A chaque thriller ses surprises et peut-être la garantie d'un voyage dans les fleuves de l'enfer, de ceux que l'on aurait aimé ne jamais côtoyer, de près ou de loin, victime ou proche, les dommages collatéraux divisent pour mieux régner, aléatoirement ou ciblé, personne n'est à l'abri, ce qui fait la beauté de la vie peut basculer dans les heures les plus sombres ...
Après trois premiers romans prometteurs et figurant l'auteure indépendante dans le cercle fermé des plumes du thriller parmi les plus excitantes et palpitantes du moment, si
Albane Mondétour trouve l'inspiration et la volonté de faire plus parler d'elle, nul doute qu'elle pourrait taper dans l'oeil d'une maison d'édition, sauf si c'est un choix délibéré de rester dans l'auto-édition, cela n'empêche pas de constater combien son écriture a évolué depuis
Ometeolt.
L'idée de repousser et d'étudier toutes les facettes humaines jusque dans ses recoins les plus obscurs, entre la lumière et l'ombre, la fascination de parcourir la frontière entre le bien et le mal, il existe des nuances qui mériteraient qu'on s'y attarde quelque peu, partout dans le monde, on ne ne le répétera jamais assez, on n'a pas fini de panser des blessures ou des plaies qui pourrissent le quotidien, qu'elles soient issues de conflits meurtriers ou du fait d'un présumé individu isolé, une chose est sûre, sonder les profondeurs de l'esprit doit passer par la psychologie pour cerner tous les tenants et aboutissants,
First s'inscrit indéniablement dans cette folie où l'art du mensonge et de la manipulation sont de mèche, un terreau fertile pour bousculer le lecteur, le thriller peut alors s'arroger le droit de trouver sa vitesse de croisière.
Dans l'évolution et la propension à créer du neuf à partir d'une intrigue qui n'a rien d'original à la base, une histoire de violeur et tueur en série insaisissable, des survivantes tourmentées, une enquête qui s'enlise, tout l'intérêt de
First réside dans l'exploration de la psyché humaine, les axes de la folie sont tendues à leur maximum pour en soustraire toute les résonances du passé, chaque personnage lutte contre des démons intérieurs, l'atmosphère anxiogène se voudra d'alterner entre certitude et doute, des couches sédimentaires peuvent en cacher d'autres, si le sol peut être malléable, l'esprit humain aussi sauf que rien ne se passe jamais comme prévu, l'auteure sait capturer les turbulences de personnages torturés et le lecteur aussi, les évidences deviennent des pièces d'un puzzle inachevé, l'ambiance oppressante monte au fil des pages, il s'installe un jeu de pistes dans lequel le chat et la souris peuvent perturber et semer le trouble, ce qui en fait une force stylistique à ne pas seulement répéter à l'envi les différents points de vue entre le passé et le présent, comme la plupart des thrillers ne s'en prive pas, le style de l'auteure brille de nouveau dans la faculté à éviter les ficelles maintes fois exploitées que de saisir la balle avant même qu'elle ne rebondisse, prendre à bras le corps les émois et plaies c'est faire se confronter la beauté et l'horreur, le désir de rester en vie, le poids des décisions et des secrets, ce qui différencie le thriller d'autres genres, faire grimper le taux d'adrénaline pour atteindre un paroxysme dans l'état émotionnel et le suspense.
L'importance de soigner ses personnages, entre Céleste, Lucie et William, parmi les personnages récurrents qui tracent la construction par des marques de repères temporels, parfois des passages en italiques, se perdre dans le paysage bouleversé pour mieux se retrouver tôt ou tard, analyser sans tomber dans une figure rhétorique, allier l'essentiel et la symbolique représenté à travers le stigmates ancrés dans les sillons creusés, la vie n'est pas une sinécure comme on pourrait espérer la jouir quand on est jeune, beau et naïf, les erreurs peuvent parfois se payer très cher, les conséquences demeurées à jamais en rupture complète,
First dresse le constat sans complaisance de victimes en proie à leur pire cauchemar à ces silences qui en disent tellement, l'émotion dégagée gagne en intensité, si le roman est relativement court, prendre le temps d'appréhender chaque page à la manière d'un profiler comportementaliste, la narration vertigineuse monte d'un cran et au regard de ses premiers romans, il y a clairement un avant et un après après un traumatisme, si l'intrigue est une fiction, l'histoire percute autant qu'elle réunit tous les ingrédients d'un thriller réussi, sans concession et maîtrisée de bout en bout.
Mais l'autre personnage, dont je tairais le nom tout comme la signification du titre éponyme, illustre parfaitement certains des traits communs des pires déviances humaines, cette frustration se matérialise dans une perspective effrénée, l'urgence de la situation coïncide avec la renaissance invisible, certains troubles du comportement ont déjà l'objet de beaux jeux de miroir dans d'autres thrillers,
First d'
Albane Mondétour n'est pas en reste avec un regard intéressant sur les répercussions psychologiques et autres stress post-traumatique, la résilience est un terme désignant la capacité à l'être humain à se reconstruire.
Mais à quel prix ?
Une nouvelle preuve du vivier de la présence des très bons voire excellents thrillers français qui n'ont rien à envier à leurs homologues étrangers, qu'ils soient d'outre-Atlantique et dans toutes les terres du monde, ce qui est certain, l'homme et la femme n'ont pas fini de chercher à se protéger envers et contre tout, si
First ne renouvelle pas le thriller, il réserve suffisamment de surprises et d'arcs narratifs pertinents pour confirmer une nouvelle voix du thriller psychologique, comme beaucoup de consoeurs et confrères que j'ai pu lire,
Albane Mondétour n'a pas fini de parcourir d'autres rivages inconnus, de traquer des vérités que certains auraient préférés taire à jamais. Eternellement.
Je voudrai saluer également le travail de Brian Merrant, une nouvelle fois, en concoctant une magnifique couverture qui pourrait résumer toute la quintessence du travail d'
Albane Mondétour à évoluer en eaux troubles, je la remercie ici pour sa confiance et patience, entre la conscience d'une réalité glaciale et la partie immergée de l'iceberg, là où personne ne vous vient en aide voire ne risque de vous entendre.
Que la partie d'échecs continue et qui vaincra ... vivra !