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4,27

sur 1348 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'ai encore jamais rencontré de lecteurs ayant eu entre les mains un roman de Robert Merle et qui n'en aient pas été durablement marqués. Et pour cause... L'écriture de Robert Merle est incisive, elle pénètre le lecteur, elle le harponne pour l'aspirer DANS le roman (comprenez "à l'intérieur de").

"Fortune de France", premier tome d'une saga mémorable qui se déroule pendant les guerres de religion (et qui débordera largement sur le XVIIème siècle), ne déroge pas à cette règle. le lecteur est véritablement transporté dans l'aventure des châtelains de Mespech, ce château-fort périgourdin (qui ne sera pas sans rappeler le château de Malevil à certains), berceau de toute la série, fief des Siorac. Robert Merle, pour bien s'assurer que son lecteur sera aimanté à l'oeuvre, va alors déployer une botte secrète qui fait mouche : adopter le langage du XVIème siècle ! Bingo, vous êtes dans le filet, vous n'en réchapperez pas. Vous êtes séduits, vous êtes bons pour vous lire toute la série (13 romans).

Mais de quoi ça cause, "Fortune de France" ?
Pierre de Siorac et son demi-frère Samson sont deux jeunes nobles dont la défunte mère était catholique et dont le père, bien vivant, a embrassé la Réforme. Aussi, ce que l'auteur nous propose, sur un incroyable déroulé d'aventures comme il en a le secret, c'est le portrait d'une société française en pleine mutation. Nous sommes en 1547 ; la Renaissance. Une date charnière où le pouvoir royal passe d'un roi éclairé, François Ier, à un roi (Henri II) dominé par sa femme (Catherine de Médicis). Les tensions religieuses n'ont pas encore atteint la France, elles sévissent au sein du Saint-Empire romain germanique et ne vont pas tarder à gangrener l'Angleterre. La France, quant à elle, attend son tour qui la frappera au moment même où sa royauté connaîtra une crise profonde, liée à la succession d'Henri II.

Mais pour l'heure, revenons à nos châtelains périgourdins. Je n'ai pas pu m'empêcher de lire "Fortune de France" (1977) avec "Malevil" (1972) en filigrane. Comment faire autrement ? le thème de l'opposition entre catholiques et protestants s'y retrouve, comme l'emprunt de termes patois dans Malevil qui croît en force dans "Fortune de France" pour devenir le seul langage du roman. A quel incroyable effort de documentation l'auteur s'est-il livré ! Cela force le respect. L'engouement est tellement puissant que lorsque vous refermez le livre, vous vous surprenez à modifier votre vocabulaire et à parler à vos proches en utilisant les termes du XVIème siècle. Autre point commun : le château-fort assiégé et la châtellenie si bien gérée que les seigneurs du lieu sont fins prêts à contrer une attaque. Mais attention, que vous ne vous y trompiez pas, ces similitudes ne gâtent rien au plaisir de lire ces deux romans et les apprécier.

Vous l'aurez compris, c'est un véritable voyage que propose Robert Merle à ses lecteurs avec ce premier volet. A ma connaissance, il fut l'un des rares auteurs français à creuser cette période avec à la fois ce souci d'exactitude historique digne d'un historien et cette verve littéraire digne des plus beaux romans d'aventures.
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Quel régal, mes amis, quel régal !

Je crois bien que je viens de tomber sur mon troisième auteur favori.
Pendant longtemps, j'ai cru qu'il n'y en aurait jamais qu'un seul. Zola. Mon Mimile à moi. Rien qu'à moi. Je l'ai chéri, dorloté, encensé, défendu auprès de mes amies lycéennes qui le trouvaient fastidieux. Il y avait les Rougon-Macquart d'un côté et de l'autre, tout le reste !
Pendant longtemps, je l'ai laissé seul sur son piédestal. Il était bien là. Mon monstre de littérature.


