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sur 1173 notes
Quel plaisir de retrouver Andreï Makine !

Après le Testament français et Une femme aimée, j'étais curieux de me replonger dans son écriture délicieuse, recherchée, sans sophistication. L'archipel d'une autre vie m'a comblé au-delà de mes espérances, comme Ghislaine me l'avait annoncé !
Le narrateur est à Tougour, dans l'Extrême-Orient sibérien. Il parle un peu de lui mais se laisse prendre à poursuivre un homme, dans la taïga. Ce narrateur a grandi dans un orphelinat réservé à ceux dont les parents ont disparu dans des camps afin qu'ils ne contaminent pas les élèves des écoles ordinaires… Enfant de taulard ? Non, de prisonniers !
La rencontre avec cet homme déclenche un récit captivant, l'histoire de Pavel Gartsev. Elle débute en 1952, quand l'URSS se prépare à un affrontement avec les USA, sur fond de guerre atomique.
Gartsev est vite la cible de supérieurs arrivistes qui n'hésitent pas à faire subir à leurs hommes des épreuves inhumaines. Il passe des heures dans un abri, à la limite de l'asphyxie mais livre d'intéressantes réflexions sur la vie, le monde, les hommes.
Soudain, l'histoire s'emballe à cause de l'évasion d'un criminel, en tout cas désigné comme tel. Une équipe est lancée à ses trousses avec Louskass, un responsable du contre-espionnage qui se sent le plus fort, plus fort que le commandant Boutov et bien secondé par Ratinsky, un homme prêt à tout pour grimper dans la hiérarchie.
Louskass fera un rapport : « Un rapport où, en un paragraphe, le destin de chacun pouvait être scellé : blâme, dégradation, prison. » Malgré ces menaces, la traque se poursuit, dans la taïga, et c'est palpitant. Voilà un roman dont le cinéma devrait s'emparer.
Commandant politique de l'opération, Louskass se montre capricieux, méfiant et surtout très douillet. L'alcool, les difficultés qui s'accumulent révèlent le vrai caractère de chacun. Vassine, cinquième homme de l'expédition, n'aime pas ces souvenirs de guerre enjolivés, racontés auprès du feu : « Je n'aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre… »
Sans nuire au suspense de la lecture, il faut dire que la traque, débutée au début août, affronte les premières gelées et l'arrivée inexorable du froid. Gartsev avouait : « Je voulais juste revenir dans ma vie d'autrefois, ma vie de pantin… le sommeil prolongea ce que j'étais en train de vivre : le sentiment d'exister loin de ce corps qui s'accrochait à sa survie, loin de son passé, du monde des autres où je n'avais plus de rôle à jouer. »

Ce livre magnifique détaille tout le mécanisme odieux mis au point pour fabriquer des « ennemis du peuple » jusqu'à ce que se présente L'archipel d'une autre vie mais ça, seule la lecture de ce roman passionnant et palpitant peut expliquer ce titre !


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Aux premiers moments de la rentrée littéraire, j'ai été happé par une couverture…cet homme sur un promontoir fixant la mer, les étendues neigeuses sous des cieux à la lumière improbable dans nos contrées...Liberté et rêve. Et puis les premières notes sur babelio. Encore du rêve. J'en avais besoin…

Le narrateur se souvient d'une rencontre qui marquera toute sa vie. Orphelin, il est envoyé à 14 ans à Tougour, une petite ville des bords de la mer d'Okhotsk, en extrême-orient russe, pour se former à la géodésie.
Observant le manège hebdomadaire des arrivants, en hélicoptère, sur cette terre reculée, il est intrigué par l'un d'eux, un homme mystérieux aux airs de chasseur…Il va le suivre dans la forêt proche. Le contact se fait. Puis l'homme, nommé Pavel Gartsev, va lui raconter son extraordinaire histoire.

En 1952, la guerre de Corée fait rage et fait redouter un troisième conflit mondial, cette fois nucléaire. L'Union Soviétique, encore pour quelques mois sous la poigne de fer de Staline, s'y prépare. Elle envoie des hommes s'entraîner en cantonnement au fin fond de la forêt sibérienne. Gartsev en est, mais ne tarde pas à susciter la haine du jeune et ambitieux sous-lieutenant Ratinsky, bien décidé à le casser. Cependant, très vite, la mission change d'objectif : il faut partir à la poursuite d'un fugitif.

