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Guillaume Contré (Traducteur)
EAN : 9782381340371
350 pages
Marchialy (20/04/2022)
4.15/5   10 notes
Résumé :
Quoi de tel pour comprendre un pays que d’en épouser les passions ? Lorsqu’il arrive en Argentine, Juan Pablo Meneses découvre le rituel de l’asado, la grillade, et de toute la culture carnivore qui l’entoure. Pour s’immerger au plus profond de ce pays, l’auteur-journaliste se lance dans l’industrie de la viande en achetant... une vache. La Negra. Avec cette jeune génisse, il convainc un producteur bovin de devenir son associé, il se rend dans les abattoirs et les c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Juan Pablo Meneses, un journaliste chilien habitant en Argentine, a décidé de faire une trilogie sur la consommation. Dans ce premier opus, il décide d'acheter une vache en Argentine. En effet, la viande bovine argentine est la meilleur viande du monde. Mais une fois achetée, comment s'organise la chaine de production pour avoir quelques mois plsu tard plusieurs morceaux de viande dans son assiette ? En partant des champs en passant par le Marché de Liniers, à Buenos Aires où les commisaires-priseurs décident du prix de la viande, une boucherie, un restaurant et autres évenements où la viande bovine est mise à l'honneur, l'auteur nous montre l'envers sombre de l'industrie bovine. En parallèle, il raconte son indécision face au destin de sa vache qu'il a surnommé La Negra (La Noire). Va-t-il la manger ? la garder comme un animal de "compagnie" ?
Je savais en commençant ce livre que j'allais apprendre des choses dérangeantes sur la transformation d'une vache en morceaux de viande. le style journalistique de Juan Pablo Meneses est clair, on comprend comment tout est organisé. Il y a aussi les à-cotés, la maroquinerie, les foires, les fêtes... Petit à petit, on s'attache à sa vache, comme d'autres lecteurs, à toutes les vaches qu'on croise. On pense au morceau d'entrecôté dans notre assiette.
Il souligne tout de même : "Si arrêter de manger de la viande était facile, cette industrie de la viande n'existerait pas, et l'industrie du véganisme non plus." (L'auteur donne également voix aux vegans, certains virulents, d'autres simplement réalistes. )
Un livre qui fait réfléchir sur notre consommation (même si on y parle surtout de l'Argentine), on n'en ressort pas indemne. Je lirai bien le second opus de cette trilogue (La traque des enfants footballeurs) même si je risque d'être complètement désillusionnée sur ce triste monde...
#NetGalleyFrance
#Laviedunevache
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Je ne connaissais pas le genre du journalisme narratif même si la lecture régulière de Zadig m'y avait, de fait, déjà confrontée. Il s'agit, si j'ai bien compris, de prendre le temps de déployer les éléments journalistiques d'une enquête dans un format qui dépasse de très loin celui des articles habituels et qui permet de donner aux lecteurs des informations supplémentaires sur le contexte entourant la réalisation de l'enquête. Pour que le caractère narratif soit encore plus prononcé, il peut arriver, comme ici, que le journaliste paie de sa personne et devienne un protagoniste de son sujet. Désirant proposer un panorama de l'élevage, du commerce et de la consommation de la viande en Argentine, Juan Pablo Meneses a donc acheté une vache.
Ainsi, il a pu aborder la question sous un angle plus personnel et surtout incarner les différents moments de ce processus en la personne de la Negra, vache de son état. 300 pages sur la barbaque, l'art de réaliser un barbecue, le marché aux bestiaux où se fixe le cours de la viande…, il est évident que je n'aurais pas adhéré avec autant de plaisir sans la forme que prend cette enquête. La vie de la Negra, les courriers que reçoit Juan Pablo Meneses au fur et à mesure qu'il publie sur elle différents articles dans de nombreuses revues sud-américaines scandent la progression du livre. Les états d'âme du journaliste quant à savoir s'il faut se plier à son plan initial et vendre la Negra pour la faire dépecer et la consommer reflètent parfaitement l'ambivalence dans laquelle nous nous trouvons face à la consommation d'animaux. Cette réflexion rejoint celle de Charles Stépanoff qui a beaucoup été interviewé à l'occasion de la sortie de son Animal et la mort que je me promets bien de lire un jour.
Enfin, les éditions Marchialy ont produit avec cette Vie d'une vache un véritable petit bijou : couverture mate d'inspiration vintage, identité graphique très forte, pagination aux marges confortables et chapitrage marqué, j'ai aimé autant l'objet que son contenu.
Juan Pablo Meneses a rédigé ensuite une autre enquête dont il parle dans ce livre : après une vache, il a acheté un joueur de football encore enfant, future star en puissance, il me tarde de lire la manière dont il aura éclairé cette autre folie d'un marché débridé et sans conscience.
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Après avoir récemment lu Un Dieu à soi, qui m'avait réellement fasciné, je me suis fait offrir le reste de la trilogie, que j'ai décidé de prendre par le commencement. Il m'a permis de mieux comprendre certains aspects typiques du style de Juan Pablo Meneses : il y a toujours un écart entre la jaquette, ce qui est vendu, et ce qui est réellement écrit à l'intérieur.


