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sur 812 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Être funambule, ce n'est pas un métier, c'est une manière de vivre. Une traversée sur un fil est une métaphore de la vie : il y a un début, une fin, une progression et si l'on fait un pas de côté, on meurt. le funambule relie les choses vouées à être éloignées, c'est sa dimension mystique."
(Philippe Petit cité par Marie-Noëlle Tranchant dans son article du Figaro "Le funambule entre deux tours" daté du 6 octobre 2008)
L'écrivain lui-aussi "relie les choses vouées à être éloignées" et surtout les êtres cabossés par la vie qui habitent le monde et plus particulièrement New-York que ces êtres soient pour la plupart des habitants du Bronx, prostituées, maquereaux mais aussi franciscain irlandais ou bourgeoise de Manhattan....
Le funambule Philippe Petit, s'inscrit en filigrane au cours de ce roman où l'on rencontre des êtres inoubliables, lumineux malgré une vie rude et sombre. Il fait que la course du temps soit suspendue, qu'un silence se crée quand les regards se lèvent pour le contempler, petit bonhomme fragile, et suivre, en craignant sa chute, sa progression sur le fil. Il permet à ceux qui sont là d'échapper à la pesanteur du temps, au poids de leur vie. C'est un intervalle, une brèche qui s'ouvre et en même temps un lien qui nait entre les personnes qui auront assister à cet événement ou en entendront parler.
Le fil que parcourt le funambule reliant les deux tours de Manhattan sera rattrapé par la course folle du temps par la lecture, qui peut paraître prémonitoire, d'une photo où la silhouette d'un avion s'invite dans cette traversée :
« Un homme là-haut dans les airs, tandis que l'avion s'engouffre, semble-t-il, dans un angle de la tour. Un petit bout de passé au croisement d'un plus grand. Comme si le funambule, en quelque sorte, avait anticipé l'avenir. L'intrusion du temps et de l'histoire. La collision des histoires. Nous attendons une explosion qui ne se produit pas. L'avion disparaît, l'homme arrive à l'extrémité. Rien ne s'écroule. 
C'est pour elle un instant qui fait date, un individu seul qui finalement triomphe, comme un héros mythique, de bien plus grand que lui. La photo est devenue un de ses objets fétiches – il manquerait sans elle une chose à sa valise, comme une sangle ou une serrure. Elle l'emporte toujours en voyage avec quelques autres souvenirs : une parure de perles, une mèche de cheveux de sa soeur.»
Et c'est ainsi que de petites choses, une photo, relient par delà l'espace et le temps tous les protagonistes de ce beau roman que le temps a emporté dans sa course folle.


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Un câble d'acier tendu entre la tour nord et sud des twin-towers, le funambule se lance vers son destin. En bas les New-yorkais les yeux levés regarde l'homme sur son fil faire la nique à l'Amérique.
" Et que le vaste monde poursuive sa course folle ".
Au même moment dans le Bronx une descente de police embarque des prostituées, Tizzie et Jazzlyn , une mère et sa fille font partis du lot, sous les yeux impuissant de Corrie un prêtre irlandais et son frère Ciaran.
" Et que le vaste monde poursuive sa course folle ".
Pendant ce temps, Claire reçoit dans son appartement cossu de park avenue des femmes qui comme elle ont perdu un garçon dans l'enfer du Viêt-Nam, parmi ces femmes il y a Gloria .
" Et que le vaste monde poursuive sa course folle "
Lara quand à elle n'est plus la même depuis l'accident sur la "FDR", elle ne conduisait pas c'est vrai, mais ces deux corps restent gravés dans sa mémoire. Cette artiste peintre va quitter le monde de strass et de paillettes pour prendre un nouveau départ.
" Et que le vaste monde poursuive sa course folle"
Quel roman ! et surtout quel talent ce monsieur Colum Mc Cann.
J'ai découvert cet écrivain dans les " carnets de route " de François Busnel, que d'émotion dans ce livre, autant que dans le sublime roman de Steinbeck " les raisins de la colère" mon livre de chevet.
" Et que le vaste monde poursuive sa course folle" est une plongée dans un univers de misère. l'auteur m'a touché par sa sensibilité, son style, sa façon d'écrire et de décrire une population je ne dirais pas de marginaux, c'est un mot que je déteste, ces gens qui sont sur le bord de la route attendant qu'une voiture s'arrête, une lumière au bout du tunnel.
J'espère que ces quelques lignes vous donneront envie de découvrir cet incroyable écrivain "et que le vaste monde poursuive sa course folle"
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"Mais sans doute rien ne commence, rien ne finit, tout se poursuit." Et que le vaste monde poursuit sa course folle.