L'équipe constituée de cinq hommes est commandée par Boutov, sous la redoutable surveillance du capitaine Louskass, chef du renseignement. Ratinsky en est aussi, ainsi que le sergent Mark Vassine, avec qui Gartsev tisse des liens complices. Même s'ils ont ordre de prendre le fuyard vivant, le rattraper devrait être une formalité. Pourtant ils vont vite déchanter.
Entre des chefs un poil froussards et plus calculateurs pour leur avenir personnel que pour la réussite de l'expédition, leur amateurisme et les ruses du fugitif, leur expédition tourne inexorablement au fiasco. Dans cette nature encore vierge, chacun des membres voit de plus en plus l'occasion d'une récréation champêtre, allant jusqu'à confier un souvenir personnel…On croit un moment à un début de semblant de fraternisation et à l'effacement de la hiérarchie…Mais chacun d'eux a son jardin secret, sa blessure, son graal, que cet environnement fait ressurgir et magnifie. Gartsev pense à Svéta, son amour qui l'a trahi. Lui et Vassine se ressentent progressivement une forme de complicité d'âme avec le fugitif. …Ici, dans cette immensité sauvage de la taïga les emmenant au bout du monde, cette poursuite a-t-elle un sens ?

Alors que leur détermination mollissait, la chasse est soudainement relancée quand, au rapproché, ils découvrent stupéfaits…que le fugitif est une femme ! Une Toungouze, peuplade autochtone aux traits asiatiques. Dès lors, les mâles en manque font assaut de machisme verbal égrillard en imaginant le sort qu'ils feront subir à la fuyarde. Et là encore, leurs fantasmes vont être vite douchés. La femme est maligne, et eux tellement empruntés qu'ils vont se blesser les uns derrière les autres, devant quitter l'aventure, pas forcément mécontents de s'exfiltrer pour regagner plus vite la civilisation.
Gartsev poursuit désormais seul la femme. Mais au bout du rouleau, hésite…Doit-il continuer cette quête quasi mystique de la liberté aux confins du pays, malgré les souffrances nées de l'hiver, de la fatigue, du manque de nourriture, ou rentrer au camp où les chefs revigorés ne manqueront pas de lui faire porter le chapeau de l'échec de la mission et de lui faire payer très cher, lui, comme bien d'autres écrasé par le régime stalinien, comme un "pantin de chiffon" ? Jusqu'au jour où le contact se fait...

Je ne dévoilerai pas les dernières pages de ce livre immense, lorsque le narrateur du début reprend la main des années après le récit que lui narra l'aventurier Gartsev.

La psychologie des personnages est fouillée, le rythme est soutenu, la construction est parfaite, on est transportés dans cette nature quasi inviolée, peut-être à la poursuite de nos propres rêves...Makine se fait le chantre de cette nature, et n'oublie pas de dénoncer vers la fin les ravages que l'homme lui fait subir. Il n'oublie pas l'humour non plus, tellement la poursuite de la fugitive tourne parfois au grotesque. Mais il dépeint aussi parfaitement l'implacable cruauté du régime stalinien et la bêtise des hommes.

Nul ne maîtrise aussi bien la langue française que lui, cet amoureux de la France. Nul n'écrit si bien sur la Russie, si chère à son âme et son coeur de Sibérien.

Pour moi Makine c'était l'auteur intimidant du Testament français, que je n'ai jamais osé lire, freiné par un a priori sur le côté intellectuel, nostalgique, un peu triste et hermétique, peut-être ennuyant de ce roman multi-récompensé.

