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EAN : 9782760932456
Leméac (Editeur) (01/01/2002)
3.1/5   5 notes
Résumé :
L'avenir du Québec sera turbulent ou ne sera pas et je vais leur montrer, moi, ce que c'est que la fierté. C'est pas la Délégation du Québec à Paris qui va sauver le Québec, bande de caves. Ce sont ceux qui fabriqueront des manifestes pétaradants, des livres-bombes, des films qui feront voler en éclats toute cette belle fierté-là, tout cet establishment pourri du bon goût. Celui qui sauvera le Québec, c'est un artificier, un faiseur de terreur. C'est peut-être pas u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Elle se voit comme la Antigone de Sophocle, pourtant autour d'elle, ses connaissances la voient comme la Antigone de Robert Laflamme, ce piètre écrivain québécois qui fait chavirer le coeur et l'esprit de milliers de lecteurs québécois. Elle n'en peut plus, elle, Sapho-Didon Apostasias. On lui parle toujours de Laflamme, de son Antigone, son flagrant portrait, de tous ces avatars de Réjean Ducharme, de tous ces pseudos-écrivains du Québec. Elle n'en peut plus du Québec ? Mais ça va aller. Ou pas. Parce qu'elle veut en finir. A la place de « ça va aller », ça pourrait s'appeler j'ai la haine, j'ai la rage, je veux mourir… Je pourrais rajouter plein de sous-titres mais je retiens surtout cette notion de rage et de désespoir, cette incessante envie d'en finir quand on n'est plus à sa place, quand on ne trouve plus sa place dans cette société-là. Et de ça, je le comprends parfaitement. La haine. Je la comprends parfaitement. le dégoût. Même dans les flaques de sloche.

Sinon à part ça, comment ça va ? le roman commence donc par cette dédicace : « Aux parturientes ». Tout à fait pour moi ! Et pourtant… Il faut certes un peu se caler en littérature québécoise pour comprendre toute la rage de l'auteure, l'ampleur de son désespoir. Il faut connaître aussi Sophocle et ses différentes versions. Mais peu importe, je glisse sur les pages, comme mes pas sur la neige fondue. Ça fait sloach sloach dans la sloche. Et avec elle, je partage cette envie de… peu importe… Et la maternité dans tout ça, une rage de plus, d'enfanter dans un monde qui ne jure que par ce Laflamme, un écrivain pathétique qui, une pelle à la main, pellette seul devant sa petite maison bourgeoise l'entrée principale. Comment ce truc peut sortir de son ventre, dans ce Québec-là ? Ça va aller ? Non pas du tout, mais on s'en fout, on avance, on accouche, on lit et on se couche. On se boit une bière, en lisant un roman québécois, Mavrikakis ou Ducharme, peu importe.

Et si je me balade, dans les jardins du collège Villa Maria, c'est pour observer cette neige, une neige blanche, qui vire au rouge sang, une neige noire qui se dilue au plus profond de mon être. Pensif, je réfléchis : est-ce que la prochaine étape sera de lire Hubert Aquin ou d'imiter Hubert Aquin ? Peut-être y trouverais-je des idées pour franchir le pas, sloach sloach dans la sloche. Un passant anonyme, maudit québécois, me demandera peut-être si ça va aller. T'inquiète-lui dirais-je j'ai encore des romans de Catherine Mavrikakis à lire, j'ai encore d'autres romans québécois à lire. La littérature c'est être Aquin ou rien.
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d'une rare violence critique ! comme une introduction bienvenue à la littérature québécoise.
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Un pavé dans la mare de la littérature québécoise. Il faut sans aucun doute être féru de littérature québécoise (ce qui n'est pas mon cas) pour en saisir tout le sel, mais cette sainte colère, jamais insultante quoique très violente, donne incontestablement envie de lire Catherine Mavrikakis.
