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EAN : 9782246361596
149 pages
Grasset (01/01/1913)
3.19/5   21 notes
Résumé :
"L'Enfant chargé de chaînes est mon premier roman. La Revue Le Mercure de France le publia vers 1912, et il parut en librairie l'année suivante.

Dès 1909, j'en avais écrit les principaux chapitres. Il ne s'agit point ici de demander grâce pour les évidentes faiblesses de ce petit livre, ni pour son ridicule héros, mais simplement d'avertir le lecteur qui peut-être se scandaliserait de ce que mes personnages payent vingt francs, à Montmarte, une boute... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il s'agit du premier roman de Mauriac, écrit entre 1910 et 1912. Une première édition préorginale paraît dans le Mercure de France en juin-juillet 1912. le texte en sera corrigé pour la parution originale en volume chez Grasset en 1913. Mauriac portera un jugement sévère sur ce texte, comme sur tous ses textes jusqu'au Baiser au lépreux, qu'il considérait comme son premier texte abouti. En ce qui concerne L'enfant chargé de chaînes, l'auteur l'a rangé dans ses Oeuvres complètes dans les juvenilia, dont le seul intérêt est d'être des documents sur son adolescence et sa jeunesse d'après lui.

En effet, le personnage principal, Jean-Paul, ressemble par de nombreux aspects au jeune François Mauriac, évolue dans les mêmes lieux, et a des expériences semblables à celles de l'auteur, qui reconnaît s'être servi de son journal intime pour dessiner son portrait « d'un trait maladroit ». Au début du roman, Jean-Paul se trouve à Paris, en train de finir sa licence de lettres. Il rend de temps en temps visite à son oncle et à sa cousine Marthe, amoureuse de lui. Il cherche un sens à sa vie. Il pense l'avoir trouvé à un moment, grâce à un ami d'enfance, Vincent Hiéron. Ce dernier s'est engagé dans un mouvement chrétien social, Amour et Foi, dirigé par Jérôme Servet, et incite Jean-Paul à le rejoindre, ce que ce dernier va faire après avoir entendu Jérôme Servet. Il anime des rencontres, fait la connaissance d'un jeune ouvrier, Geroges Elie. Mais très vite, il n'arrive plus à adhérer sans restriction au mouvement, déçoit l'amitié de Georges Elie, se fait exclure. Il décide de plonger dans les plaisirs éphémères, prend une maîtresse, sans y trouver beaucoup de plaisir. Au final, il va se décider à épouser Marthe et revenir vivre dans sa région natale.

Comme précisé plus haut, le personnage de Jean-Paul ressemble au jeune François Mauriac, qui aussi a étudié les lettres et a adhéré à un mouvement, le Sillon, dirigé par Marc Sangnier, mouvement qui finira par être interdit par le Vatican. le portrait guère tendre de Jérôme Servet, charismatique et manipulateur, pas très flatteur, a été souvent lu comme un portrait de Marc Sangnier. Mais c'est surtout avec Jean-Paul que Mauriac se montre pas tendre : égoïste, superficiel, blessant les gens qui s'attachent à lui, incapable de sacrifier ce qui lui fait plaisir, sans grande volonté, il suit le courant, jusqu'au mariage avec Marthe, vers lequel il se dirige sans grande passion ni réelle conviction, comme la seule issue qui lui reste.

C'est bien évidemment une lecture passable, l'auteur étant à la recherche de tout ce qui fera son art, contenu et forme. La trame romanesque est très lâche, il n'y a pas de véritable action, quelques tableaux, il s'agit plus d'un portrait que d'un véritable récit. Mais ce n'est vraiment pas déplaisant à lire, on sent un réel potentiel dans ces pages de jeunesse, il y a des fulgurances stylistiques par moments, et quelque chose, de l'ordre d'une ambiance, d'un regard, est déjà là, dès ce premier roman. Qui n'est que très secondaire si on se place du point de vue des textes de la maturité, mais pour un premier roman c'est plus que prometteur.
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Acheté 2 euros sur le marché du Cours Lafayette à Toulon, ce vieux livre imprimé en 1929 est le premier roman de François Mauriac, écrit entre 1909 et 1912, publié en 1913 chez Bernard Grasset.

Le livre est illustré par les dessins de Clément Serveau qui restituent admirablement l'ambiance d'une époque.

L'auteur annonce dans sa préface "les évidentes faiblesses de ce petit livre" et le caractère ridicule de son héros. C'est donc un premier roman d'un futur grand écrivain. Et pourtant, déjà, perce sous cette plume la qualité littéraire, la richesse de la phraséologie au travers notamment des descriptions de l'environnement des protagonistes, qu'il s'agisse des toits de Paris, des vieux meubles riches de l'histoire de leurs propriétaires successifs, des pins des Landes où des fougères de leurs sous-bois.

L'histoire est celle d'un jeune mystique auquel on identifiera sans doute l'auteur, mais Mauriac n'exagère pas lorsqu'il le qualifie de ridicule, il l'a voulu ainsi et le dépeint tel quel. Ce garçon balance entre l'ivresse d'une foi exacerbée et une soif, pour lui coupable, des plaisirs du monde. Il ne sait pas que les deux ne sont pas inconciliables, il ne veut que recevoir, ne sachant pas donner.

