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4,15

sur 388 notes
Un classique. Drame historique déchirant publié en 1974 et porté à l'écran en 1986 avec la sublime Claudia Cardinale. Une grande fresque populaire racontant la vie des plus humbles habitants de Rome à l'époque de la Seconde Guerre mondiale.

L'histoire se déroule à Rome de 1941 à 1947 et conte l'histoire d'Ida Mancuso, institutrice, veuve, à moitié juive, et de ses deux fils Antonio dit Nino et Giuseppe « Useppe » né d'un viol par un jeune soldat allemand, les animaux présents dans l'histoire sont également personnages à part entière.

L'innocence et la tragédie, l'horreur et tourments de la guerre sont la toile de fond du roman.
L'autrice s'attache à nous rapprocher de tous les personnages, humains, animaux domestiques, en racontant leur quotidien, les difficultés, et les horreurs vécues. Une véritable empathie se crée.
Ne souhaitant pas en dévoiler plus, je n'écrirai que ces quelques entrées :
Maternité - Pudeur des sentiments - Seconde Guerre mondiale - Fascisme - Lois raciales anti-juives – Ghetto juif de Rome - Shoah - Résistance – Libération.

J'ai « écouté » ce livre (une première pour moi !) lu par Jacques Gamblin et réalisé par Juliette Heymann, disponible en plusieurs épisodes en podcast sur Radio France – France Culture.
Notons qu'Elsa Morante (1912-1985) est née à Rome dans le quartier populaire du Testaccio, décor du roman. Sa mère était institutrice de confession juive, son père employé des postes ne l'avait pas reconnue. Elle le sera par Augusto Morante dont elle portera le nom.
La Storia publiée en 1974 devint le best-seller adapté par la suite à la télévision et au cinéma que l'on connaît.
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La Storia entrelace avec un grand art la trame de l'Histoire collective - cet "interminable assassinat" - et les fils des histoires individuelles, de 1941 à 1947. Les personnages sont très beaux, en particulier Useppe, du genre à rester en nous après la lecture, comme une petite lueur qui dorénavant nous accompagnera dans l'existence.
Useppe m'a d'abord fascinée par sa capacité d'émerveillement, son regard de poète transfigurant la pauvre réalité en une vision enthousiasmante:
"On eût dit, à la vérité, à entendre ses rires et à observer la continuelle illumination de son petit visage, qu'il ne voyait pas les choses réduites à leurs aspects usuels, mais comme des images multiples d'autres choses variant à l'infini. Sinon on ne s'expliquait pas comment il se pouvait que le misérable et monotone spectacle que lui proposait tous les jours la maison pût être pour lui un divertissement aussi varié et aussi inépuisable."
Mais la merveilleuse confiance d'Useppe, pour qui "il n'existait pas d'inconnus, mais seulement des gens de sa famille, de retour après une absence et qu'il reconnaissait à première vue", va être dévastée par les horreurs de la 2nde guerre mondiale et laisser place à une profonde angoisse et à une "solitude inquiète et éperdue":
"On eût dit que quelqu'un, pour le punir, avait interposé entre lui et les autres une cloison semi-opaque, derrière laquelle il prétendait, comme ultime défense, rester caché."
Tandis que La Grande Broyeuse qu'est L'Histoire déchiquète la vie des personnages de la Storia, les oiseaux, dont Useppe comprend parfois le langage, chantent
"C'est un jeu
un jeu
rien qu'un jeu"

(La comparaison avec le Hugo des Misérables de la 4ème de couv risque de susciter de la déception: Elsa Morante n'utilise pas les procédés romanesques qui font des Misérables un grand roman populaire, l'écriture est beaucoup plus distanciée.)

Challenge pavés
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C'est de la grande littérature, avec une histoire et des personnages qui vous emportent.

L'histoire se passe principalement pendant la deuxième guerre mondiale. Chaque chapitre représente une année de la guerre (hormis le premier et le dernier qui s'étalent sur plusieurs années.). Les chapitres débutent par un résumé des faits historiques. C'est un véritable coup de génie de l'auteur car le lecteur a vraiment l'impression qu'elle a extrait ses personnages de la masse des millions de gens qui ont tant souffert. Et le contraste entre les faits décrits froidement par les historiens et le vécu des petites gens est violent.