Et puis, je suis tombée sur vous. Mes amis de Babélio. Vous m'avez fait rencontrer Stefan Zweig. Ce fut un émerveillement. Comme une seconde vie.
Il a bien fallu que mon Mimile fasse un peu de place à Stefan. Entre nous, ce fut assez facile. Ils se côtoient déjà depuis longtemps dans les bibliothèques et librairies sur les rayonnages du bas à la lettre Z !
Il était tout de même temps que je trouve mon deuxième chouchou. Zola commençait à prendre sérieusement la poussière et à sentir le vieux.
J'étais heureuse. Les nouvelles de Zweig, c'est comme les Rougon-Macquart, il y en a toute une tripotée à lire. Cette fois-ci, j'étais bien décidée à prendre mon temps. A savourer. Hors de question de les avaler une par une les unes à la suite des autres comme j'avais fait avec la famille de Gervaise !
J'en suis là. Toujours à me délecter de temps en temps de cet auteur magnifique. Avec délice et parcimonie.


Bon, et Fortune de France, dans tout ça ??!!!!
Rho, vous l'avez bien compris. D'ailleurs, si vous avez bien suivi, je l'ai annoncé en début de chronique. Robert est en passe de devenir mon troisième doudou. Il en prend bien le chemin !

Ah c'est un tout autre émeuvement qu'avec Monsieur Zweig, cestuy-là ! Avec sa parladure à l'ancienne et ses mots occitans parsemés par-ci, par-là, je me suis bien esbouffée à la lecture de ce premier tome ! J'en ai pris tout mon soulas ! Se ramentevoir le XVIème siècle de cette façon, c'est tout simplement merveilleux !

Pour ceux qui ne connaissent pas, en voici quelques mots. C'est l'histoire de Pierre de Soriac, rejeton d'une d'une noble famille périgourdine et huguenote. Il est le narrateur de son histoire et nous entraîne en son pays sarladais, là où les guerres de Religion font rage comme partout ailleurs en France. Inutile d'en dire plus.
L'Histoire sert admirablement bien la fiction. La fiction se nourrit de l'Histoire. C'est un roman historique comme je les aime qui nous plonge au coeur de la France de la Renaissance. Une France encore bien rude, avec tout son lot de guerres, de courage, de ténacité, de discordes, de déchirements, mais aussi en proie au brigandage, à la peste...
"Ne verra-t-on la Fortune de France relevée ? Où demeurera méprisée et pour jamais couchée en terre ?" disait Michel de l'Hospital.


Mais, c'est aussi un roman d'une truculence incroyable ! Avec des personnages authentiques, sincères et réjouissants !
Un vrai régal, oui !
Il me reste douze tomes à lire !
Ô joie !
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J'ai eu pour les "Fortunes de France" un vrai coup de coeur, le même ressenti que pour les "Rois maudits" de Maurice Druon. Je suis toujours admiratif devant le talent de ces auteurs qui nous font vivre L Histoire comme si nous y étions, le tout avec un bagage documentaire qui force le respect.
Dans cette saga historique, la période qui nous intéresse est celle des guerres de religions en France, les catholiques contre les protestants. Dans la culture générale collective, la saint Barthélémy a au moins la même résonnance que "1515" et Marignan.
L'auteur choisit de nous faire découvrir ce pan de notre histoire du point de vue des huguenots, où le récit débute en 1547 avec un jeune nobliau, Pierre de Siorac, qui vit dans le Périgord méridional, pas très loin de Sarlat.
Accompagné de son valet et ami Miroul (aux yeux vairons) nous suivrons dans ce premier tome ses aventures qui le mèneront de Montpellier à Paris. Si la quasi totalité des personnages de cette saga sont fictifs (dont notre héros), les personnages qui ont fait l'histoire de France sont eux, parfaitement authentiques, car s'il s'agit bien d'un roman, la trame historique est quant à elle rigoureusement respectée. A ce sujet, j'ai été stupéfait d'apprendre que la saint Barthélémy de sinistre mémoire était en fait des représailles à un fait similaire s'étant produit à Montpellier auparavant, les protestants avaient donc "tiré" les premiers.
L'ensemble de cette saga est ni plus ni moins que passionnante pour qui aime l'histoire, quant aux qualités de Robert Merle, elles nous assurent une écriture et un style qui contribuent pour beaucoup au succès de cette série.
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Voilà, je referme ce livre et je suis conquis, une écriture fluide, imagée très cinématographique, le fait de prendre le personnage principal et d'en faire le narrateur, pour ces raisons-là, je me suis régalé.
Une totale immersion dans l'histoire avec l'impression d'en être l'un des protagonistes c'est rare...quel plaisir! mais quel plaisir.
J'aime l'histoire et je ne sais pas pourquoi je n'avais jamais osé cette saga.(les 13 tomes, peut-être...).

