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EAN : 9782916488042
91 pages
Editions La Louve (15/03/2006)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Ce que l’homme a cru voir, quelque part, ne s’oublie pas. Ce livre est à la fois une promenade dans le temps et une photographie mouvante des ruines d’Oradour aujourd’hui, une image saisie par la seule musique des mots. Il veut aussi rappeler qu’il y avait de la vie, au cœur de ces ruines, avant le brutal arrêt sur image du 10 juin 1944. Par son style parfois poétique – terme presque déplacé ici –, par des mots de tendresse porteurs en même temps d’une sourde et sal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On pourrait se dire qu'il s'agit d'un énième livre sur le massacre d'Oradour-sur-Glane et y passer à côté sans y prêter la moindre attention. Oui, on le pourrait... Cependant, à mon sens, il s'agirait d'une lourde erreur. En effet, il y a les livres, sur ce triste événement, avant Jean-Louis Marteil, et puis il y a celui-là, qui ne ressemble à aucun autre. L'écrivain s'est rendu sur les lieux et nous fait part de sa sensibilité, de ses émotions au fur et à mesure de son cheminement. Il revit lui même, non sans référence à la mémoire de son père, les événements. Ce cheminement physique est mimétique du cheminement spirituel. Ils sont étroitement liés. L'auteur-narrateur est un poète. Il s'adonne à ses réflexions avec un style qui vous accroche, qui vous happe, qui ne vous lâche plus. Un poète engagé... engagé dans une cause humble: comment réagir face à la barbarie ? L'auteur est un Humaniste, et j'y mets une majuscule. Non pas au sens où nous l'entendons aujourd'hui, galvaudé par des siècles de faiblesse sémantique. Non, un Humaniste au sens étymologique du terme: il est en quête de savoir mais également de transmission. Il livre ses idées, ses interrogations, s'interroge et nous laisse face à nous-mêmes, face à nos propres doutes: qu'aurais-je fait en ce temps-là ?

Vous commencez à feuilleter ce livre et, je le disais, vous ne le lâchez plus. Son intensité croissante, jusqu'à la dernière page, jusqu'au dernier mot, réveille en vous une sensibilité à fleur de peau. Au fur et à mesure de la lecture, une boule dans la gorge se forme, cette fameuse boule que vous connaissez bien, qui monte en puissance et qui finira par éclater, aidée par ce style ô combien remarquable. Voilà ce que j'ai ressenti. J'ai refermé ce livre avec des larmes dans les yeux. Il m'a fallu un long moment après la lecture pour pouvoir faire autre chose. Rares sont les livres ayant produit cet effet sur moi. Habituellement, je cherche de suite le prochain livre à lire. Là, je n'ai pas pu. J'ai vécu, j'ai ressenti ces "larmes de pierre".

Il me sera difficile de lire un autre livre sur Oradour sans avoir une pensée pour celui-ci.

Un grand merci à Jean-Louis Marteil qui nous a permis, sur le Forum Nota Bene, de débuter nos partenariats.
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Texte de Jean-Louis Marteil. Préface de Lucie Aubrac.

Le narrateur chemine dans les ruines du village supplicié d'Oradour-sur-Glane. Ses pas le conduisent au plus près des victimes de la barbarie aigrie de la Deuxième Division SS Das Reich, rompue aux massacres sur le front de l'Est. le débarquement a eu lieu, les Alliés sont aux portes du Reich et le 10 juin 1944, "la race des Seigneur répand les ruines" (p. 16) dans un petit village isolé. Femmes et enfants sont entassés dans l'église, voués aux balles et aux flammes. Les hommes sont regroupés dans les granges et tombent sous le feu des mitraillettes. Peu de survivants réchappent de cette journée d'horreur où un régime de terreur, confronté à ses vainqueurs, décide d'entraîner dans son agonie sanglante les innocents du monde ordinaire.

Le narrateur/auteur, habité par le sentiment du devoir de mémoire, présente un lieu figé à jamais. Il imagine les dernières heures de serein bonheur d'Oradour et se pose la question récurrente du choix face à l'horreur. Quelle décision aurait-il, aurait-on, pris devant l'évidence de l'horreur à venir? Quelle réponse aurait-il donné? "Il est pourtant aisé, aujourd'hui, d'en donner une, ou plusieurs. Aucune ne sera nourrie de la vérité car aucune ne sera née de l'instant." (p. 30)

De la marche du narrateur dans L Histoire, je retiens cette phrase: "Je ne peux pas croire qu'il faisait beau le 10 juin 1944." (p. 25) On voudrait que l'horreur se déroule dans le noir, sous les sombres nuages d'un ciel voilé. On n'accepte pas que la nature, imperturbable, n'ait pas revêtu ses habits de deuil en cette journée de massacre.

Le narrateur s'adresse à "[son] amour" (p. 15), "[sa] belle" (p. 17), et c'est elle qui donne le mot de la fin, en évoquant l'un des noms du myosotis, "Ne-m'oubliez-pas". C'est aussi et surtout le mot du début: en entrant dans Oradour, un pannonceau dit "Remember. Souviens-toi." Pour commencer, pour continuer, il faut se souvenir, marcher sur les lieux de l'Histoire, les appréhender pour ne jamais être du côté de ceux qui les font.

"[Son] amour", "[sa] belle", il me semble que c'est également ainsi qu'il s'adresse à Oradour-sur-Glane, dans une tendresse malhabile née de l'impuissance face à la désolation et d'une part de révolte de n'avoir pas été là. "Juin 1944. Je n'étais pas né..." (p. 17) Mais ne pas avoir vécu l'horreur n'est pas tout, n'est pas une fin. Il faut se souvenir des souffrances passées.

Lucie Aubrac, dans sa préface, dit que "l'auteur n'est pas qu'un narrateur, c'est une conscience." (p. 12) Moi qui ne connaissais Oradour-sur-Glane que par les livres et les cours d'histoire, je sais maintenant qu'il me manque de l'avoir vue.

La prose de l'auteur est chargée d'émotion. En moins de cent pages, il donne toute l'étendue de son talent d'écrivain, où la véracité se mêle à la poésie.

Un autre grand merci à Jean-Louis Marteil, directeur des éditions de la Louve, qui m'a offert ce livre dédicacé.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La cloche de l'église a sonné à Nüremberg, comme à Oradour-sur-Glane, ce jour livide du 15 septembre 1935. Quelle heure était-il, là-bas, quand il a lancé l'appel sauvage, le hurlement du sang et du sol, l'appel au meurtre, le premier appel qu'un monde aveugle et muet, un monde sourd qui ne savait pas lire, aurait dû percevoir néanmoins, surgi des limbes épais des territoires anciens, des territoires de glace où la mort est le but suprême ?
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