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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Attention ! Lumière aveuglante, chef-d'oeuvre en vue !
J'ose. J'ose le slogan un brin provocateur pour exprimer mon admiration pour ce magnifique témoignage d'un homme devenu aveugle par accident à à peine huit ans, entré dans la résistance à dix-sept, déporté à Buchenwald, et décédé à quarante-sept dans un accident de voiture.
Une vie singulière, synonyme d'énergie, de détermination et de courage que la cécité a évidemment modifié, mais sans la rapetisser, bien au contraire.

« On me disait qu'être aveugle, cela consistait à ne pas voir. Je ne pouvais pas croire les gens, car moi je voyais. »
Tout ou presque est résumé là : privé de l'usage de ses yeux, il voit mais différemment, plus intérieurement, il a « le sens des êtres », au-delà des apparences, ce qui lui permettra, entre autre, d'assumer d'importantes responsabilités au sein de réseaux de résistance, de jauger mieux que quiconque les recrues sûres, ou pas.
« Un homme qui parle ne sait pas qu'il se trahit. »

Ne comptez pas sur moi pour résumer ce récit, il faut s'en imprégner, ne surtout pas l'édulcorer. D'un ton direct, clair, et extraordinairement positif, Jacques Lusseyran raconte comment il a traversé cette période sombre de l'histoire, s'est engagé et a, paradoxalement, réussi à mettre sa cécité au service du combat pour faire triompher la liberté.
Son témoignage est chronologiquement divisé en deux parties : L'eau claire de l'enfance et Mon pays, ma guerre. Très différentes de ton et d'enseignements, je retiens surtout comment l'acceptation de son handicap très jeune a forgé une capacité d'adaptation et une force intérieure peu communes, qui se sont révélées être indispensables pour vivre dans un premier temps, puis survivre afin de sortir de l'enfer de Buchenwald, et témoigner enfin que…La lumière fut, malgré la cécité et les atrocités.
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" Je voyais la lumière. Je la voyais encore quoique aveugle. "
A huit ans, Jacques Lusseyran perd la vue à la suite d'un accident. Après quelques jours, où il cherche encore à voir avec ses yeux, il fait l'expérience extraordinaire de découvrir la lumière, sa lumière intérieure qui désormais ne le quittera plus et éclairera tous les instants de sa vie, même les plus sombres.

C'est une lumière qui très vite a guidé le jeune aveugle vers une autre perception du monde ; une perception tactile, auditive et olfactive qui donne une vraie forme et un vrai poids aux choses inanimées, mais aussi aux êtres. Une perception exceptionnelle qui est accessible à ceux qui ne peuvent plus utiliser leurs yeux pour appréhender le monde, mais qui sont éclairés par leur foi comme l'est Jacques Lusseyran.

Car cette cécité, que tout un chacun pense comme un handicap, Jacques la transforme en un bienfait qui supprime sa peur et nourrit sa foi : " Je n'avais pas peur. D'autres diraient : j'avais la foi " dit-il. C'est ainsi qu'il deviendra un brillant élève, un jeune résistant capable d'organiser un vaste réseau, apte à surmonter la torture et à survivre à la déportation. Un homme dont la trop courte vie sera toujours éclairée quoiqu'il advienne.

Presque inconnu en France, jusqu'au livre remarquable que Jérôme Garcin lui a consacré, Le voyant, Jacques Lusseyran est un homme exceptionnel qui a eu un destin exceptionnel, à découvrir dans ce récit lumineux, inspiré et inspirant, comme Le monde commence aujourd'hui, son autre oeuvre autobiographique.