Merci à Denis. qui grâce à sa critique m'a donné l'envie de lire Fortune de France
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Un roman historique de référence. C'est un plaisir de parcourir les pages de "Fortune de France" pour la truculence des mots et expressions en langue d'oc qui semble chevillée à l'époque décrite puis, comme allant de paire, pour la vérité du fait historique et enfin pour suivre les aventures des Siorac.

A travers l'épopée d'une famille protestante du Périgord, les Siorac, le lecteur ne manque pas de détails charmants, horribles ou savoureux dont "foisonnent les Mémoires de ce temps", à partir du milieu du 16 ème siècle pour ce tome.

La vie quotidienne dans le château de Mespech n'a donc plus de secrets pour le lecteur au fil des événements qui ont lieu non seulement dans la Province mais aussi dans le royaume de France. La peste et le choléra? Non, pire: la peste et l'intolérance.

Le sujet principal de tous ces tomes est l'intolérance; propagée par les princes du royaume, dont l'ambition va au delà de la simple question religieuse, jusqu'aux simples soldats et paysans fanatisés qui exécutent les basses oeuvres.

Fantastique oeuvre mais j'espère que mon baragouinage n'aura pas déconforté le futur lecteur.
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Es pas trop leu !!!

Voilà, j'ai dévoilé le tiers de mes connaissances en occitan et la seule qui fasse à peu près sens dans le contexte.
Pourquoi l'occitan ? Parce que l'histoire du présent roman se passe dans le Périgord, pas loin de Sarlat, en un 16ème siècle où l'occitan était encore largement plus parlé que le françois de Paris. Et puis j'ai vécu mon enfance dans le midi et j'en suis bêtement fier.
Et pourquoi « c'est pas trop tôt » ? Mais parce que je ne savais pas qu'il existait une saga historique de la France du 16ème siècle aussi bien troussée que ce que ce début laisse augurer. C'est de la génialitude distillée douze fois dans un bon vieil alambic qui sent bon la liqueur de prune.
Il était temps que je m'y mette donc, et je remercie un million de fois ma chère TheWind dont les délicieuses critiques m'ont décidé à me lancer dans cette gageure (13 volumes, ça me fait très peur en général).

Mazette et cornebidouille, quel roman ! Il est rare que je sois en tout point satisfait d'un roman historique. Souvent, l'auteur sculpte avec précision les événements historiques en étant incapable de donner de la vraie chair à ses personnages (Roger Caratini par exemple, Jean Diwo à un moindre niveau). Parfois, des personnages somptueux évoluent dans un cadre historique où la licence romanesque prend le pas sur la véracité des faits (on trouve ça chez des auteurs du 19ème siècle). Robert Merle parvient à faire vivre de vraies personnes qui m'ont instantanément touché dans un contexte historique vrai et complet.
Dans ce premier tome, Pierre de Siorac raconte son enfance au château de Mespech. Il est narrateur et on a l'impression qu'il nous nous conte ses mémoires, un peu comme dans le Grand Meaulnes. L'époque est à la conversion à la religion réformée, au choix de son camp, aux premières guerres de religion. le père de Pierre prend son temps pour affirmer sa conversion au monde, sa mère ne veut pas en entendre parler. L'ambiance de guerre civile qui pénètre le moindre foyer est palpable et on pleurerait de voir ces gens, devenus des amis à force de les côtoyer en lecture, se déchirer. Amour réciproque contre croyances incompatibles qui leur sont autant nécessaires que respirer.
Je viens de le dire, on se sent rapidement appartenir à cette famille, au sens large c'est-à-dire en comptant les domestiques. On les aime dans leurs qualités et leurs défauts. On a la chance de voir vivre le petit peuple de province avec la petite noblesse. Une vie simple faite de travail, de batailles parfois, de maladies, de discussions rigolotes et de religion catholique ou protestante qui gèrent tous les gestes de la vie ou presque. J'ai beaucoup appris sur le sort des petites gens, de cette nourrice obligée de partir se faire faire un gosse par son mari dès que sa maîtresse est enceinte, de ses hommes qui ne peuvent espérer prendre épouse tant qu'ils ne possèdent pas un minimum de moyen de faire vivre une famille, de ces gens qui sont obligés – au moins en public – de prendre la religion de leurs maîtres. L'égalité n'est pas à l'ordre du jour.
Non, elle ne l'est pas. Les maîtres de Mespech, Jean de Siorac et son frère de sang Sauveterre, sont des modérés attachants, mais ce ne sont pas des saints (et je ne dis pas ça parce qu'ils sont huguenots). Ils passent par des phases de fanatisme, ils n'hésitent pas à s'emparer des terres de paysans incapables de survivre en temps de disette moyennant fourniture de vivres. Comme je le disais, ils sonnent vrais.

