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sur 812 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le 7 août 1974, le funambule Philippe Petit tend un câble entre les deux tours du World Trade Center et traverse le vide à quatre cents mètres du sol. Un cliché immortalise sa petite silhouette noire posée sur le ciel entre les deux buildings, alors qu'au même instant, un avion surgi dans le champ photographique semble par illusion d'optique annoncer une collision prochaine. Autour de cette image réelle, si clairement métaphorique d'une ville de New York avançant, au bord du gouffre, vers son fatal destin, Colum McCann tisse ses propres fils pour dessiner l'Amérique des années soixante-dix…


Brièvement interrompues, comme en un arrêt sur image, par cette performance incroyablement audacieuse qui fait lever le nez et suspend le souffle des New-Yorkais, les vies au coeur de la fourmilière reprennent bien vite leur cours ordinaire. Toutes sont en quelque sorte aussi des exercices d'équilibristes, chacun cherchant sa voie à tâtons, meurtri, déboussolé, si ce n'est broyé par la machine infernale d'un monde emballé dans son irrépressible course folle. Dans l'enfer du Bronx, un prêtre irlandais, Corrigan, tente désespérément de soulager le sort de marginaux et de venir en aide à deux prostituées, Tillie et sa fille Jazzlyn, destinées à la prison. A l'opposé, dans les beaux quartiers de Park Avenue, pendant que son épouse cherche vainement un exutoire à sa douleur en rencontrant d'autres mères de soldats morts au Vietnam, le juge Soderberg constate, accablé, son impuissance face à l'incoercible marée de la délinquance, du crime et de la corruption.


Colum McCann aime s'emparer d'une image forte et réelle pour déployer ses fresques aux personnages inoubliables, à la croisée de la chronique sociale, du roman historique et de la mise en scène de nos désarrois face à notre absence de prise sur la trajectoire insensée du monde et de nos existences. Après Les saisons de la nuit, il nous plonge à nouveau dans les entrailles grouillantes de la ville de New York, au plus près de ses laissés-pour-compte, entremêlant réel et fiction pour un autre portrait coup-de-poing de l'Amérique. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une fois entré dans son histoire et saisi par le rythme vibrant de son écriture, aiguisée par sa sobriété, l'on s'y sent au plus profond d'une réalité plus vraie que nature.


L'auteur nous sert encore une fois un roman magistral : d'un fait divers réel et de son expérience au contact des déshérités de l'Amérique, il tire une épopée impressionnante qui en dit long sur les réalités du Nouveau-Monde, mais aussi, sur notre quête de sens dans une société, qui, obsédée par ses priorités matérielles, en néglige les gouffres ouverts au fond de nous par son absurde inhumanité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'auteur de « Danseur ou « Zoli » signe une nouvelle fois un magnifique roman sur les marginaux de cette Amérique (on est en début des années soixante dix) plus enclin à combattre le communisme qu'à s'occuper de ces compatriotes en souffrance. Tandis qu'un funambule français parcourt le lien suspendu entre les deux Twin Towers, en bas plusieurs personnages tentent de sortir d'un quotidien glauque et difficile. Qu'il se positionne en équilibriste ou en contraire dans les pas de ces personnages, McCann excelle pour donner chair et profondeur à ces hommes et ces femmes dont les vies sont sacrément chahutées. Car derrière les apparences, c'est souvent pour leur survie et leur dignité que se battent ces héros ordinaires. Avec un talent narratif remarquable, McCann réussit une nouvelle fois à nous chambouler, avec un texte dur et poignant, qui reste longtemps dans nos esprits. Encore un grand bouquin de McCann, c'est une habitude.
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Arrêt sur image à New York : le 7 aout 1974, quelque part au sud de Manhattan, Philippe Petit, un funambule qui multiplie les exploits, a tendu un câble d'acier entre les deux tours jumelles tout juste sorties de terre et, à l'heure où chacun se rend à son travail, il danse de l'une à l'autre sur son fil, saute à cloche-pied, équilibré par son balancier, suspendu dans le vide…
Et à cet instant où le temps se fige, l'auteur plonge son lecteur dans le New York des années 70, alors que la guerre du Viêt-Nam touche à sa fin, que Nixon démissionne, que les hippies commencent à s'assagir et que les drogues jettent à la rue des centaines de laissés-pour-compte.
A partir de cet exploit insolite et fabuleux, il nous raconte plusieurs histoires, des destins poignants qui se croisent au cours de cette même journée.
Celle de Corrigan, prêtre irlandais émouvant de force et de fragilité, qui a choisi d'essayer de soulager la misère des prostituées du Bronx, celle De Claire qui pleure son fils disparu au Vietnam et rencontre d'autres mères pour parler de leurs enfants, un couple d'artistes qui essaie de décrocher de l'alcool et de la drogue, Jazzlyn et sa mère Tillie, toutes deux prostituées… pour n'en citer que quelques uns, des êtres qui souffrent et qui luttent au quotidien, des personnages sombres et magnifiques que tout sépare.
Et à l'instar du fil qui est tendu là-haut entre les deux tours, des fils d'humanité se tendent entre ces personnages blessés qui essaient de s'accrocher à la vie.
J'ai aimé l'écriture simple et précise, sans fioritures, j'ai beaucoup aimé cette histoire pleine d'humanité, sombre mais pas exempte d'espoir.
Un roman puzzle magistral et envoutant, à mon avis un des meilleurs livres sortis en 2009.
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J'ai lu et beaucoup aimé Danseur et Les saisons de la nuit.
Celui-ci peut-être un peu moins, en partie parce que j'ai l'ai trouvé un peu confus pour le lecteur.
On s'y perd dans les personnages, on ne sait jamais de qui ça parle quand commence un nouveau chapitre.
Il n'en demeure pas moins que Colum MC Cann est un grand écrivain, talentueux et empathique.
Il n'a pas son pareil pour mettre en lumière des gens humbles, en marge, à la vie dure.
Ici les prostituées en particulier.
Il y a aussi un groupe de femmes ayant perdu un enfant.
Et puis des vieux, des laissés pour compte du Bronx, un prêtre irlandais exilé......
et un funambule qui marche entre les derniers étages des Twin Towers, le lien entre toutes ces personnes au parcours chaotique.
L'écriture est belle et pleine de justesse pour mettre en scène une population qui a bien du mal à sortir de sa condition et à se relever.
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Ce livre de 2009 a permis à Column McCann d'accéder à la notoriété
L' histoire se passe à New York à deux niveaux
En haut, à 400métres au dessus du sol , en 1974, un funambule fantasque tend son fil entre les fameuses tours du Word Trade Center et entame ,avec son balancier, une périlleuse traversée sous le regard suspicieux de la police mais aussi de tous les New Yorkais qui lèvent tous la tête et se demandent quel est ce minuscule objet tout la haut .L'histoire est véridique
En bas , au ras du sol , au ras de la misère, essaient de survivre tous les paumés , les délaissés, les drogués de la ville mais aussi quelques âmes charitables et bonnes qui n'ont pas renoncé à aider ceux que la société a délaissé
J'ai trouvé cette idée de départ magnifique
Celui qui , au dessus du vide , joue sa vie de façon que beaucoup considérerait comme stupide ou inutile
Ceux d'en bas , multitudes de destins sans gloire , au sens où l'entend la bonne société américaine
Il y a beaucoup de personnages souvent attachants, dans ces bas fonds . On s'y perd un peu quelquefois mais Column McCann a le don de nous les montrer , à nous qui passons avec indifférence devant la misère du monde.
L' écriture n'est pas compliquée. On parle de gens simples avec des mots simples mais riches de sens
Même s'il est difficile de s'attacher à tous personnages, cela reste un beau livre , au succès amplement mérité