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Magnifique roman autobiographique qui retrace la vie de Jacques lusseyran.
A 8 ans, suite à un accident, il perd la vue. C'est un nouveau monde qui s'ouvre a lui. de cet handicap, il en fait une force. Il deviendra plus proche de ses ressentis, ce sera une renaissance. Il découvrira la couleur du rayonnement de chaque être qui l'entoure.
De ce fait, il nous ouvre les yeux sur la beauté du monde.
Il cultive sa propre lumière intérieure. Cela va lui permettre de faire de grands choses :
Comme rentrer dans la résistance à 17 ans et survivre au camp de concentration.
Il est doté d'une grande humanité, il aime profondément la vie. Sa grande force intérieure m'à touchée. Belle leçon de vie.
Beau témoignage que je recommande.
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Livre étonnant et magnifique, à lire surtout si on a tendance à se plaindre de la vie….une leçon de Lumière intérieure…une leçon de force
Jacques Lusseyran…. vous savez ….c'est cet auteur connu du grand public depuis que Jérome Garcin l'a sorti de l'ombre avec son ouvrage « le Voyant«
Un homme au destin extraordinaire, le mot n'est pas trop fort, qui nous livre dans « Et la lumière fut » les 21 premières années de sa vie

Un gamin comme tous les autres, ni meilleur ni plus mauvais, qui se fortifia de son handicap, la cécité totale, survenue après un accident à l'école, à l'age de 8 ans. Un gamin qui nous donne des leçons de courage, un gamin qui malgré sa cécité nous explique comment il voyait en couleurs, comment cette cécité, loin de l'isoler lui permit au contraire de s'ouvrir aux autres:
« Mais au total, je suis redevable à la cécité de m'avoir forcé au corps à corps avec mes semblables, et d'avoir fait de lui, bien plus souvent un échange de force et de joie qu'un chagrin. Les chagrins que j'ai eus, presque toujours je les ai eus dans la solitude. » (P. 63)
Pour lui, tout est couleurs, y compris la musique. Un regard étonnant sur le handicap, sur les handicapés, un regard pour nous autres les considérions différemment….
Un livre en deux parties : son enfance d'une part, son adolescence d'autre part, qui coïncida avec l'invasion de la France par les nazis en 1939
L'autre personnage principal est la Lumière, oh pas celle que nous voyons lorsque nous admirons un paysage, pas celle que nous recherchons lorsque nous faisons une photo…non…la Lumière intérieure, celle qui nous permet de passer les obstacles de la vie, cette force qui devrait faire notre personnalité
Ce gamin Jacques a réussi a suivre une scolarité normale, dans le même lycée que tous les gamins de son âge…il n'a pas connu les établissements spécialisés pour non voyants…il a appris le braille, et à taper à la machine pour rendre ses devoirs aux professeurs, obtenu ses diplômes. Il intégra même Normale Sup…il aurait pu devenir l'un de nos profs de littérature, si un texte et une décision personnelle d'Abel Bonnard, ministre du Gouvernement de Vichy ne l'avait pas écarté, comme tous les autres infirmes, des métiers de l'Éducation Nationale et de l'Administration française…
Un homme courageux qui nous fait partager son engagement dans la Résistance après l'invasion de la France par les armées nazies. Encore étudiant il mobilisa quelques amis et créa un réseau de résistance, de six cent jeunes, filles et garçons comme lui, qui distribuaient clandestinement et à la sortie des églises un journal de quelques pages qui devint France-soir.…un résistant qui fut dénoncé, déporté à Buchenwald, dans les baraquements des infirmes, ceux dans lesquels les rations étaient inférieures de moitié à celles qui étaient donnés aux autre détenus. il y passa 14 mois.. Buchenwald où il faillit plus d'une fois perdre la vie….Seule cette force et cette Lumière intérieure lui permirent d'en sortir vivant.
« Personne autour de nous ne ment, personne ne cherche son intérêt. La Résistance est une affaire de dignité, d'honneur. Et l'honneur n'est pas que dans la Patrie, mais dans tous nos actes….la Résistance protège ceux qui la font. Elle interdit la saleté. C'est la volonté de ne pas faire n'importe quoi, mais quelque chose qu'on a choisi une fois, qu'on voudrait encore, même si l'on a été torturé, bafoué »
Il vivait dans le même monde que nous, mais ne voyait pas les autres avec ses yeux. Il avait acquis un sens inné des autres, ces autres dont il percevait la personnalité, le courage ou la lâcheté, l'engagement ou la passivité selon l'intonation de la voix, la façon dont l'autre lui serrait la main..
Il n'a jamais été « suiveur », mais toujours leader….il réussissait à attirer à lui les autres, à les fédérer autour de lui, à rayonner.
Un message d'amour, de courage, de force, d'ouverture aux autres, d'engagement…A compléter par la lecture de » le monde commence aujourd'hui » qui nous fait découvrir la troisième étape de sa vie. On en apprend un peu plus sur ses conditions de vie à Buchenwald. On apprend que l'Éducation Nationale n'ayant pas voulu de lui il devint professeur de littérature française quelques temps après sa libération…. aux États unis
« La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu'il arrive. La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous même sans les yeux » (dernière phrase du livre – P. 282)
Une personnalité qui ne peut laisser indifférent, un homme qui fut tout sauf banal :
« François m'ayant un jour demandé quel était le défaut que je supportais le moins facilement chez les autres, la réponse avait jailli de moi comme la balle sortie du revolver : la banalité » (P. 184)
A découvrir
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Ce récit publié en 1935 a été réédité dans la collection Résistance des éditions du Félin. Cela pourrait susciter quelque réserve chez les lecteurs peu férus de récits de guerre or ce livre est avant tout l'itinéraire exceptionnel d'un homme devenu aveugle à l'âge de 8 ans et qui, entouré par des parents aimants et attentionnés, développe une sensibilité extraordinaire au monde extérieur et prend conscience de l'infinie richesse de sa vie intérieure. Doué d'une mémoire prodigieuse, Jacques Lusseyran brille dans ses études et se trouve au lycée à Paris quand la seconde guerre mondiale éclate. Secondé par son fidèle ami Jean, il s'entoure d'un groupe de camarades de classe pour fonder un journal clandestin et rejoint ensuite le mouvement Défense de la France. Arrêté à la suite d'une trahison le 20 juillet 1943, il est interné à Buchenwald jusqu'à la fin de la guerre. En dehors du destin fascinant de l'auteur et de son courage face à l'adversité, ce sont les descriptions du monde à travers les yeux d'un aveugle qui retiennent l'attention. Les couleurs éclatent sous ses paupières fermées, les sons et les voix acquièrent une dimension surnaturelle et le toucher révèle la présence habitée des objets. Mais c'est au cours de son emprisonnement que Jacques Lusseyran atteint une dimension presque christique en traversant sa souffrance pour mieux porter celle des autres. Un livre superbe sur la force de la Vie comme rempart contre la haine et le désespoir.
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La vie de Jacques Lusseyran est juste incroyable et cette autobiographie m'a vraiment bouleversée. Tant de force, d'espoir, d'intelligence, d'envie de vivre, d'amour et de lumière. Un être humain au grand coeur, rare, exceptionnel qui a surmonté les pires obscurités de ce monde.

