Ce tome regroupe plusieurs histoires courtes parues entre 2009 et 2011.
Hellboy à Mexico (illustrations de
Richard Corben, 28 pages) - En 1982, Hellboy et Abe Sapien attendent l'hélicoptère qui doit venir les chercher dans une zone désertique près de Mexico. C'est l'occasion pour Hellboy de raconter comment il s'est associé avec une équipe de catcheurs mexicains pour lutter contre des créatures surnaturelles, en 1956.
Avec cette histoire,
Mike Mignola développe une atmosphère ou le mal de vivre devient un malaise palpable : Hellboy passe son temps à lutter contre des monstres le jour, et à faire la java le soir et la nuit. Mignola sait rendre palpable la stupeur éveillée d'Hellboy et son amitié pour cette équipe de catcheurs. Je n'ai pas réussi à éprouver d'empathie pour ce registre cafardeux, ou pour le catch mexicain décrit ainsi. Corben est en bonne forme, avec des monstres très réussis, très horribles et un joli dindon maléfique. 3 étoiles du fait d'une histoire peu engageante.
La récompense de Sullivan (illustrations de
Richard Corben, 22 pages, première partie du numéro "Double feature of evil") - En 1956, dans le Kansas, monsieur Sullivan a appelé le BPRD (Bureau of Paranormal Research and Defense) pour obtenir l'aide d'Hellboy. Dans un café, il lui explique qu'il habite une maison qui l'oblige à tuer. Dans son texte d'introduction, Mignola explique qu'il a essayé de capturer les ambiances des livres de
Jean Ray. Et c'est une réussite totale mâtinée d'histoire d'horreur à l'ancienne avec châtiment final en guise de morale, et ironie cinglante. du très grand Hellboy, avec des visuels qui jouent sur tous les points forts de Corben. C'est magnifique de bout en bout : personnage au regard trouble derrière ses lunettes, maison gothique et délabrée, phénomène surnaturel inexplicable, sang qui gicle, décombres, monstre original et impossible, etc. 5 étoiles (et c'est un minimum).
La maison de Sebek (illustrations de
Richard Corben, 6 pages, deuxième partie du numéro "Double feature of evil") - En 1960 dans une université du Massachussetts, un employé subalterne réussit à attirer l'attention de Sobek (le Dieu égyptien à tête de crocodile), avec des momies en cadeau. Hellboy doit mettre un terme à ces agissements. Histoire courte, délicieusement horrifique à l'ancienne, ironique, avec morale sanglante.
Richard Corben baigne une fois de plus dans son élément naturel. 5 étoiles (et c'est un minimum).
Le dormeur et le mort (illustrations de
Scott Hampton, 48 pages) - En 1966, dans le Suffolk, Hellboy et une équipe du BPRD ont été appelés suite à des manifestations qui laissent supposer l'existence d'un vampire. Hellboy arrive le premier, blesse le vampire et tombe dans un piège.
Mike Mignola taille sur mesure son histoire, là aussi pour profiter au mieux des points forts de
Scott Hampton. Il y a donc moins d'ironie, Hellboy est moins goguenard, et il y a plus d'ambiances sombres. La mort ne peut plus être prise à la rigolade, elle devient tragique. Les horreurs sont à prendre au premier degré, et le désespoir plane sur le destin des créatures monstrueuses.
Scott Hampton est effectivement parfaitement à l'aise pour transcrire ces ambiances harassantes dans des images simples, évocatrices et légèrement oniriques. 4 étoiles, parce que ce type de récit correspond moins à mes goûts et me semblent un peu fades après les excès de Corben.
La fiancée de l'enfer (illustrations de
Richard Corben, 24 pages) - En 1985 dans le Connecticut, Hellboy sauve une jeune femme plantureuse qui allait être sacrifiée par des prêtres d'un culte immonde. Il part à la chasse du monstre auquel ce culte était voué.
La jeune vierge offerte en sacrifice à des vieux perver(ti)s, le gros monstre toutes dents dehors, le vieux prêtre décati, le désert, la justice immanente : 100% Corben.
Mike Mignola doit être un vrai fan du maître
Richard Corben pour lui écrire des récits sur mesure, sans pour autant trahir le personnage d'Hellboy. Moins drôle que "Double feature of evil", mais tout aussi savoureux. 5 étoiles.
L'héritage de Whittier (illustrations de
Mike Mignola, 8 pages) - En 1985 dans la région de Boston, un individu pas bien dans sa tête conjure une entité surnaturelle dans une ancienne demeure, pour devenir immortel. Une histoire courte mettant en scène une intervention brève et définitive d'Hellboy, avec des illustrations de
Mike Mignola qui s'est appliqué. 5 étoiles, rien à retirer, rien à rajouter, un interlude savoureux dans cette collection d'histoires courtes.
Le voeu de Buster Oakley (illustrations de
Kevin Nowlan, 24 pages) - En 1985 dans une région rurale du Kansas, des vaches ont disparu suite à des incantations magiques d'un groupe de jeunes. Charge à Hellboy de trouver des indices qui lui permettront de découvrir le vrai coupable.
Si vous vous souvenez des histoires de Jack B. Quick, vous aurez une bonne idée de l'ambiance mêlant parfaitement des aspects ruraux légèrement surannés avec une légère dose d'anticipation, et une bonne couche de second degré irrésistible.
Kevin Nowlan délivre des illustrations ciselées, entièrement conçues pour servir l'histoire et installer une ambiance dense, et ses vaches sont toujours aussi placides et inquiétantes. 5 étoiles (et c'est un minimum).
Les compilations d'histoires courtes d'Hellboy sont assez inégales. Mais ici les histoires illustrées par
Richard Corben (sauf peut-être la première) et par
Kevin Nowlan ont été faites sur mesure pour marier les particularités d'Hellboy avec les forces graphiques de ces illustrateurs hors pair.