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3,95

sur 624 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un livre impressionnant de maîtrise pour un premier roman. Je comprends et j'approuve les récompenses dont il a bénéficié avec l'attribution du prix Goncourt du premier roman et le prix Ouest -France Étonnants Voyageurs en 2017.
Maryam Madjidi a écrit un livre poignant sur l'exil, inspiré par son vécu, mais, en plus, elle lui a donné un très beau titre assez intrigant : « Marx et la poupée ».
C'est avec sa voix un peu lancinante, elle raconte sur ce livre audio la brutalité de la révolution iranienne, la perte de liberté et son départ de Téhéran quand elle avait 6 ans. Ce moment l'a marquée parce qu'elle a été obligée de donner ses jouets aux enfants pauvres avant l'exil, à la demande de ses parents communistes qui risquaient leur vie.
Maryam Madjidi dit avec des mots qui sonnent juste qu'il est difficile de trouver une identité entre deux cultures très différentes et de vivre l'exil quand on ne l'a pas choisi.
C'est aussi l'histoire d'un exil fondateur autour de la langue et d'une réconciliation tardive entre le français et le persan.
La narration est vécue de l'intérieur et de l'extérieur puisque l'autrice à un parti pris d'utiliser la première personne du singulier et parfois la troisième personne quand elle parle du passé.
Et surtout, elle choisira la littérature et l'écriture comme éléments fondateurs pour une reconstruction intime.


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Attention : coup de coeur ! IMMENSE coup de coeur !
Ce roman, je l'ai savouré tout doucement, je l'ai dégusté, redoutant le moment où la dernière page pointerait le bout de son nez.
Ce mélange de tranches de vie, de souvenirs si perceptibles, de combats contre les autres et soi même, d'amour et de rejet pour ces deux pays que sont l'Iran et la France, de « je » et de « ils » nous bouleversent. Jusqu'aux tréfonds.
En fait, je n'ai pas de mots pour dire à quel point ce livre m'a touchée.
Je les cherche, les palpe. J'aimerais les poser, juste là.
Parce que c'est un raz de marée d'émotions, d'intériorité et de justesse.
C'est un déchirement qui, lentement, se résorbe.
C'est une voix qui pourrait porter celle de tant d'exilés. Et une voix d'enfant qui parle à l'adulte devenue.
Et au delà de ce magnifique récit, c'est une plume qui éclot sous nos yeux.
Une plume qui virevolte, prend vie, pique, emporte.
Une grande, très grande autrice est née !
Faites-vous ce précieux cadeau : lisez « Marx et la poupée » !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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Trois décennies : 1980 - 2 014. Maryam, née à Téhéran, fille de militants communistes, doit quitter son pays et son régime islamiste . Elle a six ans.
C'est la révolte d'une enfant qui refuse d'abandonner sa maison, ses jouets, qui voit, sans tout comprendre que la situation est dramatique : son oncle « est dans une cage gardée par des gens dégoûtants ». Pendant six ans.
Sa « mère parle peu. Des rêves tournent autour de sa tête comme des oiseaux au-dessus des tours du silence ».
Cette enfant a entendu « le murmure de toutes les mères qui répètent chacune leur mot, leur mot de douleur, leur mot écorché vif, leur mot d'injustice ».
« Ce pays massacre ses meilleurs enfants ».

C'est donc le départ pour la France, Paris où le père les attend.
Au bonheur des retrouvailles succèdent la pauvreté, le déchirement de l'exil, le traumatisme de la langue étrangère, incompréhensible, la honte de ne pas être comme les autres.
Ce sera l'écartèlement entre deux langues, deux nationalités, deux personnalités . Inconciliables.

« C'était le premier voyage, le premier retour à la terre-mère, la première descente vers l'origine. Une descente ou une chute, je ne sais pas. J'ai failli perdre la tête. J'ai glissé sur mon identité. Je suis tombée ».

Ce livre, autobiographique est dédié à Abbâs « qui est prêt à mourir pour tous ces bébés qui sont nés sous la révolution ».
« Abbâs, c'est une étoile filante : il n'aura pas une longue vie parce que son coeur, un jour, ne pourra plus contenir tout cet amour à donner ».

