une bonne note qui diminue au fil de mes déconvenues.

Là, je pense que c'est la première fois qu'un livre — un recueil de nouvelles qui plus est — passe de 5/5 à 0 en moins de 50 pages.

Ce n'est pas le style qui est en cause. Ni vraiment la narration. Mais bien plutôt ce qu'elles racontent et la façon de le raconter.

Avec Panopticon, la note était restée assez élevée malgré : 1° Une narration à la deuxième personne du singulier ; 2° Un petit côté pornographique. L'univers décrit me faisait penser à du Serge Brussolo. Et je trouvais que ça valait encore une bonne note.

Stabilimentum commençait bien et j'étais près à remonter la note à un magnifique 5. Mais la fin tourne à l'eau de boudin.

J'ai carrément abandonné Guêpe et Serpent en cours de route. Tellement j'étais peu convaincu.

J'ai un peu plus adhéré aux trois ou quatre dernières. Mais les trames sont un peu trop décousues pour réussir à m'enthousiasmer. J'espérais découvrir avec ce recueil des histoires aussi étranges que les meilleurs contes de Brussolo, Pelot, et consors. Côté étrangeté des ambiances, j'ai été servi. Il y a même un côté poétique à l'écriture qui n'est pas désagréable. Mais je le trouve gâché par des phrases alambiquées qui en perdent toute signification.

Non. Décidément je n'ai pas été convaincu par les nouvelles de Livia LLewellyn et je pense que je n'y reviendrai pas.

En bref : Ça passe ou ça casse. Si vous êtes dans un état d'esprit qui vous rend réceptif à ses histoires, à son écriture, alors ces nouvelles vous plairont sans doute beaucoup. Mais si comme moi en ce moment vous vous sentez imperméable à des trames déjantées, des récits déstructurés, des phraséologies alambiquées sous prétexte de donner un peu de poésie au récit, alors passez votre chemin. Ça vaudra mieux.
Lien : https://livres.gloubik.info/..
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Reçu grâce à la Masse Critique Mauvais Genre, je remercie donc Babelio et la maison d'édition Dystopia.

Malheureusement, comme je déteste avoir du mal à me représenter ma lecture et qu'à la fin de ces nouvelles, toutes très courtes, je me demandais encore ce que j'avais lu, on ne peut pas dire que cette lecture soit une réussite !

A chaque fois que je commençais une nouvelle, je me demandais sur quoi j'allais tomber. Humains, animaux,...
Toutes ces nouvelles manquent, pour moi, cruellement de données, de descriptions, qui me sont nécessaires pour rentrer dans l'histoire.

Le concept de la nouvelle est déjà assez particulier. Il faut aller à l'essentiel pour capter le lecteur et moi, à chaque fin de nouvelle, j'étais dans le flou total avec presque une appréhension de lire la suivante.

Il y a du sang, des décapitations, des araignées et même, si j'ai bien compris, un genre d'octopuss...et j'en passe.