La première partie est consacrée à son enfance et au moment où il est devenu aveugle à l'âge de huit ans. Un drame pour beaucoup, une bénédiction pour lui. Une résilience incroyable, une lumière intérieure qui le rend capable de tout, des parents et amis aimants... Dans la seconde partie, il nous raconte comment jeune étudiant il a fait pour être à la tête d'un réseau de résistants pendant l'occupation de Paris jusqu'à son arrestation et sa survie pendant 18 mois dans le camp de Buchenwald. J'ai bien sûr pensé au récit de Primo Levi en lisant la vie ou plutôt la mort dans ce camp.

C'est fort. On ne peut qu'être admiratif et ému de son parcours, de son aura, de ses intuitions, de sa force intérieure.
J'ai beaucoup réfléchi à la notion de bien et de mal. Pourquoi l'homme devient-il mauvais ? Comment le devient-il ? La société y est-elle pour quelque chose ? La bonté ou la méchanceté est-elle intrinsèque à la personnalité ? Comment passe t-on du bon au mauvais et inversement ? Cet ouvrage peut vous donner quelques clés...

Je ne peux que vous conseiller ce témoignage qui est en plus très bien écrit. Pour ma part, je vais continuer à m'intéresser à Jacques Lusseyran, et peut-être lire "Le voyant" de Jérôme Garcin.
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Deux parties, deux livres, deux histoires, deux temps, un homme, les hommes, la Lumière. Un récit banal et extravagant. Une plume simple et extraordinaire. Une force vitale, une lumière spirituelle à découvrir impérativement.