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Une lecture un peu particulière, toutes ces histoires éparpillées puis reliées par ce funambule sur son fil c'est assez original mais toujours facile de faire le lien entre tous les personnages. Malgré tout, on s'y retrouve car il y a un toujours un petit bout de phrase qui fait mention de l'événement : ce funambule sur son fil entre les deux tours à ce jour disparues. C'était le 07 août 1974 ! Alors déçue également car l'auteur ne dit presque rien de cet événement, je m'attendais à avoir plus de détails, le pourquoi du comment etc... mais c'est vraiment succincte.
J'ai bien aimé le groupe de femmes qui ont perdu leurs fils à la guerre du Vietnam, elles sont touchantes notamment Claire et Gloria. Et j'ai bien aimé aussi les deux frères irlandais.
C'est un grand puzzle dont il faut une patience pour rassembler les puzzles, représentant tout un New-York des années 70, on s'attarde sur un quartier, puis sur un autre groupe de personnes, puis une autre histoire ici et là oh regardez cet homme dans le ciel qui danse sur son fil !
Toute une réflexion au final quand on ferme le livre et qu'on revient en arrière.
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Un funambule en équilibre sur un câble tendu entre les deux tours du World Trade Center donne le ton à une dizaine de récits se déroulant à New York City en 1974. L'année de la démission du président Richard Nixon, d'une possible issue à la guerre du Vietnam, mais aussi de la violence larvée dans les rues peuplées de prostituées, de macs, de dealers et de toxicomanes. Certains quartiers de la Grosse Pomme ne sont plus sûrs et tous les personnages du roman en sont conscients ou bien le perçoivent selon la position qu'ils occupent dans la société. C'est dans l'air du temps, on sent que le rêve américain s'effrange sur les bords.
Colum McCann brosse un portrait réaliste des Etats-Unis de l'époque post hippie, sortie brutale des années du Flower Power, secouée de manifestations anti-guerre et de lassitude envers le pouvoir politique.
Ce n'est pas la première fois que je plonge dans l'oeuvre de McCann et ce ne sera certes pas la dernière. Un grand écrivain irlandais qui a compris parfaitement l'esprit américain et nous le restitue dans ce roman choral narré en finesse et criant de vérité.
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Ce que je recherche dans une lecture, ce n'est pas le côté bling-bling des personnages (sauf s'il est intéressant), mais plutôt des tranches de vie de Ceux-D'En-Bas, de Ceux-Dont-On-Ne-Doit-Pas-S'Occuper…

Parce que bien souvent, nos pays "civilisés" s'occupent plus de choses futiles ou d'aller balayer le paillasson du voisin, que des problèmes importants dont souffrent ses concitoyens.