L'Amérique des années 70; les garçons qui ne reviendront pas du Vietnam, les mères qui pleurent, les prostituées qui rêvent d'une autre vie pour leurs filles, un prêtre ouvrier qui cherche Dieu dans ce tourbillon de misère.
Croisements de vies qui tentent de rester en équilibre. Tomber, se redresser, avancer pas à pas, chacun dans le silence de sa solitude, se mêlant aux bruits de la vie qui grince, qui chante aussi parfois.

Et là-haut, le funambule, dansant sur un fil entre les Twin Towers, oubliant le sol, ne faisant plus qu'un avec le vent. La Terre serait si belle on savait la regarder, sans les gens. Un jour, à cet endroit, le monde sera encore plus fou.

Un très bon roman qui nous fait pénétrer au cœur la vie de ces personnages, en apparence si différents, et pourtant, marchant sur le même fil, en tâchant de ne pas trébucher, de ne pas se laisser emporter par la course de ce monde en folie.
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Magnifique roman !
Colum McCann raconte les gens, leur façon de gérer les petits maux du quotidien, les aléas de leur existence, des plus anodins aux plus terribles accidents de la vie. Un fil les relie qui s'appelle hasard, destinée ou fatalité.
McCann débute son roman par une image forte, celle d'un funambule qui cherche son équilibre sur un fil tendu entre deux immeubles du World Trade Centre, progressant avec toute la concentration nécessaire et l'appréhension légitime vers un point lointain et informe, pour nous rappeler que nous sommes suspendus à nos vies et qu'à tout moment tout peut basculer.
Il donne ainsi un avant-goût de ce que va être l'histoire qu'il va nous narrer : les destinées de ces deux frères irlandais, émigrés à New-York, qui se débattent au milieu d'une société de marginaux, d'anges déchus, de pommés... mais aussi celles de ces hommes et femmes que la vie a fracturés et qui gravitent autour d'eux comme des satellites.
McCann tisse sa toile reliant ces inconnus aux antipodes les uns des autres.
« Et que le vaste monde poursuive sa course folle » fait partie des grands romans qui savent nous atteindre, exacerber nos sentiments les plus profond, bouleverser toutes nos certitudes. le titre est explicite, quoiqu'il advienne, la Terre continuera de tourner et le soleil de se lever et de se coucher.
C'est une histoire que John Steinbeck aurait pu écrire pour tout l'humanisme qui transpire à chaque page, de ces inconnus. le talent de McCann confirme qu'il fait partie de cette constellation d'écrivains comme Joyce Caroll Oates, John Irving et d'autres, qui savent nous enchanter grâce à leurs oeuvres, nous rendre une certaine humanité poignante.
Ce roman a été récompensé par le National Book Award en 2009, récompense amplement méritée.
Un roman que je recommande vivement de découvrir si ce n'est déjà fait !
Traduction de Jean-Luc Piningre.
Editions Belfond, 10/18, 473 pages.
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Ce que j'ai ressenti:

Et comme une funambule, partir pour New-York….

C'est presque avec une certaine appréhension qu'on débute ce roman, parce qu'on sait qu'elle est là. La douleur, le souvenir du drame…New-York, le World Trade Center…Et comme un funambule, on se lance en coupant notre respiration, pour partir à la conquête de nos réminiscences et de l'imaginaire de Colum McCann. Une corde tendue entre les Deux Tours, un homme qui défit la vie et la mort, et en bas, les spectateurs de ce spectacle totalement fou. Sentir un New-York bruyant, grouillant, effervescent qui gravite autour de ce lieu et, plonger dans leurs quotidiens, souvent chaotiques. Voir d'en haut les destins de ces gens ordinaires, goûter un peu de leurs vies souvent brisées dans une de ses chutes vertigineuses que nous réserve le destin. Contempler d'en-bas ce qui se cache derrière leurs façades et les sourires empruntés…

Colum McCann n'a pas son pareil pour nous faire revivre, dans un New-York des années 70, les éclats d'existences.