Ida, l'héroïne principale est une jeune veuve, craintive. Elle est la fragilité incarnée et vit dans la peur. Depuis qu'elle est enfant on lui a toujours dit qu'elle devait cacher sa judaïcité et qu'un jour quelque chose de terrible arriverait pour les juifs. Ce temps est venu!

Ida a perdu son mari et élève seule leur fils Nino. C'est un ado rebelle qui s'oppose souvent à sa mère. Il a abandonné l'école et commet des petits larcins.

Un jour alors qu'elle revient de son travail, elle est institutrice; elle se fait violer par un soldat allemand ivre. de ce crime naît un enfant Useppe.

Ce petit bout de femme va tout faire pour sauver sa famille dans l'Italie en guerre. C'est un roman fleuve ou chaque personnage est porteur de violence, de bravoure, de joies, de peines. C'est foisonnant, incroyablement riche. Il y a tout dans la Storia, l'horreur de la guerre, la déportation des juifs, les traitements inhumains, les scènes de la vie quotidienne pour survivre. Mais c'est avant tout un immense roman d'amour. L'amour inconditionnel d'une mère pour son petit garçon, l'amour d'un grand frère pour son petit frère sans oublier la chienne Bella!

J'ai adoré!!!!! Ça devrait être une lecture obligatoire.

La lecture de cette Storia m'a provoqué un vrai choc émotionnel. Il y a des passages atroces, intenses que je ne risque pas d'oublier. L'un des romans les plus marquants sur cette période.


Lien : http://secretelouise.eklablo..
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J'ai découvert fortuitement un fabuleux trésor de la littérature italienne.

Comme un certain nombre de membres de Babelio, j'ai lu et apprécié « L'amie prodigieuse » d'Elena Ferrante. Piquée de curiosité, j'ai cherché sur internet s'il existait des ouvrages méconnus de cette auteure à me mettre sous la dent. A l'occasion de cette recherche j'ai appris que le pseudonyme de Mme Ferrante était directement inspiré d'une certaine Elsa Morante

Elsa Morante ? Je ne connais pas. Personne n'étant parfait, je me pardonne rapidement ce flagrant délit d'ignorance et j'étudie les différents ouvrages de l'écrivaine. « La Storia » retient plus particulièrement mon attention malgré un résumé assez rédhibitoire où j'ai lu les termes de « seconde guerre mondiale », « viol », « bâtard » et « juif » dans la même phrase. Je me dis qu'à coup sûr l'histoire se termine en camp de concentration. Ah non, elle se termine en 1947, il y a donc de l'espoir. J'achète ? Je n'achète pas ? Il y a presque mille pages, quand même ! Allez, je le prends. En plus, il y a Claudia Cardinale sur la couverture, si vraiment je n'arrive pas au bout du livre je regarderai le film !

Est-ce que je dois vous dire que j'ai bien fait ?

Venons-en aux faits. En 1941, Ida est une institutrice vivant et enseignant à Rome. Veuve, elle est mère d'un jeune homme d'une quinzaine d'années prénommé Antonio, dit Nino. Sa vie est rythmée par sa classe et le train-train quotidien. Une existence sans joie particulière ni amis, Ida étant un personnage plutôt morne, timide et assez peureux.
Un jour, en rentrant chez elle, un jeune soldat allemand ivre la suit et la viole dans son propre lit. Neuf mois plus tard nait un petit être innocent et fragile, Giuseppe, surnommé par la suite Useppe. A partir de ce jour, Ida ne vivra plus que pour protéger son petit garçon contre le monde hostile qui frappe à sa porte. Plus seule que jamais, elle devra fuir et changer d'abri à plusieurs reprises, terrorisée à l'idée que la police italienne vienne les arrêter, elle et son bébé, à cause de son ascendance juive. Puis, la guerre terminée, sa lutte pour protéger de son enfant prendra d'autres formes.

Elsa Morante mêle ici la grande histoire à la petite d'une manière magistrale. Chaque chapitre correspond à une année et s'ouvre sur un résumé laconique et froid des derniers événements mondiaux, sorte de rapport militaire ennuyeux, puis le cours de la vie d'Ida et de son si attachant petit bonhomme reprend avec ardeur à l'intérieur du chapitre. En choisissant de prendre pour personnage principal un tout petit garçon aussi chétif qu'un chaton, qui subit impuissant les événements les plus horribles, Elsa Morante dénonce de la façon la plus poignante possible les monstruosités de la guerre, cet « interminable assassinat ».Ce livre est une critique des gouvernants qui décident de la guerre en scellant le destin de millions d'anonymes sans autre forme de procès. Une véritable ode au pacifisme qui donne la parole aux oubliés.