Bon, clairement, ce n'est pas une lecture pour moi.
Aucun plaisir ressenti en lisant ces lignes mais je suppose que s'il est édité, c'est que ce genre doit plaire à plus d'un.
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Sang, tératologie, démembrement, viol, pourriture, énucléation et supplices ; persistance de rites anciens et sataniques, régression de la faculté d'empathie, et démons inaccessibles à la cruauté même dont les sévices sont situés sur un plan éloigné de toute considération du mal ; décor-intervalle entre irréel et fantasmagorie, société-prison d'une indécidable obscurité future, faille temporelle répétitive démentiellement invoquée comme boucle aliénante, et entre-deux-dimensions sis en un axe normalité et apocalypse dont la seconde, latente et inéluctable, tend à marquer sa présence progressive ; surrection du domaine du cauchemar insensibilisant et flou, et éternité de perpétuités fatidiques et régénérescentes, résolues ou résignées, où les souffrances et les cris contemplés sont plutôt des échos imaginaires que vécus, où ce qui suppose un contact au monde est comme refoulé en cerveau reptilien, loin des esthésies ordinaires, égaré et remonté en soi dans le territoire sismique et profond de la pathologie ou de la névrose, de la provocation ou du tabou.
C'est cette couleur qui caractérise Fournaise, une sorte de sanie noire et sanglante, faite pour le dégoût et la fascination, qu'il faut imaginer née d'une intention maléfique et symbolisant la décadence, environ ce qu'en médecine on appelle : méléna.
Ce sont donc ici des nouvelles typiquement pittoresques, une fois de plus, récits conçus sans élaboration particulière, je veux dire sans ambition de préparation de chefs d'oeuvre, avec la « modestie » caractéristique de notre époque, à partir d'une seule courte idée, et que l'auteur, selon son inspiration, abonde de représentations adventices, qu'il corrige d'improvisations qui lui font plaisir ou le troublent lors de la composition, sans presque jamais décider vraiment d'un dénouement ni même d'une intrigue. Ce sont certes des visions, comme émanées d'une sibylle, où la tâche de l'écrivain consiste à rendre l'intensité la plus choquante et décalée de l'angoisse et de la folie, selon des idiosyncrasies envoûtantes et des styles contournés, mais – et c'est trop manifeste – sans élaboration préalable, sans volonté créatrice de tableau supérieur, au point que non seulement on n'y trouve à peu près jamais de chute mais qu'on ignore souvent comment se représenter la fin – l'auteur sans doute ne s'en forme elle-même qu'hypothèses et s'en satisfait, jugeant cet effet d'indécidabilité le plus propre à seoir à n'importe lequel de ses lecteurs, à ses lecteurs variés et qui se formeront l'interprétation qu'ils voudront.
C'est une lâcheté, bien sûr, une facilité. En général, Clive Barker, qu'on distingue sans mal dans cet ouvrage et que Llewellyn cite évidemment parmi ses sources, au moins rédigeait des chutes, si ma mémoire de Livre de sang est juste. Llewellyn ose même prétendre, dans une interview qu'on peut lire en fin d'ouvrage, que l'indétermination serait gage de succès : « J'ai constaté que le mystère était un élément essentiel et fascinant de l'épouvante – on en a besoin jusqu'à un certain point. Soyons honnêtes : ce qui se passe en général dans un récit d'épouvante n'a pas grand rapport en général avec les événements de la vie réelle ; si on s'essaie aux explications scientifiques factuelles, logiques, on affaiblit le sentiment d'épouvante. le manque d'information est donc, je crois, un facteur clef dans la création d'un récit d'épouvante plausible. » Or, c'est arguer avec opportunisme et mauvaise foi du bénéfice d'un handicap dont l'écrivain n'a point l'envie de guérir parce que cette sorte d'active convalescence lui réclamerait un travail trop sérieux et difficile – en quoi on peut aimer parler de la douleur et n'avoir pas du tout le désir d'avoir mal. C'est ainsi que parmi les auteurs qu'elle cite, Llewellyn oublie King, Bradbury, et surtout Lovecraft dont on perçoit bien la présence en filigrane – ce dernier surtout –, présence plus dominante, plus influente, plus foncièrement maîtresse que celle de Barker qui n'est qu'une superficie de nature thématique, mais qu'il vaut peut-être mieux, en effet, ne pas convoquer explicitement par crainte de contredire de leur patte fort minutieuse et cependant épouvantable ce manifeste assez simpliste et faussement conforté d'évidence. Il est navrant, je trouve, quand un professionnel parle de son métier, notamment un artiste, de le sentir aventurer