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EAN : 9782070245918
288 pages
Gallimard (23/03/1963)
3.72/5   25 notes
Résumé :
Pour Henry de Montherland (né à Paris en 1896), écrire est - dès l'enfance - une passion, parallèlement avec la tauromachie et plus tard les jeux du stade. Incorporé dans le service auxiliaire, Puis affecté sur sa demande dans une unité combattante de l’infanterie, il est blessé en 1918.
En 1920, il publie son premier livre. Pendant dix ans, il sillonnera l'Afrique du Nord, l'Espagne et l'Italie. Il reçoit en 1934 le Grand Prix de Littérature de l'Académie fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Don Celestino Marcilla Hernandez, Espagnol qui a lutté au temps de la guerre civile dans les rangs des républicains, vit en réfugié politique avec sa fille. Eprouvant après de longues années d'exil une profonde nostalgie de son pays, il veut absolument le revoir et retourne à Madrid. Mais l'Espagne qu'il retrouve, perdue dans l'abjection de son régime, ne ressemble en rien à celle pour laquelle il avait consenti à donner sa vie, et dont il ne peut même retrouver le souvenir. Découvert par la police et sur le point d'être arrêté dans son hôtel, il met fin à ses jours. Il a le temps, avant de mourir, de se formuler une ultime conception de la vérité : il y avait le chaos, qui était la vie, et la nuit, qui était ce qu'il y a avant la vie et après la vie. Et encore : "Rien n'a d'existence, puisque tout cesse d'exister quand je cesse d'exister". Et rien n'a d'importance. Telle est la conclusion de ce roman dont le héros n'est pas un homme engagé mais un être "perpétuellement en marge" et cultivant sa singularité.
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"Fuera Todos" / "Tout le monde au large !"

C'est par ce cri que le Toréador ordonne à ses assistants de le laisser seul dans l'arène face à la bête. Et cette bête c'est l'homme. Pauvre animal à la vue brouillée par les premiers coups infligés par la vie. Comprenez bien que le chaos c'est notre existence et la nuit notre fin, notre profond sommeil. Néanmoins pour atteindre cette nuit éternellement froide il va falloir affronter la peur de la mort. Un rituel commun à tous les Hommes qui ont existé avant nous et qui perdura tant que l'Homme se reproduira. Et c'est bien seul que nous allons devoir vaincre ce supplice. C'est pour ca qu'il nous faut du courage pour le surmonter, comme tant d'autres l'ont fait avant nous. Une dialectique douloureuse qui imprègne tout le roman, chaque action est aussi tôt reflétée sur un miroir ou troublée par les ondes des eaux. Celestino est à la fois Montherlant et son contraire; le sang côtoie la neige; la fraicheur d'une jeune fille accompagne la décrépitude de la vieillesse ...

Mais nous savons tous comment cela va se finir. Tout s'enrobe de fioriture pour rendre la mort plus convenue, pour nous faire oublier notre état tauromachique. Cependant, Célestino n'est pas fourbe et pour ne pas y penser, il plonge lui même dans un tunnel paranoïaque, une ligne droite vers la nuit ; un train infernal. Foncer tête baissée vers la Muleta qui s'agite devant nous. Il aura vécu en égoïste, tué selon ses valeurs et c'est bien comme ca qu'il compte finir sa vie chaotique. Seul. Sans sa fille, sans ses amis. Dans le sang, s'offrir sur l'autel de la nuit.
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Le chaos et la nuit (Henry de Montherlant, 1963)

