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EAN : 9782924327821
208 pages
M éditeur (01/02/2018)
5/5   3 notes
Résumé :
En 2011, Florence Montreynaud lance Zéromacho, un réseau international d’hommes engagés contre le système prostitueur. Un an plus tôt, à Paris, un mot la heurte en pleine rue. Un mot d’une affiche, une publicité pour une série sur Canal+, Maison close : de belles jeunes femmes dans un décor de luxe, avec le slogan « Les hommes rêvent d’y entrer, elles se battent pour en sortir ». Cette nostalgie pour les bordels l’agace, avec sa complaisance qui masque le sordide, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'argent n'efface pas la violence

Une publicité pour une série sur Canal+, Maison close avec le slogan « Les hommes rêvent d'y entrer, elles se battent pour en sortir ». Non seulement une fausse symétrie mais un abus de langage.

« C'est sans doute une histoire d'autrefois, dans la France d'avant 1946, date de la fermeture des bordels légaux. Cette nostalgie m'agace, car elle sert de prétexte à des images dont la complaisance masque le sordide, mais autre chose m'intrigue. Je m'arrête, relis le slogan… et vois rouge. À cause du premier mot : « Les hommes rêvent d'y entrer… » »

A juste titre, Florence Montreynaud interroge : « « Les » hommes ? Tous les hommes ? Toujours et partout ? ». Pourquoi « les » et non « des » ? Volonté d'impliquer tous les hommes, de décrire comme quasiment naturel ce rêve ou cette espérance masculiniste, de provoquer une solidarité masculine.

« En regardant cette affiche, je sens monter en moi l'écoeurement, l'indignation, la révolte. Malgré le slogan en deux parties faussement symétriques, malgré la mention de femmes en lutte, c'est le point de vue des profiteurs du système qu'on nous impose, et non celui des femmes qui « se battent pour en sortir ». »

Des maisons closes et surtout des bouches closes face à l'esclavage sexuel.

Tous les hommes ne sont pas des prostitueurs, ils ne rêvent pas d'entrer dans ces lieux pour acter de leur pouvoir, pour choisir un viol-location ou affirmer leur mépris des femmes.

D'où l'idée d'un réseau international d'hommes engagés contre le système prostitutionnel, https://zeromacho.wordpress.com/le-manifeste_fr/

Des insultes sexistes, des femmes abordées « c'est combien ? », des soit-disants « besoins irrépressibles », la fantasque « misère sexuelle » des hommes, les immondes usines à sexe (Amsterdam, Bombay, etc.), les bases de « repos et de récréation » pour les soldats, les « femmes de réconfort », le tourisme « sexuel », et les industries du sexe, le système prostitutionnel…

Dans une première partie « le refus », Florence Montreynaud aborde, entre autres, la Convention des Nations unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui, la fiction du « libre-choix », les débats autour des bordels, la criminalisation des victimes, les mauvais traitements des policiers et des agents du fisc, la marchandisation des corps, la prostitution comme une affaire et une responsabilité d'hommes qui paient pour un acte sexuel, « C'est parce que TU paie que la prostitution existe », les désirs qui n'implique aucun droit, ces désirs masculins entrainant et justifiant « une « offre incarnée », les mots pour dire, « Déchirer le voile du langage qui atténue l'horreur », la différence entre « consentir » et « désirer », les actes de non-liberté, les prostitueurs « de tous les milieux sociaux, toutes les origines, tous les statuts maritaux », une réalité de la révolte des prostituées lyonnaises de 1975, les impressions de mort intérieure, la menace contre toutes les femmes, « Tant qu'une seule femme sera à vendre, toutes les femmes le seront symboliquement ».

La seconde partie du livre est consacré à « Zéromacho », ce réseau d'homme qui ne se satisfont ni, bien évidement des discours des « 343 salauds », ni du silence pesant sur les actions d'autres hommes et de la stigmatisation de femmes. L'autrice a interrogé des hommes sur leur première fois, ceux qui ont payé pour « ça ». Elle aborde la situation en Allemagne (en complément possible : Manuela Schon : La légalisation a fait de l'Allemagne le bordel de l'Europe. Et nous devrions avoir honte ! et l'appel des traumathérapeutes), à la Jonquera (en complément possible, Alain Tarrius – Olivier Bernet : Mondialisation criminelle, frontière franco-espagnole de la Junquera à Perpignan et Plateforme Catalane pour le droit à NE PAS ÊTRE prostituées), en Suède (en complément possible, Trine Rogg Korsvik et Ane Stø (dir.) : Elles ont fait reculer l'industrie du sexe !).

