Dès que j'ai commencé la lecture de «
Traque en terre occupée » de
Constantin Louvain (chez Marathon Editions), j'ai su que j'allais me régaler avec un récit de SF classique et efficace, à défaut d'être original, avec un côté pulp comme je les aime. L'écriture et la narration contribuent à en faire un bon roman, bien écrit et prenant.
Les personnages répondent donc à ces codes de SF plutôt classique.
On retrouve au début du récit des aliens malveillants, les Xenos, qui ont envahi la terre et assujetti les Terriens. Leur but final parait obscur, mais on en apprend plus sur eux au fil du récit. Ces extra terrestres ressemblent aux humains physiquement, si ce n'est leur couleur bleue et leur métabolisme qui ne tolère pas certaines mixtures terriennes. Ils ne ressentent pas les émotions humaines et restent froids et impitoyables. Rien ne les arrêtent et tout est bon pour arriver à leurs fins. Même menacer des enfants, par exemple, ne les perturbent en rien.
Max (Maximilien), personnage principal du roman, s'impose comme anti-héros : à la fois sauveur de la demoiselle en détresse un peu (parfois beaucoup..) lourd. Son avidité pour l'argent le conduit à remplir sa mission d'assassin (contre l'ennemi alien) d'un haut dignitaire Xeno. Ce meurtre le conduit à la fuite, lui, qui aspire à une vie tranquille et sans soucis. On est loin du mec sympa, loyal envers les siens... c'est un gars plutôt égoïste, dont le plus grand mérite repose en fait sur son savoir, en tant qu'ancien soldat, à manier l'arme alien qui permettra le meurtre. Pendant sa fuite, il sait se montre également malin et lucide.
Anabelle alias Vénus ou Vicky est la présence féminine du roman. Belle (d'autant plus que sa transformation physique, en vue de sa fuite, en fait un fantasme vivant pour les hommes), intelligente et un peu naïve, elle n'échappe malheureusement pas (et nous non plus) à une misogynie prégnante, dans cet univers constitué d'hommes. Heureusement, elle ne manque pas de caractère et ne se laisse pas faire.
Son groupe de résistance (contre les Xenos) est l'investigateur de cet attentat, et on découvre dans le récit, qu'Anabelle, simple médiatrice, ne maîtrise pas forcément tous les tenants et aboutissants de cette affaire. En fuite avec Max, on la retrouve présente à ses côtés, mais je trouve dommage qu'elle ne soit pas plus impliquée de manière active dans le récit. le duo fonctionne bien. Leur connivence est immédiate et naturelle dès le début.
L'univers quant à lui se construit autour de l'invasion alien passée et ses conséquences entre soumission et résistance aux Xenos.
J'ai aussi remarqué dans le récit une précision géographique et temporelle qui ajoute une vraie crédibilité à celui ci.
Le style du roman fluide et incisif, offre des scènes facilement visualisables, des scènes d'action efficaces, une ambiance bien mise en place et une lecture rythmée et prenante. La narration propose les points de vue de Max en cavale et de deux des aliens qui les traquent.
Le point de vue de Max à la première personne permet de partager son intimité, ses décisions et émotions lors de sa fuite avec Anabelle. Il nous immerge dans leur cavale, nous fait trembler pour eux et s'attacher à eux, malgré leur caractérisation assez stéréotypée.
J'aurai aimé que Max partage la narration avec Anabelle, au vu du manque de présence féminine dans le récit, car elle ne manque pas de piquant et sait répondre à ses messieurs quand la situation s'impose.
Les deux points de vue aliens du major Wiltar de la section noire (sorte de milice) et se son subalterne Zartar, narrés à la troisième personne sont plus froids et distants. A l'image de leur semblables. Ils permettent de constater la progression de leur traque, entre recherche d'indices et interrogatoires musclés.
Grâce à cette double narration s'instaure une dynamique fuite/traque, où les Xenos partent rapidement à la suite des deux traqués. L'auteur accentue le suspense grâce à cette dynamique cohérente et énergique. Impossible de ne pas être happé.e.s par le récit une fois qu'il nous capte.
Puis, au fil des pages, s'inscrit une sous-intrigue autour de l'assassinat, qui apparaît finalement comme le coeur du récit, impliquant complots et révoltes du côté des humains comme de celui des Xenos. L'intérêt du/de la lecteur.rice se trouve donc ravivé. Pas le temps de souffler, le suspense reste bien ancré dans le récit. Difficile de décrocher une fois la lecture lancée !
En conclusion, j'ai passé un excellent moment à la lecture de «
Traque en terre occupée ». Ce roman SF fut prenant, efficace et crédible. Je vous recommande ce livre si vous voulez un roman SF assez classique, mais haletant. La touche pulp est un bonus appréciable.