Un grand coup de coeur.
L'écriture est maîtrisée, la construction également.
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Il y a quelques temps, j'ai terminé ce magnifique premier roman de Maryam Madjidi : "Marx et la poupée".

Un excellent bouquin dont j'ai eu à un moment les larmes aux yeux. Juste magnifiquement écrit que je ne pouvais quasi plus le lâcher. Je suis légèrement boulversée de cette histoire.

Une merveilleuse lecture qui vous fera passer par diverses émotions.

Chapitres courts et rythmés. Un chapitre, une anecdote, un moment de vie. Les chapitres ne sont pas numérotés et celui de "L'attente" m'a énervé.

J'ai adoré la dernière phrase du livre. Juste merveilleuse.

Belle lecture!
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Face à l'écriture de Maryam Madjidi, j'ose à peine taper un mot, ne me sentant pas à la hauteur de son apparente facilité à exprimer les sentiments. Elle présente ses récits à la manière d'une conteuse, avec une poésie comme héritée des grands auteurs iraniens.
Son histoire est un peu comme des bulles qui s'envolent et éclatent l'une après l'autre en nous racontant sa vie du ventre de sa mère jusqu'à la réconciliation entre ses deux mondes qu'elle semble avoir atteint. D'un souvenir à l'autre, nous découvrons l'enfant et sa vie en Iran, l'exil vers la France à 6 ans, son intégration et ses oscillations entre ses origines et son nouveau pays.
Lu par l'auteur, la version audio nous livre encore plus d'elle-même. Sa voix grave est chantante, posée, avec de très belles intonations. L'entendre réciter des poèmes en persan est un plus indéniable par rapport à une version écrite.
La guitare qui marque les chapitres enrobe les bulles de fines pauses mélodieuses.
Classer le livre dans la catégorie des romans me semble inapproprié. Tout ce que Maryam raconte est dit avec tellement d'âme, tellement d'elle, même si elle joue tantôt avec une vision extérieure en parlant de "la petite fille", tantôt avec le "je", que l'on ne peut être que dans l'autobiographie à mon sens.
Tout au long de l'écoute, son histoire me parlait souvent de mon père. Il n'est pas un exilé, simplement un déraciné français d'Algérie qui comme Maryam n'a pas choisi de perdre ses racines et a subit une arrivée dans un nouvel endroit en perte de repères avec une simple valise en 1962. Cela n'était pas un autre pays, mais le sentiment de perte a été le même. le refus d'une langue parlée sur sa terre natale, il connait aussi, mais sans être encore parvenu à réconcilier les deux parties de sa vie.
Maryam, est une femme forte comme sa mère et sa grand-mère. le témoignage qu'elle nous apporte nous marque par sa forme et par son fond. Malgré la dureté du début puisque qu'elle commence par la prison, le viol, j'en garde un formidable élan de vie et d'espoir.
Pour terminer, l'interview de la dernière piste nous permet d'en savoir plus sur Maryam aujourd'hui et le regard qu'elle porte sur son oeuvre.
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Maryam Madjidi nous livre, avec Marx et la poupée, un récit très fort sur l'exil, le déracinement, l'identité, et le rôle de la langue comme vecteur de la culture. Un premier roman de toute beauté.
Nous assistons aux trois naissances de Maryam : sa naissance originelle en Iran, de parents militants communistes pendant la révolution iranienne; sa deuxième naissance en France où ses parents se sont exilés; et une troisième naissance lorsque, à l'occasion de sa thèse, elle apprend le persan littéraire et retourne en Iran pour y trouver un apaisement et une réconciliation avec ses origines.
L'auteur nous décrit tour à tour, avec beaucoup d'émotion et des images puissantes, la difficulté pour une enfant de quitter son pays, abandonnant livres et jouets, et donc tous biens matériels au nom de l'idéal communiste. Sans verser dans le pathos, Maryam Madjidi décrit très bien l'arrachement, la violence du déracinement, et le sentiment d'isolement une fois arrivée en France. Pour autant, la soif de vie et l'adaptabilité de l'enfance prendront rapidement le dessus et permettront à Maryam de s'intégrer dans ce pays de liberté, quitte à jouer, le moment opportun, de sa double culture et des images mythiques que véhiculent ses origines iraniennes. Ce n'est pourtant que le retour en Iran, aussi perturbant sera-t-il, qui lui permettra de trouver son identité propre.
Les portraits des parents, de la grand-mère et des deux oncles, sont de véritables déclarations d'amour de Maryam à ses proches. La voix off de la grand-mère qui veille à distance, attentive et aimante, est particulièrement touchante.
Un premier roman très sensible, à l'écriture poétique et la construction aboutie. On a hâte de découvrir le suivant!
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Un petit bijou de langue et d'histoire
Pour un poème, pour une histoire, pour une vie qui se raconte
Sans jugement, juste par les sentiments.
Pour aborder des blessures universelles:
- La concurrence entre son engagement politique et ses proches
- le besoin d'être accepté par la communauté
- L'impossible intégration d'être multiple dans cette communauté
- Que vaut l'expression de soi quand on a pas la sécurité ? Que vaut la sécurité quand on peut être pleinement soi ?


