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Céline Schwaller (Traducteur)
EAN : 9791022613491
544 pages
Editions Métailié (01/03/2024)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Comment devient-on une femme quand on ne sait pas qui est sa mère ?

Nous sommes en 1975, sous l’ubuesque dictature d’Idi Amin Dada. La jeune Kirabo a été élevée par ses grands-parents en Ouganda, personne ne veut lui dire qui est sa mère. Têtue et volontaire, elle décide de chercher la vérité et d’interroger Nsuuta la sorcière.

Avec un style à la fois épique et profondément intime, drôle et émouvant, Jennifer Nansubuga Makumbi restitue ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ouganda, 1975, sous la dictature d'Idi Amin Dada.

A douze ans, Kirabo vit au village, élevée par ses grands-parents paternels. Peu après sa naissance, la mère de Kirabo s'est volatilisée, et son père, qui travaille en ville, ne revient que sporadiquement auprès des siens.

En grandissant, Kirabo se pose de plus en plus de questions sur sa mère, mais personne ne veut lui répondre. Elle décide d'en avoir le coeur net et, en cachette, va consulter Nsuuta, la sorcière aveugle.

Voilà pour le point de départ de ce long, long, long, roman de 540 pages. Pour le reste, on suit Kirabo dans son parcours scolaire, au village d'abord, puis dans un internat pour jeunes filles en ville, à ce moment du passage délicat de l'enfance à l'âge adulte où l'on découvre les sentiments et le désir amoureux. Au milieu du récit, on quitte temporairement la jeune fille pour remonter 40 ans en arrière et plonger dans l'histoire de la relation entre la grand-mère de Kirabo et Nsuuta, avant de revenir à Kirabo en quête de traces de sa mère.

Ce roman est donc centré sur la question de savoir comment devenir/être femme en Ouganda, société alors éminemment patriarcale, dominée par le poids des traditions claniques (« On lui avait dit et répété qu'avec sa beauté, elle n'avait pas besoin d'éducation. L'éducation était destinée aux filles laides, pour leur donner de la valeur »).

Ce thème m'intéressait, d'autant plus dans un roman d'une auteure ougandaise (je n'avais encore rien lu en provenance de ce pays), et dans le contexte d'une dictature particulièrement fantasque et cruelle.

Et pourtant je me suis ennuyée dans cette lecture. J'ai trouvé le style très bavard, fourmillant de détails et de descriptions dispensables, le rythme trop lent ou trop rapide. Quant à Kirabo, je l'ai trouvée trop peu incarnée et ne suscitant pas l'empathie. Cela manque également de mise en contexte socio-politique : le système de clans n'est abordé qu'incidemment, et les événements politiques (notamment la fin de règne d'Amin Dada et la guerre contre la Tanzanie) sont expédiés en quelques pages, presque anecdotiques. Beaucoup de mots ne sont pas traduits et le sens de certains n'est pas toujours simple à déduire du reste du texte. Seule l'histoire de la grand-mère et de Nsuuta est touchante, à condition de passer outre l'invraisemblance de leur « pacte » de jeunesse.

En bref, les ingrédients étaient là, mais pour moi la sauce n'a pas pris, je suis passée à côté de ce roman.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Après Kintu, un premier roman luxuriant mais quelque peu indigeste (avis personnel), La première femme montre une romancière en pleine maîtrise d'un récit qui s'étend de 1975 à 1983, avec une incursion dans les années 30, en grande partie organisée autour de son héroïne, la jeune Kirabo, mais aussi d'une myriade de femmes de sa famille. le livre de Jennifer Nansubuga Makumbi raconte notamment l'Ouganda de la fin de la dictature du trop célèbre Idi Amin Dada mais c'est avant tout une toile de fond pour suivre l'enfance de Kirabo, à la campagne, puis son adolescence, dans une école de Kampala. A la recherche de sa mère disparue, elle côtoie une multitude de personnages de tous âges qui la font grandir et forgent son caractère singulier, exigeant et indomptable. C'est la force du roman que de nous rendre attachante cette destinée, tout en ménageant de nombreux pas de côté narratifs, à la rencontre de filles ou de femmes, au gré de portraits, très vivants, qui contribuent à rendre le livre profond, épicé et très ancré dans le territoire ougandais. Malgré un abus de termes locaux non traduits, La première femme reste limpide dans sa progression, fourmillant de scènes pittoresques, comiques et tragiques, avec autour de Kirabo, des mères, des grand-mères, des belles-mères, des amies et quelques hommes, quand même, moins nombreux mais essentiels au destin de Kirabo, dans un enchevêtrement de secrets de famille, de trahisons, de haines recuites et d'amitiés brisées. le livre pourrait aisément être décliné en série, grâce au style vif de l'autrice et à son talent pour partager son intrigue entre événements déterminants et sentiments en constante évolution dans ce qui tient à la fois du roman d'apprentissage et de l'hymne féministe vibrant, sous la plume d'une conteuse sûre de ses effets et de l'ampleur de son récit.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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La première femme est en chacune d'entre nous. Ils ont cherché à la faire taire. Mais comment devient-on une femme quand on grandit sans mère ? Kirabo le découvre jour après jour dans ce monde où les hommes sont puissants et où les femmes réinvestissent leur puissance.