Ce roman fait la part belle à des tranches de vie des gens d'en bas : prostituées, mères ayant perdu un (des) fils au Vietnam, pseudos artistes victimes de la poudreuse (la drogue, pas la neige), prêtre irlandais faisant ce qu'il peut pour aider son prochain,…

On pourrait croire que les différentes parties qui composent ce livre sont en fait des nouvelles, mais non.

Si au départ, tout le monde a l'air de naviguer dans ses propres eaux, on remarque, au fil de sa navigation, que tout le monde est en train de se rejoindre sur le grand fleuve de la Vie et que tout ce petit monde va interagir ensemble, avec, en toile de fond, en fil d'Ariane, ce funambule qui, en 1974, tendis un câble entre les Twin Towers et y dansa durant plus d'une heure.

J'ai adoré les passages avec le prêtre irlandais, Corrigan, rejoint à New-York par son frère Ciaran, et son implication en tant qu'Homme de Dieu pour aider les plus faibles, dont les prostituées du quartier. La plume de l'auteur m'a emporté dans les quartiers miséreux, dans les ghetto et j'ai eu du mal à redescendre sur Terre. Magnifique !

Je me suis régalée des passages avec l'entrainement du funambule, j'ai dévoré ceux avec Tizzie, la prostituée embarquée durant une descente de police et qui, du fond de sa prison, nous contera sa vie bien remplie, ses rêves, ses envies et tout ce qui a foiré à un moment donné.

J'ai été estomaquée de lire le compte-rendu de l'accident par celle qui en était responsable indirectement, j'ai dévoré sa vie d'artiste consumée par la Blanche et les fêtes à l'excès, j'ai aimé suivre son cheminement vers la rédemption. Tout comme j'ai avalé l'histoire de Gloria, jeune fille Noire durant les années 30 et cette ségrégation qui me donne toujours froid dans le dos.

En fait, là où je me suis le plus ennuyée, c'est dans la partie avec les femmes ayant perdu un enfant au Vietnam… Bizarrement, alors que le sujet aurait dû me plaire, j'ai perdu le fil de l'histoire, le plume de l'auteur ne m'a pas emporté durant ce chapitre là et j'ai complètement passé au travers au point de le sauter en entier.

Malgré ce chapitre loupé par moi, tout le reste m'a enchanté, subjugué, emporté, et une fois que je me replongeais dans les pages, je n'étais plus là pour personne tant ces vies étaient intéressantes à découvrir.

Je ne mettrai sans doute jamais les pieds aux États-Unis, mais je pourrai dire que grâce à la lecture, j'ai voyagé dans tout le pays et rencontré bien de ses habitants, et pas uniquement les gens d'En-Haut, mais plus souvent ceux d'En-Bas, ceux qui sont les plus intéressants à lire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le roman s'ouvre sur un arrêt sur image : Manhattan, le 7 aout 1974. Un funambule a tendu un câble d'acier entre les Twin Towers tout juste sorties de terre, et au-dessus du cent-dixième étage il danse sur son fil, saute à cloche-pied, suspendu dans le vide…

À partir de cet exploit insolite et fabuleux, à cet instant où les regards des badauds convergent vers ce point minuscule et où temps se fige, l'auteur plonge son lecteur dans le New York des années 70 et nous raconte l'histoire de plusieurs âmes esseulées qui se croisent au cours de cette journée.

La guerre du Viêt-Nam touche à sa fin, mais des mères pleurent leurs fils qui ne rentreront pas. Dans la rue, des prostituées et autres marginaux subsistent comme ils le peuvent.

Avancer un pas après l'autre, tomber, se redresser, chacun dans le silence de sa solitude, au milieu des bruits de la ville et de la vie.
Mais à l'instar du fil tendu dans le ciel, des fils d'humanité se tendent entre ces êtres cabossés qui tentent de s'accrocher.

Une histoire âpre et bouleversante. Un roman puzzle magistral et envoûtant, qui nous fait pénétrer au coeur la vie de ces personnages, en apparence si différents, et pourtant marchant sur le même fil, s'efforçant de ne pas trébucher ni se laisser emporter par la folle cruauté du monde.
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Livre où se croisent différents destins et où le lecteur découvre à la fois la misère du Bronx, le sort des mères recluses dans leur chagrin suite à la disparition de leur fils pendant la guerre du Vietnam, le destin réservé aux émigrés...tout cela autour d'un fait divers : un funambule ayant décider de marcher sur un fil à travers les deux plus hautes tours de New-York. On y rencontre des personnages attachants, notamment un pasteur irlandais (récemment disparu) qui vit dans le Bronx et qui s'est fait le protecteur des prostiruées de son quartier. Livre absolument passionnant que je conseille fortement à tous et à toutes.
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