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EAN : 9782857049272
381 pages
Flammarion (01/04/2004)
3.54/5   13 notes
Résumé :
Pourquoi la France s'est-elle implantée en Cochinchine dès 1858, puis sur le Tonkin et l'Annam ? Comment s'est-elle imposée à plus de 10 000 kilomètres de la métropole auprès de populations relevant d'une toute autre culture ? Comment a-t-elle conduit son action sur les plans militaire, politique, économique et humain ? Comment a-t-elle dû finalement quitter l'un des fleurons de son empire colonial ?

À toutes ces questions, et à bien d'autres, Pierre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un condensé de l'histoire de l'Indochine Française captivant mais avec ses biais : une lecture politique orientée et une méthode historique trop événementielle.

Pierre Matignon est un historien prolifique qui a écrit de nombreux essais historiques sur la France et son ancien Empire Colonial. L'Indochine française (1858-1954) s'inscrit totalement dans cette démarche. le livre retrace la présence française des premiers coups de canon du vice-amiral Rigault de Genouilly sur la proue du Némésis aux accords de Genève qui entérinent la défaite française et le retrait des troupes du Nord-Vietnam. Il revient sans ambages sur les errements de la politique française, notamment de la IVe République et de son manque de cohérence, son ballet de dirigeants tous aussi éphémères qu'incompétents. L'une des forces de son récit réside dans sa capacité à transcrire la grande complexité diplomatique de la région. Convoitises territoriales chinoises mais amitié mi-figue, mi-raisin avec les mouvements nationalistes. Rivalités entre Français et Siamois pour la domination en Asie du Sud-Est. Alliance sans faille laotienne et opportunisme cambodgien. Nationalistes communistes et nationalistes légitimistes. Sud contre Centre contre Nord. Opposition vichyste contre invasion japonaise. La fin de l'Empire français et les mauvais calculs des États-Unis anti-impérialistes.
L'autre force du livre, c'est le récit très précis des affrontements. Jour après jour, mois après mois, année après année. Montagnon livre une épique épopée de la Guerre d'Indochine : on ne se lasse pas des péripéties militaires. Les sièges, les expéditions, les retraites sont mises en valeur par une plume acérée. Plus intéressant encore, l'auteur arrive à lier fidèlement cause militaire et conséquence politique, surtout que l'esprit des Commandants sur place ou des Nord-vietnamiens font tout aussi vite cette connexion. Néanmoins, la bataille de Dien Bien Phu, la plus retentissante, la plus impactante, est étrangement écartée. Trois mots et puis s'en va. L'une des grandes frustrations de ma lecture.

Si le livre retrace les premiers pas du Français en Asie du Sud-Est, il ne s'embarrasse pas de replacer cette zone géographique dans le détail de ce qu'elle était avant son arrivée. Est succinctement balayée d'un revers de la main l'histoire riche de la région pour dire que "le pays globalement stagne au Moyen Âge". C'est le travers flagrant d'une lecture de la colonisation comme entreprise civilisatrice par les armes. En témoigne la présence anecdotique des missions catholiques destinées à convertir les foules (qui ont tendance à créer des tensions et, en l'occurrence, sont à l'origine de la Colonisation en Indochine) et une absence quasi totale de la mention des intérêts économiques et de l'exploitation des ressources territoriales. Au lieu de cela, l'auteur nous livre une vision militariste et un angle presque exclusivement géopolitique de la démarche coloniale française.
De la même manière, je vous ai dit qu'il n'hésitait pas à tirer à l'obusier sur la IVe République. Ce qui n'est pas visible à la lecture de l'ouvrage est aussi le passé de notre auteur. Montagnon a, durant une courte partie de son existence, fait partie des "Centurions", ces officiers, parfois passés par l'Indochine Française, et résolument partisans de l'Algérie Française. le ton caustique à l'égard de la IVe République (mérité ou non, ce n'est pas le propos), et même parfois à l'égard de de Gaulle, interpelle sur l'interprétation de Montagnon. L'Homme de 45 n'est pas celui de 58 et encore moins celui de 62. La position de de Gaulle après son retour au pouvoir en faveur de l'indépendance de l'Algérie ne lui inspire aucune sympathie de la part de Montagnon. L'amiral d'Argenlieu et le général Leclerc en prennent pour leur grade car ils restent des hommes du Général. le résultat fait que le livre a ses biais. La responsabilité du désastre de 1954, à travers la conclusion des accords de Genève, échoit sur le seul dos d'un système politico-militaire sans succès. En vérité, cette défaite majeure tient aussi à un système colonial contesté pour ses profondes inégalités, à un endoctrinement rapide et radical d'une partie de la population par les nationalistes et une incapacité française à prendre des décisions fortes au moment clé.

