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EAN : 9782749128672
624 pages
Le Cherche midi (10/04/2014)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Écrivain génial ou pathétique plumitif ? La vie et l'?uvre de Phoebus K. Dank, auteur obèse, obsessionnel et d'une imagination sans limites ont toujours suscité controverses et débats enflammés. Sa mort mystérieuse et violente n'a pas clos la polémique qui se rejoue dans les pages de l'ouvrage que lui consacrent William Boswell et Owen Hirt, critiques partiaux et frères ennemis. Le premier est un spécialiste reconnu de l'?uvre dankienne, il a été son ami et son plus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Phoebus K. Dank, auteur de SF, est mort. Plus précisément assassiné, selon son fidèle ami Bill Boswell, par Owen Hirt, qui vouait au romancier dont il fut pourtant un proche un mépris haineux et féroce.

Conformément à la volonté du défunt, aux côtés duquel il a vécu comme un parasite pendant quinze ans -ce qui convenait parfaitement à Phoebus, terrorisé par la solitude-, Boswell entreprend la rédaction d'une encyclopédie de l'oeuvre dankienne qu'il co-écrit, suite à un fumeux arrangement, avec Hirt. Ce dernier lui transmet par mails depuis les différents paradis pour touristes où il se cache tout en prenant du bon temps -pendant que Boswell se terre depuis la mort de son ami et logeur dans le sous-sol d'un meublé miteux-, les articles à insérer dans l'anthologie. Il en résulte une joute par textes interposés entre les deux hommes, Boswell portant aux nues celui qu'il a toujours considéré comme le plus génial des écrivains de science-fiction, Hirt se montrant odieux avec Dank, dont il lamine la pauvreté du style, et la stupidité des synopsis.

Au gré des "entrées" de l'ouvrage, organisées par ordre alphabétique, le lecteur fait plus ample connaissance avec le personnage de Dank et son oeuvre, mais pas seulement.
En effet, ses co-auteurs entremêlent aux éléments sur la vie et la biographie du sujet de leur étude, des considérations quant à leurs propres carrières -ratées- d'écrivains, et certains détails de leurs propres existences. "L'univers de carton" est ainsi un texte profus, riche, qui s'il tourne autour de l'atypique personnalité de Dank, et de sa non moins curieuse oeuvre, se révèle aussi être le portrait complexe de cet homme de l'ombre qu'est Boswell, qui dévoile peu à peu l'ampleur de ses propres failles.

Phoebus K. Dank, homme obèse, paranoïaque, agoraphobe, accro aux amphétamines, dont les quatre mariages furent de piteux échecs, était un écrivain prolifique, voire compulsif, qui nourrissait, avec plus ou moins de bonheur, ses romans de théories souvent loufoques, nées de ses névroses et de ses délires. Ses angoisses et ses obsessions le mettaient régulièrement dans des situations ridicules et pitoyables, sources d'anecdotes à la transcription desquelles le lecteur se délecte.
Mais elles étaient aussi à l'origine de ses créations littéraires, souvent complètement barrées, car basées sur des hypothèses absurdes imaginées par l'auteur, sur son obsession des mondes parallèles, et sa conviction de vivre dans une réalité "truquée".

Les idées de départ des romans ainsi produits nous sont exposées dans l'encyclopédie, et constituent un savoureux festival de cocasse bizarrerie : dystopies burlesques, récits mettant en évidence les fantasmes suscitées par la pauvreté de sa vie sexuelle (comprenant leur lot de bimbos à fortes poitrines), ou les complexes nés de son physique éléphantesque (les héros qu'il imagine sont presque immanquablement des cadors musclés et invincibles), ouvrages d'anticipations décalées... La prolixité de Dank a semble-t-il donné naissance à autant d'intrigues originales qu'à de navrants synopsis de série B. Lorsqu'il n'écrivait pas, il alternait épisodes dépressifs et périodes d'hyper activité mentale, pendant lesquelles il s'adonnait à des expériences pseudo scientifiques, en réalité complètement déjantées.

Au gré de cet hilarant puzzle, se dessinent les indices qui mèneront à la résolution de l'énigme qu'a priori ne constitue pas l'assassinat de Dank...

Les clins d'oeil à Philip K. Dick, dont le personnage de Dank est fortement inspiré, sont nombreux, et l'occasion pour les connaisseurs de traquer les références à sa bibliographie. Ceci dit, les non initiés apprécieront tout autant... Il faut noter aussi le travail du traducteur, en l'occurrence Claro, qui, non content de transcrire avec justesse et brio cet improbable ouvrage, en rajoute à sa fantaisie en le parsemant, par le truchement de notes de bas de page, de commentaires souvent très drôles.