Il convient donc bien de réfléchir à la fois « au respect de soi et de l'autre, à la place du désir et du plaisir dans une relation », à cette tolérance sociale pour la violence sexuelle et la double morale qui légitime les comportements masculins, aux rapports sociaux de hiérarchisation des femmes et des hommes (système de genre).

« le viol ou la prostitution font de la sexualité une arme porteuse de violence, de souffrances, voire de mort. Pourtant, dans la liberté et la réciprocité, la sexualité peut se révéler une source de plaisirs magnifiques ».

Ce petit livre écrit avec beaucoup d'humour, met au centre des analyses ces hommes qui paient et prostituent (le plus grand groupe social lié à la prostitution : les prostitueurs) et ceux qui « sont contre ». Il prend en compte les paroles de survivantes, analyse les rapports prostitutionnels et préconise quelques pistes pour l'égalité et la liberté.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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"Zéro Macho" de Florence Montreynaud suscite des réactions variées : on peut l'apprécier ou le critiquer, être d'accord ou en désaccord avec ses thèmes. Ce livre invite chacun à se forger une opinion sur le sujet. Personnellement, j'apprécie beaucoup cet ouvrage, notamment parce que j'ai eu le privilège de passer du temps et d'échanger avec l'auteure à ce sujet. Nos discussions ont nourri de nombreux débats avec différents interlocuteurs. Malgré cela, je ne suis pas un militant intransigeant, mais ce livre m'a amené à réfléchir profondément sur la question. Florence Montreynaud interroge les clients de la prostitution, mettant en lumière leur responsabilité en tant que consommateurs d'êtres humains à des fins lubriques. Son analyse n'est pas une condamnation des travailleurs du sexe, mais une réflexion sur le comportement des consommateurs. Florence présente un point de vue argumenté et assumé, qui ne laisse pas indifférent.
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On n'entend pas souvent parler des hommes qui ne veulent pas (ou plus) payer pour un acte de prostitution, pourtant ils existent ! Ce livre leur donne la parole. Pourquoi ont-ils décidé de ne pas payer pour un acte sexuel ? S'ils ont déjà été « clients », qu'est-ce qui leur a fait changer d'avis ? Que diraient-ils à d'autres hommes pour les dissuader de recourir à la prostitution ? Un livre incontournable qui met fin a certains lieux communs.
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Cet ouvrage aborde une question qui peut sembler périphérique - la prostitution et les hommes - mais qui est en fait la clef de voûte de la domination masculine et permet à l'auteur, spécialiste de la question, historienne du féminisme et linguiste, de montrer l'importance de ce combat en donnant la parole à des hommes de bonne volonté. Ces hommes répondent, chacun à leur manière à la question essentielle : pourquoi refusent-ils ce vieux privilège ? que dit ce refus ? vers quoi permet-il d'aller ?
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Un livre nécessaire pour que l'abolition de la prostitution soit comprise par tou-te-s : l'histoire d'un réseau d'hommes qui refusent de payer pour du sexe.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le viol ou la prostitution font de la sexualité une arme porteuse de violence, de souffrances, voire de mort. Pourtant, dans la liberté et la réciprocité, la sexualité peut se révéler une source de plaisirs magnifiques
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Tant qu’une seule femme sera à vendre, toutes les femmes le seront symboliquement
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C’est parce que TU paie que la prostitution existe
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Video de Florence Montreynaud (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Florence Montreynaud
Florence Montreynaud veut changer le monde, rien de moins ! Féministe, elle veut la fin du machisme, ce système d'injustices et de violences fondé sur la haine du féminin. Comme dit Benoîte Groult : « le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours. »
Intellectuelle passionnée, femme d'action aussi énergique que souriante, Florence Montreynaud raconte quarante ans d'une vie engagée pour l'égalité des femmes et des hommes. Dans ce récit alerte, elle nous entraîne, au fil des décennies, au c?ur des revendications et des actions du féminisme dont elle restitue des épisodes marquants. Depuis son "apprentissage", à partir de 1971 au MLF et au Planning familial, jusqu'à son engagement contre le système prostitueur, voici l'itinéraire d'une femme animée par des convictions humanistes et confiante dans la capacité d'un groupe à changer le monde. Ce livre de souvenirs, plein d'humour et fourmillant d'anecdotes, est aussi le roman d'une époque et de plusieurs générations de femmes. Témoignage sur l'histoire de notre temps, plaidoyer pour la cause toujours actuelle de l'égalité, il aide à comprendre le féminisme d'hier et d'aujourd'hui, tout en annonçant celui de demain. Florence Montreynaud veut changer le monde. Pour qu'il soit plus juste et plus doux.
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