Comme toute critique éclairée, il est bon de signaler que l'auteur n'est pas avare de critique sur les inégalités profondes qui traversent la société coloniale et qui expliquent en partie les ressorts du nationalisme vietnamien, comme il le fait dans la dernière partie du chapitre 18. Loin d'être condescendant sur les qualités et la détermination des nationalistes communistes viet-minh, Montagnon a des expressions malheureuses, page 250, par exemple : "Comme à Pearl Harbor le fourbe asiate frappe sans préavis". J'ai bondi de ma chaise. Ce genre de propos raciste n'a pas sa place dans un livre d'histoire. C'est un cas très isolé, mais on peut regretter que ce trait ait échappé de sa plume, et malheureusement, encore plus, de son esprit.

Peut mieux faire.
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Une synthèse objective, bien étayée, de lecture aisée, sur cette guerre de décolonisation. Les chapitres d'introduction permettent de mieux appréhender les justifications, les enjeux de cette conquête , de cette implantation, puis, au fil des pages, d'apprécier ce que fut réellement la colonisation qui donna, comme trop souvent, une place incongrue aux autochtones, ses aspects positifs, comme les pires, de voir comment la résistance nationaliste se mit en place, - de harcèlements en guérillas- , dégénérant bientôt sur un véritable conflit particulièrement meurtrier.
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Saint-Cyrien, ancien légionnaire ayant soutenu le putsch des généraux à Alger avant de rejoindre l'OAS, Pierre Montagnon a vécu de près certains évènements qu'il décrit dans ses livres. Ces nombreux essais et documentaires portent d'ailleurs, en majorité, soit sur l'ancien empire colonial français, soit sur l'histoire militaire de la France et plus précisément sur certains corps (Légion étrangère, Commandos, Gendarmerie,...). Dans un documentaire comme celui sur l'Indochine française, on aurait pu s'attendre à une charge contre la décolonisation et à un propos engagé et partisan pour la suprématie de la France en dehors de la métropole. Que nenni ! Quoique pense l'auteur à l'époque de sa rédaction, « L'indochine Française : 1858 - 1954 » est un ouvrage sérieux, tendant vers un maximum d'objectivité. Les propos de Pierre Montagnon sont généralement modérés et nuancés, apportant le « pour » et le « contre » de la colonisation, des différents soulèvements des autochtones ; pointant les erreurs et les réussites des gouvernements français,... On pourrait presque penser que ceci est le travail d'un historien de formation même si on peut reprocher à l'auteur de ne pas citer suffisamment ses sources (notamment sur certains chiffres).



