AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Cholley (Traducteur)
EAN : 9782070339891
112 pages
Gallimard (28/09/2006)
3.28/5   39 notes
Résumé :
Comment se débarrasser de la grand-mère de sa femme qui empoisonne la vie de tous les habitants de la maison ? Exaspéré, Itami décide d'envoyer la vieille dame chez un autre membre de la famille ; attachée sur le dos de sa petite-fille qui la porte comme un sac, la voilà en route ! Mais on ne se débarrasse pas impunément de ses aïeuls... Un texte féroce et dérangeant sur la vieillesse.
Que lire après L'âge des méchancetésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 39 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis
Dans le Japon d'après-guerre, vieillir n'est pas vraiment bien vu. Surtout qu'à quatre-vingt six ans, que faire de la grand-mère encombrante ? Surtout quand celle-ci semble avoir atteint l'âge des méchancetés. Oublier la bonne éducation d'antan, oublier la philosophie de Confucius, la vieille fouille dans les tiroirs et chaparde tout et n'importe quoi. Elle semble dormir la journée, et avoir le regard vide la nuit, effrayant, surtout quand on se lève pour aller pisser et qu'elle fait un boucan pas possible pour retrouver la porte de son petit coin... En plus elle pue la vieille, quand elle s'oublie et se pisse dessus - vous, marchant en plein dedans -, elle sent la merde, elle sent l'urine. Non, il est vraiment temps de se débarrasser de la grand-mère.

En plus, alors que tout le pays est rationné, la vieille veut toujours plus de boulettes de riz. Elle croit qu'on la rationne, alors que tant de gens seraient encore contents de récupérer les quignons de pain qu'on lui donne. A quatre-vingt six ans, avec juste la peau et les os, pourquoi a-t-elle encore besoin de faire trois repas par jour. Et encore, quand elle les fait, elle ne se souvient même plus d'avoir déjeuner ce midi. Non, grand-mère t'es une vraie plaie, je te refourgue chez la cadette, là-bas dans les montagnes, sans électricité, tu verras si tu seras mieux traitée...

Un court récit, un poil cynique qui interroge sur la place des personnes âgées dans l'archipel nippon d'après-guerre. La pression familiale est telle qu'on se sent obligé de s'en occuper, mais face à la crise, au rationnement et aux souvenirs de la guerre, la charge devient difficile à supporter. Trop dérangeant d'avoir une vieille puante à surveiller, laver et nourrir... Pourquoi ne ferait-on pas comme en Amérique, des hospices de vieux, où l'on pourrait ainsi laisser ses vieux tranquilles, entre eux, parce qu'à quatre-vingt six ans, on ne devrait plus vivre encore...

Sur un thème similaire mais dans un autre registre littéraire, nettement plus poétique, cela m'a donné envie de replonger dans le Narayama de Shichirô Fukazawa, magnifique petit opuscule, lu et relu à maintes reprises, dont Shôhei Imamura en fit une belle ballade.

Aah... Les vieux et cette indécence à ne pas mourir...
Commenter  J’apprécie          402
J'aime beaucoup la littérature japonaise, même si je suis loin d'avoir une réelle connaissance dans le domaine. J'aime son côté déroutant, dans le bon sens du terme, cette culture si particulière et les rapports humains qui en découlent.

Fumio Niwa nous embarque pour le Japon d'après guerre, où les plaies sont encore à vif. Une octogénaire, plutôt encombrante, se révèle être un fardeau insupportable pour Senko, sa petite fille, et son mari, qui décident sans pitié de se débarrasser d'elle, pour le plus grand malheur des soeurs de Senko.

Cette nouvelle traite de façon acerbe du rapport des japonais à leurs anciens, au crépuscule de leur vie. Et c'est assez dur. Très peu d'empathie dans ces quelques pages, mais plutôt du dédain, se transformant parfois en haine, envers les aînés les moins autonomes.
Niwa nous délivre la un texte assez lourd, plutôt décousu, et très insistant sur les défauts d'Umejo, la grand-mère incriminée, rarement compréhensif à son égard.

Des personnages lisses, une histoire ne présentant que peu d'intérêt, je ressors malheureusement déçu de cette lecture, et quelque peu horrifié par le dénuement total dans lequel on est capable d'abandonner ses (grands-)parents. "On" parce qu'il n'est évidemment pas besoin d'aller jusqu'au Japon pour croiser ce type d'égoïsme crasse.
Commenter  J’apprécie          210
Une petite nouvelle parue aux éditions Folio 2€. le titre et la couverture sont très évocateurs : Niwa Fumio parle de la vieillesse et de ses conséquences.

L'histoire se situe dans l'après-guerre. Umejo est unr vieille dame octogénaire, sénile et dépendante. Et un poids de plus en plus insupportable pour ses proches qui essaient de la refiler à un autre membre de la famille en une sordide passe à dix.