Aujourd'hui je sais que j'en lirai d'autres de lui. Beaucoup d'autres. Et que je n'oublierai pas cette histoire de quête d'un archipel d'une autre vie, là, ces îles Chantars…et spécialement l'île Bélitchy, l'île aux écureuils.
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"À cet instant de ma jeunesse, le verbe "vivre" a changé de sens."
Ça vous dit, la Sibérie orientale, là, tout au bout du monde, face à la mer d'Okhotsk ? Moi, les bouts du monde ça me parle. J'y vis.
Un jeune géomètre désoeuvré piste un voyageur isolé, à pied dans la taïga. Une fois rattrapé, le voyageur lui livre le récit d'une autre traque, une traque qui a changé sa vie, alors qu'il était soldat au début des années 50.
J'ai eu un peu de mal au début avec le style : le récit du soldat notamment débute dans un style ampoulé, trop littéraire et peu naturel pour un homme de sa condition.
Puis j'ai eu un peu de mal aussi avec les personnages, ces relations masculines de pouvoir et de domination ne me disaient rien qui vaille ; je me suis dit "Ça va vite me gaver, ça".
Et puis le charme a opéré.
C'est qu'il intrigue, ce soldat, parti en commando mais dont toutes les certitudes vont se dissoudre au fur et à mesure que le commando perd ses membres.
C'est qu'il est bien mystérieux, cet évadé des camps qu'ils sont chargés de traquer et de ramener vivant.
C'est qu'elle est fascinante, cette taïga, monde hostile pour les uns mais univers naturel et généreux pour les autres.
C'est que cette traque est bien plus qu'une expédition militaire : elle révèle la vraie personnalité de chacun, des traits les plus sombres aux plus humanistes. Elle permet de se débarrasser des faux-semblants, des regrets, des aspirations matérielles.
De se réaliser, en quelque sorte ; d'accomplir "...deux destins qui s'opposaient à tout ce que convoitaient les humains."
Elle permet de révéler, d'une certaine façon, le sens de la vie.

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Que j'ai aimé ce conte sombre, L'archipel d'une autre vie où les invraisemblances et la naïveté du héros tiennent lieu de magie. Et que j'ai aimé que l'auteur aille plus loin que la traditionnelle fin heureuse.

Un jeune géodésiste stagiaire a été séparé de ses parents, envoyés au Goulag. Il a été élevé dans un orphelinat, avec ses semblables, pour ne pas contaminer les bons soviétiques.

À la fin de ses études, il a été muté à Tougour, dans l'Extrême-Orient russe. Il y rencontre Pavel Gartsev dont l'allure l'intrigue. Il le suit, finit par le rejoindre et l'entendre raconter sa vie.
Tout a changé pour Pavel, quand il a dû poursuivre un évadé alors qu'il avait été enrôlé dans l'armée soviétique.

La poursuite a duré longtemps, l'évadé se tenant toujours à peu de distances de ses poursuivants. Il avait compris que les devancer amènerait probablement l'armée à envoyer un hélicoptère, ce qui rendrait sa fuite plus difficile.
Les luttes internes de ses poursuivants l'ont aussi aidé. Et puis, il est rusé.

L'écriture est fluide, on lit un mot après l'autre et le livre est déjà terminé.

Lien : https://dequoilire.com/l-arc..
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Au moment de la sortie de ce livre, j'ai vu Andreï Makine à la Grande Librairie. D'abord, je me suis dit qu'il ressemblait vraiment à un agent secret. Impressionnant. Après, quand il a commencé à parler, j'ai moins fait la maligne. Impressionnée. J'ai donc noté le livre dans un coin de ma tête, et il y est resté bien sagement jusqu'à samedi dernier, jour où je suis tombée dessus lors d'un passage en librairie.
Je l'ai feuilleté et là, tout de suite, j'ai su qu'il me fallait le lire : moi aussi j'avais besoin de comprendre comment cesser de simplement exister pour enfin se mettre à vivre... Et s'il fallait pour cela partir en quête d'un archipel perdu je ne sais trop où, eh bien soit, qu'à cela ne tienne, je ferai ce qu'il faut.

