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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand livre, sur un sujet abordé à maintes et maintes reprises. L'approche est différente, la lecture est fluide, on suit de très près le personnage central, on arrive à comprendre son fonctionnement.
Si vous ne l'avez jamais lu, foncez. C'est très bien écrit, le livre se dévore.
Je vais me mettre en quête d'autres ouvrages de cet auteur
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"La mort est mon métier" raconte l'histoire de Rudolf Lang, qui est en fait le "mélange" de Rudolf Hess et de Franz Lang.
Clairement, le titre est bien choisi. La mort, on dirait que Rudolf est fait pour
ça !
Dès le départ, on comprend bien qu'il ne sera pas tout à fait "comme tout le monde". Fils d'un père hyper catho méga sévère, il est tout désigné pour obéir.
Et en effet, il obéit sans se poser de question.
Le livre est d'une violence inouïe. C'est parfois même difficilement supportable de lire de tels détails. Même si tout le monde sait que le génocide juif a existé, il est encore difficile de l'accepter et de comprendre comment des êtres humains ont pu en arriver à une telle barbarie.
Et c'est l'objectif de ce roman, je pense, c'est nous faire comprendre comment un homme peut se comporter en tortionnaire toujours en remettant la faute sur une autre personne.
La lecture, bien que violente, était instructive.
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Terrifiant.
Ici, le personnage principal, inspiré du véritable commandant du camp d'extermination d'Auschwitz, n'est pas un monstre sanguinaire, mais un bureaucrate zélé, un soldat qui obéit sans réfléchir aux ordres qu'on lui donne. Il y a bien sûr la haine viscérale du juif comme terreau à l'impensable, mais comme Rudolph Lang le dit lui-même, il n'est pas plus coupable que l'aviateur qui largue des bombes sur une ville sans discernement, massacrant des civils. Si on prend deux minutes pour y réfléchir, le type qui a largué une bombe atomique sur Hiroshima n'est-il pas lui aussi responsable de crime contre l'humanité ?
Là où les nazis se sont distingués de la plupart des génocidaires de l'Histoire, c'est en usant d'une logique de rendement, de "chef de production". On ne parle plus d'humains, mais "d'unités", ou de "patients". Des êtres humains se sont vraiment penchés sur une table, ont brassé des chiffres, ont mis en place des "process" pour trouver la façon la plus efficiente d'exterminer d'autres êtres humains. Bref, je ne sais pas si c'est le cas, mais on devrait faire lire ce bouquin aux mômes à l'école.
Pour ce qui est du style, c'est assez propre, assez clinique, pas de grandes envolées lyriques (l'auteur s'efface sans doute devant la gravité du sujet, d'autant que le boucher est le narrateur), mais j'ai été fortement dérangé par le grand nombre de mots, des phrases entières parfois, en allemand dans le texte. Ca n'a à mon avis aucun intérêt.

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Le pouvoir abject du despote

Au cours de cette existence que nous tâchons de mener au mieux, est-il possible de songer à autre chose qu'à la vie et à toutes les ressources qu'elle nous offre, même si, parfois, il faut aller les chercher loin, « s'abandonner à vivre » comme l'écrit dans son recueil du même titre un Sylvain Tesson caustique ?
Alors que Primo Lévi parle également du « Métier de vivre », Robert Merle, évoque dans ce récit glaçant une orientation radicalement différente : la mort comme métier… Certains êtres font de ce choix abject une politique… C'est ainsi que les despotes de tout poil parviennent à étouffer l'Homme et qu'ils continuent, en plein XXI° siècle, de prospérer sur la « branloire perenne » de nos civilisations.
Dans la galerie des bourreaux, le romancier choisit de raconter l'évolution du sinistre Rudolf Hess, administrateur du génocide à Auschwitz. Avec méthode et précision, il explique comment le personnage en est venu à imaginer la machine destinée à éliminer tous ceux qui n'entraient pas dans les critères de la race aryenne. Il examine aussi comment ce favori d'Hitler a mis en place une entreprise de destruction de masse visant surtout à effacer tout signe d'humanité chez ceux qui ont fini par se demander, comme Primo Lévi, s'ils étaient encore des hommes.

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Enfin lu !
Et effectivement, un grand moment de lecture !
Dans un style très épuré, nous suivons la vie du petit Rudolf dont le père, pour expier une faute charnelle du passé, décide de consacrer son ainé a Dieu. le roman décrit très bien, dès l'enfance, la logique implacable du personnage, et son rapport à l'autorité. On comprend alors comment, plus tard, en suivant les ordres, il cherchera a optimiser la productivité des camps a donner la mort : tel un chef de production, il identifie un a un les éléments de la chaine qui cause soucis, et trouve le moyen, implacablement, logiquement, à les améliorer.
Le contexte historique est bien rendu, et les personnages qui l'entourent donnent corps au récit.

Grand moment de lecture, instructif, et effrayant...

