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EAN : 9782352945277
288 pages
Bragelonne (21/10/2011)
3.77/5   426 notes
Résumé :
R est un zombie. Il n’a pas de nom, pas de souvenirs, pas de pouls. Mais il rêve.
Dans les ruines d’une ville dévastée, R rencontre Julie. Elle est vivante, palpitante. C'est un jaillissement de couleurs dans un camaïeu de gris. Et sans vraiment savoir pourquoi, R choisit de ne pas la tuer. C'est le début d'une étrange relation, à la fois tendre et dangereuse.
Ce n'était jamais arrivé. R bafoue les règles des Vivants et des Morts.
Il veut resp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (160) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 426 notes
Des humains qui s'aventurent dans la mort à l'ère des Vivants et des morts qui veulent se sentir vivant à l'ère des Morts.
***
En surface, une histoire d'Amour improbable entre un zombie et une vivante. Une romance fantastique pour « young adult » ? Ce que l'on pouvait faire avec un vampire (Twilight, Les Dents de l'Amour ou La Communauté du Sud) n'est finalement pas si sommaire, d'autant que notre zombie a une nette tendance à philosopher sur sa condition d'humain mort.

L'édition que j'ai en main débute ses chapitres, avec de petits schémas représentant des morceaux de nous-mêmes, des morceaux d'êtres humains. Cette intrusion organique ne vire jamais au cauchemar, elle est purement biologique : mort ou vivant, nous sommes du muscle, de la peau, des abats. « Nous portons sur nous-mêmes le même regard que sur les vivants : nous ne sommes que de la viande. »
Cette forme, est suivie de près par un fond plus mystique : l'âme (elle sera incarné par Perry). Peut-on séparer l'âme de la viande ? Et qu'est-ce qui nous différencie des zombies ? le zombie ne serait-il que chair tandis que le vivant sensible ? Pourtant aux yeux du mort-vivant, le vivant n'est que chair, puisqu'il n'est là que pour être mangé. Mais le vivant lui, ne se réduit pas à cela car il ressent des sentiments, ressent de la douleur, de la honte, de l'espoir et du désespoir, de l'injustice à la différence du mort-vivant.

Est-ce si limpide ? le roman Vivants nous montre une fois de plus que la barrière n'est pas si simple, puisque la barrière est en fait un miroir. En effet, d'un côté une Julie qui cite : « Je suis une épave, moi aussi, sauf que…Je suis toujours en vie. Une épave en cours d'achèvement. » et de l'autre côté, un zombie biologiquement très mort mais qui cherche ses sentiments, qui cherche à s'exprimer, à se souvenir, à ressembler à un vivant et dont l'esprit se décuple de réflexions philosophiques jusqu'au moment où viendra l'inattendu : la renaissance du mort-vivant grâce à l'Amour . « Pourquoi le passé m'apparaît-il comme brouillard, alors que le présent est brillant, riche en sons et en couleurs ? »
***
Le monde était une merde, et les possibilités de se sentir vivants dans un monde de Guerre, d'épidémie, de sécheresse, de surpopulation, de crises politiques et sociales, de dérèglement climatique, étaient amoindries. Nous étions, pour la plupart déjà à l'état de zombie de manière métaphorique. Lorsque le zombie est réellement arrivé au sens propre : il n'était « que le dernier clou enfoncé dans le cercueil. » Privé de nos vies, nous devenions des vivants morts avant que les morts-vivants arrivent pour de vrais, dans le but de bouffer des vivants morts (à défaut de nous bouffer entre nous à cause de notre déshumanisation, perpétuée par notre condition d'esclave face au Dieu Argent). Et après quoi ? « Papa pense que sauver l'humanité revient à bâtir une grosse boîte en béton, mettre tout le monde à l'intérieur et monter la garde devant la porte, un fusil à portée de main, en attendant la vieillesse et la mort. » Que vaut la vie aujourd'hui, si elle doit se passer dans une prison à attendre la mort, à apprendre à tuer les zombies depuis l'enfance ? Tandis que les morts circulent à la recherche de vies ? le monde post-apocalyptique n'est alors pas si différent de l'ancien : nous avons le choix entre être un vivant mort, un mort-vivant ou un casse-dalle.