Depuis, vous pensez bien, je me suis documentée et j'aime autant vous prévenir : ce chemin jusqu'à l'archipel, c'est pas vraiment une partie de plaisir, oh que non ! Je sais pas vous, mais moi généralement, quand je pense à un archipel, je m'imagine un truc à base d'eau turquoise, de sable blanc et de cocotiers s'agitant doucement sous les alizés, et là, pas du tout, rien à voir, l'archipel en question est fait d'un tout autre bois. Les Îles Chantar se situent dans la mer d'Okhotsk (essayez de le dire à voix haute juste pour voir ^^), au large des côtes de la Sibérie orientale. Oui, vous avez bien entendu, la Sibériiiiiiie ! Tout de suite ça pose les choses, hein, tout de suite on sait qu'on peut dire adios aux mojitos et aux cocotiers, et qu'on se rapproche plutôt de l'Archipel du Goulag…
Et on ne pense pas si bien dire. Parce que le Goulag, on est en plein dedans, enfin pour être exacte je devrais plutôt dire on est en plein dehors, puisque ce que nous raconte Andreï Makine, c'est une histoire d'évasion. Une fuite et une course poursuite, une traque sans répit à travers les espaces infinis de la taïga. Poursuivre et partir à la suite, la différence est subtile mais vous la verrez (et si vous êtes comme moi, vous aurez envie de suivre aussi).
Je ne vais pas trop en dire car il y a des choses dans cette histoire qu'il est bon de découvrir en temps et en heure mais sachez que je vous recommande vivement de prendre votre boussole et de partir sans plus tarder sur les traces de Pavel et Elkan, le voyage est inoubliable. Ah non, en réalité vous pouvez laisser la boussole à la maison, elle ne vous servira à rien : une anomalie magnétique se plaît à brouiller les pistes autour des Chantars, il faudra donc que vous cherchiez cet archipel là où il se trouve : au plus profond de vous…

Voilà, vous avez vu, je suis tombée sous une tonne de neige euh, non, sous le charme de Makine, il m'a ensorcelé avec son mystère et sa poésie, sa façon d'explorer la nature et l'homme - la nature de l'homme aussi - et vraiment, il m'a donné envie de le suivre jusqu'au bout du monde, sous le ciel étoilé et froid de la taïga, les yeux grands ouverts pour essayer de trouver le triangle de feux, cette “constellation de leur ciel à eux” (même que maintenant je rêve moi aussi d'allumer mes trois feux…)
Alors faites moi plaisir, n'attendez pas l'hiver, allez-y !
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Se lancer dans une chasse à l'homme dans l'immensité de la taïga sibérienne en compagnie d'Andreï Makine est une invitation à ne pas laisser passer.

L'auteur russe a le goût pour la dramaturgie et les scènes qui catalysent les endroits.

L'archipel d'une autre vie est riche en aventures humaines, tissé de pensées, de souvenirs, de verbe et d'émotions.
Ecrit dans une langue intelligible, loin des artifices de l'intellectualisme, ce récit nous fait voyager et nous enchante.

Le voyage est d'autant plus dépaysant qu'il est composé de tous les ingrédients dont raffolent les lecteurs: une langue belle, parfois poétique, une ambiance de nature implacable digne de Dr Jivago, et le récit historique d'une période charnière du XXème siècle.

Cette quête initiatique deviendra immensément riche car elle portera tout au long du récit les questions qui surgissent dans les toutes premières pages: « Vivre ce n'est pas seulement exister »

Les thèmes comme l'idéologie soviétique, l'anti-chambre de la 3ème guerre mondiale ouvrent le récit, mais un changement de taille viendra le bousculer, le transformant dans une quête de libération, dans une lutte pour se dépouiller de ce qui nous rend esclave, de nos peurs.
La quête de rédemption sera vécue paradoxalement par le chasseur et par la proie.

Le résultat donne un texte lancinant qui confirme la singularité des questionnements d'Andreï Makine et de son magnifique traitement littéraire.

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Quelle émotion à la lecture de ce livre! Merci,Andreï Makine, de m'avoir autant bouleversée, merci pour cette aventure humaine...

Grâce à vous, j'ai découvert la beauté sauvage et âpre de la taïga, aux confins de la Sibérie , dans cet Extrême -Orient russe mystérieux et glacé.

Grâce à vous, j'ai souffert avec deux hommes attachants, perdus, en manque affectif, malmenés par le régime russe, soldats d'un ordre abject, "pantins de chiffons"...

Grâce à vous, j'ai suivi l'un qui suivait l'autre, dans un récit enchâssé palpitant, haletant, une course effrénée pour la survie.

Et j'ai vibré, j'ai contourné les pièges, j'ai couru pour m'approcher plus près du fugitif, de cette ombre insaisissable...

Et j'ai haï la cruauté humaine, l'instinct de chasseur. J'ai admiré le dépassement de soi de Pavel, son refus progressif d'une civilisation meurtrière. "Ce n'était pas les deux fugitifs mais l'humanité elle-même qui s'égarait dans une évasion suicidaire."

