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Michel Courtois-Fourcy (Traducteur)
EAN : 9782869309203
382 pages
Payot et Rivages (01/05/1995)
3.96/5   257 notes
Résumé :
Le diable fait de nouveau irruption en littérature. Si David Lodge a revêtu l'habit infernal dans ce roman écrit en 1980, c'est pour poser quelques questions dérangeantes.

Car le diable, c'est l'esprit qui nie, celui qui doute, qui regarde nos actions à la loupe pour en voir les failles et les ridicules.

Avec son scalpel, son bistouri et son microscope, David Lodge dissèque, avec un plaisir certain, le grand corps de l'Église des anné... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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N°330– Mars 2009
JEUX DE MAUXDavid Lodge [traduit de l'anglais par Michel Courtois-Fourcy] - Rivages.

L'actualité de l'Église brésilienne avec ses excommunications aussi anachroniques que révoltantes, l'attitude d'un Pape, ancien Grand Inquisiteur, oublieux du message de l'Évangile dont il est pourtant porteur, et qui soulève un tollé de protestations jusque dans les rangs de la hiérarchie épiscopale française, défraient actuellement la chronique. Nous vivons vraiment une époque formidable! le hasard fait que j'ouvre le roman de David Lodge, qu'il monopolise mon attention et que je le lis avec avec plaisir, avec gourmandise même. Non, ce livre écrit en 1980 n'a pas vieilli, bien au contraire!

Voilà un ouvrage qui parle, avec un humour de bon aloi, d'une « religion », le catholicisme, qu'on nous a fait passer pour la seule possible, parce que la seule vraie et incontournable en occident, mais qui a assurément provoqué, au moins chez les jeunes gens des années 50, fantasmes, terreurs intimes, renoncements, scrupules et sacrifices en tous genres qu' adultes ils ont largement eu le temps de regretter. Il parle de l'hypocrisie, des tabous qu'elle a engendrés, des culpabilisations qu'elle a entretenues dans les jeunes esprits autour de la masturbation féminine et masculine, de la virginité et de la manière de s'en débarrasser, de la jouissance sexuelle et de la découverte du plaisir qui étaient forcément bannis, mais aussi de la nature de Dieu, au passage un peu écornée, de la confession, de la transsubstantiation, de la communion, la peur de l'enfer [et de la dépression nerveuse qui pouvait aller avec], bref de l'Église, de ses rituels et de ses pompes largement entretenus par des générations de parents et une hiérarchie catholique attentive... Autant de thèmes qui ont interrogé, torturé, bouleversé les jeunes d'alors au point que certains d'entre eux [de plus en plus nombreux si j'en crois les statistiques], émettent des doutes sur le message, oublient le chemins des églises... ou se tournent vers d'autres religions!

C'est vrai, j'ai lu ce livre avec plaisir. Il dénonce sur un mode plaisant et parfois badin, mais jamais caricatural, l'impact pesant de l'Église face à l'éveil d'adolescents à la vie et les embûches variés que la hiérarchie catholique a su y mettre au nom de la morale, des bonnes moeurs et surtout de l'organisation figée d' une société puritaine et autoritaire dont elle a toujours été l'alliée intéressée et que les jeunes fidèles, plus contestataires, ont su remettre en question quand ils sont devenus adultes. L'immobilisme dogmatique de l'Église catholique face aux grandes interrogations de l'humanité, de la procréation, du respect de la vie, de la contraception, du plein épanouissement de la sexualité individuelle reste une question d'actualité. Nous le voyons bien actuellement.

A travers plusieurs personnages et leur vie sexuelle et familiale parfois difficile et en tout cas rendue avec force détails parfois amusants, l'auteur règle ses compte avec l'Église catholique, ses dogmes et ses interdits absurdes qui déstabilisent inutilement les individus. Cette atmosphère un peu délétère entretenue par elle au regard du péché, dont on nous rappelle à l'envi qu'il s'agit, en ce qui nous concerne d'un état permanent, n'est peut-être pas autre chose que la peur de l'enfer, la nécessaire obéissance aveugle aux paroles de Pape et leurs inévitables interprétations à la fois variées, hypocrites et partisanes qui nourrissent cet état de choses avec lequel chacun finit, un jour ou l'autre, par prendre ses distances.