Ames sensibles s'abstenir !
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Vous avez été nombreux, lorsque j'ai fait l'acquisition de ce roman, après la visite du Mémorial de Caen, à me dire que ce livre allait me marquer et je confirme. Si Rudolf Lang est une création littéraire, il retrace la vie de Rudolf Hoess qui, par obéissance, par devoir a mise en place l'usine de mort d'Auschwitz.

C'est un livre dur, noir où, tout doucement, l'auteur nous retrace l'enfance très réglementée de Lang avant de devenir un soldat nazi. Lentement, l'auteur nous mène vers l'impensable. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation ? Ce livre prend aux tripes car un moment, j'avais l'impression de lire un essai d'économie sur le taylorisme ou fordisme (vague souvenir) où on parle d'unités, de cadence, d'économie d'échelle, de rendement sans perte de temps. Et là, brusquement : réveille-toi, ce sont des humains et non des voitures ! C'est un massacre, une totale déshumanisation à vouloir être consciencieux et répondre aux ordres tout en se dédouanant car il fallait répondre à l'ordre venu de plus haut.

Un livre coup de poing. Je suis KO.
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Un livre sur la seconde guerre mondiale du côté nazi c est parti. franchement j ai trouvé ce livre écrit très intelligemment, il raconte avec objectivité le quotidien et la façon de penser des nazis et même si on arrive pas a ressentir toujours de l empathie pour eux cela nous permet d avoir un autre point de vue sur cette guerre. Et puis l écriture est fluide et agréable donc point positif en plus. Cela n est néanmoins pas un coup de coeur. Je le recommande fortement. A bientôt ^^
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Ce roman est en bonne partie basé sur les entretiens de Rudolf Höss avec le psychologue américain Gustave Gilbert lors du procès de Nuremberg, dont le compte-rendu semble à Robert Merle plus fiable que l'autobiographie de Höss : « Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue... ». La première partie de l'ouvrage est une oeuvre de fiction, une « re-création étoffée et imaginaire de la vie de Rudolf Höss [Rudolf Lang dans le roman], d'après le résumé de Gilbert » ; quant à la seconde partie, qui concerne Auschwitz, Merle estime avoir fait véritablement oeuvre d'historien.
(Texte repris sur la page Wikipédia consacrée à Rudolf Höss)

Ce que j'en ai pensé.
TERRIFIANT, GLAÇANT.
Auschwitz est géré comme une entreprise, Höss (Lang dans le roman), au delà du simple fait d'obéir, pense rendement, efficacité, Deutsche kwalität.

Troublant de passer de la lecture du roman graphique "La bombe" qui retrace l'histoire de la bombe atomique (Hiroshima : entre 68000 et 140000 morts sur 340000 habitants en un jour / Nagasaki : entre 35000 et 80000 morts sur 195000 habitants) a "La mort est mon métier" qui retrace le parcours de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz (1.100.000 morts avec un rendement de 3000 unités/jour p.267 ou 8000 unités/24h p.297). Les recommandations des nazis imposaient que l'on parle "d'unités" plutôt que de "personnes".
Je n'ai pas trouvé d'informations attestant ces chiffres.

C'est juste HORRIBLE et ça a dû être difficile également pour Robert Merle d'écrire ce bouquin.
Difficile de ne pas penser aux travaux de Milgram sur la soumission à l'autorité surtout après le passage où la femme de Höss, Elsie découvre la véritable activité de son mari sur le camp.

