Beaucoup de bonheur à la lecture de ce livre, qui n'est pas l'un des plus connus de
Paul Morand. Les Indes « pré-britanniques », à l'aube du XIXe siècle, y sont décrites avec saveur et humour, à la manière d'un conte. Des exilés de toutes nations – mais en particulier des Français – y trouvent refuge et y deviennent mercenaires ou conseillers auprès de flamboyants rajahs plus vrais que nature. Des émigrés royalistes y côtoient des sans-culottes, y guerroient dans une jungle hostile contre les stipendiés de la perfide Albion et se lamentent quand les réserves de vin sont à sec… Vraiment on ne s'ennuie pas !
Et puis, si on se plait à décortiquer le pourquoi des choses, on pourra toujours trouver, sous la plume talentueuse et aristocratique de
Morand, une subtile critique de l'occidentalisation (déjà !) de ces terres lointaines…
A comparer, dans ce dernier point de vue, à
Claude Farrère (le plus grand !),
Jules Harmand et d'autres, comme, plus près de nous aussi,
Morgan Sportès ou Éric Miné.