sans soin des théories malaisées qu'il faudrait corriger ensuite, voire totalement contredire, si le journaliste exigeait rien qu'un approfondissement – par exemple, le propre du fantastique de sa naissance au XIXe siècle (j'ignore ce qu'on entend au juste par « épouvante ») est bel et bien la plongée d'un lecteur dans une situation qui se rapporte à un événement de la vie réelle, c'est même à vrai dire LE élément définitoire de ce genre depuis Poe, et je n'entends pas comment Llewellyn, même s'agissant d'épouvante, peut s'opposer à une telle assertion en improvisant là sa petite contribution hasardée, sachant que c'est rarement qu'elle ne s'efforce pas au préalable de placer ses personnages dans un contexte reconnaissable et vraisemblable, pour ne pas dire familier (où il faut toujours se méfier en rhétorique de ces « Soyons honnêtes » qui servent le plus souvent à forcer par sympathie l'acceptation d'une erreur).
Et je crois qu'on ne doit plus écrire de cette manière, qu'il faut arrêter de s'abandonner ainsi à ses plus prochaines tendances, de se retenir d'élaborer de vrais scénarii, de s'inciter à la rédaction tout de suite et sans précaution comme doit nécessairement écrire l'élève d'un examen scolaire, que c'était, un tel emballement, rien qu'une transition de la littérature, un penchant pas assez instruit, un défaut d'art en somme, de l'essai dans un sens mineur qu'il ne faut pas vouloir perpétuer en parangon. Je sais bien combien il est agréable et impressionnant, pour soi et peut-être pour ses correspondants, d'épancher ses sensations et de multiplier à l'envi les évocations colorées des pressentiments qu'on éprouve et qu'on dévore sans leur donner le temps de mûrir et de constituer de beaux fruits pour l'orgueil et la postérité, mais qu'on voie le si peu d'écrits artistes et mémorables qui sont demeurés de cette manière appauvrie, façon de se débarrasser plus ou moins joliment, sans retouches foncières, d'une image apparue comme hallucination ? C'est ainsi que les nouvelles fantastiques actuelles – ou « d'épouvante », ou tous les genres de nouvelles qu'on veut – restent sempiternellement des inachèvements, commençant toujours en enthousiasme communicatif, se prolongeant vite par LA idée originale, et s'étouffant longtemps dans l'inconsistance d'un étayage manquant ou défaillant : c'est pourquoi l'esprit n'en conserve que la couleur instantanée d'une pensée, mais cet éclat, noyé sous des strates de remplissage et d'atermoiements, ne communique pas de bout en bout la puissance émotionnelle que seul un travail vraiment parachevé et rigoureusement tenu peut transmettre sans presque discontinuer. Les novellistes semblent avoir oublié que, selon l'idée de Baudelaire, si la formule la plus dense, le mot plus propre à un effet, le resserrage le plus évocateur, est ce qu'il faut toujours employer dans une nouvelle pour réaliser l'impression la plus étroitement adaptée au dessein visé, il est néanmoins indispensable que le contenu du récit puisse, intrinsèquement et au préalable, porter ce matériau et délivrer le potentiel suffisant à réaliser, au moins, une transmission.
Or, qu'a-t-on lu dans Fournaise après l'avoir lu (j'ose presque écrire : « pendant l'avoir lu » tant je parviens à présent à anticiper livre à la main l'impression finale : un divertissement dépaysant, sans souvenir, sans trace en soi prolongée, sans enseignement ou influence ; on a un peu voyagé dans des ténèbres et du sang (hormis quelques images fortes en des intrigues mieux composées, je pense à « Dernier été dans la pureté et la lumière », oui mais c'est quand même une histoire bête, au fond). D'aucuns jugent déjà ce résultat une réussite, c'est ce que prétendent maints auteurs contemporains qui n'ont d'autre choix que d'assumer leur insuffisance, mais je ne m'en contente pas, moi, et l'estime un échec : c'est trop anodin et inabouti, on devine qu'on ne retiendra rien, et on lit avec ce sentiment paradoxal, moderne et qui nous tient, dont peu de lecteurs ont deviné qu'il s'agit d'un défaut et le plus grand peut-être : l'envie d'en finir.
Et il vaudrait peut-être quelquefois mieux que ce fût tout à fait mal fait, car on garderait une mémoire rieuse, moqueuse, dérisoire, un exemple au moins de ne pas ou de ne plus, une façon de leçon, et aussi peut-être quelque chose comme un long éclat de rire qui est toujours en loin le perfectionnement en nous de quelque chose d'édifiant et de vif.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Fournaise, dont le titre original est Furnace, a été traduit de l'anglais par Anne-Sylvie Homassel.

