La suite de ma redécouverte d'
Andreï Makine, dont je me prends à tant regretter de l'avoir oublié, de ne pas l'avoir suivi depuis ma lecture marquante du Testament français en 1995.
Mais mieux vaut tard que jamais, merci infiniment aux babeliotes qui m'ont remis sur son chemin.
Ce roman, je l'ai lu d'une traite, emporté par son histoire, la fluidité du récit, et la beauté des images, même si certaines sont cruelles.
Makine utilise, comme dans
La musique d'une vie le procédé du récit enchâssé, mais cette fois c'est plus complexe, le récit enchâssé aura une influence sur la vie du narrateur, sera suivie d'une quête, et se terminera par une merveilleuse fin sous forme du mythe de l'éternel retour.
Le narrateur, un orphelin dont les parents sont morts au Goulag, rencontre, dans les années 1970, au sein l'Extrême Orient russe, un homme bien plus âgé que lui, une sorte de nomade, Pavel, qui va lui raconter son histoire.
Une existence d'abord de militaire, dans laquelle il mène une vie d'une extrême dureté, en butte aux vexations, brimades, châtiments.
Et puis, il est embarqué dans la traque d'un prisonnier échappé des camps.
Le récit de cette traque dans la taïga sibérienne est haletant, absolument magnifique. le lecteur est plongé, comme s'il y était, dans cette poursuite au sein d'un monde rude, plein de bêtes menaçantes, ours, loups, une nature belle et hostile, qu'il faut accepter telle qu'elle est, avec laquelle on ne triche pas
La suite du récit de Pavel, je ne vous la raconte pas, elle prend la forme d'une rencontre initiatique si belle et si profonde qu'elle nous émeut, et nous fait voir la possibilité de «
l'archipel d'une autre vie ».
Et ce récit va changer la vie du narrateur.
Oui, par delà la brutalité d'un système totalitaire, ses mensonges, sa fabrication du réel, par delà la méchanceté et la malfaisance des humains, une autre vie est possible, autre que dans la haine, la violence, la destruction de la nature.
Dans l'amour des autres, la sobriété des besoins, le respect de l'environnement.
Ce récit a quelque chose d'initiatique absolument bouleversant, et, en écrivant ces lignes, je sens qu'il m'habite encore.
Et puis, bien que je n'aime pas le terme, il délivre un message qui va bien au-delà d'un message écologique, celui que le véritable sens de la vie, c'est l'amour du monde dans toutes ses composantes.