Heureusement, R., un zombie, va tout changer en tombant amoureux. Et plus précisément, il va tomber amoureux d'une vivante. Ce qui curieusement lui offrira un sens à sa vie de mort-vivant. Et même plus encore : il aura une volonté de vivre ! Et cette volonté de vivre : la résurrection née de l'Espoir et de l'Amour.
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Je ne vais pas trop déroger à la règle de la plupart des critiques faites sur ce livre, je préfère vous prévenir. J'ai beaucoup aimé ce roman. Et même si ma lecture n'a pas été une grande surprise (j'ai vu le film Warm Bodies bien avant de lire le roman de Isaac Marion), j'ai apprécié chaque moment passé avec R et Julie. J'ai d'ailleurs très envie de revoir le film maintenant, que je trouve très fidèle au roman, même s'il est plus "joyeux" à mon goût. Pour autant, Vivants n'est pas tellement sinistre. Il ne traite pas de sujets très drôles, je ne dirais pas le contraire, mais l'auteur aurait pu mettre plus d'horreur dans son récit. J'ai plutôt trouvé que l'espoir était le fil conducteur de toute cette histoire. L'espoir d'une vie meilleure, l'espoir d'un monde meilleur. Et cela ne fait pas de mal de lire ce genre de romans de temps en temps, bien au contraire.

Je ne suis pas une fan des zombies, loin, loin de là. Walking Dead et compagnie, très peu pour moi. Donc si vous vous posez la question, oui, vous pouvez vous jeter sur ce roman même si vous n'êtes pas un fan du genre. Il y a bien sûr des descriptions et des événements qui vont de paire avec l'univers "zombie", mais encore une fois l'auteur a su rendre cela sans trop d'horreur. Pour moins, l'état même de zombie, dans Vivants, est plus une forme de désespoir ultime. Une sorte de renonciation totale. Plus de combat face à la vie et au monde cruels dans lequel vivent les personnages. En un sens, le roman est une critique de notre société actuelle. du moins, c'est comme cela que je l'ai ressenti. le fait que nous détruisons notre monde, que l'individualisme est devenu un art de vivre, que l'espoir s'amenuise de plus en plus, que nous préférons vivre dans nos peurs plutôt que de combattre... Ce n'est pas moralisateur du tout, bien au contraire. Et j'ai beaucoup aimé les passages où R entend les personnes qui lui expliquent comment la société des vivants est devenue ce qu'elle est. Ce sont des moments très forts, des témoignages brefs mais qui expliquent tout avec une lucidité cruelle.

Et puis, il y a bien sûr nos Roméo et Juliette zombiesque. Il n'est pas trop difficile de faire le rapprochement. Les prénoms des héros déjà : R et Julie. le fait qu'ils appartiennent à deux... "groupes" disons, totalement opposés et ennemis, et qu'ils font tout pour rester ensemble malgré les barrières qui se dressent devant eux. Les clins d'oeil aux deux héros tragiques étaient plutôt bien trouvés sans pour autant être du copier-coller. Et puis, Isaac Marion a su s'approprier sa propre version. R est pour moi l'espoir latent de l'humanité. Voir toute l'histoire à travers ses yeux, tout appréhender avec ses sentiments et ses pensées étaient très prenant. J'avais adoré ce contraste beaucoup plus présent dans le film où on voyait R vraiment comme un zombie et la voix off de Nicholas Hoult nous donner les pensées complexes et précises de ce personnage. C'était assez aberrant en un sens de voir un "cadavre" incapable de parler, ou presque, être aussi expressif. le roman le fait moins ressentir. Il est aussi très facile de s'attacher à R, malgré sa condition. Il est ainsi d'autant plus appréciable de le voir évoluer petit à petit. Julie, elle, est le déclencheur. La petite étincelle qui fait exploser le tout. Étincelle est d'ailleurs un terme qui lui convient bien. Elle a un caractère assez explosif. Je l'ai tout de suite adoré. Sa fragilité et les horreurs qu'elle a pu vivre, ne la définissent pas en fin de compte. Elle vit dans le présent, avec un pied bien ancré dans le futur. Il est vraiment difficile de ne pas s'attacher à elle. Et même si contrairement à R, je n'ai pas trouvé que son personnage avait beaucoup évolué, il est tout aussi plaisant de la suivre tout au long du roman et d'en découvrir toujours un peu plus sur elle.

Le tout est très agréable à lire. Fluide, dynamique, très drôle à certains moments, triste aussi, mais il aurait été mal venu de raconter une telle histoire avec trop d'humour. L'action n'est pas tellement présente, mis à part quelques instants, mais le roman n'en reste pas moins prenant. Il est difficile de ne pas vouloir continuer sa lecture, car on veut absolument savoir ce qu'il va se passer. Est-ce que R va changer ? Est-ce que le monde va changer ? J'ai juste trouvé que la fin était un peu rapide à arriver (la fin de la deuxième partie pour être précise). C'était l"aboutissement de tout un processus, mais je ne sais pas... J'ai trouvé qu'il y avait un petit côté "brusque". Heureusement,la troisième partie du roman qui fait office d'épilogue nous donne une petite prolongation que j'ai beaucoup apprécié.