Et la Lumière fut. 1932, Jacques Lusseyran perd la vue accidentellement à l'âge de huit ans. Il y gagna une vision de l'univers dans la lumière en lui et hors de lui. Ce fut son secret. Développant sa concentration, Jacques Lusseyran put voir le monde du dehors en dedans de lui. Vous trouvez cela bizarre ou incompréhensible ? Moi aussi.
Toute la première partie conte cette découverte du monde intérieur, de l'univers, de la lumière.
Les sons, le toucher, la lumière. Les objets parlent et vibrent, la musique n'est que couleurs.
Comme un sens du toucher porté plus loin, les objets d'une certaine taille viennent à Jacques. “Il fallait laisser les arbres venir jusqu'à moi. Il en fallait pas placer entre eux et moi la plus petite intention d'aller vers eux, le plus petit désir de les connaître. Il ne fallait pas être curieux, ni impatient, ni surtout fier de sa prouesse. Si je me faisais très attentif, je n'opposais plus aux paysage ma poussée personnelle, alors les arbres ou les rochers venaient se oser sur moi et y imprimer leur forme comme les doigts impriment leur forme dans la cire.”
Le monde des voix. “Il existe une musique morale. Nos appétits, nos humeurs, nos vices secrets et même nos pensées le mieux retenues se traduisent en sons dans notre voix.”

Partie 2 – Mon pays, ma guerre
"Je ne crois que les histoires dont les témoins se font égorger." Pascal
En deux parties aussi, d'abord un roman d'aventure où les moins de trente ans sont rois. Dès 1941, ils se levèrent, ils furent bientôt 600 volontaires de la liberté. Leur but : S'informer, écrire, imprimer et diffuser des nouvelles propres à réveiller, à ranimer l'espoir. Ils unirent en 43 leur efforts avec le réseau Défense de la France et son journal éponyme. Ils diffusèrent par mille, puis par 5 et 10 mille, et bientôt 250 000 exemplaires avec en exergue de chacun(Gallica) cette sentence de Pascal : "Je ne crois que les histoires dont les témoins se font égorger."
Croyez donc à l'histoire qui donnera naissance à France Soir.

Puis un roman de vie, d'amour, d'oubli de soi, de Lumière lorsqu'en 44, les principales têtes du réseau, dénoncées, passent d'abord plusieurs mois à Fresnes et échouent au Konzentrationslager Buchenwald pendant quinze mois qui prirent fin, pour Jacques, le 12 Avril 1945.

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Né en 1924, devenu accidentellement aveugle en 1932 à l'âge de huit ans, cet adolescent de 17 ans entre en Résistance dès 1941, ce qui l'amène à être incarcéré en camp de concentration en 1944...
Voilà, en quelques dates sèches, balises de la trajectoire exceptionnelle de Jacques Lusseyran, le parcours étonnant de ce garçon qui va transformer en force son handicap, la cécité, en faire un tremplin pour accéder à une connaissance différente et privilégiée du monde, affinée par l'exacerbation de tous ses autres sens. Et pour lui, la lumière fut ...
C'est ce qu'il nous conte, dans cette autobiographie lumineuse détaillant scrupuleusement la jeunesse d'un enfant qui, à la suite de son accident, reçoit de ses parents tout l'amour et l'aide possibles, ce qui contribue à faire de lui un garçon brillant, sensible et remarquablement équilibré, capable de suivre normalement un cursus scolaire émaillé de succès. Sa cécité se muera en force intérieure, que rien ne pourra abattre.
Jacques Lusseyran se livre totalement, avec honnêteté, nous communique sa foi dans la vie, nous fait entrevoir l'intensité de sa lumière intérieure ... et en le lisant, c'est nous tout à coup qui avons la sensation d'être infirme, car les éblouissantes performances que ce garçon est capable de développer, par exemple "lire" dans la voix humaine comme dans un livre, nous en sommes bien loin ... et c'est nous qui nous sentons aveugles !