Vraie encyclopédie d'un faux écrivain, ce roman original et fort réjouissant m'a fait passer un excellent moment. Christopher Miller parvient, sans se prendre au sérieux, à atteindre l'excellence, et à faire preuve d'une parfaite maîtrise dans sa construction. Lancez-vous dans cette aventure littéraire qui ne ressemble à aucune autre, et même si parfois "L'univers de carton" peut sembler décousu et difficile à suivre, persistez : c'est sa vision d'ensemble qui permet d'en apprécier l'étonnante richesse.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Bien évidemment j'ai emprunté ce (gros) roman à la médiathèque parce qu'un Lot49 ne se refuse pas, promesse de lecture souvent décoiffante. Hé bien mes amis, totale réussite pour les amateurs de décalé joyeux, d'humour au second degré, parfois de grand n'importe quoi. J'ai levé les yeux au ciel ('mais c'est pas possible, quel taré!'), ricané (façon hyène hilare, © Lectures sans frontières ), pouffé, suis passée à d'autres lectures histoire de ne pas m'essouffler parce que c'est épais quand même et aussi que je voulais savourer, et finalement terminé d'une seule foulée, admirative du tour de force et heureuse d'avoir découvert où tout cela menait (et franchement on se gratte la tête, se demandant où on en est).

Connaissez-vous Phoebus K. Dank (oui, clairement du Philip K. Dick là dessous), auteur prolixe de science fiction? Pour Boswell (oui, le même nom que l'auteur de la biographie de Samuel Johnson...) son ami c'est le plus grand, au point qu'il a consacré sa vie à défendre son oeuvre, pour Hirt, son ex-ami, suspecté d'avoir assassiné Dank, c'est un pauvre type nullissime. Les avis des deux paraissent dans ce roman, encyclopédie dankienne où le lecteur trouvera des résumés de ses romans, le récit de la vie de Dank, et forcément de Boswell, Hirt et les autres. de petits détails mettront la puce à l'oreille du lecteur, qui aura sans doute une idée plus claire des faits à la toute fin. Quoique, l'on trouve aussi un échange entre Miller et Dank pour savoir qui a imaginé l'autre, et Dank a par ailleurs une fois rêvé 'qu'il était le héros d'un roman comique mettant en scène un auteur de troisième zone.' Les entrées dégoulinantes de louange de Boswell s'opposent à celles fielleuses de Hirt ("Les goûts littéraires de Dank - si on peut parler de Dank et de goût dans la même phrase")

Drôle de zèbre que ce Dank. Imagination délirante, obsédé sexuel (les blondes à forte poitrine abondent dans ses romans) se prenant moult râteaux, obèse, drogué, agoraphobe, j'en passe. "Il construisit une machine à remonter le temps et se persuada qu'elle fonctionnait", "se persuada que son voisin dirigeait sur lui un rayon mortel et se mit à porter un costume en papier alu tout en travaillant dans son jardin", "régla son réfrigérateur pour que la petite lumière reste allumée quand la porte était fermée, fit venir le véto chez lui en pleine nuit parce qu'il avait donné à manger à son chat de la nourriture pour chien", etc.

Il y avait longtemps que je m'étais autant amusée à lire un roman. Dank (et Boswell) sont souvent pathétiques, mais quelle imagination débordante! "Il expérimentait en permanence.(...)Un jour, il modifia les toilettes du bas pour que l'eau qui coule quand on tire la chasse soit chaude." "Dank demandait toujours ''Que se passerait-il si?' Que se passerait-il s'il prenait un excitant et un somnifère en même temps? un antidiarrhéique et un laxatif? Un somnifère et un laxatif? () A-t-on le droit d'acheter juste une noisette dans un supermarché? Peut-on la payer par carte bancaire? Par chèque? () Votre ordinateur explosera-t-il si vous cherchez 'e' sur google?" [non, je n'ai pas essayé]

Quant à l'oeuvre de Dank, je vous laisse en juger; selon Hirt, trop de dialogues inutiles. En tout cas certaines histoires tenaient la route et j'aurais aimé les lire.

Je constate avec désespoir qu'il m'est impossible de tout citer, tellement ce roman foisonne de passages notables, un vrai feu d'artifice!

Je terminerai donc en précisant que Claro, le traducteur, en a rajouté dans le bazar ambiant, faisant de ce roman traduit un livre encore meilleur que l'original! En effet il s'est bien lâché dans les notes du traducteur...
Exemples parmi d'autres
"un centime" * avec note: "Je sais bien que le centime n'a pas cours aux Etats-Unis, mais je ne suis pas là pour bercer le lecteur dans l'illusion que ce qu'il tient entre les mains est autre chose qu'une traduction."
"August et April"* avec note : "Ce sont les prénoms des deux protagonistes du roman. (...) Mais sachez qu'on ne traduit jamais les noms et prénoms anglais en prénoms français, de peur que le lecteur oublie qu'ils sont anglais et les imagine avec un béret et une baguette;"
"mainstream"* avec note : "je laisse à dessein ce terme anglais car l'expression 'littérature blanche' m'a toujours paru inappropriée pour désigner des fictions qui méprisent souverainement les Martiens et les pisto-lasers."

Clairement, ce bouquin ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais croyez-moi, ça vaut le détour!!!