Et Robert Merle parvient à mêler petite et grande Histoire en rendant cette dernière aussi palpitante que sous la plume d'un Dumas. Ce roman est aussi riche qu'un livre d'Histoire ou dix biographies. J'y ai retrouvé tout Didier le Fur et Jean-François Solnon. Il évoque un Henri II manipulé, un Philippe II d'Espagne manipulateur, un Duc de Guise obnubilé par sa propre gloire et une Catherine de Médicis dont je me suis demandé si Robert Merle voulait la faire coller à sa légende noire (comme Dumas) ou plus simplement à l'opinion qu'en avait les huguenots à l'époque (opinion pas très favorable).

J'ai vraiment vécu quelques jours avec ce livre, dans ce livre, ma réalité s'effaçant derrière cette puissante évocation d'un temps passé qui m'a semblé si incarné. Les Piliers de la Terre de Ken Follett m'avait fait cet effet auparavant, et Azteca de Gary Jennings aussi.
Mais là ce n'est qu'un début. La saga va m'accompagner plusieurs années. Et cela rend l'avenir très attractif.
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J'ai découvert Robert Merle en lisant La mort est mon métier.
Alors, puisqu'il raconte si bien l'Histoire, pourquoi ne pas entamer cette série Fortune de France pour redonner un peu d'éclat et dépoussiérer les cours d'histoire qui m'ont pourtant intriguée mais parfois, hélas, fait soupirer d'ennui en classe.

Si seulement on apprenait au collège en lisant des romans comme ceux-là qui mettent en scène l'Histoire avec tant de vitalité et de couleurs, en mêlant cruauté avec un brin d'amusement. C'est comme un voyage dans le passé où rois, princes, chevaliers et paysans, domestiques et jeunes filles, nous invitent à découvrir leurs us et leurs coutumes, leurs joies et leurs peines. Faste et misère se côtoient, tout comme hypocrisie et courage, religions et démons, honneur et perfidie. Chaque personnage nous éclaire sur un trait de l'Histoire, dont la religion et le pouvoir tirent les ficelles.

Le XVIe siècle, période de grands troubles, de guerres entre catholiques et huguenots, où le pouvoir des grands impose les règles, enlise les pauvres dans la misère, mais ne peut rien contre la peste. Époque de grande ignorance où la médecine est quasiment impuissante et où les croyances sont truffées de légendes païennes, chères aux domestiques et aux paysans. Et, emporté par la magie de sa langue qui fleure bon le terroir, qu'on comprend sans avoir appris, tant les images sont parlantes, cocasses, amusantes, le lecteur ne peut que dévorer cette grande aventure.

Une histoire à suivre…

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Je me suis une fois de plus totalement régalée à la relecture ! Une lecture tous les 20 ans me permet d'oublier les détails que je peux déguster de nouveau dans cette langue croustillante et imagée ! Normalement en langue d'Oc, Occitanie oblige, mais narrée en langue d'Oil et modernisée pour que nous puissions en saisir toutes les nuances !

Pour entrer dans l'Histoire de France et l'histoire des religions qui ont divisé et ensanglanté le pays pendant de très nombreuses, quoi de mieux que d'anciens capitaines des armées Du Roy et Huguenots de surcroît ! En ce siècle de la Renaissance, il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir jusqu'à la tolérance des chrétiens entre eux !

J'ai adoré tous ces détails qui sont le sel du récit et la vie de tous les jours entremêlés au destin des puissants ! Une saga que j'aurai plaisir à continuer, c'est une époque très fascinante et Robert Merle est un très bon conteur !