Je ne sais pas si l'auteur a écrit d'autres romans (il faudra que je me renseigne) mais je serais assez curieuse de découvrir d'autres histoires d'Isaac Marion.
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Comment ne pas succomber au charme de ce roman original et décalé ? Impossible m'est avis ! Mon tout premier roman sur les zombies et je suis déjà conquise ! Il faut dire que l'auteur met tout en oeuvre pour nous embarquer dans une histoire passionnante, à la fois tendre et dure, qui vous accroche dès les premières lignes. Je ne suis pas loin du coup de coeur pour ce livre hors du commun que je vois comme une petite pépite de bonheur au milieu de la multitude grisonnante et je vais de ce pas vous dire pourquoi vous devez absolument lire ce livre !

Tout d'abord, pour l'univers sombre et nécrosé que l'on y découvre. D'accord, dis comme ça, ça ne donne pas franchement envie, mais, je vous assure, c'est très attractif une fois qu'on est plongé dedans. Vous ne me croyez pas ? Attendez encore un peu, je vais vous expliquer. Donc, je disais, nous voici projetés dans un monde post-apocalyptique ou les zombies ont pris le pouvoir, décimant les populations humaines, appelées les « Vivants », afin de se nourrir en grignotant leurs cerveaux (charmant n'est-ce pas?), et où l'espoir se ternit de jour en jour. Les Vivants, reclus au coeur d'un ancien stade de football (américain, je précise ^^), vive dans la peur et se retranchent derrière de hauts murs pour éviter la confrontation. J'avoue, je les ai trouvé un peu attentistes voir peureux ces Vivants, même si je comprends tout à fait leur choix. Se calfeutrer et se « contenter » de la situation telle qu'elle est sans essayer de la changer, hum, pas franchement courageux tout ça. du coup, ça n'a donné que plus d'écho dans mon petit cerveau de lectrice aux bouleversements qui ont suivi, il fallait donner un grand coup de pied dans la fourmilière pour que cesse l'immobilisme de ces Vivants et que bougent enfin les choses. le statut quo entre les Vivants et les zombies ne pouvait pas durer, sinon, on se serait ennuyer, vous ne pensez pas ? J'ai trouvé ça moins passionnant de voir comment le « conflit » était géré par les dirigeants Vivants, parce qu'en vérité, on ne le voit que peu. Par contre, j'ai apprécié les descriptions du stade, du mode de vie des Vivants, de ce qu'ils font pour essayer de survivre, de leurs devoirs, de ce qu'est leur vie tout simplement, si on peut appeler ça comme ça. L'ensemble apporte une lourdeur supplémentaire au texte, mais dans le bon sens, je précise, une profondeur qui vous rend presque claustrophobe et qui vous donne envie de vous échapper de là et de hurler à plein poumons. L'auteur arrive très bien à nous rendre cette vie-là, sans but, sans avenir, ce monde dans lequel les Vivants vivotent au lieu d'exister pleinement. Je l'ai trouvé sombre, triste, gris, cette vie-là n'a rien d'enviable, elle vous donne la chair de poule tant elle vous enferme dans un carcan, on se sent un peu prisonnier de cet enfer permanent et le fait que le lecteur arrive à ressentir tout cela prouve à quel point l'auteur a bien fait son job ! Ça nous rend plus proche de notre propre espèce aussi, de ses représentants, qui, dans ce monde déchiré, détruit, tentent de faire de leur mieux. Et c'est toujours la même question qui se pose, à leur place, qu'auriez-vous fait ? On peut dire ce qu'on veut, il n'est jamais facile de prendre des décisions quand des vies sont en jeu …

