Le rocher de Tanios

Maalouf Amin
Le rocher de Tanios
J'ai beaucoup aimé certains écrits de cet auteur, mais pas celui-ci. Je suis allée jusqu'au bout mais franchement en attendant vraiment quelque chose.
D'habitude l'auteur écrit souvent beaucoup de choses à lire au deuxième degré, ici, parfois, ou plutôt rarement.
4ème de couverture
« Dans le village où je suis né, les rochers ont un nom. Il y a le Vaisseau, la Tête de l'ours, l'Embuscade, le Mur , etc…. mais il y a surtout la Pierre aux soldats, c'est là qu'autrefois on faisait le guet lorsque la troupe pourchassait les insoumis ; aucun lieu n'est plus vénéré, plus chargé de légendes. Pourtant, lorsqu'il m'arrive de revoir en songe le paysage de mon enfance, c'est un autre rocher qui m'apparaît. L'aspect d'un siège majestueux, creusé et comme usé à l'emplacement des fesses, avec un dossier haut et droit s'abaissant de chaque côté en manière d'accoudoir ; il est le seul, je crois, à porter un nom d'homme, le rocher de Tanios….. ainsi commence ce roman où le lecteur fera provisions d'énigmes, d'émotions et de péripéties. Etc…. »
On va y rencontrer une foule de personnages, des discussions, des batailles, des secrets, des dissensions entre les religions ; des personnages raisonnés, sensés et d'autres tout le contraire.
Il y a environ deux siècles quand l'histoire se passe et la dernière note de l'auteur dit ceci :
« ce livre s'inspire très librement d'une histoire vraie : le meurtre d'un patriarche, commis au 19ème par un certain Abou Kick Maalouf, réfugié à Chypre avec son fils, l'assassin avait été ramené au pays par la ruse d'un agent de l'émir pour être exécuté.
Le reste, le narrateur, son village, ses sources, ses personnages, tout le reste n'est qu'une pure fiction

Le génie ne fait jamais bon ménage avec les honneurs.
A l'époque de la parution de ce livre, j'adorais tout ce qu'écrivait Amin Maalouf. Cela avait commencé par « Les croisades vues par les Arabes », qui m'avait enchanté par son style enlevé et l'originalité de son point de vue. J'avais pleuré en lisant « Les Jardins de Lumière », un des livres qui m'a le plus touché parmi toutes mes lectures et m'a marqué durablement.
A la parution du « Rocher de Tanios », je me suis donc précipité. le livre m'est tombé des mains, et je crois bien que je n'ai jamais réussi à le terminer, malgré mon obstination à en venir à bout. C'est typiquement un livre pour Goncourt, écrit chiant donc. On sent que Maalouf avait déjà en tête d'obtenir un fauteuil à l'académie Française, qu'il obtint quelques années plus tard, d'ailleurs, ce qui donna lieu à un livre sympathique sinon très enlevé : « Un fauteuil sur la seine ». (Que j'ai lu aussi, bien sûr, je ne suis pas rancunier).

Je dois admettre ma déception au milieu de ce livre, ouvert avec enthousiasme en anticipation du talent de conteur d'Amin Maalouf, et quand même prix Goncourt 1993. A mi-chemin, je m'ennuie ferme dans cette histoire des pratiques despotiques des cheiks de la montagne libanaise dans les années 1830, mais comme d'habitude je déteste abandonner en route un livre avec lequel je ne me sens inconfortable. J'avais peut-être trop aimé "Origines" pour avoir espéré le même enchantement. Mais je ne lâche pas !
Je suis arrivé au bout de cet ouvrage qui ne m'a pas ravi... La fin renvoie au chaos géo-politique qu'a connu la région au XIXe siècle et ne s'en est jamais vraiment remis. Entre légendes et faits historiques, le livre oscille constamment sans choisir, ni convaincre. Au fond un livre, même quand on n'y rentre pas avec plaisir, est là pour stimuler, émouvoir, renseigner... ou agacer. C'est pourquoi je ne renonce jamais à aller au bout, même en maugréant !