Rencontres et hasards

Je ne garantis pas la vérité de cette histoire, mais elle m'a été racontée par un professeur de littérature française d'une université anglaise ; c'est, je crois, un homme d'un caractère trop élevé pour me dire quoi que ce soit d'inexact. Il a pour habitude d'attirer l'attention de ses élèves sur trois écrivains qui réunissent les qualités fondamentales de l'âme française. En les lisant, selon lui, on apprend tant de choses sur le peuple français que, s'il était au pouvoir, il ne nommerait jamais ceux de nos dirigeants qui ont à traiter avec les français sans leur avoir fait subir un examen sévère portant sur leurs œuvres.
Il s'agit de Rabelais, pour sa gauloiserie, que l'on peut définir comme ce type de grivoiserie qui se refuse à appeler tout bêtement les choses par leur nom ; La Fontaine, pour son bon sens qui n'est rien d'autre que le bon gros sens commun; et Corneille, pour son panache...
(extrait de "Apparence et réalité")