En face, se situe le camp des zombies et des Osseux. Les premiers sont plutôt sympathiques au premier abord (outre le fait qu'ils mangent les Vivants … mais bon, ils y sont obligés pour survivre, ça n'est pas vraiment un choix conscient, du coup, on leur pardonne plus facilement ^^) et j'ai beaucoup apprécié aussi de voir quelle était leur vie à eux. Les cours d'attaque des petits, les messes, les déplacements en groupe, l'idée de la pensée collective aussi m'a plu, parce qu'elle présuppose quelque chose de plus grand … mais je ne dirai rien de plus là-dessus, ça gâcherait le suspens ! Ce monde-là m'a paru tout aussi peu enchanteur que celui des Vivants. Morne, blafard, se déroulant au ralenti, il n'a rien d'enviable non plus et, là encore, les zombies, je les ai perçus comme des prisonniers de leur condition, des hommes, des femmes, des enfants, atteints d'une maladie qu'il faudrait guérir plus que réellement responsables de leurs actes. On ne choisit pas de devenir zombie, c'est clair ! du coup, fatalement, on finit par s'y attacher à ces morts-vivants, parce qu'on sent leur souffrance, même si elle n'est pas évidente au premier abord vu qu'ils ne peuvent que grogner légèrement. Ils m'ont rendu tristes ces zombies qui n'ont plus de coeur qui bat, qui font semblant en permanence alors qu'ils ne savent même plus pourquoi, des marionnettes aux fils pendant ayant perdu leurs marionnettistes. J'ai eu de la compassion pour ces zombies, vraiment, et, là aussi, c'est que l'auteur a vraiment du talent, parce qu'au début, je ne pensais vraiment pas pouvoir m'attacher à eux ! Enfin, pas à tous non plus hein, leurs « chefs », autrement appeler Osseux, m'ont réellement foutu les jetons et j'aurais bien eu envie d'avoir un désintégrateur sous la main ou un truc du genre pour tous les dégommer un par un, ils sont flippants je vous dis ! de quoi faire des cauchemars la nuit. On sent aussi qu'ils ont la main mise sur tout ce petit monde qui, de fait, vie aussi en autarcie et le raccourci est vite fait pour se dire que les zombie sont eux aussi enfermés … dans un aéroport ici pour le coup. On sent d'ailleurs toute l'ironie de la chose au passage, j'ai apprécié ! Donc, je disais, le parallèle se fait très vite entre les Vivants et les zombies dont les vies m'ont semblé finalement très similaires, tristes, solitaires, sans but et sans avenir, c'est déprimant au possible tout ça et en même temps, fascinant ! J'ai adoré pouvoir plonger ainsi dans le quotidien de ces deux « peuples » qui cohabitent ensemble dans un monde en perdition et voir les deux côtés de la barrière. On se rend vite compte qu'ils ont beaucoup plus de points communs qu'il n'y paraît au premier abord et ça nous rappelle aussi que, dans tout ça, la notion d'humanité qui a été un peu mise de côté jusque-là devrait refaire surface …

Humanité, c'est le mot clé qui définit parfaitement, selon moi, les deux personnages principaux du roman, à savoir R., zombie de son état et Julie, on ne peut plus Vivante. Commençons par R.. Ah la la, que dire si ce n'est que me voilà tombée sous le charme d'un zombie ! Incroyable, mais vrai ! Impossible de résister au charisme dévastateur de ce zombie vraiment pas comme les autres. R. est notre narrateur, chose que j'ai d'autant plus apprécier parce que, vous avouerez que pénétrer ainsi dans l'esprit d'un zombie c'est pas donner à tout le monde ! Je disais donc, un super concept car on prend plaisir à suivre le fil des pensées de R. (et oui, un zombie qui pense!), elles sont tellement étonnantes, sentimentales, vives, qu'elles vous touchent, il ne peut en être autrement. J'ai pris énormément de plaisir à écouter R., à tenter de comprendre avec lui le pourquoi du monde qui l'entoure, le comment des sensations, des émotions, c'est un véritable ré-apprentissage de la vie que nous offre ici l'auteur à travers ses yeux et son regard sur les autres. C'est tendre au possible et d'une telle sensibilité que souvent j'en ai eu des frissons. Ce zombie romantique a tous les atouts pour vous faire craquer ! On sent dès le départ sa différence d'avec les autres zombies puisque lui se pose des questions, réfléchit, ressens des choses alors qu'il n'a pas techniquement de coeur. Comment ne pas craquer pour un zombie qui écoute de la musique sur vinyles parce que le son est meilleur ? Ah, je crois que je suis amoureuse ! Non, sérieusement, ce personnage-là est tellement beau, tellement fort, tellement puissant, qu'on ne peut que l'apprécier. C'est un super héros des temps modernes qui s'ignore. On sent bien toutes les étapes par lesquelles il passe durant ce roman, toute sa tristesse, sa douleur, sa joie aussi, et, à la fin, son amour. Je ne sais pas, j'ai trouvé cette re-découverte des sentiments humains tout simplement magique parce qu'à travers ce zombie, elle prend une teinte nettement plus colorée, chaleureuse, qui contraste grandement avec l'environnement dans lequel cette petite graine grandit. C'est comme un film en noir et blanc qu'on va coloriser, sublime ! Et tout bascule dans le monde plat et répétitif de R. quand il croise la route de Julie. Coup de foudre instantané et petit coeur qui bat ! Cette Vivante est, elle aussi, différente des autres. Dès le départ on voit sa détermination, sa compassion, son empathie, elle rayonne de l'intérieur et vous irradie de sa lumière, elle est pleine d'humour, de bonne humeur mais surtout elle porte en elle les germes d'une graine qui ne demande qu'à pousser, ceux de l'espoir ! Elle y croit encore ! Et rien que ça, ça vous donne envie d'y croire avec elle. Que le changement est possible, que l'on peut « guérir » les zombies, leur donner une seconde chance, que l'on peut vivre autrement, tout simplement vivre. Leur rencontre est au coeur du roman car elle va tout changer et les voir évoluer ensemble m'a chamboulée. Il faut dire que, bien évidemment je ne vous apprends rien ici, une romance va naître entre eux et que c'est elle qui va porter tout le texte. C'est romantique, certes, mais c'est aussi très réaliste car on voit que les sentiments entre les deux naissent progressivement, avec tout ce que cela entraîne de doutes, de questionnements, de douleurs aussi, mais surtout, de petits bonheurs. C'est un régal que de voir ce couple qui crève l'écran grandir sous nos yeux, ils sont juste parfaits et on ne peut que leur souhaiter dès le départ un happy end !