L'élaboration de la religion itinérante n'était finalement que le prétexte à une réflexion des connexions entre l'hypercapitalisme et la notion de sacré. Même si cet ouvrage se veut être un centré autour de l'achat d'une vache, et du "dilemme" de sa survie ou de sa revente à un abattoir, force est de constater que la vache, surnommée La Negra", ne prend pas beaucoup de place dans l'ouvrage, et que l'on ne saura pas ce qui est advenu d'elle.


L'auteur ne se rend que quelques fois à la Plata pour la voir. Elle est plutôt mise à sa place de rouage d'une immense industrie dont on peine parfois à se représenter toutes les tentacules. C'est avant tout une exploration de la place qu'occupent les vaches dans le monde capitaliste, et plus particulièrement dans la culture argentine, où la vache est une réelle valeur monétaire : il est possible de se procurer de la viande à des prix très bas, et il s'agit d'un totem alimentaire du pays. On débat, on régule son prix, comme on légifère sur le prix de la baguette en France.


Nous n'éprouvons pas de réel attachement avec cette vache, qui reste toujours dans un coin de la tête de Meneses, mais il parvient à nous interroger dans notre rapport à la viande, sans juger. Même s'il prétend qu'il y pense souvent, et que nommer une bête rend l'entreprise plus difficile, on a toujours cette impression qu'il laisse son sujet de côté, la vache qu'il a achetée - tout comme il enferme son Dieu dans une boîte et dans un garde-meuble - et que ce lien commercial est un moyen de décortiquer ce sujet, de le dépiauter, comme ces pauvres vaches, qui ne meurent jamais enterrées auprès des leurs. de ce point de départ, on suit ses errances, ses doutes, ses pensées, et les angoisses quant au livre à venir (son entreprise a été bien médiatisée dans le monde hispanique, mais le livre en lui-même a peiné à émerger, exactement comme Un Dieu à soi)


On est parfois pris de vertige face à l'ampleur du phénomène, comme en témoigne l'excellente ouverture du livre, décrivant un flux viandard perpétuel. le livre suit le trajet des vaches, des grandes heures façon golden boy de Wall Street, aux villes qui ont tout perdu avec les difficultés économiques, et dans lesquelles il ne reste plus qu'un monument (une boîte de Corned Beef en béton) pour chanter la gloire perdue.


La vache est souvent comparée à une machine, à une cheminée d'usine, et exploitée selon son rendement maximal. L'industrie de la viande est vertigineuse, et beaucoup des chiffres du livre (l'enquête ayant eu lieu en 2003-2006), ont sans doute pris une autre tournure. le tour de force de Meneses, c'est de montrer que la vache est une denrée de consommation, qu'elle répond à toute une stratégie de communication, qui va de la mascotte aux élections de miss de concours agricoles, aux actrices pornographiques, aux magnats clinquants de la viande et jusqu'aux hommes politiques. Nous laissant le soin de méditer sur ce paradoxe capitaliste : beaucoup se sont émus du côté scandaleux de son ouvrage, alors qu'ils consomment eux-mêmes de la viande, et sont les rouages absents du système, tout comme la Negra est l'âme et la grande absente du livre. La révélation des coulisses des abattoirs ne semble pas suffire à faire changer nos comportements, parce que manger de la viande c'est mal, mais salement délicieux.
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J'avais flashé en librairie sur ce livre dont le titre complet m'avait tapé dans l'oeil : La vie d'une vache Comment j'ai acheté une vache pour me lancer dans l'industrie de la viande (et devenir riche) .