Niwa Fumio signe ici un récit sans fard et dérangeant sur la décrépitude liée à l'âge, les méchancetés qui en découlent et la perception peu amène que les cadets ont le leurs aînés trop âgés. Un thème perturbant, d'autant plus pour un pays où le taux de natalité est en chute libre depuis déjà de nombreuses années.

Courte nouvelle qui nous place face à nos propres problèmes de vieillissement de la population. Elle nous renvoie également à notre propre considération de la vieillesse qui souvent gêne et effraie comme une pré-vision du sort qui nous attend et de la mort qui guette au bout.
Pas forcément un titre à découvrir avec un moral altéré.
Commenter  J’apprécie          170
Niwa livre avec L'âge des méchancetés un récit dérangeant sur la vieillisse. Umejo est une octogénaire totalement sénile et dépendante de sa famille, mais celle-ci la voit comme un fardeau et une bouche inutile dans le contexte de la seconde guerre mondiale, qui est marquée de privations pour les civils. La vieille femme va donc se se faire balloter entre les domiciles de ses deux petites filles qui tentent à tour de rôle se débarrasser d'elle, d'autant qu'Umejo a contracté des manies désagréables avec la vieillesse ( kleptomanie, radotage...), que malgré son âge elle ne dort pas la nuit et mange comme quatre !

Ce livre donne matière à réflexion.
On ne peut que reprocher à la famille d'Umejo de maltraiter la vieille dame, la considérant uniquement comme un poids pour la famille et une gène car elle entraine de nombreux désagréments dans la vie quotidienne. le plus choquant de la part de la famille est l'attitude des deux soeurs qui tentent de se débarrasser sans états d'âme de l'aïeule, une d'elle n'hésitant pas à lui faire subir un éprouvant trajet à travers les montagnes pour l'envoyer chez sa soeur.
Toutefois, on se demande vraiment si on peut totalement condamner l'attitude de la famille envers la vieille femme. Umejo n'a en effet rien de charmant : elle est totalement sénile, ne pense plus qu'à manger et ne se rend pas compte qu'elle est pénible pour sa famille. En période de guerre où les tensions sont plus vives, cohabiter, parfois dans une unique pièce, avec une personne aussi pénible, peut parfois relever d'un défi impossible.

L'âge des méchancetés, est donc une interrogation autour de la responsabilité d'une famille envers la vieillesse de ses aïeux . le système traditionnel japonais d'un unique foyer pour plusieurs générations qui doivent cohabiter est ici dénoncé par Niwa qui dénonce les nuisances, et pour les aïeux et pour les jeunes, que ce système implique. Cependant il ne faut pas sous estimer les avantages de ce schéma, comme semble le faire par ce récit Niwa qui peut être pour marquer le lecteur, force le trait, qui contribue au maintient des valeurs de solidarité intergénérationnelle. de plus, peut on être fier de la manière dont nos sociétés occidentales actuelles, où les familles se débarrassent parfois des personnes âgées en les envoyant à la maison de retraite ?

Niwa a le mérite, dans ce récit grinçant qui est parfois à la limite de l'excès, de pointer la difficulté de cohabitation entre les générations et de soulever la difficile question de la responsabilité des familles et de ce qu'elles doivent faire pour prendre en charge leurs aïeux.
Commenter  J’apprécie          60