Il y a bien évidemment d'autres personnages dans le texte, tous aussi attachants les uns que les autres, chacun avec leurs cicatrices, leur passé et leur avenir, pas un que je n'ai pas appris à aimer d'une certaine façon, mais je ne vais pas vous parler de tout le monde sinon ma chronique va encore plus s'étirer ! Juste deux encore. M, le tombeur zombie qui m'a fait marrer comme pas possible et qui dégage nettement plus de profondeur qu'il n'y paraît au premier abord, vous allez l'adorer et Perry, l'ex de Julie qui tient un rôle important aussi dans le roman puisqu'il interagit avec R., je ne vous dis pas comment ni pourquoi, mais ça apporte une belle touche au texte, ça m'a plu comme concept, lisez et vous comprendrez pourquoi. Sinon, il me reste à vous parler du style de l'auteur. J'ai beaucoup aimé la plume de Isaac Marion, elle m'a emportée dès les premières lignes dans un monde que j'ai trouvé fascinant d'arpenter car il était complexe et qu'il allait bien au-delà de notre vision purement manichéenne du monde, j'ai trouvé le récit très humain, très sensible, ça m'a touchée, par bien des aspects et je n'avais clairement pas envie de le quitter. L'auteur a su habilement mêler psychologie, action et humour dans ce texte qui, bien qu'écrit de manière simple, a tout d'une oeuvre trompe l'oeil, comme j'aime à les appeler. Ici, on vous demande de voir au-delà des apparences, de croire, d'espérer, de faire confiance, de rêver, c'est quelque chose de difficile mais ce qu'on vous offre en échange vaut la peine. J'aime ces livres qui vous donnent des leçons sans en avoir l'air, qui vous rappelle ce qu'avoir une âme veut dire. Et oui, ce roman a beaucoup d'âme, bien plus que beaucoup d'autres que j'ai lu ! On se laisse glisser dans ce récit avec délice, il se dévore en un clin d'oeil et, arrivé à la dernière page, on en redemande ! Une romance impossible à la Roméo et Juliette sur fond de guerre perdue d'avance, c'est accrocheur, provocant aussi peut-être mais surtout extrêmement fort. Rien ne laisse indifférent dans ce livre, pas même les plus petits détails. Et même s'il y a quelques petites choses qui ne m'ont pas plu ou que j'aurais préféré autres, j'ai tout simplement adoré livre ce livre ! Parce que, comme ses personnages principaux, il est différent, parce qu'il vous pousse à réfléchir, parce qu'il vous offre la vision d'un monde où tout est encore possible. J'ai aimé du début à la fin. Je me dis que le style y est pour beaucoup, parce qu'il a cette touche qui le rend si particulier, si différent des autres, on a envie de se laisser porter par ces mots qui nous parlent d'amour, tout simplement. Et je me dis que cette leçon-là est le plus importante de toutes celles que nous enseignent le roman : l'amour est plus fort que tout ! Ou serait-ce l'espoir ?

