Etrangement, ce roman
De Maupassant m'étais complètement passé à côté, jusqu'à ce que je tombe dessus dans une boîte à livres! Et pourtant quelle lecture!
Loin d'être sublimé, l'amour ici est une souffrance qui attaque autant le coeur que le corps et l'âme, laissant ce
lui qui en est victime épuisé, pantelant, au bord de l'agonie.
Il était doux, pourtant, ce sentiment que le peintre
Olivier Bertin portait depuis 12 ans à sa maîtresse, la comtesse de Guilleroy, qui le
lui rendait bien. Ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée mondaine, elle avait posé pour
lui, ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre, le comte n'y voyait que du feu.
Leur amour aurait pu durer ainsi jusqu'à la mort, porteur d'affection après les premières années de passion, si la jeune fille de la comtesse n'était revenue vivre à Paris après des années d'absence. Et cette jeune fille, Annette, était le portrait craché de sa mère au même âge, fraîche, vive, belle, au point où Bertin, bien malgré
lui et sous les yeux meurtris de son amante, s'éprend de ce double qui
lui rappelle tant sa passion première...
Tout, dans le récit
De Maupassant, s'imbrique de telle manière que cette passion renouvelée sur le tard est inéluctable. le célibat de plus en plus pesant de Bertin, l'impossibilité de vivre sa relation au grand jour, la ressemblance troublante de la mère et de la fille, le deuil forcé porté par les deux femmes à la mort d'une proche, vieillissant l'une et faisant resplendir celle de la plus jeune, le succès déclinant du peintre... l'auteur nous mène inexorablement, à coups de pinceaux bien placés, vers l'inexorable, non sans avoir ravivé à nous la force de cet amour naissant non partagé comme celle, parallèle, de ce
lui qui meurt sans qu'on ne puisse rien y faire.
C'est fort et sensible, je ne m'attendais pas à une telle profondeur et empathie dans les émotions de la part
De Maupassant qui a su si bien mettre les mots sur ce qu'éprouvent les deux amants vieillissants chacun de leur côté, victimes l'un comme l'autre.