J'ai honte : je ne connaissais pas Piet Mondrian ! Je sors boulversée de son exposition organisée au musée Marmottan Monet (Paris). Que de lumière ! Que de mystères ! J'ai fait un poème en rentrant, le voilà :
Il peignait des moulins parce qu'il avait faim
Peignait les yeux fermés, sûr de sa destinée
Des églises, des phares, dunes, fermes, fusains
Un chrysanthème aux yeux et à la bouche humains
Un tournesol mourant, un arum bleu marine,
Un regard intérieur, et encor des moulins !
Figuratif, abstrait, tout n'est que son portrait
Avec rimes sans rimes, tout n'est qu'un seul poème
Une toile, ça doit être bon à manger
Être une huile alléchante aux couleurs succulentes !
Mon système limbique activé à l’extrême
Je dévore ses huiles, mon « déjeuner » léger !
Après une marche éreintante dans Paris, je suis entrée au musée sur une impulsion, attirée par la grande affiche de l'exposition. J'ai acheté l'album dédié à cet événement culturel. Histoire de « réviser » les oeuvres jamais regardées assez longuement !
J'ai fait ma visite de l'exposition dans le voisinage étonnant de très jeunes enfants qui semblaient être hautement enthousiasmés et ne prenaient pas les salles de musée pour un gymnase ! Les ateliers de découverte organisés par le musée est une vraie réussite…
L'album s'ouvrant par une petite préface de Patrick de Carolis s'est avéré très enrichissant. Il y a environ 70 pages de texte et le reste représente un catalogue d'oeuvres figuratives de Piet Mondrian (entre 1891 et 1920).
Le livre contient trois essais. Dans le premier, Hans Janssen, conservateur en chef du Kunstmuseum Den Haag, nous parle de l'évolution de Piet Mondrian en passant par luminisme, cubisme, néoplasticisme… Comme la musique classique, la peinture lui semble être tonale ou atonale ! On réalise la distance incommensurable entre la nature morte du Lièvre mort et les compositions abstraites de Piet Mondrian, « inconfortables », comparables à la musique sérielle de Schönberg ou de Stockhausen.
Ensuite, on passe à la partie la plus intime du livre écrite par Weitse Coppes et Leo Jansen : « Sal Slijper et Piet Mondrian : une amitié équilibrée ? » C'est l'histoire d'une amitié remarquable entre le peintre et le mécène Salomon Slijper qui lui a permis de s'épanouir et devenir un grand artiste. Piet Mondrian, fils d'un instituteur protestant qui souscrivait aux idées antisémites, et Sal Slijper, de douze ans son cadet, élevé dans une famille juive respectant les traditions religieuses…
Slijper est resté sans enfants et il a institué un musée : le Kunstmuseum Den Haag, son légataire. Cet essai a vocation à apporter un éclairage sur le rôle d'un amateur dans l'héritage mondial de la peinture du XXe siècle. L'essai est basé sur leur correspondance. C'est bien illustré par des photos, et j'ai beaucoup aimé « Sally Slijper, pensant à Mondrian », aquarelle de Mia Stark, où Slijper est mélancoliquement couché sur son lit !
Le troisième essai, de nouveau par Hans Janssen, parle de la collection Slijper, sa formation, son histoire et son appréciation après 1945. Il tente de cerner le portrait de Slijper et le débarrasser des jugements teintés d'antisémitisme.
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