Ce livre est une recueil de 12 nouvelles étranges, insolites et horrifiques écrites d'une belle plume par l'écrivaine américaine Livia Llewellyn. A la fin du livre on peut lire une interview intéressante de l'auteure.

Ces récits renferment un mélange de frayeurs, sexualités, cruautés, cadavres, désolations, atrocités et sentimentalités.

Malheureusement je ne suis pas réellement rentrée dans ces histoires et je ne les ai pas vraiment comprises. Mon ressenti c'est qu'elles n'étaient pas terminées, il me manquait une explication. J'en suis désolée.
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Reçu pour l'opération masse critique.
D'abord un grand merci pour la maison d'édition qui m'a fait parvenir le livre avec une ribambelle de beaux marque-pages. Petit envoi tout mignon, attentionné... quand on reçoit ça, on n'a envie que d'écrire une critique positive.
Mais hélas, à mon grand malheur, je ne peux pas adhérer à cette oeuvre. Et pourtant j'aime tout en littérature et je lis de tout. le reproche que je lui fais, c'est de partir dans des délires sans donner un sens ou un but et avec un style particulier, étouffé, branlant, prétentieux rendant l'ouvrage malaisé. L'atmosphère n'y est pas. Il y a néanmoins quelques nouvelles qui tiennent la route mais une minorité noyées dans des histoires décousues. Il faut plus voir le livre pour une tentative d'écrire quelque chose d'autre... alors pourquoi pas, l'absurde, le non-sens, par exemple comme Ionesco ou autre. C'est pas mal, c'est original, ça sort des sentiers battus mais là, ici, j'avoue mon incompréhension. Et d'autant plus renforcé par les thèmes présents ici, on peut y parler cru (et c'est très bien) mais ce n'est pas abouti, c'est avorté. Il ne faut pas s'enthousiasmer parce que le mot chatte ou biroutte y sont présents. Autant être courageux et aller jusqu'au bout de la démonstration et finalement c'est léger , somme toute.
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critiques presse (1)
Liberation
12 janvier 2022
Le plus frappant vient de la poésie du texte. Les phrases semblent limées au plus près pour faire image et balayer tous les effets de réalité primaire.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il est un lieu au plus profond du quartier des entrepôts, bien au-delà des confins civilisés de cette ville qui a pour nom Obsidia, où la population suinte dans des culs-de-sac et des routes en impasse, où ne restent plus guère que des bâtisses de briques désertées et cheminées croulantes. Tu n'as entendu parler de ces faubourgs qu'en apprenant à énoncer les questions comme si elles étaient flocons tombant des cieux - questions que tu ne peux contrôler et dont, du reste, tu ne te soucies pas. Questions de celles qui trouvent enfin leur réponse dans le passage du temps : par le truchement d'ongles ébréchés creusant la surface jaunie du plan d'un métro depuis longtemps aboli, de mots tirés de veines du sang qui coule d'une plaie en pleine floraison, de grognements entendus de l'autre côté de la porte de la salle de bain, en écho à des nombres, à des noms. Questions dans le panache de fumée du dragon, l'aigre âcreté de la drogue. Et par-delà les années, les nombreuses années, tu enfilés les réponses collectées sur le fil de fer de ton besoin, fin comme une aiguille : peu à peu un plan apparaît, une date, un moment.
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Chaque minute de ton existence, tu dois te souvenir que le monde physique est son domaine et que tu n'y peux plus rien ordonner. Par les voies aériennes, uniquement, tu peux voyager en arrière, jamais vers l'avant, jamais ne toucher les plafonds, ni les planchers, ni les murs, qu'il soit là à te voir où qu'il n'y soit pas. Et tu dois voyager toujours, ne voyant de tes yeux de rubis que les endroits où tu es passée, jamais ceux où tu vas car ta destination est nulle part. Il n'y a que le passé, dit-il, et nous ne devons jamais l'oublier. Nous ne mourrons jamais, mais il n'y a pas pour nous de futur. Nous sommes poussières et nous mouvons comme telle.