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Le sous-titre est "un guide du monde de Phoebus K. Dank" et ce roman se présente comme un dictionnaire de la vie et de l'oeuvre de cet auteur de SF imaginaire, qui entretient toutefois quelques points de ressemblance avec Philip K. Dick. Cet ouvrage est apparemment écrit par deux auteurs, Boswell et Hirt qui se partagent les entrées de ce dictionnaire. Alors que pour Boswell toute la prose dankienne est parole d'évangile, pour Hirt rien n'est à sauver... L'ensemble est plaisamment drôle et érudit, la traduction de Claro aux petits oignons (il se paie même le luxe d'intervenir dans les NdT !) mais au final ce bouquin est quand même longuet. J'avais vu venir depuis longtemps le coup de la "dissociation de personnalité" des deux auteurs, en réalité un seul, assez tôt. Donc je n'ai pas été surpris à la fin quand tout ce précipite de ce côté là, dans des notes de bas de page assassines. Néanmoins une lecture plus que sympathique.
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Bio-bibliographie piégée, à plusieurs niveaux, d'un écrivain imaginaire, et vertigineuse réussite littéraire.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/21/note-de-lecture-lunivers-de-carton-christopher-miller/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
À la fin du premier semestre, quand je me mis enfin en quête d’un appartement, Dank et moi formions un couple si tranquille qu’il parut vaguement vexé quand je parlai de déménager : les réserves qu’il avait pu avoir lors de mon installation chez lui avaient disparu depuis longtemps. Je me dois de signaler que Dank n’avait fréquenté la fac qu’un semestre, et c’est sans doute ce manque de familiarité avec le monde universitaire qui explique ce choix d’un professeur comme personnage sinistre dans The Academician. Le grand artiste « marginal » Henry Darger, autodidacte proclamé, peignait souvent des toques universitaires – des « couvre-chefs de professeur d’université », comme il les appelait – sur la tête des soldats sadiques tueurs d’enfants qu’on voit sur ses tableaux. Non que Dank et Darger eussent eu tort de craindre les enseignants. Le professeur MacDougal – critique littéraire à ses heures perdues, naguère ami de Dank, opposé à mon embauche (et plus tard à ma titularisation), et directeur de mon département de 1996 jusqu’à sa mort aussi sinistre que soudaine en 2000 – était si haineux et si largement haï que même un homme aussi pacifique que Dank fut interrogé au moment de sa mort.
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Depuis ses humbles débuts comme scribouillard de SF lambda jusqu’à la nuit de son horrible mort, Phoebus Kinsman Dank fut probablement le seul véritable génie de notre époque et assurément le plus prolifique. Ses cinquante-sept livres présentent un défi intimidant aux lecteurs potentiels. Même ses fans les plus ardents n’ont lu que quelques-uns de ses livres, la plupart étant épuisés. Un des objectifs de ce guide est de fournir les informations de base sur la vie et l’œuvre de Dank dont aurait besoin son lecteur idéal avant d’aborder chaque livre.
De prime abord, la vie de Dank ne respire pas le bonheur. A la grande honte de notre époque illettrée, aucun de ses romans ne lui a vraiment apporté la gloire ni (nonobstant quatre mariages calamiteux) valu l’amour durable des femmes qu’il a aimées. Il a fini ses jours célibataire et négligé. Quelques-uns de ses romans se sont assez bien vendus, mais aucun ne s’est vendu aussi vite que le pauvre Dank dépensait son argent. Le monde voyait en lui, si tant est qu’il le vît seulement, un gros loser mal habillé d’un naturel affable.
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Dank faisait partie de ces gens qui compulsent en permanence le Guide médical de la famille, l’Atlas en couleurs des maladies incurables, le Manuel de Merck et le Guide des troubles mentaux de l’Association psychiatrique américaine – et comme le savent tous ceux et celles qui ont consulté ces ouvrages, en particulier le dernier cité, il est difficile de les feuilleter sans se reconnaître, ou reconnaître quelqu’un de proche, à chaque page. Pendant un temps, Dank garda un exemplaire du GTM sur le réservoir des toilettes de la salle de bains bleue, et un jour, en un seul transit intestinal, je me découvris successivement atteint de trouble explosif intermittent, de trouble paranoïaque et de fugue psychogénique ! Quant à Dank, du fait de son extrême suggestibilité, il se reconnaissait dans presque toutes les formes nébuleuses recensées dans ce monumental atlas des nuages.
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L’agoraphobie de Dank empira avec les années, même si, enfant, ses crises l’avaient tenu à l’écart de l’école pendant des semaines, contraignant sa pauvre mère à expliquer, à une cohorte d’enseignants sceptiques, la différence entre le mal dont souffrait son fils et la bonne vieille école buissonnière – une différence dont elle-même ne fut jamais vraiment convaincue. Nombre des personnages de l’œuvre de Dank souffrent de la même phobie. L’un d’eux (cf. BIG DICK et DICK, PHILIP K.) reste confiné chez lui par peur du monde extérieur, tandis qu’un autre (cf. THE TOE) ne veut plus sortir de son lit parce qu’il sait qu’il risque de mourir s’il se cogne un certain orteil.
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