Notons également quelques passages mettant en scène des personnages, notamment David Segré, aux idées révolutionnaires ou utopistes, façon pour l'auteur de profiter d'une fenêtre pour promouvoir ses propres convictions politiques. Des thèses quelquefois surannées aujourd'hui, d'autres encore très actuelles mais dans tous les cas, je comprends pourquoi le livre a été taxé de subversif à l'époque de sa parution ! Petite citation pour illustrer mon propos : « Il s'employa à démontrer : que ce fameux système institué éternellement et universellement de la domination, etc., reste toujours collé par définition à la fortune, qu'elle soit de propriété privée ou d'État… Et que par définition il est raciste… Et que par définition il doit se produire, s'user et se reproduire à travers les oppressions, les agressions, les invasions et les guerres variées… il ne peut pas sortir de ce cycle… Et que les prétendues « révolutions » ne peuvent être entendues qu'au sens astronomique de ce mot qui signifie : mouvement des corps autour d'un centre de gravité. Lequel centre de gravité, toujours le même, est ici : le Pouvoir. Toujours un seul : le POUVOIR… » (p. 813)

C'est aussi, et à mes yeux il s'agit là de l'essence même du livre, ce qui m'a marqué le plus profondément, un cri d'amour saisissant d'une mère pour son enfant, qu'un instinct animal entraîne à lutter avec acharnement pour la survie de son fils. le drame d'Ida est de voir son petit garçon dépérir à cause du rationnement, du manque de soins médicaux, de l'ennui et de l'angoisse permanente dans laquelle il doit grandir sans rien pouvoir faire pour l'empêcher. La lecture en devient un crève-coeur, un véritable bouleversement. Au fur et à mesure que les pages se tournent, nous comprenons qu'Elsa Morante est de nature pessimiste : elle fait dire à un de ses personnages en parlant à Useppe : « Vous êtes si différents que vous n'avez même pas l'air d'être frères. Mais vous vous ressemblez pour une chose : le bonheur. Ce sont deux bonheurs différents : le sien, c'est le bonheur d'exister. Et le tien, c'est le bonheur… de… de tout. Toi, tu es l'être le plus heureux du monde. Toujours, toutes les fois que je t'ai vu, j'ai pensé cela, dès les premiers jours où j'ai fait ta connaissance […] Toi, tu es trop gentil pour ce monde, tu n'es pas d'ici. Comme on dit : le bonheur n'est pas de ce monde. » Et l'auteure va s'acharner sur le petit Useppe pour prouver que le bonheur est forcément pollué par le monde extérieur, jusqu'à la redoutée et épouvantable implosion.