Les livres sont interdits, de même que la musique et toute forme de d'art. Tu dois apprendre à trouver des histoires dans le vent, la connaissance dans le tonnerre et dans la pluie. Ce ne sera plus à toi de noter des pensées qui ne sont plus les tiennes, tes lettres et tes journaux mignards, déchirés et brûlés. Chaque transgression coûte un doigt que tu lui donnes et qu'il dispose dans un étroit flacon de verre exposé sur les murs de nos appartements. Tu n'as pas le droit de toucher à ces flacons ni de les détacher. Les siècles passeront et tu contempleras les forêts de doigts que tu as perdus et qui ont repoussé et que tu as de nouveau perdus, sans page, parfaitement préservés dans leurs reliquaires transparents. Sans nécessité, sans utilité, cassés, remplaçables. Tu apprendras que cela est nous. Cela sera toi.
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Une fois par an, il te revêtira des vestiges d’une robe de quatre cents ans, te fera monter à reculons un escalier aux marches ébréchées, flotter sur les béances édentées dans la pierre, jusqu’à ce que tu te retrouves dans la plus haute et difforme tour, surplombant le plus profond ravin des Carpathes, contemplant une rivière en contrebas, à une demi-montagne de tes yeux – rivière si vieille, si opiniâtre et si dure qu’elle a fendu en deux le cœur même de la terre qui n’a depuis lors jamais retrouvé sa plénitude. Tu ne dois pas résister à la dure poigne d’araignée posée sur tes reins qui te pousse dans l’abîme, de même que tu ne dois pas, de tes membres affolés, chercher à t’agripper où que ce soit tandis que tu tombes, sans pouvoir t’arrêter, vers la gueule torve du ravin, tes os craquant et se brisant à chaque saillie de la roche déchiquetée. Il volera à ton côté, tourbillonnant et pivotant à chaque spirale de ton corps désarticulé, ses doigts se refermant sur ton cou tandis qu’il regarde tous les moments de ta vie apparaître et retomber comme des vagues d’huile sur ton visage grimaçant. Ne demande pas ce qu’il cherche, quelles vérités dissimulées il traque dans la sombre calligraphie de larmes composées par tes yeux horrifiés. Les flots d’un noir de glace n’arrêteront ni ne ralentiront ta chute ; ils se contenteront de pousser tes côtes à travers ta peau fendue – des pics enneigés –, brume rouge s’élevant de ton corps comme une aube estivale et lointaine. Et lorsque les vagues furieuses vomiront ton corps ravagé de leurs gueules écumeuses, tu ne dois pas le supplier de t’accorder la mort ou la miséricorde tandis qu’il réajuste les plis de velours trempés de ta robe contre la rive de fer, chuchotant dans ton oreille le nom d’une femme que tu ne connais pas, puis abandonne ton corps fendu aux premières plumes de la neige de minuit.
Et je viendrai te chercher, douce Mina, sans peur, brisée, comme je suis venue chercher la Première il y a des siècles déjà, l’ayant vue tomber : la première chute.
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[interview en fin de volume]
Mes fictions relèvent toujours de l'obscur ; elles combinent l'épouvante, l'étrange et le surréaliste. Je me suis toujours présentée comme auteure d'épouvante, mais si on préfère me classer autrement... Chaque lecteur apporte son point de vue, son interprétation de ce que j'écris et je suis tenue de les respecter. (209)
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Les panneaux indicateurs se sont depuis longtemps décomposés dans cette partie de la ville ; la disposition des lieux n'est plus connue que des chiens et des corbeaux. (11)
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