Puis, la guerre fait brusquement de l'adolescent un homme qui va s'investir totalement dans la création d'un mouvement de résistance "les Volontaires de la liberté" pour l'animer de son énergie bouillonnante et créatrice. Il y rencontrera des frères d'armes, tel Philippe Viannay, dont il rejoindra le mouvement "Défense pour la France", capable de clamer avec humour "mes enfants, si nous sommes encore là pour le dire, il y aura un jour où nous dirons que la Résistance a été l'époque la plus facile de notre vie ! Rendez-vous compte ! Ne pas avoir "un" problème moral : rien que des matériels !" p 211.
Mais il y eut d'autres problèmes ...
Alors, sans pathos et avec une remarquable économie de mots, le déporté numéro 41978 à Buchenwald, nous conte ses quinze mois d'incarcération dans l'enfer de la barbarie. Il n'y a pas de mot pour dire l'indicible mais Jacques Lusseyran les trouve ces mots et il nous délivre l'insoutenable en provoquant émotion et bouleversement chez le lecteur.
"Il n'y a pas de "vérité" sur l'"inhumain", de même qu'il n'y en a pas sur la mort." p 263
Un hommage déchirant, poignant à tous ses amis disparus.
Un témoignage passionnant, exceptionnel, et le terme n'est ici pas galvaudé, une leçon de vie et de courage, dont il convient de s'imprégner afin de ne pas sombrer dans la déprime pour un oui ou pour un non !
Jacques Lusseyran, un homme à ne jamais oublier.

A lire également de Jérôme Garcin : le Voyant, la biographie de Jacques Lusseyran parue en 2014.
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Le début peut sembler un peu long… mais très vite quel plaisir, quelle leçon d'optimisme et d'intelligence. L'Auteur nous parle de fraternité, de courage, d'espérance, de joie, de spiritualité. le tout avec force et humilité. Magnifique témoignage.
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C'est un livre tout à fait remarquable. Son auteur, Jacques Lusseyran (1924-1971) a eu une vie extraordinaire. Devenu aveugle en 1932, il parvient à accomplir une très brillante scolarité. Sous l'occupation allemande, il mène de front ses études supérieures et des actions de résistance, d'abord dans un petit groupe ("les Volontaires de la Liberté"), puis dans une organisation plus large, "Défense de la France". Son activité dans la Résistance (malgré sa cécité !) lui vaut d'être arrêté par la Gestapo en 1943 et déporté à Buchenwald, où il survit presque par miracle. Il est libéré en 1945.
J. Lusseyran met fin à son témoignage au moment où il n'avait encore que 21 ans. le livre comporte deux parties distinctes.
La première évoque toute sa jeunesse avant la guerre, et spécialement son expérience après être devenu aveugle. Il décrit avec précision comment son esprit a réagi spontanément à la cécité. Juste après son accident, « tout semblait épuisé, éteint, et je fus pris de peur. (...) C'est alors qu'un instinct m'a fait changer de direction. Je me suis mis à regarder de plus près. Non pas plus près des choses, mais plus près de moi. A regarder de l'intérieur, vers l'intérieur, au lieu de m'obstiner à suivre le mouvement de la vue physique vers le dehors ». Les extraordinaires potentialités de son cerveau se révèlent par des représentations mentales qui compensent son handicap d'une manière décisive.
La seconde partie du livre est consacrée aux années de la guerre. le récit est captivant, quoique terrible. Pendant sa détention, il se dit: « Quand vous êtes en prison, pensez à tout ce que vous voulez, sauf à ce qui est au-dehors. Cela est interdit. (...) Ce qui est au-dehors vous blesse. Elle est terrible, cette pensée que les autres continuent à vivre pendant que vous, vous ne vivez plus ». Jacques Lusseyran ne cache pas les effroyables épreuves qu'il a dû affronter Il l'a fait avec un cran admirable. A mon avis, dans son livre il évoque tous ces faits sans "enflure narcissique". Au-delà d'un destin personnel, le récit est l'un des meilleurs témoignages que j'aie lu sur l'univers concentrationnaire nazi.
Un très beau livre, écrit par un homme admirable, resté presque inconnu du grand public et disparu trop tôt.
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