— Nos sociétés sont productrices d'images culturelles. Ce répertoire de représentations peut sembler libérateur pour les individus, en élargissant leurs horizons face à la domination de la biopolitique. En réalité, la culture engendre une illusion, comparable au mythe de la caverne platonicienne ; elle n'est pas une contre-institution, mais le pendant du pouvoir précisément. Ainsi, la culture est le lieu où l'individu trouve refuge, dans un monde où l'Etat est "un système régulateur de vide". L'"entertainement" serait le symbole d'un retrait de l'Etat de la sphère du pouvoir ; ce divertissement continu génère une perpétuelle attente, un "Désert des Tartares" moderne.
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Tout autre est le regard par lequel l’absence apparente de pouvoir dans l'excès d'évènements contingents de l'entertainment devient le signe le plus sûr de la présence de la domination.
"Comme pour l'"homme de campagne" de Kafka qui attend toute sa vie devant la Loi, sans pouvoir y entrer, l'attente est la seule expérience que le "sujet de fiction" aura réellement faite du royaume que les événements n'ont jamais manqué de lui promettre. Aucun gardien ne s'est pourtant jamais dressé devant lui pour lui empêcher l'accès à une réalité tant convoitée. Lorsqu'il s'est aperçu de l'absence du gardien, l'homme a aussitôt arrêté de demander à entrer dans la Loi, et il s'est contenté d'attendre."
La domination est le pouvoir de décider du fictif. La domination, qui est toujours au-delà des événements, dit le moment où il faut que ces évènements mêmes prennent fins. Pour laisser place à quoi, nous ne le savons plus.
"L'Ordre règne à Berlin" de Francesco Masci