D'un style parfois un peu abscons, ce roman n'en demeure pas moins très intéressant déjà de par le décor sur fond de guerre d'Espagne. L'ouvrage sort en 1963 alors que Montherlant est sur la fin de sa vie et se voit décliner. Cette même année il passe à la postérité dans La Pléiade.
Celestino, réfugié à Paris depuis 1939, est dans la même tranche d'âge que l'auteur et commence à s'interroger sur son passé, le sens de sa vie. La mort de sa soeur à Madrid et la succession qui en découle vont accélérer le processus.
Celestino est un Bakounine raté : vivant des subsides d'un héritage familiale, il n'a jamais travaillé et ses réflexions couchées sur le papier n'intéressent personne. Son anarchisme le centre sur lui-même comme le miroir accentue les rides. Tout se délite autour de lui, l'amitié n'a jamais été qu'un leurre, sa descendance va le trahir lui et ses idées sociales.
En vérité, il a vécu comme un petit bourgeois et se soumet au rituel de la succession pour l'argent, parce que cet héritage est la dernière chose qui offre un intérêt à ses yeux, une fois que tout le reste fut tombé en désuétude.
L'afficionado qu'était Montherlant ne peut s'empêcher de faire descendre la scène de la tragédie dans l'arène où les taureaux sont mis à mort. Celestino choisit une fin de taureau aux cornes limées alors que les flics coiffés du bicorne bien ciré de la garde civile arrivent trop tard.
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Les vagues divagations d'un espagnol anarchiste exilé de l'Espagne franquiste: Livre sans aucun intérêt avec une fin incompréhensible...
Le deuxième montherlant sans intérêt que je lis (je n'ai tenu que 4 pages sur les jeunes filles)... Peut être une allergie à l'auteur?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les journées sans visite, sans courrier, sans coup de téléphone devinrent interminables : elles lui donnaient la sensation de la mort. Il portait fréquemment le regard sur la pendule : comme l’aiguille avançait avec lenteur ! Quelle étendue que cinq minutes ! Naguère encore, il se disait que dans la vieillesse on doit surveiller d’autant plus son temps qu’il est devant vous plus réduit. Mais à présent il voyait au contraire que la vieillesse est l’époque du temps perdu. Car, tout lui étant devenu indifférent, qu’importait ce qu’il mettait dans les heures, ou même s’il n’y mettait rien ? Et c’est pourquoi, du matin au soir – un peu semblable à ces soldats de l’armée de Lucullus dont parle Plutarque, qui, hébétés par la chaleur, déplaçaient au hasard des pierres dans le désert d’Afrique, – il faisait n’importe quoi, en attendant de se coucher tôt pour échapper par le sommeil à la conscience de soi-même. Cette déchéance, accompagnée d’une conscience aiguë d’elle, était décrite complaisamment par le vieux monsieur à sa fille. Il y eut un échange de répliques très semblable à celui qui avait déjà eu lieu. « Tu penses toujours que tu es vieux », avait dit Pascualita. Et lui : « Comment pourrais-je penser à autre chose ? »

Pour la première fois de sa vie, il réalisait qu’il était sur la pente descendante, et il la dévalait avec une rapidité dont il n’était plus maître, allait buter d’un instant à l’autre et s’écraser tout entier d’un coup. Cette course à la mort était sentie en même temps comme une fuite devant la mort. La panique devant la mort eût été arrêtée ou freinée s’il avait été fortement religieux, ou fortement coureur, ou fortement philatéliste. Cela n’était pas. Et la passion politique, il aurait fallu pouvoir en parler. Il aurait moins pensé à la mort s’il avait pu parler beaucoup politique. Mais il n’avait plus personne à qui en parler. Parler politique avec Pascualita ? Non, à la fin, le ressort était cassé. Parler avec elle des questions de bonnes, oui. Cela était peu, contre la mort. Il n’avait à lui parler que de sa mort, et c’est ce qu’il faisait.

Les journées rajeunissaient avec le soir ; les soirs avaient des projets et une sorte d’énergie. Mais, à chaque réveil de la nuit, et à celui du matin, la première chose qui lui apparaissait était la mort, comme si elle était restée là toute la nuit, au pied de son lit, attendant ses réveils. Le réveil du matin était celui de la grande détresse. « Vais-je me réveiller tout de bon ? Et, si oui, combien de fois encore se fera ce miracle ? Et à quoi bon ce miracle ? Pour quoi me réveiller ? » Dans ces réveils nocturnes, ses mains étaient gourdes et inertes, comme si la mort avait essayé sur elles son grand investissement final de lui.
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La plupart des hommes, à l’approche de la mort, changeaient de vérité. Ou bien les affaires de la terre, auxquelles ils s’étaient toujours livrés avec passion, alors leur apparaissaient futiles, et il n’y avait plus que l’indifférence à n’être pas futile : ce qu’avaient prêché les haut-parleurs. Ou bien ces mêmes affaires devenaient futiles, et il n’y avait plus que la construction religieuse à n’être pas futile, encore que depuis l’enfance ils l’eussent ignorée. Or, ce n’était là que le terme d’une suite de métamorphoses : leur vision du monde avait changé avec chaque époque de leur vie.