En conclusion, un roman qui, vous l'aurez compris, m'a bluffée et dont je suis désormais fan ! Il faut dire qu'une fois qu'on a fait la connaissance de R., on ne peut plus l'oublier ! Laissez-vous porter avec humour et tendresse dans ce texte plein de poésie et d'émotions qui vous fera passer du rire aux larmes en un battement d'ailes et qui ne vous lâchera plus une fois que vous l'aurez refermé. A lire absolument !
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J'ai acheté «Vivants» d'Isaac Marion au salon du livre de Bruxelles parce que les affiches et des extraits diffusés du film m'ont donné envie de le lire.
La couverture est agréable, le rouge tranchant sur le blanc et la quatrième révèle que la découverte d'une "parabole sur notre époque et la nostalgie d'une vie pleine". Bon, un roman de zombies qui amène de la réflexion, pourquoi pas?

Les zombies mangent le cerveau des vivants pour voler leurs souvenirs. Les morceaux de cerveau leur “allume la tête comme un tube cathodique” et leur procure pendant quelques minutes un semblant d'existence, une sensation, une mémoire… celles de la personne qu'ils dévorent.
R dévore le cerveau du petit ami de Julie et revit ses souvenirs. Les pensées et les sentiments du mort s'infiltrent au plus profond de R qui sauve Julie d'un carnage, la ramène chez lui dans l'aéroport parmi les autres zombies. Une « cohabitation » va commencer.
Roméo (R) et Juliette (Julie) au pays des zombies.

C'est une narration à la première personne et l'on suit les pensées de R. Il ne se souvient de rien. « Ne m'en veuillez pas si je ne m'étends pas sur les présentations, c'est simplement que je n'ai plus de nom. Comme la plupart d'entre nous. Nous le perdons aussi facilement que des clés de voiture, nous l'oublions comme une date d'anniversaire. le mien commençait peut-être par la lettre "R", mais je n'en sais pas plus » R est différent. “Quelque chose remue en moi, un papillon de nuit faible, prisonnier d'une toile d'araignée, qui lutte pour s'échapper.”
Mais s'il pense quasi normalement, le langage est défaillant.
“Dans ma tête je suis éloquent : je grimpe les échafaudages complexes de mots afin d'atteindre les plafonds des cathédrales les plus hautes et d'y peindre mes pensées. Mais quand j'ouvre la bouche tout s'écroule.”
L'amour de R et de Julie déclenche une révolution.
Petit à petit, R ressent les choses, capte des sensations. R aime. R change. D'autres zombies commencent leur transformation. Ils sont “pris au piège entre le berceau et la tombe, n'ayant plus (notre) place ni dans l'un ni dans l'autre“. Les Osseux, les plus anciens zombies, refusent la relation entre R et Julie. Grigio, le père de Julie et général du camp des survivants veut exterminer tous les zombies. Et c'est ici que l'on fait la comparaison avec Romeo et Juliette.

Je suis déçue par les bizarreries : R n'a aucun souvenir de sa précédente existence. “L'équation a été effacée, le tableau noir cassé” mais garde une compréhension exacte de la société humaine, porte des vêtements, écoute de la musique, se marie, adopte des enfants…
Tous les zombies sont ralentis sauf lui, qui est capable de réflexion sans pouvoir l'exprimer.
Il y a les zombies, des cadavres ambulants qui se décomposent, d'autres moins et puis il y a les osseux, tout cela servi sans aucune explication.
En tant qu'infirmière rien qu'à l'idée de R tartinant Julie de sanies pour qu'elle s'intègre dans le groupe des zombies, l'estomac me remonte haut dans la gorge. Comment tomber amoureuse d'un cadavre en décomposition ? « Je n'en suis qu'aux premiers stades de la décomposition. Ce se limite à une peau grise, une odeur désagréable et des cernes noires sous les yeux. Je pourrais presque passer pour un vivant qui a besoin de vacances. » Cela, je ne peux même pas l'imaginer.

C'est lent, composé de flashbacks et de loooooongs passages descriptifs. L'ensemble est sans grands rebondissements. Les deux héros ne savent pas où aller ni quoi faire, n'ont aucun plan mais ils veulent sauver le monde ! « On se balade tous les deux dans cette ville comme un chaton dans un chenil. Changer le monde : tu n'as que ces mots à la bouche, mais tu restes assis là, à te lécher les pattes, alors que le cercle des pit-bulls se referme sur nous. C'est quoi ton plan, mon minou ? »

J'ai lu «Vivants» d'Isaac Marion, j'ai trouvé l'écriture fluide, j'ai trouvé les illustrations en début de chapitre originales mais globalement je n'adhère pas à l'histoire.
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Une histoire d'amour faite avec beaucoup de charme, d'humour et de tendresse !