A lire mais qu'est-ce que c'est dur.
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Je crois que personne ne sort indemne de ce récit incroyablement noir. J'ai éprouvé une certaine sympathie devant ce jeune homme élevé par un père autoritaire catholique intégriste mais qui devient un adulte lui-même problématique…
Puis l'escalade monstrueuse de cet homme capable du pire juste “ parce qu'on lui avait commandé de le faire ”.
Je vous laisse découvrir ce récit de Robert Merle qu'il faut absolument faire lire aux générations futures pour ne jamais oublier ce que les dérives d'un fou on pu faire subir à des humains en prétextant qu'ils étaient différents.
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Ce roman retrace la vie de Rudolph Lang, un Bavarois né en 1900, qui finira comme Colonel chez les SS, choisi par Himmler pour ses qualités d'ordonnateur de l'extermination d'êtres humains dans les camps de la mort. Robert Merle précise dans sa préface que « La première partie de mon récit est une re-création étoffée et imaginative de la vie du Rudolph Hoess, d'après le résumé de Gilbert (un psychologue américain qui l'interrogea lors du procès de Nuremberg). La deuxième retrace, d'après les documents du procès de Nuremberg, la lente est tâtonnante mise au point de l'usine de mort d'Auschwitz. »
Ce livre s'empare d'une question fondamentale et délicate. Comment des hommes ont-ils pu à ce point aller dans l'horreur et sortir de leur humanité, s'abritant derrière leur devoir et l'obéissance pour justifier les crimes qu'ils ont commis ? Ces pages les plus sombres qu'a connu l'histoire, n'ont pu être écrites que parce qu'il existât des bourreaux. Robert Merle leur donne la parole, à travers son personnage fictif, dont la jeune existence s'inspire de la réalité de celle de Rudolf Hoess. On assiste à l'évolution de ce personnage étouffé par un père autoritaire et dévot, qui se révolte lorsqu'il se croit trahi par un prêtre, et dès lors ne croyant plus en la religion et ses valeurs. Lui, Rudolf, qui place la fidélité et le devoir au plus haut des vertus, et recherche un cadre dans lequel ces valeurs sont les premières, rejoindra l'armée allemande à 16 ans, fuyant sa famille, et trahissant la volonté impérieuse de son père récemment décédé.
Ce premier pas dans l'armée lors de la guerre des Dardanelles va l'entraîner peu à peu vers une affirmation de l'obéissance aveugle à l'autorité, au détriment de toute conscience et humanité. Les épisodes de la vie de Rudolf ne feront que confirmer cette évolution d'un homme qui se déshumanise peu à peu, pour ne devenir qu'un exécutant aveugle et sourd à tout amour ou charité, ne cherchant qu'a donner le meilleur de lui-même pour accomplir les tâches qu'on lui confie. Au gré de l'époque, il se verra rejoindre les SA, puis les rangs des SS où son zèle et son indifférence à tout malheur de son prochain fera des merveilles. Rudolf ne sera ébranlé que par son épouse, et surtout finira trahi par Himmler lui-même. Himmler, le chef de la Waffen-SS, qui préfèrera se suicider plutôt qu'assumer ses responsabilités dans l'holocauste, abattant la foi de Rudolf en la fidélité et le plaçant alors comme seul face à ses actes.
De tous les livres que j'ai lu, rarement un ouvrage n'a pu être si rare en mots, et si précis en idées et sentiments. J'ose à peine imaginer la difficulté de Robert Merle à représenter sur le papier les sentiments qui parcourent Rudolf, sans verser dans l'outrance ou la facilité d'un propos trop convenu. J'ai véritablement été saisi par la prouesse de l'écrivain, dès les premières lignes le lecteur est captif d'un roman dont l'intensité grandit subtilement à chaque page. Rudolf est un homme qui a soif d'absolu et d'exclusivité : le devoir et la fidélité sont des valeurs qui l'obnubilent, allant jusqu'à s'oublier lui-même car il ne construit pas lui-même son avenir : son avenir lui est imposé par ce besoin exclusif de répondre à cet impératif, il ne se voir exister que dans ce cadre.
On voit comment cet homme s'abandonne peu à peu dans l'obéissance, sans doute incapable d'être libre, il préfère être au service de chefs qui incarnent ses valeurs, quitte à se faire détester par ses semblables qui ne comprennent pas ce zèle et son manque d'empathie. Cette servilité permet à Rudolf de ne plus être responsable de ses actes, étant un rouage mécanique d'une machine destinée à supprimer des millions d'êtres humains.
Robert Merle place dans un cadre historique appuyé de nombreux faits parfois difficilement soutenables mais réels, les conséquences de la soumission à une autorité. Cette soumission qui devient aveugle lorsqu'un homme oublie son humanité, et sert d'alibi pour se dédouaner de toute responsabilité. Il démontre aussi et très simplement deux éléments fondamentaux :
l'absurdité des nazis : pour eux, leur victoire ne fait aucun doute, cependant il est impératif de supprimer les Juifs sinon ils supprimeront les nazis
« - Rudolf : (..) les Juifs sont nos pires ennemis, tu le sais bien. Ce sont eux qui ont déclenché la guerre. Si nous ne liquidons pas maintenant, ce sont eux plus tard qui extermineront le peuple allemand
- Elsie : mais c'est stupide, dit-elle avec une vivacité inouïe. Comment pourront-ils nous exterminer puisque nous allons gagner la guerre ? »
A cette question, exprimée par Elsie (une paysanne devenue la femme de Rudolf), Rudolf ne saura s'abriter que derrière « C'est un ordre ».
Enfin, Elsie demandera si Rudolf serait capable de tuer ses propres enfants, ignorant sans doute que la réponse est dans la promesse que tout SS se doit d'obéir à tout ordre, y compris celui de tuer sa famille. Rudolf, quelque peu ébranlé par la réponse qu'il va apporter, se contentera de dire ‘Naturellement'.

Pour conclure, ce livre est d'une sobriété et d'une force rares. Même s'il s'agit d'un roman, le lecteur est plongé dans l'Histoire, sans que jamais Robert Merle n'aille dans l'insupportable, faisant appel à l'imagination du lecteur pour se représenter les scènes qu'il suggère, et l'atmosphère lugubre et froide de certaines scènes. La puissance de cet ouvrage est d'aborder un sujet de toujours : jusqu'à quel point une cause est-elle soutenable ? A quel moment devient-on des Rudolf, des Elsie ? Qu'est-ce qui nous garde dans l'humanité ? Et ce qui peut nous en faire sortir…

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