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EAN : 9782873860462
367 pages
Racine (17/09/1996)
3.66/5   19 notes
Résumé :
Et revoilà le malicieux et souriant Toine Culot dans ces aventures pittoresques qui sentent bon le terroir wallon avec ses expressions savoureuses aux accents traînants, avec cette vie où le temps s'écoule au fil des saisons, à l'époque où le chant du coq rythmait encore le travail de nos villages.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Troisième volume des aventures de Toine Culot dans le petit village ardennais de Trignolles. Mais cette fois-ci, petit village ou non, gens tranquilles ou non, il va falloir entrer dans la grande Histoire… car nous sommes en 1940, et l'Allemagne vient d'envahir la Belgique.

On vit donc cette seconde guerre mondiale de l'intérieur, bien loin du front. D'abord la sidération du village à la tombée des premières bombes dans la région ; puis l'évacuation d'urgence vers la France, en prenant le strict nécessaire dans une charrette, et en essayant d'aller plus vite que l'armée allemande qui talonne. Les réfugiés, d'abord accueillis fraternellement par les voisins, sentent le ton changer quand le flux grandit et que l'armée belge capitule, laissant la France seule face à l'Allemagne ; puis, après l'armistice de l'Allemagne avec la France, le retour dans le village pillé, sous le joug des forces allemandes et rexistes.

Ce livre a été publié en 1946, et ça se ressent. La guerre vient tout juste de s'achever, et des années d'humiliation et de rancoeur peuvent enfin s'exprimer. On est bien loin des pudiques « fusillés par l'ennemi » sur les plaques commémoratives, et des « il y a eu des victimes innocentes dans les deux camps ». À cette époque, on sait très bien qui est l'ennemi : l'Allemand, le Boche, qui est, encore une fois, venu ensanglanter la terre natale et priver des familles de pères et de maris. Il n'y aura donc pas de nuances dans les descriptions : les allemands seront décrits comme un peuple composé uniquement d'individus aux traits porcins, soit bêtes et lourdauds, soit tyranniques et cruels, dont il est vain d'espérer quoi que ce soit de meilleur.

Le ton du livre reste malgré tout assez léger, bien qu'avec des accents fortement patriotiques. Les envahisseurs sont stupides, et les collabos des gens déjà méprisés avant l'invasion par les Trignollais. Tous les autres villageois leur joueront donc des bonnes farces, soulignant par là leur stupidité : une troupe armée jusqu'aux dents, essayant de semer la terreur en braillant des ordres en allemand, reste impuissante face à la malice des habitants du cru dans leur bon droit.

Un volume bien plus engagé que les précédents, mais qui offre un témoignage important sur la seconde guerre mondiale, en décrivant la vie comme elle a du se passer dans des centaines de petits villages, occupés à vivoter chichement loin des grandes manoeuvres, et en offrant assez de résistance passive pour sauver son honneur sans mettre sa famille en danger. Arthur Masson parvient tout de même, au milieu de ces drames, à nous tirer quelques larmes de joie et d'émotion.
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Un peu moins apprécier , mais toujours aussi délassant.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Charmé par l'empressement que mettaient les Trignollards à répondre à son invite aux confessions domestiques, Pestiaux, devant la pile impressionnante de feuilles déjà rentrées au bout de huit jours, se frotta les mains. Mais quand il se mit à examiner le détail des réponses, il faillit crever de fureur. Tout bête qu'il fût, il comprit qu'on se moquait de lui. Visiblement, certains administrés s'étaient acharnés à embrouiller l'affaire et à ridiculiser son inventeur. Sur les feuilles, Adhémar pouvait lire des déclarations comme celles-ci :
Porcheresse, Modeste : Nombre de bouches à charge : 63 en comptant le bétail.
Veuvu Bécu, Marie-Josèphe : Un bouc de sexe mâle.
Piraux, Jules (qui n'avait plus retrouvé son bœuf à son retour de France) : Un bœuf. Sexe: disparu au cours de l'évacuation. – un cochon. Sexe: c'est un ancien verrat.
Veuve Lalouette, Eulalie : Une chèvre. Elle est sèque. Huit poules femelles et une de sexe mâle. Elle sont sèques aussi.
Massart, Théodule : Une trouille d'âge inconnu. Productivité: elle a eut au moins 200 enfants mais il en a plus beaucoup qui vique encore.

Mais quelle affaire lorsque le grand homme se mit à éplucher les feuilles où T. Déome s'était amusé à organiser de savants micmacs. Son pince-nez lui tomba des yeux et l'homme se mit à transpirer... Dans telle petite ferme, les poules donnaient du lait, les vaches pondaient et on y trouvait des cochons de dix-huit ans de sexe indéterminé qui élevaient des veaux de quatre ans.

Goffard, Elysée, lui, déclarait textuellement « que son mulet, de sexe faible, n'avait jamais vêlé. »

Et pour finir, sur la feuille du vieux Cabossaux, qui ne pouvait souffrir Pestiaux et moins encore ses acolytes, on pouvait lire à l'encre verte cette déclaration :
Un âne, né en 1902. Hors d'usage. Pourrait être tout au plus échevin de l'instruction publique dans le nouveau conseil de Trignolles...
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Nos p'tits villâtches tout afeùwès, nos p'tits clotchis cayis comme des guilles pa les obus, nos dgins atterrès dins leus courtis, du sang tout routche su l'nife toute blanque, c'est terripe mais c'est bia è ça fait in tableau à mette dins les égliches... Pusqu'y falleùt in calvaire pou l'Passion à des martyrs pou sauvè l'monde, quand nos aurons fini d'braire, nos comprindrons qu'nos pa-ys, c'est l'vraie terre du Bon Djeu...

(Nos petits villages tout en feu, nos petits clochers culbutés comme des quilles par les obus, nos gens enterrés dans leurs jardins, du sang tout rouge sur la neige tout blanche, c'est terrible, mais c'est beau et cela fait un tableau à mettre dans les églises... Puisqu'il fallait un calvaire pour la Passion et des martyrs pour sauver le monde, quand nous aurons fini de pleurer, nous comprendrons que notre pays c'est la vraie terre du Bon Dieu.)
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