L'auteur prend soin de rappeler qu'il nous raconte une histoire, que nous sommes ici dans une fiction, que les personnages ne sont pas réels[bizarrement, il s'adresse directement à son lecteur et prend même congé de lui à la fin], mais le contexte dans lequel il les fait évoluer leur donne une virtualité bien actuelle! Il prend des références historiques citant abondamment l'encyclique « Humanae Vitae » ou le concile Vatican II... Il a cependant soin, et c'est sans doute nécessaire, de nous rappeler que ce n'est pas un roman comique. Dont acte!

La société qui nous est proposée est anglaise, un petit groupe d'étudiants catholiques dont il suit le parcours, mais la transposition est aisée et même bénéfique car si cette église est universelle, comme on nous en a largement rebattu les oreilles, la réaction que peut faire naître son enseignement et son exemple ne l'est pas moins.

Finalement l'auteur paraît appeler de ses voeux une église libérale, mais les événements actuels ne semblent pas aller dans ce sens et nous donnent à penser qu'il peut s'armer de patience!

Hervé GAUTIER – Mars 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le titre est très mal choisi, ne respectant pas l'original "How far can you go ?" pourtant bien plus juste et justifié. Récurrence de cette question tout au long du livre. Je ne comprendrai jamais ces incohérences éditoriales.
La quatrième de couverture est également mensongère ou insensée. On y parle de diable comme s'il s'agissait du sujet de ces pages, alors que pas vraiment, voire pas du tout.
Ce livre traite de l'évolution de l'Eglise Catholique depuis l'après guerre, les années 50 jusqu'à l'élection de Jean-Paul 2. David Lodge pour se faire crée des personnages, jeunes au démarrage et qui prendront expérience et âge au fur et à mesure. On les suit et avec un vrai attachement, Lodge a réussi à les rendre originaux, spécifiques, et très certainement crédibles. Suffisamment ressemblants et différents les uns des autres pour atteindre une palette émotionnelle et de vécu bien large et qui pourra toucher tout ceux qui ont un jour ou l'autre croisé ce catholicisme.
Au coeur de tout, la sexualité, ses évolutions sociétales et anthropologiques (méthode ogino, pilule, libération des moeurs...) (pas de Sida, qui arriverait dans un tome 2 s'il y en avait un). Chaque personnage se cherche tout comme l'Eglise qui voit ses dogmes devoir plier et s'adapter aux nouvelles réalités. Tout ça est tendu, difficile, scandaleux, stupide, choquant, violent...
Mais contrairement à ce que j'ai lu par ailleurs, pour moi Lodge aime ses personnages, les défend (parfois Lodge ou un narrateur extérieur intervient et interpelle directement e lecteur, ce qui est amusant et là aussi plutôt réussi), les laisse vivre, leurs réussites et leurs échecs, leurs tourments, leurs joies, sans aucune complaisance.
Rien du diable.
Je me répète, tous ceux qui ont un certain âge et ont eu un certain rapport avec le catholicisme trouveront des éléments pour encore mieux saisir et comprendre des morceaux d'histoire et de leur propre histoire peut-être.
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Dans Jeux de maux, David Lodge règle ses comptes avec l'Eglise catholique et ses dogmes relatifs à la sexualité de ses ouailles. Il peint une jeunesse inhibée, refoulée et culpabilisée par une morale contraignante. Les doutes et les hésitations de ces jeunes, qui balancent sans cesse entre velléité sexuelle et refoulement religieux, donnent lieu à des scènes d'une drôlerie consommée. Désopilant !
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How Far Can You Go ? Jusqu'à appeler le dernier chapitre « Dénouement », jusqu'à consacrer des pages et des pages à une réflexion sur les dogmes catholiques, jusqu'à mêler critique (Genette !) et praxis littéraires, jusqu'à abuser de la démiurgie omnisciente en toute connaissance de cause dans un roman qui somme toute parle essentiellement de Dieu… Magnifique roman, roman bouleversant et comique, sensible et intellectuel, brillant, un chef-d'oeuvre ! Seules réserves : le traitement du personnage de Miles – l'auteur est si peu à l'aise sur ce terrain qu'il aurait mieux fait de s'abstenir d'y marcher ! – et le dernier chapitre, dont la forme interdit toute émotion, pourtant si vivement provoquée auparavant.
