Les Sourires du sage

Lao wang ne savait plus où se mettre...

Lao Wang alla rendre visite à un Grand Personnage, duquel la prestance et les manières aussi bien que le costume étaient également irréprochables. Au seul son de sa toux, au seul spectacle d'un de ses bâillements, Lao Wang se pâmait de considération, s'étranglait d'admiration, s'abîmait dans la confusion, et si, en plus, il s'avisait de penser à la haute situation d'un tel homme, à l'étendue de son influence, à l'immensité de ses responsabilités, le pauvre Lao Wang, écrasé de honte, ne savait tout bonnement plus où se mettre, jugeant que des individus aussi dérisoires que lui-même ne méritaient pas indubitablement, d'exister.
Le Grand Personnage lui prodigua sans compter son affectueuse sollicitude, ses judicieux conseils, et l'infime Lao Wang, se sentant grandi, tant en entendement qu'en sagesse, ne put que se prosterner, s'aplatir de tout son corps sur le sol.
Au cours de la séparation, le Grand Personnage laissa s'exhaler de sa personne un rot, tout particulièrement disgracieux, tant pour le bruit que pour l'odeur. Lao Wang sachant encore moins où se mettre, s'empressa d'endosser le crime : "Quel rustre je fais ! souffla-t-il. Je ne suis vraiment pas digne de vous."

"A semer des courges, on récolte des courges..., méditait Lao Wang, à semer des fèves, des fèves. Certes, rien n'est plus vrai, mais il importe d'ajouter que celui qui récolte n'est pas toujours celui qui sème."