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Albin Michel (01/01/1918)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Pour la bagatelle est présenté comme "un roman d'adultère" de la romancière Jeanne Marais
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— Mon Dieu !… Que j’aimerais à tromper mon mari ! soupira Simone Lestrange d’un air excédé.
C’était une très honnête femme. Dans tous les moments où elle se trouvait seule, livrée à elle-même, Mme Lestrange s’abandonnait aux penchants d’une vertu naturelle. L’esprit chaste et la conscience paisible, cette jolie blonde à chair calme considérait la propreté morale comme un besoin égal à celui des soins corporels.
Mais en présence de son mari, elle éprouvait de fâcheuses tentations : Armand Lestrange étant un de ces époux exaspérants qui décourageraient la fidélité d’une Lucrèce.
Égoïste, fat et maussade, il réservait pour le monde ses amabilités de bellâtre. Dans l’intimité, il se révélait exigeant, d’humeur acariâtre, mécontent de tout, s’emportant pour rien, étalant son encombrante personnalité d’individu personnel ; et sa femme, qui le supportait passivement par dédain des vaines disputes, se soulageait en murmurant in petto avec une rancune d’esclave contre ce maître horripilant :
— Dieu !… Que j’aimerais à tromper mon mari !
Elle avait patienté dix ans avant de souhaiter la revanche d’un adultère. Les souvenirs de ce mariage décevant hantaient sa mémoire, lancinants comme une migraine.
Grande, blonde, bien faite, avec un visage clair, des yeux bleus au regard doux, Simone de Francilly incarnait à dix-huit ans ce type convenu d’ingénuité séduisante tel que le conçoivent les jeunes gens lorsqu’ils décrivent la fiancée idéale.
Sur la plage où sa mère l’exhibait chaque été, les habitués qui remarquaient Simone sans la connaître l’avaient baptisée : « la Jolie Jeune Fille ». Et elle représentait à merveille tout ce que peut évoquer de charmant, de naïf, de frais, de gentiment poncif ce surnom : la Jolie Jeune Fille.
Quant à ceux qui connaissaient Mme de Francilly, ils savaient qu’elle était veuve, riche, et que sa fille, bien dotée, jouirait en plus à sa majorité de l’héritage paternel.
Parmi les villégiaturistes se trouvait un journaliste d’une trentaine d’années, Armand Lestrange, réputé pour sa beauté robuste de gaillard musclé, ses aventures tapageuses et ses opinions bien pensantes de romancier clérical. Il entendit parler de la fortune de Simone, combina le plan d’un beau mariage et s’efforça de subjuguer la jeune fille.
Simone était romanesque et candide. Comme elle avait lu les feuilletons décents qu’il publiait dans la presse catholique, Armand Lestrange fut à ses yeux : l’Écrivain ; il lui apparut dans le prestige de la gloire. Puis, la vie privée d’Armand étant beaucoup moins édifiante que sa littérature pour soutanes, la jeune fille fut séduite aussi par l’attrait irrésistible des conquêtes qu’on prêtait à Lestrange.
Peu soucieuse de la voir épouser un arriviste sans fortune et sans naissance, Mme de Francilly coupa court au flirt de sa fille. Alors Armand Lestrange profita d’une dernière entrevue pour proposer à Simone de l’enlever. Il avait su tabler sur l’imagination exaltée d’une cervelle de dix-huit ans. Simone fut toute secouée d’émotion ; l’audace de l’aventure l’enchanta ; elle ne songea guère au risque encouru puisqu’elle l’ignorait encore : les filles les plus téméraires sont toujours les plus innocentes. D’ailleurs, Armand jugea habile de la respecter. Après le scandale calculé : une nuit passée à l’hôtel d’une localité voisine — nuit de marivaudage sentimental et d’intimité chaste, — Lestrange emmena la jeune fille chez le curé du lieu à qui Simone confessa ingénument la faute qu’elle croyait commise. Le prêtre était abonné au journal de Lestrange : il ne put refuser son intervention à un défenseur de la croix ; et se chargea de négocier délicatement ce mariage devenu nécessaire. Il plaida la cause d’Armand auprès de Mme de Francilly qui s’inclina, la rage au cœur, devant l’irréparable : sa fille s’était sottement compromise.
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