"Donner" est un mot pour lequel il a tant d'aversion, qu'il ne dit jamais "je vous donne", mais "je vous prête le bonjour"
Il est possible que l'obligation d'aller vite en besogne ait déterminé Molière à écrire sa pièce en prose plutôt qu'en vers.
(notice L. Lejealle)
HARPAGON : Non ; mais je t'empêcherai de jaser et d'être insolent. Tais-toi.
LA FLÈCHE : Je ne nomme personne.
HARPAGON : Je te rosserai si tu parles.
LA FLÈCHE : Qui se sent morveux, qu'il se mouche.
Acte I, Scène 3.
Harpagon: Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné on ma coupée la gorge, ON MA DÉROBÉE MON ARGENT !...
HARPAGON : N'as-tu point honte, dis-moi, d'en venir à ces débauches-là, de te précipiter dans des dépenses effroyables et de faire une honteuse dissipation du bien que tes parents t'ont amassé avec tant de sueurs ?
CLÉANTE : Ne rougissez-vous point de déshonorer votre condition par les commerces que vous faites, de sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d'entasser écu sur écu et de renchérir, en fait d'intérêts, sur les plus infâmes subtilités qu'aient jamais inventées les plus célèbres usuriers ?
HARPAGON : Ôte-toi de mes yeux, coquin, ôte-toi de mes yeux !
CLÉANTE : Qui est le plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n'a que faire ?
Acte II, Scène 2.
LA FLÈCHE : Écoutez le mémoire. " Premièrement, un lit de quatre pieds, à bandes de point de Hongrie, appliquées fort proprement sur un drap de couleur d'olive. [...] Plus un luth de Bologne garni de toutes ses cordes, ou peu s'en faut. Plus un trou-madame et un damier, avec jeu de l'oie renouvelé des Grecs, fort propres à passer le temps lorsque l'on a que faire. Plus une peau de lézard de trois pieds et demi remplie de foin, curiosité agréable pour pendre au plancher d'une chambre. Le tout, ci-dessus mentionné, valant loyalement plus de quatre mille cinq cents livres, et rabaissé à la valeur de mille écus par la discrétion du prêteur. "
Acte II, Scène 1.
VALERE - C'est pour ne point l'aigrir, et pour en venir mieux à bout. Heurter de front ses sentiments est le moyen de tout gâter, et il y a de certains esprits qu'il ne faut prendre qu'en biaisant, des tempéraments ennemis de toute résistance, des naturels rétifs, que la vérité fait cabrer, qui toujours se raidissent contre le droit chemin de la raison, et qu'on ne mène qu'en tournant où l'on veut les conduire. Faites semblant de consentir à ce qu'il veut, vous en viendrez mieux à vos fins, et...
ELISE - Mais ce mariage, Valère?
VALERE - On cherchera des biais pour le rompre.
La peste soit de l'avarice et des avaricieux.
A sot compliment, il faut une réponse de même.
Surtout, prenez garde de ne point frotter les meubles trop fort, de peur de les user.