Mais s’il y avait une vérité pour l’âge de vingt ans, une vérité pour l’âge de quarante ans, une vérité pour l’âge de soixante, une vérité pour l’agonie, s’il y avait tant de vérités, il n’y avait pas de vérité. Les « problèmes » se dissolvaient comme se dissipent les nuages dans un ciel qui veut devenir serein. Lui qui avait vécu depuis son enfance sur cette conception : qu’il y a le vrai d’un côté, le faux de l’autre, et pas la moindre demi-teinte entre eux ! Il y avait la vie qui était mouvante, confuse et incohérente, et puis ce qu’il y a pour l’homme avant sa vie et après sa vie, qui était fixe et absolu. Le haut-parleur disait vrai : il y avait le chaos, qui était la vie, et la nuit, qui était ce qu’il y a avant la vie et après la vie (Chaos et Nuit, deux personnages de la divine comédie d’Hésiode, d’Hésiode que Celestino n’avait pas lu). Il y avait le non-sens, qui était la vie, et le non-être, qui était ce qu’il y a avant la vie et après la vie. Ou plutôt n’y avait-il pas que le non-être, et une apparence d’être ? « Rien n’a d’existence, puisque tout cesse d’exister quand je cesse d’exister. C’est cela qu’il aurait fallu comprendre plus tôt : rien n’a d’existence. » Mais il le comprenait enfin, et cette lumière qui l’éclairait était si insolite et si grandiose que seule sa mort pouvait la répandre. Elle était l’avertissement certain de sa mort, si sur celle-ci il avait pu avoir un doute. Un quart d’heure d’intelligence dans toute une vie, et au moment qu’on va la quitter !
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— Le point de vue politique doit être déterminé uniquement par la question suivante : cet événement aide-t-il ou n’aide-t-il pas à détruire le christianisme ?

— La révolution n’a pas été faite sur la question religieuse. Elle a été faite sur la question de la propriété privée.

— Le premier acte de la révolution aurait dû être : s’occuper de détruire le christianisme. Par les poils que j’ai sur les jambes ! Pas de demi-mesures : une destruction impitoyable et totale. Les anciens Romains, qui passent pour un peuple borné, sont un des peuples les plus intelligents qui aient été, parce qu’un des peuples au monde qui a le moins cru à ses dieux. Mais, dans leur lutte contre les chrétiens, ils ont agi comme des enfants.

— Vous autres, vous ne savez que détruire. Quand vous aurez tout détruit, aurez-vous le bonheur ?

— Quelle question ! Le bonheur d’avoir détruit. – Si les choses avaient tourné autrement, je n’aurais accepté qu’un poste : celui de Ministre de la Destruction des Cultes. L’Espagne n’est pas catholique ; en 1936, il n’y avait pas un écrivain espagnol se présentant comme catholique, sauf Bergamin. Pas une nation, sauf la Russie, n’a donné à l’athéisme autant que nous. Quand les communistes auront pris le pouvoir en France, d’abord ils feront bien de faire sauter l’éteignoir (il désignait le dôme du Sacré-Cœur). De l’édifice, que pourront-ils faire ? Ma foi… ils pourraient en faire une piscine.
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L'état prend un sens lorsqu'il vous permet de tuer légalement ceux de vos compatriotes qui ne pensent pas comme vous.
N.B. Une triste vérité dans toute guerre civile.
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L'anarchisme est simple, comme le célibat ; c'est parce qu'ils sont simples qu'il avait été à l'un et à l'autre.
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Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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