Ce roman,
Les gars de la rue Paul, est rien de moins qu'une petit chef d'oeuvre littéraire. Je n'avais aucune attente particulière, je m'apprêtais seulement à lire un ouvrage pour enfants, adolescents à la rigueur, peut-être bien écrit mais un peu simplet. Une évocation d'une quelconque aventure de jeunesse. Quelle erreur ! Ces enfants tout ce qu'il y a de plus normaux, avec des airs innocents, ils se transformeront en héros d'un jour. L'auteur d'origine hongroise
Ferenc Molnar nous entraine dans une histoire extrêmement bien écrite, profonde, résistante, qu'on peut interpréter à plus d'un niveau.
Pourtant, la quatrième de couverture résumait fidèlement l'intrigue. Deux bandes de garçons rivales (ceux de la rue Paul contre les Chemises rouges) se battent pour le monopole d'un terrain de jeu. Il s'agit en fait d'un terrain vague en plein milieu de la ville, que Jean Boka et ses amis ont transformé en repère. Je m'attendais à quelques coups de poings, puis à ce que tout se règle via une partie de football ou quelque chose de genre. Non ! C'est vraiment une guerre en règle qui se déroule. Personne ne tue personne, ce ne sont que des enfants. Mais, à part cela, tout le reste n'est qu'une grande analogie avec les grandes guerres que se livrent les grands. Trahison, infiltration et espionnage, filature, plans de batailles, duels, etc. Les enfants ont même utilisé les ressources du terrain et de la scierie derrière pour créer des forts et des tranchées.
Et du courage à volonté. Même et surtout chez ceux dont on s'en attendrait le moins. le petit Ernest Nemecsek m'a beaucoup surpris et les talents de tacticien de Jean Boka également. J'ai aussi eu pitié de Geréb, qui cherche sa place dans tout ça. Sans oublier Csonakos, Weiss, Barabas, Csele et plusieurs autres. Tous partagent ce sens de l'honneur poussé à son paroxysme, peut-être certains adultes devraient s'en inspirer… du côté adverse, que dire du magnanime Feri Ats et des terribles frères Pasztor ! Chaque lecteur aura son petit bonhomme préféré. Il est seulement dommage qu'aucune fille n'y soit incluses mais je suppose qu'il en était ainsi à l'époque.
Le roman traite d'un sujet sérieux mais à l'échelle des enfants. Il n'y a pas à craindre, rien de trop terrible ou dramatique n'est raconté, personne ne devrait le terminer en larmes ni faire des cauchemars.
Un autre élément du roman qui m'a plu est la fin. Je devrais plutôt dire des deux finales, soit le sort réservé à un des garçons puis au terrain. L'une des deux m'a vraiment surpris. À vous de les découvrir.
Peut-être qu'aux yeux des jeunes d'aujourd'hui
Les gars de la rue Paul peut sembler avoir mal vieilli. En tous cas, ici en Amérique, les jeunes ne s'amusent plus avec des billes, encore moins du mastic, et ils ne se disputent plus ainsi quand ils convoitent des terrains de jeu. Ceci dit, pour tout le reste, les valeurs mises de l'avant, les échanges entre gosses (mêmes si les mots ont changé) se ressemblent, les harangues, les jalousies, etc. Pour toutes ces raisons, ce roman est encore une lecture agréable qui pourrait plaire à plusieurs.