Enfin un vrai bon livre traitant le sujet "zombie" avec intelligence et légèreté. Après avoir des tonnes de navets plus nuls les uns que les autres sur ce thème, Warm Bodies donnerait presque l'impression d'être un chef d'oeuvre.

Une histoire atypique, qui rompt avec les codes traditionnels des histoires de zombie. du moins, dans les grandes lignes, puisqu'il n'oublie pas de traiter avec beaucoup d'autodérision certains classiques du genre. Mais vu du coté Zombie, «Warm Bodies» est une expérience unique et intéressante sur une histoire d'amour classique. Pensées adéquates qui se transforment en une conversation insuffisante est une des métaphores brillantes appliquées tout au long du livre qui en font une expérience amusante. Bien que prévisible et patché avec quelques passages ennuyeux, «Warm Bodies» mérite des éloges pour son idée originale et sa touche de fraîcheur.

Dans ce roman, les zombis ont la capacité de penser comme les humains même si aligner plus de trois mots en dix secondes est un exploit pour eux. Ils ont un quotidien morose dans un aéroport et ils doivent manger des humains pour survivre.
R, le personnage principal est un des leurs et c'est par son intermédiaire qu'on découvre leur vie et leur phase terminale : les osseux, à peine différents entre eux et qui tendent vers les véritables monstres de muscles. Car oui, on s'attache aux zombis vu qu'ils nous paraissent réellement humains. Les osseux représentent le non-retour et les antagonistes du livre. Dans un passage exceptionnel du début du livre (no spoil), R, par un concours de circonstances banal, va manger le cerveau de Perry, le petit ami de Julie. Les deux faisant partie d'une escouade formée de quelque uns des rares survivants. Après avoir sondé les souvenirs du pauvre défunt dans des moments assez émouvants, R va ainsi tomber amoureux d'elle et devenir tout à coup plus humain. Il va ensuite la protéger dans l'avion qu'il possède, rempli de collections en tout genre. Est-ce le début d'une amitié ou d'une grande histoire d'amour?

Le roman ose un pari risqué : il tend à la fois vers la parodie sans gore mais non moins jouissive grâce à l'humour souvent décapant. Mais aussi vers l'histoire d'amour entre R, un zombi attachant et maladroit et Julie, qui a une seule envie : rentrer chez elle.

Au final, on prend beaucoup de plaisir à suivre ce roman tantôt drôle, tantôt touchant, tantôt empreint d'un petit pouvoir de réflexion sur l'espèce humaine et sur nos comportements.

Vous l'aurez compris, je ne rangerais pas Vivants dans les sous-daubes abyssales méritant d'être oubliées. C'est un roman à la fois déjanté, touchant et surprenant grâce à ce très cher R.

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critiques presse (1)
Elbakin.net
28 novembre 2011
Isaac Marion a réussi un défi de haut vol. Faire une histoire de zombies en gardant certains codes et en en modifiant certains autres pour faire évoluer son personnage. L’histoire entre Julie et R est bien ficelée et l’évolution d’état d’esprit des deux personnages principaux suit son chemin sans que cela provoque de fausse note, même si sans réelle surprise.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
- De toute façon, ça n'a aucune importance, dis-je d'une voix rauque, fuyant ses yeux. On s'en fout. Ils sont morts. Ça c'est la réalité, et c'est tout ce qui compte.

Nous ne parlons pas pendant quelques minutes. Le vent frais nous donne la chair de poule. Des feuilles aux couleurs vives se fraient un passage depuis les forêts de l'extérieur, tourbillonnant à l'intérieur du stade par sa vaste bouche et atterrissant sur le toit.

- Tu sais, Perry, dit Julie, d'une voix rendue tremblante par des peines connues d'elle seule. Tout finit par mourir. On sait tous ça. Les gens, les villes, des civilisations entières. Rien ne dure. Alors si l'existence était simplement binaire, mort ou vivant, présent ou absent, rien n'aurait de sens, tu ne crois pas ? (Elle lève les yeux vers quelques feuilles qui tombent et tend la main pour en attraper une, une feuille d'érable d'un rouge flamboyant.) Ma mère disait toujours que c'était pour ça qu'on était dotés de mémoire. Et du contraire de la mémoire : l'espoir. Ainsi, les choses qui ont disparu peuvent continuer de compter pour nous. Et nous pouvons ensuite construire un avenir en nous fondant sur notre passé. (Elle fait tournoyer la feuille devant son visage.) Maman disait que la vis n'a de sens que si on est capable de voir le temps à la manière de Dieu. Passé, présent et futur en même temps.