J'ai mis plusieurs pages avant de m'accrocher et de prendre réellement plaisir dans la lecture. Une fois que Kirabo grandit et qu'elle expérimente les choses, j'ai été conquise. C'était sans doute aussi le temps de m'adapter à la culture et à la langue. Avec “la première femme” nous faisons une plongée en Ouganda et tout n'est pas traduit. Mais une fois passé ce cap j'ai pris plaisir à suivre les aventures de Kirabo et à découvrir son pays, sa famille et ses traditions.

La première femme
La première femme c'est la toute première de l'humanité, celle des légendes, celle des histoires de Nsuuta que je laisse vous faire découvrir. Mais c'est aussi celle qui arrive en premier comme la mère. Et c'est elle que Kirabo espère retrouver. Comme personne ne veut lui en parler elle peut être n'importe qui dans l'imagination de la petite fille. Son coeur de petite fille souhaite l'amour de sa mère pour se construire.
Comment se construire en tant que femme quand on n'a pas de mère ? Nous découvrons dans ce roman les autres femmes autour de Kirabo. Que ce soit sa grand-mère qui a suivi le parcours attendu d'une femme (le mariage et les enfants, entre autres) ou Nsuuta la sorcière qui cherche à lui ouvrir les yeux sur l'émancipation possible des femmes, elle qui a fait des études et choisi un autre chemin ; ou les religieuses qui lui donnent un point de vue plus occidental ; ou ses amies etc.
J'ai trouvé sa discussion avec Nsuuta très intéressante. La vieille dame essaie de lui inculquer quelque chose sur les femmes en général, le patriarcat et le jugement que l'on porte sur notre propre sexe (ex : nous blâmons la femme qui faute et non l'homme qui a fauté avec elle.) Finalement, ne serait-ce pas son enseignement que la jeune femme va expérimenter avec ses études et sa prise d'autonomie ?

“Promets-moi de transmettre l'histoire de la première femme, sous la forme que tu souhaites […]. Les histoires sont essentielles, Kirabo, ajouta-t-elle d'un air pensif. Dès que nous nous tairons quelqu'un comblera le silence à notre place.” (PAGE 441 SUR LISEUSE) NSUUTA S'ADRESSE À KIRABO DANS CETTE CITATION. SI LES FEMMES NE RACONTENT PAS CE QU'ELLES SONT ET LAISSENT LES HOMMES S'EXPRIMER À LEUR PLACE ELLES LEUR DONNENT LE POUVOIR POUR LES FAÇONNER.

Les femmes et le Ouganda
La femme, la maternité ou non, la sororité ou non, sont les sujets principaux de “la première femme” car nous grandissons avec Koriba et la suivons dans ses enseignements de la vie en tant que femme. Mais tout ceci se déroule aussi dans un contexte et le roman nous le montre très bien.
Nous sommes en 1975 en Ouganda alors que le pays connaît la dictature d'Idi Amin Dada. Elle est qualifiée d'ubuesque, imprévisible et absurde. Et cette histoire est en arrière fond. Parfois elle passe sur le devant de la scène quand nous assistons à des kidnappings de certaines personnes ou quand la guerre éclate. Mais elle reste le plus souvent en arrière fond pour donner toute sa place à Kirabo.
Nous découvrons aussi comment la société ougandaise fonctionne avec les clans et leurs systèmes, la vie dans les campagnes ou dans les villes, la place de chacun et l'importance des richesses etc.