Il a la chance d'être aimé et, finalement, c'est peut-être cette amoureuse maladroite mais persévérante qui est la véritable héroïne de ce roman, elle à qui Mauriac donne le dernier mot de son "minutieux amour".
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Je continue à piocher dans ma bibliothèque de classiques, non ouverts depuis plusieurs dizaines d'années. le confinement a aussi ses vertus.
Dans l'édition reliée cuir diffusée par le Cercle du Bibliophile en 26 volumes, j'ai pioché le tome 8 au hasard. Et, contre toute attente, il s'agit du premier roman publié en 1913 par François Mauriac, quelques pages écrites entre 1909 et 1912. Elles ne rencontrèrent pas le succès auprès du public, même si elles furent alors louées par quelques rares critiques, prévoyant là les premières armes d'un brillant écrivain.
C'est un roman manifestement autobiographique, où le héros, Jean-Paul, ne se présente pourtant pas sous le meilleur jour. Intellectuel mystique à la foi ardente mais tourmenté, il aspire à diffuser la bonne parole aux plus démunis, en particulier à la classe ouvrière. Hésitant entre une vocation à l'anéantissement dans la prière, il ne se résout cependant pas à renoncer à son aisance matérielle. Il est issu d'une famille de propriétaires de pins, il a perdu sa mère très jeune et bénéficie de la fortune qu'elle lui a laissé, se rend dans les Landes pour les vacances universitaires où il s'énivre de la quiétude de ces forêts et des plaisirs champêtres d'une grande propriété. A Paris, il sillonne le quartier latin en compagnie de ses condisciples, entre jardin du Luxembourg, rue Garancière et rue de Bellechasse où il loge dans une petite chambre bourrée de livres, compose des vers, tente de rejoindre un cercle de réflexion catholique ouvert au « peuple », mais le leader charismatique de cette confrérie le perce à jour et le chasse – clairvoyance ou crainte d'être dépassé ?
L'écriture est puissamment travaillée, parfois savante, les références poétiques nombreuses. La tristesse du récit gagne le lecteur. Des situations parfaitement situées en ce début du XXème siècle et pourtant, parfois, très actuelles. Dans cet océan de questionnements philosophiques et religieux, une présence discrète, un amour inconditionnel : celui de sa cousine Marthe. Finalement, Jean-Paul s'abandonnera à cette facilité, rentrera dans le moule que lui ont préparé son père et son cousin …
Franchement, ce jeune homme égoïste n'est pas très sympathique. L'auteur s'en excusera plus tard : "J'ai eu vingt ans à l'époque des cochers de fiacre, des tziganes, de l'hérésie moderniste, du double-boston, de la peinture d'Eugène Carrière, du Sillon, et de la Valse Chaloupée."
Pour un lecteur du XXIème siècle, la première oeuvre d'un futur prix Nobel vaut tout de même la lecture.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Il m'arrive rarement d'être déçue par un Mauriac, mais là, c'est bien le cas... Je n'ai à aucun moment réussi à avoir de compassion pour l'un ou l'autre des personnages... Tant pis !
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Jean-Paul prit conscience brusquement du pauvre coeur dévasté qu'il portait en lui, ce soir. Mais n'est-ce pas à ces heures-là que le passé chante indéfiniment comme les flots d'une mer calme ? Le coeur vaincu et qui ne voit plus à son horizon aucune lumière revient vers les plages délaissées, où, un à un, comme des étoiles au crépuscule, les souvenirs se lèvent et luisent.
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"Ô mon enfance, se disait Jean-Paul, c'est vers vous toujours que je reviens - c'est vous que je veux retrouver dans la maison de campagne trop grande. Il y avait des chambres qu'on ouvrait jamais et, sur les cheminées, des coquillages rapportés de voyage par des personnes mortes. Je me souviens que Marthe les appuyait contre mon oreille et me disait : "Entends le bruit de la mer..." "
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 Jean-Paul prit conscience brusquement du pauvre cœur dévasté qu'il portait en lui ce soir. Mais n'est-ce pas à ces heures-là que le passé chante indéfiniment comme les flots d'une mer calme ? Le cœur vaincu et qui ne voit plus à son horizon aucune lumière revient vers les plages délaissées, où, un à un, comme des étoiles au crépuscule, les souvenirs se lèvent et luisent. 
(page 42 - édition de la Pléiade)
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Il revit l'obscure maison de campagne, aux murs énormes, si fraîche dans les lourds étés, il évoqua le fruitier, sa bonne odeur de placard et de coing où il goûtait avec Marthe à quatre heures et essuyait à son tablier des doigts gluants de confiture, le grand salon, dont une poutre transversale soutenait le plafond, la Cérès de la pendule, les petits "poufs" second empire, recouverts de soie noire et piqués de boutons jaunes, l'album à photographies, où des messieurs et des dames souriaient qu'on ne connaissait plus -- les hautes lampes à huile... Et il évoqua aussi le parc, l'allée herbeuse où, enfants, ils s'arrêtaient "pour écouter le silence", disait Marthe... Alors le vent faisait un bruit monotone et doux dans les pins ondulants.
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Au long d'une jeunesse isolée, calme, où il ne se passe rien, le jeune homme s'est habitué à se regarder lui-même vivre.
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