Je me tourne vers Julie, qui, voyant mes larmes, essaie d'en essuyer une.

- Alors, c'est quoi le futur ? je demande, ne me dérobant pas au contact de ses doigts qui effleurent mon oeil. Le passé et le présent sont clairs pour moi, mais que réserve le futur ?

- Eh bien..., dit-elle, avec un rire un peu forcé. C'est là que ça devient délicat. Le passé est constitué de faits et d'histoire... Je suppose que le futur repose sur l'espoir.

- Ou la peur.

- Non. (Elle secoue la tête avec fermeté et plante la feuille dans mes cheveux.) L'espoir.

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- R.
J'ouvre les yeux et je me redresse. Julie est assise en tailleur à côté de moi ; elle m'observe avec un sourire sans joie.
- Tu as fait de beaux rêves ?
- Pas... sûr, je grommelle en me frottant les yeux.
- Tu as trouvé une solution à notre petit problème ?
Je secoue la tête.
- Oui, moi non plus. (Elle jette un coup d'oeil à la pendule murale et retrousse les lèvres d'un air contrit.) On m'attend au centre communautaire dans quelques heures pour lire des histoires aux enfants. David et Marie vont pleurer s'ils ne me voient pas.
David et Marie. Je répête ces noms dans ma tête, j'en savoure les concours. Je laisserais Trina me ronger toute la jambe pour le plaisir de revoir ces enfants. Pour entendre quelques syllabes maladroites de plus tomber de leur bouche avant ma mort.
- Qu'est-ce que... tu leur lis ?
Elle regarde la ville par la fenêtre, chaque lézarde et chaque défaut nettement mis en relief par la lumière blanche aveuglante.
- J'ai essayé de leur faire aimer la série Rougemuraille. Je me suis dit qu'avec toutes ces chansons, ces banquets et ces courageux guerriers souris ça leur permettrait de s'évader un peu de la réalité de cauchemar dans laquelle ils grandissent.
Marie n'arrête pas de me demander des livres sur les zombies et je lui fais toujours la même réponse, à savoir que je ne suis censée leur lire que de la fiction, mais... (Elle remarque l'expression de mon visage et s'interrompt.) Ca va ?
Je hoche la tête.
- Tu penses à tes enfants, à l'aéroport ?
J'hésite puis j'acquiesce.
Elle tend le bras et me touche le genou, elle croise mon regard - j'ai les yeux qui piquent.
- R ? Je sais que la situation n'est pas rose, mais écoute-moi : tu n'as pas le droit de renoncer. Tant que tu respires... oups ! désolée, tant que tu bouges encore, il y à de l'espoir. D'accord ? Je fais "oui" de la tête. [...]
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Ce savoir semble grotesque dans mon esprit, mais je m’y accroche et refuse de le laisser filer, le gravant au plus profond de ma mémoire. Pourquoi je fais ça ? Pourquoi est-ce que je tiens tant à connaître les noms et les fonctions de toutes ces structures magnifiques que je profane depuis des années ? Parce que j’estime qu’en les nommant, je leur témoigne le respect que je leur dois. Savoir, c’est souffrir, et je veux ressentir cette souffrance, je veux mieux les connaître et, par extension, mieux me connaître. Savoir qui et ce que je suis vraiment. Peut-être qu’à l’aide de ce scalpel, chauffé au rouge et stérilisé dans les larmes, je peux commencer à gratter la pourriture en moi.
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Je suis mort, mais ce n'est pas si mal. J'ai appris à vivre avec. Ne m'en veuillez pas si je ne m'étends pas sur les présentations, c'est simplement que je n'ai plus de nom. Comme la plupart d'entre nous. Nous le perdons aussi facilement que des clés de voiture, nous l'oublions comme une date d'anniversaire. Le mien commençait peut-être par la lettre "R", mais je n'en sais pas plus. C'est drôle, parce que quand j'étais vivant, je n'avais pas la mémoire des noms.
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Tu sais, Perry, dit Julie, d’une voix rendue tremblante par des peines connues d’elle seule. Tout finit par mourir. On sait tous ça. Les gens, les villes, des civilisations entières. Rien ne dure. Alors si l’existence était simplement binaire, mort ou vivant, présent ou absent, rien n’aurait de sens, tu ne crois pas ? […] Ma mère disait toujours que c’était pour ça qu’on était dotés de mémoire. Et du contraire de la mémoire : l’espoir. Ainsi, les choses qui ont disparu peuvent continuer de compter pour nous.
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