Leçons

Cet épisode, avant-goût d’une liberté irréelle, avait duré huit jours. Il l’accompagna à l’internat, contribua à son instabilité et au flou de ses ambitions entre vingt et trente ans, et renforça ses réticences à chercher un emploi normal. Cela devint un handicap : quoi qu’il fasse, il était poursuivi par l’idée qu’ailleurs existait une plus grande liberté, une vie émancipée presque à sa portée, laquelle lui serait refusée s’il acceptait tout engagement définitif.

Il excluait toute adhésion à une secte New Âge. Aucun gourou ne tolérerait son goût pour la taquinerie.

Il hocha la tête et s'éloigna. Un homme adulte qui boudait? Pathétique. Il changera d'avis et revint vers elle. ''je vais te raconter ton histoire. Tu voulais être amoureuse, tu voulais te marier, tu voulais un bébé, et tu as trouvé tout ça sur ton chemin. Et puis tu as eu envie d'autre chose.''

Une chance inouïe que d'être né en 1948 dans le New Hampshire plutôt qu'en Ukraine ou en Pologne en 1928, de ne pas avoir été traîné sur les marches d'une synagogue en 1941 et amené là . Sa propre cellule carrelée de blanc - une leçon de piano, une histoire d'amour prématurée, des études ratées, une femme disparue - était une suite luxueuse...

Quand Heinrich parla de rédemption nationale par le biais de sabotages anti nazis, son futur beau-fils ne lui dit pas le fond de sa pensée- à savoir que rien, même de centaines de mouvements comme La Rose blanche, même un million de saboteurs, même un trillion de boulons mal usinés ne pourraient racheter la barbarie industrialisée du IIIème Reich, ni les dizaines de millions de citoyens qui étaient au courant et avaient fermé les yeux.

Dans la course à la souffrance, elle visait la premier place.

Ses études supérieures le prolongèrent dix ans par intermittence. Il ne se présentait à aucun examen officiel. La plupart de gens gaspillaient leur jeunesse, voire leur vie entière dans des bureaux ou des usines et dans les pubs, et ils n’allaient jamais plus loin que les plages de l’Europe du Sud. Vivre dans l’insouciance, au jour le jour, et ne pas faire comme tout le monde en valait la peine. C’était l’intérêt d’être jeune. Dès qu’il se surprenait à penser ou à dire ce genre de choses, il savait que c’était lui-même qu’il avait besoin de convaincre.

C’est un dilettante Mutti, il ne tient à rien. Il y a dans son passé des problème qu’il ne veut même pas affronter. Il n’arrive à rien. Et moi non plus. Ensemble, on sombrait. Et puis il y a eu le bébé et on a sombré plus vite... Je ne vais pas sombrer. Je quitte Roland. Et le bébé. Tu crois que ce n’est pas douloureux ? Mais il faut que je le fasse maintenant, avant que ça ne devienne impossible. C’est aussi toi que je quitte. Je refuse de t’emboiter le pas. Là, elle criait presque. « Je ne vais pas sombrer. Je vais me sauver la vie. »

In settled expansive mood Roland occasionnally reflected on the events and accidents, personal and global, minuscule and momentous that had formed and determined his existence. [...] Commonplace and wondrous.

There was nothing in any account that could ever satisfy him. It was not a matter of accuracy. It pained him that what had been a lived experience was now an idea, a hazy notion in the minds of strangers. Nothing could conform to his memories.