J'ai trouvé cette enquête absolument fascinante.
L'auteur chilien, journaliste indépendant et free lance, se lance dans un projet assez fou : comprendre de l'intérieur l'industrie de la viande en Argentine, pays fou de l'asado (rituel de la grillade). Il va s'intéresser à toute la chaîne soit depuis la naissance d'une vache jusqu'à sa mort. Et quoi de mieux que d'acheter sa propre vache?

J'ai aimé cette enquête qui nous parle à la fois de l'industrie qui tourne autour de la viande et de l'histoire de l'Argentine. On se prend d'affection pour La Negra, la vache qui permet l'écriture de ce livre. L'auteur montre l'ensemble des répercussions de cette industrie sur nos questions societales actuelles : deforestation, surconsommation, OGM, clonage,…
Le projet a vu le jour avant l'ère des réseaux sociaux et on peut s'interroger comment le projet aurait évolué dans un contexte où tout le monde donne son avis et pas forcément de manière élégante. L'auteur nous parle aussi de lui, de ses doutes quant à ce projet et de ses répercussions sur les plans personnels et professionnels.

C'est un livre qui n'est absolument pas culpabilisant que l'on soit amateur ou non de viande. Un petit bémol : je n'ai pas réussi à determiner ce qu'il est advenu à La Negra.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les vaches comme des petites machines transformatrices, comme des robot dans un processus de valeur ajoutée, comme des jouets mécaniques qui dévorent de l'herbe, comme l'engrenage le plus sensible d'une industrie qui pille et alimente.
A ce moment-là, j'avais du mal à penser la Negra comme une simple ouvrière qui transformait l'herbe en steaks. Mais ils étaient là, pourtant, les milliers de millions de pis répartis à travers le monde, faisant les trois-huit comme des robots compliqués dont la tâche consistait à transformer le végétal en protéine animale. Si l'on pouvait construire une telle machine, seraient ainsi éliminés une bonne partie des conflits, rivalités et affrontements liés à la consommation d'animaux, d'animaux morts, de cadavres et autres manières qu'ont les activistes végans de désigner un morceau de bidoche.
Mais cette machine - que l'on pourrait acheter à bon prix dans n'importe quel magasin agricole avec des pièces de rechange à portée de mains, des ateliers mécaniques pour réparer ses imperfections, des ouvriers mal payés pour visser et dévisser ses boulons, des tonnes d'argent investi en publicité et deux ou trois nouveaux millionnaires s'étant enrichis grâce à elle - n'existe pas.
Les vaches ne sont pas des machines. Mais si jamais on veut faire de l'argent avec, on est forcé de les considérer comme telles. Certains vont un peu plus loin et sont capables d'envisager la viande comme la pièce d'une voiture. Hector Ordonez, professeur à l'Université de Buenos Aires, a calculé que dans les supermarchés allemands un kilo d'échine argentine coûte le même prix qu'un kilo d'Audi, la voiture teutonne de luxe.
(p.76)
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(en Argentine) Le virus de la multiplication des vaches ne s'arrêtait plus. Un véritable essor. Le début d'une histoire, de cette histoire. Des vaches et des vaches et des vaches de tous les côtés, pour remplir les maisons de lait et de viande, de la viande et encore de la viande, comme une nouvelle découverte, semblable à ce qui se passe en Chine depuis quelques décennies : il y a vingt ans, un Chinois consommait 5 kilos de viande par an ; il en mange maintenant plus de 50.
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En 1866 est fondée à Buenos Aires la Société Rurale Argentine (SRA), et neuf ans plus tarda lieu la première Exposition Rurale, dans un bâtiment du pâté de maison délimité par les rues Florida, Cordoba, Malpu et Paraguay, lesquelles forment aujourd'hui le coeur du "microcentro", une zone de magasins et de centres commerciaux. L'année suivante, la foire est déplacée au quartier de Palermo où, aujourd'hui encore, ont lieu annuellement les concours bovins les plus importants du pays, sur le même site où se tient le Salon du Livre de Buenos Aires, dans lequel un cheptel de lecteurs parcourt les différents stands en quête d'un quelconque écrivain, assis derrière son nouveau livre.
(p.31)
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Une enquête de l’Institut de Promotion de Viande de Bœuf Argentine (IPCVA)et de l’institut de sondage Gallup réalisée l’année où j’ai acheté ma vache disaient que 100% des sondés avaient mangé de la viande de bœuf au moins une fois dans leur vie et que 70% le faisaient au moins 4 fois par semaine.
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