« On avait maintenant deux immenses buildings qui trouaient les nuages. le verre reflétait le ciel, la nuit, les couleurs, le progrès, la beauté, le capitalisme. »

…Danser sur le fil des mots…

Colum McCann m'a éblouie. Avant même la page 35, j'ai eu un coup de foudre pour un des ses personnages : Corrigan. C'est le genre de personnage qui me touche dans son étrange façon de mener sa vie, tellement entier, au dépit du bon sens ou de son confort, il donne tout. Tout. Son temps, son altruisme, son aide, sa dévotion, sa vie, son idéalisme. Les autres personnages ne sont, bien sûr, pas en reste, mais Corrigan avait quelque chose de spécial, à vagabonder toujours comme ça dans les rues, pour se confronter de près avec la violence.

« Peut-être était-ce de la naïveté, mais il s'en fichait, il préférait mourir le coeur à nu, disait-il et surtout ne pas finir du côté des cyniques. »

Mais tout du long, cet auteur m'a transportée dans une brume de beauté lyrique, j'ai dansé sur les paragraphes d'émotions, des vides et des espaces sublimés par une plume douce, effleurant des courants d'air et des souffles de drames, je me suis laissée bercer sur le câble de son intrigue en m'émerveillant de ses points d'impacts entre chacune des vies qui se croisent…

« Pas à pas, pense Jaslyn, nous trébuchons dans le silence, à petits bruits, nous trouvons chez les autres de quoi poursuivre nos vies. Et c'est presque assez. »

En équilibre, pour d'infinis changements…

« Il est plus difficile de faire le bien que le mal. Les malveillants le savent mieux que les autres, voilà pourquoi ils deviennent mauvais. Et pourquoi ils le restent. le mal est l'apanage de ceux qui jamais n'atteindront la vérité. C'est le masque de la bêtise, du manque d'amour. On peut bien rire de la bonté, la trouver mièvre et dépassée, qu'importe- Ce n'est rien de tout ça, il faut se battre pour la préserver. »

Je pense avoir trouvé encore un auteur à suivre de, très près. Et trouver aussi une place toute spéciale dans ma bibliothèque, où son funambule pourra continuer de s'exercer, à son aise, sans risque de chute. Un endroit réservé dans mon esprit où il pourra continuer de me faire voir la vie à l'aube d'un bouleversement. Quelque part en apesanteur, garder à l'esprit que la vie est un équilibre précaire, où beautés et drames se rencontrent…C'est typiquement le genre de lecture qui te hante encore même, après la dernière page tournée, parce que tu sais que tu viens de faire un shoot d'adrénaline, là-haut, perchée à regarder un passé qui se délite et un présent qui change imperceptiblement…

Et dans le futur, prévoir une relecture…Assise en position de yoga, à se dire…Et que le vaste monde poursuive sa course folle….


« Son terrain, c'était le bonheur : un bonheur à définir, à traquer, à extirper de l'oubli. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10

(Livre lu en LC avec ma binôme Belette2911, passez voir aussi son avis ;) sur le blog ou ici)
Lien : https://fairystelphique.word..
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Cette histoire a réussi à me faire sortir de mon apathie et ce n'était pas gagné d'avance. Au début du livre je ne voyais pas comment faire le rapprochement entre le funambule et cette poignée de personnages tous attachants, tous désespérés, dans leur misère affective ou financière, la déchéance pour certains. Bref je me posais, comme toujours, trop de questions, pourtant ma torpeur prenait toute la place. Et je me suis laissée glisser, d'abord sur le filin avec le funambule, puis avec les gens d'en bas. J'ai cherché une petite lueur d'espoir dans leur survie et je l'ai trouvée. Il y a toujours de l'espoir et pendant que les gens d'en bas regardait le funambule là-haut, je retrouvais un signe d'humanité dans ce vaste monde. Et si au lieu de nous regarder le nombril et de nous complaire dans nos malheurs - je suis certainement la première à le faire, vu mon état - nous regardions dans la vie des autres si nous pouvons poursuivre notre chemin. Je suis d'accord avec les propos de Frank Mc Court, comment écrire à nouveau après un tel chef d'oeuvre ?
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Qui est ce funambule qui, le 7 août 1974, décide de partir d'une des tours jumelles pour rejoindre l'autre, en équilibre précaire sur un câble, à l'assaut des vents, des hélicoptères de police lui tournant autour - et des policiers l'attendant de chaque côté - ? Evènement historique somme toute peu banal, même à New York, qui se dessine comme le point d'orgue, et le prologue, de ce magnifique roman de Colum McCann, que je prends enfin le temps de découvrir.