Et l'archipel, dans toute sa grandiose luminosité, m'est apparu, l'archipel d'un renouveau, l'archipel d'un amour émouvant et puissant...

Je reste éblouie: la glace et le vent de l'île Bélitchy , les trois feux , la brume lumineuse des Chantars , ce sens si poétique et humaniste émanant de l'écriture, au-delà des douleurs intimes des personnages, c'est magnifique !

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Andreï Makine, le plus français de nos écrivains russes, nous emmène à l'autre bout du monde, dans l'Archipel des Chantars pour une quête initiatique. Pavel, un militaire soviétique va, en 1952, prendre part à une traque dans la taïga pour retrouver un fugitif échappé du Goulag.
Cette traque, où la proie prend le dessus sur les chasseurs, sert de prétexte à ces derniers pour se questionner sur eux-mêmes et, c'est le cas de Pavel, permet à l'esclave qui est en lui, de se libérer... de se débarrasser du "pantin de chiffon" qui l'habite et régit ses pensées et ses actes... pour enfin "vivre".
Il y a un vrai souffle dans ce roman où la nature est, dans une certaine mesure, le véritable protagoniste de l'histoire, un souffle d'aventure à la Conrad et à la London.
Dénonciation politique, à commencer par celui des totalitarismes mais de tous les régimes pervertis par la nature de l'homme, nature avec laquelle il n'y a pas moyen de composer comme avec l'autre, sauvage, rude, cruelle mais nourricière , belle... forte et fragile à la fois. Roman d'aventures, histoire d'amour, hymne écolo, quête spirituelle... ce bouquin est pour les orpailleurs livresques l'assurance de recueillir de leur batée quelques pépites.
L'histoire est captivante. Les personnages ont du relief. La langue est belle.
À ne pas manquer !
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J'ai une très grande admiration pour l'écriture d'Andréï Makine mais j'ai cru, à plusieurs moments, que je ne pourrais pas aller jusqu'au bout du récit de cette traque tant l'histoire est cruelle, dure et passionnante à la fois, dans un paysage hostile, la Taïga, mais que l'on imagine grandiose et qui se prête à cette chasse à l'homme. Déjà chasse à l'homme, cela en dit long. L'auteur trace, au travers de ce récit que reçoit un adolescent des années 1952, le portrait de cinq hommes, sans concession, du temps de la période soviétique, époque favorable à l'exacerbation des travers de l'être humain : délation, soif de pouvoir et de reconnaissance au mépris de l'existence de l'autre, déshumanisation, férocité, lâcheté, et peur (le pantin intérieur dont parle le narrateur). J'ai pensé au fameux nombre de la Bête - le nombre 666. Je suis parvenue au bout de l'aventure. L'auteur a certainement voulu attirer notre attention sur le sens que nous voulions donner à notre vie. Nous faire réfléchir sur la guerre, le mépris de l'autre, l'individualisme, la préservation de la nature, l'immédiateté actuelle, la course à toujours plus. A la fin de cette traque, la première chose qui me soit venue à l'esprit c'est que nous avions beaucoup de chances de vivre dans un pays de libertés car malheureusement L Histoire nous a montrés que l'être humain, soumis a une dictature ou un totalitarisme, pouvait devenir l'animal le plus cruel que le monde ait porté.
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Quel roman, mon premier de cet auteur et ce fut une entrée fracassante ! Je suis conquise par son style de toute beauté, il a le don de nous émerveiller et nous emporter loin vers des contrées si peu contées, mais aussi vers des pensées où tout est à refaire. Beaucoup d'impressions à la lecture de ce livre, tant le plaisir de lire, mais la découverte d'un pays avec ses absurdités, et tout un panel de réflexion sur cette espèce humaine, la vie, la planète etc... ce fut réellement une très belle découverte que cet archipel d'une autre vie. On s'y plonge totalement avec beaucoup de mal d'en ressortir, tant on est subjugué par cette plume formidable, teintée de poésie, fluide et limpide.
Et puis toute cette histoire de chasse à l'homme, qui remet en compte toute une conscience, une remise en cause de sa liberté etc...vraiment c'est à découvrir, et il me tarde de lire d'autres livres de M. Makine.
Un grand merci au club de lecture de Babelio d'avoir mis en avant ce livre et cet auteur.
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