Je suis étonnée de voir si peu d'avis sur ce livre sur Babelio (seulement 16, avec ma p'tite contribution) et j'espère pouvoir convaincre quelques lecteurs de se lancer car il est des livres qui vous marquent profondément. Ils sont rares, mais celui-ci en fait partie.
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Ce livre parle de la guerre, mieux nous fait vivre la deuxième guerre mondiale à travers une galerie de personnages attachants et parfois un peu surréalistes. Ce mélange des réalités dures et d'une sorte de poésie en fait pour moi une oeuvre magistrale.
A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur.
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Voilà une fresque historique et familiale bouleversante, une immersion totale dans les faubourgs de la Rome des années 40. Des bombardements de San Lorenzo à la Libération en passant par la déportation des Juifs de Rome, l'autrice italienne tisse son roman autour des faits historiques qui traversent le monde pendant ces années. Et ce qui fait l'originalité et la réussite absolue de ce roman, c'est qu'elle étudie les effets de ces évènements sur les plus humbles, à travers l'histoire d'Ida et de ses fils, Nino et Useppe.
Janvier 1941 : l'histoire d'Ida commence de la plus violente des façons. Déjà veuve, et mère d'un tout jeune garçon, Nino, elle rencontre un soir un jeune soldat allemand en permission qui finit par la violer. Quelques mois plus tard, le petit Useppe naît de cette première rencontre avec l'histoire : "la storia era una maledizione" nous dit la Morante.
Le récit d'Ida et l'énergie folle qu'elle met à élever ses garçons en temps de guerre et de rationnement est au centre de l'intrigue. Nino est un jeune homme aventureux et libre, Useppe un petit être attachant et fantasque. Morante raconte avec un art incroyable les relations filiales et le rapport d'attachement entre les deux frères. le récit est foisonnant, il traverse sans difficultés les époques, portant à notre connaissance aussi bien le passé du soldat allemand que la généalogie d'Ida mais toujours, ces personnages sont les victimes passives du Pouvoir en place, qu'il soit politique ou économique. Elsa Morante écrit sur les humbles, les victimes de l'Histoire, ceux qui subissent les décisions des puissants. Cependant, le texte est aussi traversé par des fulgurances d'une beauté à couper le souffle, notamment dans les descriptions des animaux (les chiens Blitz et Bella en tête) et de leur relation aux enfants, êtres purs et non corrompus, dont le rapport à la nature est toujours vibrant.
Le plus célèbre des romans de Morante est contestataire (avec de forts relents anarchistes, elle s'en prend à l'autorité, au pouvoir et tout ce qui s'en rapproche) et tragique maismagnifiquement onirique et tendre. On pense au néoréalisme de l'après-guerre mais aussi à cette poésie des gamins de rue de Pasolini. Si "La Storia" a été beaucoup critiqué à sa sortie, pour son idéologie confuse notamment, j'y ai trouvé un souffle romanesque puissant, et un intérêt historique également : le fascisme, la déportation des juifs de Rome, la résistance, la vie politique après-guerre, la Morante évoque tous ces événements à travers le regard des ces pauvres gens (et leur dialecte romain savoureux). Et Useppe, ce petit garçon et ses rêveries au bord du fleuve m'accompagneront encore quelques temps.
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La Storia raconte l'histoire d'Ida, de son fils aîné Antonio, dit Nino, et du petit Useppe, qu'elle a conçu après avoir été violée par un soldat allemand. La description des horreurs de la guerre à Rome est l'occasion pour Elsa Morante de dénoncer la monstrueuse violence qu'elle exerce sur chaque individu. Les Juifs en sont les premières victimes, de même que les soldats italiens envoyés sur le front russe. Les civils aussi paient un lourd tribut, qui se prolonge bien après la fin des combats. La faim, la peur, les difficultés quotidiennes se poursuivent comme si elles ne devaient jamais s'arrêter. Personne ne ressort indemne de cette tragédie, la folie guette les plus meurtris.
Dans ce livre écrit avec le coeur, Elsa Morante fait preuve d'une grande compassion à l'égard de tous ses personnages. Ce qui rend son livre inoubliable, c'est le don époustouflant qu'elle a pour les rendre si vivants, si présents. A commencer par la pauvre Ida, sans ressources financières ni familiales, et qui détruit sa vie peu à peu pour sauver celle de ses enfants. Et puis les deux garçons, le flamboyant Nino, miroir inversé de sa mère, qui traverse la guerre comme un poisson dans l'eau, jamais à court d'astuces pour s'en sortir, et le bouleversant et si fragile Useppe dont on suit les premiers pas, les premiers mots, les premiers rêves, sa douloureuse découverte du mal universel, qui aura raison de sa santé physique et mentale, son refus du monde tel qu'il est et son refuge auprès des animaux (ou des enfants qui leur ressemblent), et dont les obsédants « pourquoi » vous poursuivront pendant longtemps.
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Un très beau livre que l'on n'oublie pas. Il dépeint la détresse et la survie d'une mère et de son enfant dans l'Italie fasciste de la deuxième guerre mondiale. Les émotions sont au rendez-vous de l'histoire dans la grande Histoire dont la roue broie inexorablement les êtres qui l'accomplissent. Une fin dure mais magnifiquement écrite à ne pas dévoiler dans une critique.
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La première moitié de ce roman m'a emportée et puis j'ai trouvé la seconde plutôt longue, perdant peu à peu de sa force, parfois embrouillée (bon il faut dire que je n'avais pas lu en italien depuis quelque temps mais quand même), hormis le final... J'ai donc un avis plutôt mitigé sur ce livre que je m'étais promis de lire depuis de nombreuses années, ayant toujours repoussé l'échéance...
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Je me faisais une joie de lire ce pavé aux couleurs de mes racines et je reste avec un goût amer.. Pas accroché. Peut être que je le relirai plus tard. Personnages attachants mais lent comme lecture
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