Un moment de lecture à vivre absolument
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Ce livre est tout simplement magnifique ! Il y a une poésie dans les mots, dans cette manière de percevoir le quotidien. Une certaine rudesse et crudité aussi, au vu de l'innocence de cette double culture.
C'est un livre à lire et à relire inlassablement. J'y retrouve cette ambiance décrite dans Persépolis de Marjane Satrapi.

Et juste pour les quelques lignes de la poésie de Omar Khayyam, il faut l'ouvrir...

Belle lecture :)
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L'auteure nous embarque avec une écriture ciselée dans son histoire, celle d'une fille de réfugiés iraniens fuyant la révolutions des ayatollahs et s'installant à Paris. C'est passionnant pour découvrir la culture perse et mieux comprendre cette révolution, mais aussi pour appréhender de l'intérieur les affres de l'intégration dans une société inconnue (la France des années 80) et les tourments du déracinement.
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Marx et la poupée est une plongée fantastique dans l'histoire iranienne, l'arrivée en France d'expatriés communistes, au gré d'anecdotes d'ici et d'ailleurs, sous le regard d'une petite fille qui grandit entre deux pays, tiraillée par la dualité puis complète de ces deux origines.

 
J'ai choisi d'écouter cette histoire racontée par l'autrice elle-même. Lorsque je l'ai débutée, je me suis fait la remarque que cela n'allait pas le faire du tout. Et pourtant, bien m'en a pris de persévérer. La lenteur de la diction, sa façon de marquer chaque mot et chaque intonation comme des respirations, qui au départ m'ont laissée indifférente, ont fait un effet fantastique : entendre la sublime langue persane, apprécier chaque anecdote, écouter le discours sur la vie et le recul sur l'allophonie et son traitement en France. Comme si le détachement vocal exprimait aussi le détachement littéraire d'une histoire intime pour atteindre l'universalité.  Surtout que cette version audio propose aussi une interview de l'autrice et cet entretien phonique marque la différence indéniable entre la voix qui raconte et la voix de l'ordinaire.

Marx et la poupée est un livre à la fois qui évade et cultive, serti par une langue française recherchée, poétique et belle, accompagnée du persan aux poèmes magnifiques. Maryam Madjiji relate l'histoire familiale, l'histoire de ses deux pays (l'Iran et la France), le communisme de ses parents, son évolution de petite fille expatriée, partagée entre deux cultures, deux langues, deux identités. avant de construire la sienne, universelle au service d'autres. Très beau.

Quelques images : un bébé agent double transmetteur qui connaît un saut dans le vide avant de naître et échange de parents au gré de missions, des couches ultra secrètes, des livres enterrés pour ne pas être découverts, des poupées données pour apprendre au forceps la générosité, le rappel d'une résistance iranienne éternelle et tenace qui mérite toute notre admiration et notre soutien, les premiers mots en français en salve bienvenue et attendue, le courage des parents porteurs de valeurs fortes de vie, l'opposition entre intégration et assimilation culturelles, les conflits politiques intergénérationnels.
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