Quand j'avais 16 ans, j'ai eu une passion pour l'ésotérisme, tout ce qui avait pour sujet le mystérieux, l'alchimie, l'occultisme, les sociétés secrètes… me fascinait. J'ai lu pas mal à droite, à gauche et pour noël, quelqu'un m'a offert un drôle de bouquin, « le Mystère des cathédrales », un livre qui traitait d'art et d'architecture, pas vraiment mon truc à l'époque… Je n'ai pas compris et l'ai gentiment entreposé sur une étagère… Il aura fallu attendre 23 ans de plus, la semaine dernière, pour que je réalise la signification de ce cadeau, l'ouvrage étant d'un certain
Fulcanelli. Bien joué Sherlock…
Eglise Santa Caridad, Séville, Andalousie. C'est le lieu où est exposé depuis le XVIIème le tableau du Maître espagnol Juan de Valdès Leal, représentant des cercueils ouverts avec des corps en décomposition, c'est une représentation de la mort percutante qui attire nombre de visiteurs. A ses pieds, est retrouvé au petit matin le corps d'un homme assassiné d'un coup de couteau en plein coeur. Il est français, s'appelle Jacques Caillol et fait partie d'une société secrète à la doctrine hermétiste. Au même moment c'est à Paris cette fois que le galeriste et bibliophile Giaccomo
Mazzoleni décède d'un infarctus. Sa mort semble naturelle à tous, sauf à sa fille, Gabriella, qui s'aperçoit aussitôt de la disparition de la pièce maîtresse de la bibliothèque de son père, le dernier carnet de
Fulcanelli, un manuscrit unique qui permettrait à son possesseur de lever le voile sur un mystère planant depuis un siècle. Qui est
Fulcanelli et où se trouve son tout dernier ouvrage jamais publié? le Saint Graal… Gabriella souhaite plus que tout remettre la main sur le trésor volé à son père avant que la collection paternelle, comprenant de multiples éditions originales traitant d'ésotérisme, ne soit transmise aux
Archives Nationales pour conservation. Forte de ses relations, elle implique dans sa théorie de l'assassinat Cédric Radenac, policier au grand coeur, et son ami Ari Mackenzie, ancien des renseignements généraux aux méthodes peu orthodoxes.
Le « Mystère
Fulcanelli » est le 3e ouvrage de la série Mackenzie écrit par
Loevenbruck. L'auteur débute par un avant propos où il évoque la dimension fictionnelle de son oeuvre tout en abordant ses recherches qui, il faut le dire, sont phénoménales. Ce livre est une véritable revue du monde de l'occulte au XIXe et début XXe siècle, d'innombrables érudits, artistes et scientifiques connus de tous y sont mentionnés et le lecteur peut ainsi les aborder sous un jour nouveau. Loges maçonniques, Prieuré de Sion, Rose-Croix… combien ont appartenu en secret à ces confréries et donné un deuxième niveau de lecture à des ouvrages célébrissimes mais impossibles à déceler pour les non initiés.
C'est donc un livre majeur pour tous les bibliophiles, tous les amateurs d'occulte et de mystère, tous les passionnés d'histoire et de généalogie, que signe là
Loevenbruck. On retrouve dans son écriture la passion qu'il a mise dans son travail préparatoire documentaire, ses personnages la vivent à leur tour jusqu'au point culminant des dernières pages du récit.
Pour les amateurs d'intrigue pure et dure, attention! Il n'y a pas vraiment de côté spectaculaire à l'histoire, pas de rebondissements à tout crin et de meurtres sanglants. l'intérêt majeur se situe dans la recherche, l'argument « polar » est davantage laissé au second plan. C'est un livre très particulier, facile à lire et très intéressant. Je salue encore tout le travail de l'auteur qui a dû lui occasionner bien des nuits blanches. Il en a fait un roman qui m'a replongée dans une ambiance ressentie à la lecture du « Pendule de Foucault » d'
Umberto Ecco, c'est rare et très agréable.
Lien :
https://leschroniquesdeminui..