Le conseil de la bibliothécaire : Si vous avez la curiosité de découvrir “la première femme” avec les éléments que je vous ai donnés, foncez ! Avis à ceux et celles qui veulent lire une histoire qui parle de femmes, découvrir une autre culture, et suivre la saga d'une vie (celle de Kirabo.) On peut sans doute compléter cette lecture par ce documentaire qui dévoile comment on a associé les femmes à la figure du diable pour mieux les maîtriser et les contrôler : "le diable : les origines de la diabolisation de la femme."
Lien : https://journaldunebibliothe..
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Une belle couverture, une auteure d' Ouganda, un titre interpelant.
Une belle et plaisante lecture que ce texte racontée par Kirabo, jeune fille qui vit dans les années 70-80 au Ouganda.
Nous sommes en 1975, sous l'ubuesque dictature d'Idi Amin Dada.
La jeune Kirabo a été élevée par ses grands-parents en Ouganda, personne ne veut lui dire qui est sa mère. Têtue et volontaire, elle décide de chercher la vérité et d'interroger Nsuuta la sorcière.
Nous allons au fils des pages découvrir la vie de cette jeune fille, la vie au village mais aussi dans les écoles, les mariages arrangées, les amitiés. J'ai aimé suivre la vie de Kirabo, ses doutes, ses désirs, ses volontés.
Je crois que je n'avais jamais lu de textes sur l'Ouganda et cette dictature. La situation politique est un fonds pour ce texte, il s'agit plus de portraits de femmes. Et j'ai été surprise et interpellée par l'histoire de ces filles, Kirabo et une amie d'enfance, qui pensent sérieusement épousé le même homme pour rester amies et proches : eh oui, une pensée positive de la polygamie ! Ce texte parle très bien aussi de la situation des filles et de la volonté de Kirabo de continuer les études, de devenir médecin ou infirmière. Il décrit la vie quotidienne, les mythes, les croyances (de belles pages lorsqu'elle va questionner Nsuuta, la sorcière du village.
D'ailleurs, j'ai aimé aussi la signification du titre, qui est la première femme, est-elle vraiment né d'un os d'Adam, pas sûre, une belle légende africaine a une autre version !
J'ai aimé passer des moments avec Kirabo, avec ses espoirs, ses doutes et surtout son courage et sa volonté d'aller de l'avant.
Un beau portrait de femme et je vais découvrir le premier texte de cet auteure.
#LaPremièreFemme #NetGalleyFrance
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Après ce roman, je peux dire : « je suis partie en Ouganda » alors que je n'y ai jamais mis les pieds. Ce roman a provoqué en moi l'émotion d'une grande soeur pour Kirabo, jeune fille en manque profond de sa mère et à laquelle l'amour de ses grands parents ne suffit pas. le poids des secrets se fait lourd dans les villages où les clans se gèrent par l'honneur et la droiture, à l'inverse de Kampala, la capitale, où la vie commence à être plus libre. Kirabo oscille entre un clan qui la regarde grandir, un père qui veut l'emmener à la ville et une indépendance qu'elle a du mal à définir parmi toutes les femmes autour d'elle. La première femme est un roman de femmes avant tout : comment se fait-on femme quand notre pays, notre clan et notre famille nous intime ce que nous devons être ? Nous voyons Kirabo grandir, avec beaucoup de tendresse, de rage parfois, de mélancolie pour ces femmes qui luttent pour leurs amitiés et pour les hommes qu'elles aiment. 
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Promets-moi de transmettre l’histoire de la première femme, sous la forme que tu souhaites […]. Les histoires sont essentielles, Kirabo, ajouta-t-elle d’un air pensif. Dès que nous nous tairons quelqu’un comblera le silence à notre place.
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Les livres sont les amis de la femme... ils ne connaissent pas les préjugés... Ne regarde pas à gauche, ne regarde pas à droite : le tableau noir... le savoir te libérera.
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