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« Fortune de France », qu'est-ce donc ?

C'est une fresque historique, la saga d'une famille huguenote de 1547 à 1661.
C'est une reconstitution édifiante et extrêmement vivante du contexte historique de l'époque, avec notamment ses querelles et ses guerres religieuses (abordées de l'intérieur).
C'est une restitution minutieuse et passionnante du quotidien et de la mentalité de l'époque, très documentée, qui mêle la grande Histoire, la petite histoire et la fiction.

C'est surtout un grand bonheur de lecture, plein de péripéties en tous genres. Ça bouge, ça secoue, ça vit ! On s'attache aux personnages, on les comprend, on les admire, on les aime.
Dans les tomes 1 à 6 (ceux que j'ai préférés), on suit Pierre de Siorac et dans les suivants, son fils Pierre-Emmanuel prend le relais.

Remarquablement contées, les aventures de la famille Siorac sont captivantes.
Robert Merle nous offre une immersion totale et dépaysante dans les existences des plus humbles aux plus puissants.
« Fortune de France », c'est une merveilleuse machine à remonter le temps.

L'écriture d'une grande richesse est inventive, qui adopte des tournures de phrases de l'époque, et intègre un vocabulaire savoureux et imagé (langue d'Oc). Rien cependant qui fasse obstacle à la lecture, c'est trop bien fait. Il y a en outre à la fin de chaque volume un petit lexique des termes dont on a perdu l'usage ou qui ont changé de sens avec le temps.

Je vous mets au défi de trouver la moindre longueur dans cette fresque époustouflante et pleine d'humour, d'où l'amour de la vie jaillit à chaque page.
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Pierre de Soriac est né au printemps 1551 dans le Périgord, d'un père noble protestant et d'une mère catholique.
Il nous conte l'Histoire depuis la fin du règne de François Ier (1515-1547) jusqu'à sa majorité, c'est à dire ses 15 ans avec l'aide du « livre de raison » qu'a écrit son père.

On peut y découvrir l'Histoire du règne d'Henri II (1547-1559) et le début de règne de Charles IX sous la régence de Catherine de Médicis.
On peut y découvrir les bisbilles entre papistes et huguenots qui se transforment en guerre civile avec l'aide des couronnes de France, d'Espagne et d'Angleterre.
On peut y découvrir les us et coutumes du Périgord courant XVIe. Ce temps où les catholiques avaient 50 jours fériés pour célébrer des saints. Où le vinaigre était le meilleur désinfectant (ou en langage de l'époque : « fort contraire de tout venin, et garde le corps de pourriture ») et l'huile de scorpion (scorpions marinés, huile de noix, vin blanc) était en vogue pour soigner la peste en faisant vomir le malade ; peste qui, visiblement, est le « noir » dans « Périgord noir ». Où la future mariée enjambait le manche d'un balai en allant rejoindre son futur époux devant le curé pour s'assurer vingt ans de félicité, et n'oubliant pas de replier son annulaire pour ne pas que son époux puisse passer l'alliance et ainsi signifier qu'elle entendait être maîtresse en son logis et commander à son conjoint. Où les jeunes hommes apprenaient encore à manier l'épée mais aussi à tirer à l'arquebuse.

(Petite parenthèse pour inviter ceux qui ont aimé « La colonne de feu » de Ken Follett à lire ce Fortune de France qui se déroule à la même époque. Parce que...)

Si pour vous, tout ceci n'est pas une découverte ou ne vous intéresse pas vraiment, croyez-moi, il vous reste à découvrir le langage créé par Robert Merle pour mieux seoir au XVIe siècle. Il introduit quelques mots de la langue d'Oc qui était celle utilisée dans le Périgord mais il utilise un langage qui nous donne l'impression de voyager dans le temps tout en restant compréhensible pour nous, avec notre langue moderne.
En sortent des expressions telles que « Je suis fort tympanisé de vos hurlements » ou « Ce qui me dragonne l'âme... ». Sans parler des verbes utilisés différemment comme « Allez vous dépuer » ou « être impatienté ».
Ou des formules transformées par l'époque. Ainsi notre « logé, nourri, blanchi » se traduit en « le pot, le feu et le logis ».
Et ça, c'est délectable.

De savoir qu'il y a douze autres tomes me met carrément en joie.
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