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" la haut , il y avait le ciel, en bas l'enfer.Le nom du jeu,c'était le salut..."
David Lodge observe de près, un groupe d'étudiants catholiques Anglais et les chemins qu'ils suivent. Il dissèque avec un plaisir certain, le grand corps de l'église des années 50 - 60.
Le " Mauriac " britannique, a revêtu son habit infernal, pour poser les questions dérangeantes... Diable!
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- A propos de contraception et de préservatifs, il y a eu une proposition d'installer des distributeurs automatiques dans les vestiaires des étudiants à l'université, dit Michael.
- Tu ne m'as jamais dit ça ! s'écria Miriam.
- Dans une université catholique ? Je n'en crois rien, dit Dennis.
- C'est une machine très particulière, conçue pour les catholiques, dit Michael. Tu mets un préservatif dedans et on te rend la monnaie.
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Avant d'aller plus loin , ce serait probablement une bonne idée d'éclairer la conception du monde, la métaphysique, que ces jeunes gens devaient à leur éducation et à leur milieu catholique. Là-haut il t avait le ciel, en bas l'enfer. Le nom du jeu c'était le salut, c'est à dire la manière d'aller au ciel et d'éviter l'enfer. Le tout ressemblait un peu au jeu de l'oie. Un péché, vous envoyait directement au fond du puits; les sacrements, les bonnes actions, les mortifications vous permettaient d'en sortir et de retrouver la lumière. Tout ce que vous faisiez, tout ce que vous pensiez était soumis à une comptabilité spirituelle. C'était bon, mauvais ou encore neutre. (page 20)
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- Vous ne voudriez pas lui glisser un mot ou deux un de ces jours ? Je veux dire à propos de la religion en général. Même les écoles catholiques semblent avoir renoncé à la théologie de nos jours. Ses cours d'éducation religieuse semblent ne leur enseigner que d'être gentils avec les immigrants et de rassembler des collants pour Mère Teresa.
- Des collants pour Mère Teresa ? Je n'aurais jamais pensé qu'elle en portait.
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La régularité du déroulement de la journée - la chapelle - le sommeil - le réveil - la chapelle - le sommeil - le réveil - la chapelle - le repas - le travail - la chapelle - le travail - le repas, et ainsi de suite tout au long es heures, paraissait enlever de ses épaules la terrible responsabilité de réussir et d'être heureux : c'était comme une sorte de mécanisme destiné à garder un mouvement cohérent à un corps qui, abandonné à lui-même, deviendrait inerte ou handicapé moteur.
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 Quand Tessa apprit à Edward que Violet était dans un hôpital psychiatrique, il en fut désolé mais pas vraiment surpris. la moitié des patients qu'il voyait aujourd'hui souffraient apparemment de maladies mentales ou psychosomatiques et une grande proportion de ses ordonnances prescrivaient des tranquillisants.  Michael et Miriam, qui avaient lu R.D. Laing et Ivan Illich, se moquaient de lui à ce sujet.

   - Je ne peux pas prescrire le bonheur, pourtant c'est ce que réclament généralement mes patients, dit-il, donc j'ordonne du Valium à la place.

   - Comment penses-tu que la race humaine se débrouillait avant que le Valium ne fût inventé ? interrogea Miriam.

   - Voilà une bonne question, reconnut-il. Bien entendu il y avait l'alcool, le Laudanum, etc. Mais je me demande parfois s'il n'y a pas eu récemment un bond énorme dans l'attente de bonheur de l'être humain moyen. Autrefois, notre homme moyen se contentait d'avoir le ventre plein une fois par jour et de ne pas tomber malade. Aujourd'hui, chacun s'attend à être heureux et en bonne santé. On veut réussir, être admiré et aimé à chaque instant. naturellement les gens sont déçus et ils deviennent cinglés...
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David Lodge nous parle de son ouvrage La vie en sourdine publié aux éditions Rivages en 2014
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