Bien entendu, retracer un siècle d'histoire en aussi peu de pages impose d'être synthétique. Cette synthèse est magnifiquement faite par Pierre Montagnon qui va à l'essentiel tout en brossant un panorama complet de l'occupation française dans cette partie de l'Asie. Le lecteur peut ainsi comprendre les enjeux, conséquences et les différents événements qui ont secoué cette partie du monde entre 1858 et 1954. de plus, la plume de Pierre Montagnon est agréable à la lecture, rend vivant ces faits historiques sans les romancer pour autant. A la fois accessible pour le profane et intéressant pour le connaisseur, Je ne peut que conseiller la lecture de ce documentaire à tous ceux qui s'intéresse à cette partie de l'Histoire.
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On ne peu que saluer la grande culture et l'érudition de l'auteur, l'objectivité dans le traitement de l'histoire de cette colonie/protectorat. On verra dans l'ouvrage tout le flou qu'il y eu dans cette distinction.
Pierre Montagnon étant spécialisé en histoire militaire, on ne lui reprochera donc pas d'avoir accès sont livre sur les faits militaires importants de la colonisation de l'Indochine des origines à la chute. Hélas si vous n'êtes pas passionnés d'histoire militaire, vous risquez de passer un peu à côté des trois quart de l'ouvrage. Ce fut mon cas.
Cela manque un peu d'anecdotes, de faits marquants, d'histoires dans l'histoire, d'analyse subjectives. L'auteur garde une certaine distance avec le sujet et ne s'implique pas personnellement. Ce qui est autant une qualité qu'un défaut.
Il y néanmoins une bonne descriptions des réalisations colonial toujours en les relayants au gouvernement en place à l'époque.
En fin d'ouvrage, des minis bio des principaux acteurs ainsi que des cartes et photos.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La rizière ! L'horizon et la vie d'un monde essentiellement rural à la mi-temps du XIXème siècle. Inondée, elle offre au coucher du soleil des reflets noirâtres. À la montée des plants, elle luit d'un vert cru. Après la récolte, elle se teinte du roux de la paille desséchée. Des silhouettes constamment l'habillent : nha-qué (paysan) vêtu de noir, coiffé d'un chapeau à larges bords, penché sur sa glèbe, buffle couleur cendre tirant l'araire ou cheminant à pas lents. Impossible de loin comme de près de distinguer les hommes des femmes. Ils portent tous la même tunique. Car tout le monde travaille. La culture du riz exige tant de bras ! En toile de fond de ce paysage rustique, le village de paillotes se dissimule derrière un écran de bambous que dominent quelques troncs de bananiers ou l'assise majestueuse d'un banian.
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L’image positive de la France restait ancrée dans bien des esprits. C’est vers elle qu’ils se sont tournés dans la tempête pour trouver refuge. La métropole, en 1990, abritait 110 000 Indochinois, 45 000 Cambodgiens, 32 000 Laotiens, 33 000 Vietnamiens. Chiffres qui ne reflètent qu’imparfaitement la réalité.
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Les Européens vivent sur eux-mêmes, en société fermée. Racistes ? Peut-être pas de manière absolue. Affichant tout au moins un net sentiment de supériorité à l’endroit des autochtones. Généralement, cette société coloniale bénéficie d’un statut privilégié, salaires convenables, habitant décent et domesticité. En dehors du travail, elle peut s’offrir une existence facile, coupée en bonne partie des dures servitudes du nhaqué ou du coolie. Situation privilégiée qui pousse ce petit monde à s’opposer aux évolutions pour préserver ses acquis. Sa porte se ferme devant les revendications de ceux qui, come le Tiers Etat hier, aspirent à devenir quelque chose.
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Video de Pierre Montagnon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Montagnon
La France des clochers de Pierre Montagnon aux éditions Télémaque
Et si avoir « l?esprit de clocher » devenait un compliment?? C?est en France que l?on trouve les plus hauts clochers d?Europe (14 sur 28). D?après le ministère de la Culture, on y recense plus de 55?000 édifices religieux en métropole.Ces églises et clochers ont ponctué depuis bientôt deux mille ans le paysage de la France et le dessinent encore aujourd?hui d?une façon unique en Europe.Pour la première fois, un ouvrage autant livre de référence que répertoire éclairé de notre patrimoine architectural, retrace l?épopée des clochers de l?Hexagone et de l?outre-mer?: clochers mérovingiens, romans, gothiques, calvaires ou chapelles de montagne. Dans ce tour de France, ce sont plusieurs centaines de monuments qui sont passés à la loupe émerveillée de l?historien.Pierre Montagnon nous propose aussi un guide des 100 clochers à saluer à tout prix dans nos régions.Un voyage d?exception au c?ur d?un patrimoine qu?il est urgent de redécouvrir pour continuer à le faire vivre.! 9782753303072
Vous pouvez commander sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
+ Lire la suite
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