La vieillesse est un naufrage, disait un certain Châteaubriant. Ce livre apportera de l'eau au moulin de ceux qui croient fermement en cette assertion, avec le récit de la vie d'Umejo, octogénaire cacochyme qui fait vivre l'enfer à sa famille. Dans le japon d'après-guerre, Umejo combine toutes les tares de ce que l'on appelle pudiquement le grand âge, pour ne pas avoir à dire sénilité. Niwa ne nous épargne rien dans ce portrait dévastateur de la sénilité d'une femme. Umejo a atteint un stade de débilité physique qui ne lui permet plus de faire des travaux ménagers. Elle reste toute la journée à dormir ou à se plaindre de la faim constante qui la tenaille, à aller aux toilettes du fait de son incontinence. Cette bouche inutile n'est presque plus dominée que par des pensées égoïstes (manger, se plaindre), allant même jusqu'à faire croire qu'elle est maltraitée par sa famille aux invités. Pire elle retombe en enfance, devant une peste qui commet des actes puérils (cleptomanie, déchirer de vêtements) Tout cela fait qu'elle en devient un véritable fardeau pour sa famille, sollicitant toujours l'aide ou l'attention des membres de la maisonnée, qui pour s'en débarrasser la ballottent entre les foyers des deux soeurs comme un objet encombrant et non désiré. La vieille est ainsi transportée à dos d'homme et dans un camion comme un sac à patates. Umejo semble devenue indifférente à toute émotion positive, et les seuls sentiments qui l'animent parfois sont ceux de la jalousie quand elle se sent lésée dans la distribution de nourriture. Cependant, l'auteur ne tombe jamais dans une caricature de la sénilité et pour cela donne quelques rares moments de lucidité à Umejo (elle se souvient de sa fille décédée, elle s'excuse d'être une gêne) qui renforcent encore la cruauté de sa vie en montrant qu'il reste en cette personne quelques braises mourantes d'humanité. Peu à peu Umejo se transforme en une créature incapable de communiquer sinon pour asservir les autres à ses besoins primaires…
L'auteur prend dans cette peinture dure et perturbante de la vieillesse l'exact contre-pied de la culture traditionnelle japonaise. Il attaque l'institution de la famille, qui doit vivre à trois générations sous le même toit, en montrant que les aïeuls, loin d'apporter sagesse à leur famille, sont un fardeau insoutenable pour les jeunes en étant à la fois une bouche inutile à nourrir et une gêne dans la vie quotidienne, mettant à mal l'harmonie de ces familles. de plus, il remet en question la vision positive de la vieillesse en montrant des personnes âgées humiliées, rabaissées au rang d'enfants capricieux obnubilés par l'assouvissement exclusif de leurs plus bas instincts.
Si ce livre date des années cinquante, il pose la question de la fin de vie dans la dignité qui est une question assez universelle à mon sens. Nos personnes âgées ont-elles un avenir plus enviable en France, promises à la tristesse de l'oubli sordide en maison de retraite ? Plus spécifiquement, la question du bien être des seniors est plus que jamais criante au Japon, où 25% de la population est âgée de plus de 60 ans. Les familles pourront t-elles au nom de la pression sociale écrasante s'occuper seules de leurs aînés ? Rien n'est moins sûr et ce livre n'incite pas à l'optimisme…
Commenter  J’apprécie          11

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'essor de l'âme se limite aux cas où l'esprit est encore jeune, avec des possibilités de développement. A quatre-vingt-six ans, la chair seule persiste obstinément et détruit tout, âme, esprit, conscience.
Il existe certes parfois, tel Rohan Kôda, des gens dans la pleine vigueur du vieil âge qui gardent un cerveau de plus en plus aiguisé à mesure qu'ils vieillissent, mais c'est très certainement un cas particulier, un homme sur dix millions.
Les neuf millions neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres sont tous promis sans exception à quelque analogie avec Umejo.
Ils portent en eux un destin qui les fera un jour devenir un embarras pour leur famille.
Et tant qu'une institution sociale idéale comme l'hospice de vieillards ne sera pas réalisée, le système familial du Japon continuera à produire des vies d'ostentation superficielle, de sentimentalité, de contradictions, de médiocrité pleine de mécomptes et d'excès.
On vivra dans une tromperie continuelle. p.72
Commenter  J’apprécie          20
Vraiment, grand-mère, vous êtes un cancer. A cause de vous seule nous ne pouvons pas vivre en bonnes relations entre sœurs. Vous-même, d'ailleurs, vous n'auriez pas pensé que vous serviriez seulement à empoisonner nos relations en vous laissant aller à vivre trop longtemps, non ?
Commenter  J’apprécie          100
S’il est communément admis que l’on peut considérer les femmes dans la quarantaine comme le modèle même de la ruse telle que l’on doive se méfier d’elles à tout moment, de l’effronterie et de la sournoiserie, Umejo ayant le double de cet âge, on aurait pu évaluer au double également la virulence de son tempérament. Mais il semble bien que l’âge et la mesquinerie ne se conforment pas aux chiffres.
Commenter  J’apprécie          60
S'ils avaient pu comprendre ou imaginer qu'eux aussi, s'ils vivaient longtemps, seraient immanquablement guettés par un destin impitoyable où ils deviendraient dans la vie des autres une charge embarrassante que l'on ne peut guère jeter par la fenêtre, où ils devraient manger trois fois par jour, ayant perdu la joie de vivre, mais obligés pourtant de rester en vie, ils auraient enfin éprouvé l'anxiété de leur sort et n'auraient pas cru que cela était réservé aux autres. Ils devaient penser qu'eux seuls n'entreraient jamais dans la compagnie de ces vieilles gens qui n'arrivaient pas à mourir et exposaient ainsi leur honte à la vue de tous
Commenter  J’apprécie          20
L'éducation par le bourrage de la mémoire que l'on reçoit dans l'enfance peut certaines fois entraver la mémoire à ce point!
"Ce n'est pas parce qu'une montagne est haute (qu'elle) a de la valeur ... Il convient de lui trouver de la valeur (parce qu'elle porte des arbres)".
Commenter  J’apprécie          60

autres livres classés : vieillesseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Fumio Niwa (1) Voir plus

Lecteurs (89) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
888 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..