Lien : http://www.lesmotsjustes.org
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai décidé d'aller voir Lazare. Lazare est ma seule amie. Petite, noire, sombre, très maquillée, Lazare, il va sans dire, porte malheur. Et elle le porte bien, tout à fait dignement. Sans trop de flafla, humblement. Lazare est un oiseau de malheur. De cela, il ne faut pas douter. Et elle croasse. Croa, croa, croa. Elle vous croasse votre plus sombre avenir dès que vous tentez de lui arracher un mot. Lazare sait votre malheur, elle le voit inscrit dans vos yeux. Elle lit à la surface de votre peau les inscriptions de votre plus terrible destin et votre mort certaine. Votre mort la plus inévitable, Lazare n'hésite pas à vous la dire. J'aime cette fille intensément. J'aime ce petit oiseau de malheur que j'ai connu au collège et qui a prédit la mort de maintes de nos camarades de classe. J'aime cette fille qui, lorsqu'elle a reçu une raclée d'une certaine Camille, qui nous emmerdait prodigieusement dans la cour de récréation, lui a envoyé : « Toi, tu ne vas pas encore nous ennuyer longtemps, avec ce qui va arriver à ton corps bientôt. » Camille mourut deux mois plus tard, dans un accident tragique où elle fut broyée par une machine. Lazare, la veille de l'accident, m'avait prévenue. « Tu penses que je devrais lui dire à cette idiote que sa mort est pour demain, tu penses qu'elle deviendrait intelligente l'espace d'une journée ? » J'avais demandé à Lazare, avant de répondre à cette étrange question, si le fait de prévenir l'intéressée pouvait sauver celle-ci de la mort. Lazare m'avait regardée, incrédule : « Mais, tu rigoles ou quoi. Tu crois que je lance des sorts ? Tu crois que je joue aux dés avec la vie des gens ? Ben, ma pauvre idiote, tu te trompes. Je suis pas sorcière. Je vois le destin des autres. Un point, c'est tout. Je suis en décalage, j'ai quelques heures, quelques jours, quelques années d'avance sur nous tous. C'est deux fois rien. Je suis comme dans un autre temps. Alors, que j'aille lui dire ou non à cette pauvre fille, cela ne changera rien au destin. On ne peut rien contre le destin. Je pensais seulement à son âme, à la rédemption, à Dieu, tu connais ?
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Harold C. McQueen a une maitresse. Il n'y a que les pères de famille coupables pour afficher les dessins minables de leur affreuse progéniture, s’il n'y a pas de photo de sa femme dans le bureau c'est que sa maîtresse est une étudiante. Autrement ce genre d'hommes, cela a une photo de la femme dans le bureau. Cela légitime la job. Cela donne de l'importance. C'est comme dire : « Voici mon bureau, le dessin dégueulasse de ma fille et cette photo de ma femme que j'ai prise lors d'un séjour en Espagne. Ma femme est charmante, non ? Je la trompe, mais notre relation est respectable et bien sûr, elle ne le sait pas. Elle a l'air heureuse, naïve et conne, non ? » La maîtresse n'a pas été recrutée parmi les secrétaires. Elles sont trop prolos pour lui. Je les ai vues tout à l'heure. Il faut à Harold une étudiante bon chic, bon genre, moins bien que sa femme, mais plus jeune.
La maîtresse-étudiante garde d'ailleurs la fille ou le fils du couple, et le mari va reconduire l'étudiante chez elle, après les sorties des époux McQueen-trait-d'union-quelque-chose... Les hommes, cela reconduit les baby-sitters, en général. C'est comme cela que Dieu les a créés. Et les femmes, cela reste à la maison, cela retourne vite embrasser les sales mômes qui ont fait des dessins dégueulasses avec la baby-sitter, étudiante et maîtresse du père.
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J'ai toujours rêvé d'un suicide digne de René Lallemant, d'un suicide comme seul Aquin pouvait en être l'auteur, aux ides de mars, dans les jardins d'une école. J'ai toujours rêvé d'un suicide splendide et inutile, d'un suicide qui n'aurait l'air de rien, d'un suicide travesti en accident ou encore d'un suicide qui ne perpétuerait que le vide. J'ai toujours rêvé d'une balle dans la tête, de ma cervelle répandue sur un parterre de fleurs, ou encore d'un volant en plein sternum du côté de Beauharnois, d'une voiture qui se noie et du temps qui s'efface au fil des courants glacés. J'ai toujours rêvé d'être Hubert Aquin, et quand j'étais enfant, je disais souvent à ma mère qui n'avait jamais lu un livre, ou encore à Olga-Mélie qui dévorait alors Carson McCullers, en me disant que la littérature québécoise n'apporterait rien de bon aux femmes, que je serais Aquin ou rien.
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Montréal en mars est parfois comme une caresse. Je pose avec délectation mes pieds dans les grandes flaques de sloche, je me laisse soulever par la douceur de l'air plus doux et j’éclabousse mon grand manteau noir en gloussant de plaisir. C'est le dégel qui, cette année, nous vient en avance, comme un messie. Que m'annonce cette fonte du monde qui m'entoure ? Que s'écoule-t-il dans ce ruissellement des eaux ? Qu'advient-il de moi au printemps ? Qu'arrive-t-il aux filles qui n'ont plus rien à perdre ? Aux filles perdues dans les rues de Montréal où il est impossible de ne pas trouver son chemin ? Que deviennent les Didon québécoises ou les Antigone des cieux floconneux ?
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Montréal en mars est parfois comme une caresse. Je pose avec délectation mes pieds dans les grandes flaques de sloche, je me laisse soulever par la douceur de l'air plus doux et j'éclabousse mon grand manteau noir en gloussant de plaisir.
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