Parce qu'en effet, à partir de cet instant réel, qui aura laissé les New-Yorkais pendus, et suspendus, à ce câble, le romancier nous livre l'existence, fictionnelle, mais ô combien vraisemblable, d'habitants, de gens de passage dans la Grosse Pomme, qui ont lieu à sa suite. Et, avec une maîtrise exceptionnelle, les personnages, qui n'ont en commun que cet évènement, vont finir par se trouver prisonniers de la toile tissée par le romancier qui les fait, subtilement, se rejoindre et se rencontrer.

Via cette toile narrative parfaitement maîtrisée nous est aussi racontée une partie des années 1970, et la galerie de personnages devient fresque d'une époque : exils irlandais en direction de New York en raison des tensions nord-irlandaises, conséquences de la guerre du Vietnam sur de nombreuses familles, socialement multiples, quotidien des New-yorkais dans des États-Unis ébranlés par la démission de Nixon qui se profile... L'on est plongé dans le passé et l'on se laisse glisser avec facilité pour suivre ce vaste monde qui poursuit sa course folle, envers et contre tout, même lorsqu'un funambule vient la parasiter pour quelques instants.

Pour une première lecture d'un roman de Colum McCann, c'est donc une franche réussite. Plus qu'à trouver d'autres titres pour compléter ma PAL, car je n'en resterai pas à cette première lecture.
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Lire un livre de Colum McCann est toujours un enchantement pour moi, il est à mes yeux un écrivain majeur. « Et que la vaste monde poursuive sa course folle » hante le lecteur bien après avoir lu la dernière page.

A New York, le 7 août 1974 au matin, un funambule s'élance sur une corde tendue entre les Twin Towers. Cet épisode historique hors du commun est le fil conducteur de ce roman à tiroirs.

Tandis que le funambule réalise son rêve un peu fou dans les airs, au sol, des destins se croisent, se brisent, s'ouvrent à de nouveaux chemins, comme dans un vaste jeu de mikado.

Colum MacCann s'attache à des personnages dans la foule new yorkaise que rien ne semblent prédestiner à se rencontrer et il sait nous les rendre intimes. Il restitue à merveille tout le climat d'une époque dans une ville aux multiples facettes tandis que la guerre du Vietnam arrache la vie à de jeunes soldats.

Alors qu'une femme brisée par le chagrin rencontre dans son luxueux appartement d'autres mères touchées comme elle par la mort d'un fils, une prostituée noire survit dans le Bronx avec sa fille et ses petits-enfants. Elle crie sa douleur auprès d'un prêtre irlandais qu'une foi inébranlable pousse à vivre au milieu des plus humbles. On croise aussi des artistes et la vie se déploie dans toute sa complexité, sa dureté mais aussi sa capacité à toujours emprunter des chemins inattendus.

Et que notre imagination poursuive sa course folle dans le New York des années 70 après la lecture de ce magnifique livre…
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Autant le dire tout de suite, j'ai adoré.
C'est vraiment un bouquin comme je les aime, avec lequel on ne perd pas son temps.
Une écriture à hauteur d'humain.
Un réseau d'histoires qui s'enchevêtrent pour former un réseau, pour connecter des individus de façon plutôt improbable.
Pourtant le point de départ est affreux: la mort, la perte, le deuil. Comment réagissent-ils? Comment poursuivent-ils, poursuivent-elles leur route? Une proximité, une intimité se crée avec les personnages.
L'idée, je crois, est que l'on apprend de la perte. Elle n'est pas souhaitable bien sûr, mais elle est aussi une occasion, parfois manquée. Elle offre de nouvelles possibilités de liens, que l'on peut saisir si on en a la ressource.
Un message d'espoir, qui est de continuer à croire que quelque chose est possible, malgré le malheur.
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Un fil tendu entre deux tours, qui s'effondreront vingt sept ans plus tard, un funambule en équilibre sur ce fil, au dessus de la foule new-yorkaise qui n'en croit pas ses yeux de tant d'audace. Une ronde de personnages qui rappelle de loin celle de Schnitzler, où les rues des quartiers de New-York, ceux mal famés du Lower East Side comme les beaux quartiers de Park Avenue, auraient remplacés les salons viennois. Quelques personnages formidables, en rupture d'équilibre. Parfois tombent ou bien échappent de peu à la chute grâce à une main, une épaule secourable. Un livre qui sera pour moi un grand coup de coeur de cette année 2020, cette année étrange où, par la faute d'un organisme microscopique, capable de réveiller les instincts les plus vils, les croyances les plus insensées mais aussi les gestes de dévouement et de solidarité les plus exemplaires, le monde a vacillé.
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