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3,92

sur 574 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hum... C'est une belle analyse de la mésentente au sein d'un couple.
Nous sommes dans les années cinquante. Richard est scénariste à Rome. Il est marié depuis deux ans à Emilie qui a abandonné son travail de dactylo. Battista est un riche producteur qui lui propose d'écrire un scénario pour produire un film sur l'Odyssée d'Homère. Bien qu'il préfère écrire sur le théâtre, Richard saute sur l'occasion pour assurer les traites de l'appartement qu'il a acheté pour faire plaisir à Emilie. Mais celle-ci devient indifférente à ses attentions, alors qu'elle s'intéresse au producteur...
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Alberto Moravia a une très belle écriture, et produit une superbe analyse psychologique d'un couple en déconfiture.
Richard pense qu'Emilie l'aimait, et, par de petits indices, des attitudes, un ton, s'aperçoit qu'elle "cesse" de l'aimer. Une question obsessionnelle revient dans son esprit :
Pourquoi a-t-elle cessé de m'aimer ?
Elle répond par de l'indifférence ou des paroles vagues, et ça le travaille encore plus...
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Ce qui est intéressant, c'est que j'ai opéré des basculements de pensée, trois " phases".
D'abord, je trouve qu'Emilie n'est pas correcte, et humilie son mari.
Ensuite : mais non, c'est lui qui exagère à être lourd, harceleur et même violent : pauvre Emilie, pourquoi reste-t-elle ?
Enfin, ce Battista me fait penser à DSK ou Harvey Weinstein, un fortuné qui saute sur tout ce qui bouge, et il manque de savoir-vivre à détourner Emilie de son mari.
Bref, Richard est vraiment maso de laisser les choses se faire ainsi, car il ne le fait même pas par intérêt, ce n'est pas la promotion canapé, il aime vraiment sa femme.
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La comparaison Richard / Ulysse et Emilie / Pénélope est bien amenée. Ulysse est-il un héros antique, ou, comme le suggère le metteur en scène, d'après la version de James Joyce un homme dont les valeurs "modernes" ne s'accordent pas avec celles "antiques" de Pénélope, et qui part faire un long voyage pour prendre de la distance ?
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Bref, la question est éternelle :
qu'il est dur de choisir un conjoint avec lequel on sera sûr de partager les valeurs, et être heureux toute la vie terrestre... Et au-delà : )
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Je n'ai pas vu le temps passer. J'ai bien fait de lire "Le Mépris" aujourd'hui et non à vingt ans. Pour l'apprécier, il faut avoir vécu, je pense.
C'est un personnage en quête intellectuelle des raisons du désamour et du mépris de sa femme, que Moravia fait monologuer sur fond de l'Odyssée et de psychanalyse sommaire. Cette introspection minutieuse, déprimante et captivante est le fait d'une écriture incroyablement efficace mais qui ne manque pas de quelques notes de poésie, et qui force (ou facilite) l'identification tant à l'homme qu'à la femme. Les rapports hommes-femmes sont quelque peu désuets - il ne s'est pas écoulé plus d'un demi siècle depuis la sortie de ce roman sans modifier nos sociétés - mais c'est sans importance.
Il en ressort notamment que l'amour peut se passer de fidélité alors que la fidélité sans amour n'est rien, si ce n'est souffrance.
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C'est mon premier Moravia, un des plus célèbres grâce au film de Godard qui en a été tiré.
Un peu sceptique a priori, j'ai peu à peu été séduit par l'écriture de Moravia. C'est une peinture remarquable de justesse sur le délitement d'un couple, vu du côté masculin. Sa description des sentiments intimes, écrite à la première personnes, l'incertitude et l'incompréhension, les malentendus irréparables, tout cela est magnifiquement bien vu, et me fait penser à Zweig ou à Marai. Ce devait donc être un peu démodé dans les années 50. Mais Moravia avait en plus une façon assez directe de parler de sexe dans ses romans, qui était déjà plus moderne. Et puis il inscrit son histoire dans la société italienne contemporaine en lui tendant un miroir peu flatteur.
C'est aussi un roman sur le cinéma et la création. L'enchevêtrement d'ailleurs entre la relation amoureuse et l'orientation professionnelle dans le domaine de la création est remarquable et sent le vécu.
On y parle beaucoup de la manière de représenter l'Odyssée au cinéma et les différentes options présentées sont tellement appauvrissantes qu'elles sonnent comme une satire.
Bref c'est un roman riche et superbement écrit.
Comment expliquer alors que je sois un peu resté sur ma faim, que je ne sois pas enthousiasmé? Je ne sais pas vraiment. Peut-être est-ce la façon d'écrire comme un constat clinique, un peu froid et sans échappatoire, qui m'a paru réductrice. Mais elle est à découvrir, sans aucun doute.
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Tout le monde connait le film de Jean Luc Godard, vampirisé par Brigitte Bardot et Michel Piccoli, tout au moins par quelques extraits largement diffusés.
Tout ceci, pour les besoins de l'adaptation cinématographique, a à mon avis sérieusement dénaturé l'impression que l'on pouvait avoir de l'oeuvre d'Alberto Moravia.
On est dans l'Italie des années cinquante, et on va vivre avec des personnages, sans que l'on nous raconte véritablement une histoire. En effet le sujet est relativement minimaliste, et le livre est vraiment centré sur une étonnante étude et description psychologique des personnages qui vont vivre une lente mais inéluctable descente aux enfers sentimentale.
Une jeune femme, au bout de deux ans de vie commune n'aime plus son mari, et s'en détache lentement. Cela peut arriver ! Mais quoi de pire que d'en arriver au mépris ?
C'est une littérature très fine, très ciselée que nous offre Moravia.
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Avant de lire ce livre, je connaissais pas du tout l'histoire n'ayant pas vu le film, pourtant célèbre.
Ce livre, écrit en 1953, met en scène l'évolution d'un jeune couple Riccardo et Emilia, mariés depuis deux ans. Entre eux, les deux premières années furent idylliques, selon Ricardo, car c'est lui le seul narrateur.

On se sait pas ce que pense Emilia, et son avis n'est « audible » que par ce que Riccardo veut bien nous dire, déformé par un certain manque de réalisme (selon moi). Car le dénommé Riccardo, bien que passionnément amoureux d'Emilia, ne la comprend guère et n'est pas très psychologue. Pour lui faire plaisir, il achète un appartement et accepte un travail de scénariste bien payé, mettant sa carrière d'auteur de théâtre entre parenthèses. Riccardo essaie d'analyser le soudain éloignement d'Emilia, sa froideur…..
Sur un malentendu, les choses entre les jeunes gens (Riccardo a 27 ans, Emilia à peu près autant) se détériorent avec l'arrivée dans leur entourage de Battista, le metteur en scène du prochain film où Riccardo sera scénariste.

J'ai beaucoup aimé cette histoire entre Emilia et Riccardo, le parrallèle entre le film que Riccardo doit préparer (un film sur l'Odyssée d'Ulysse et ses relations conjugales avec Pénéloppe) et sa propre analyse de ses relations avec sa femme.
Un couple qui part à vau l'eau : manque de dialogues entre les deux concernés ? place du travail entre un homme qui prend un emploi qui ne lui plaît pas pour faire « plaisir » à sa femme ? inconsistance d'une jeune femme « peu cultivée » (c'est Riccardo qui le dit), ravissante mais ne réfléchissant pas beaucoup et qui finit par mépriser son mari ….? Tout cela et bien plus encore…..


https://lajumentverte.wordpress.com/2015/10/10/le-mepris-alberto-moravia/
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Richard Molteni a toujours caressé le rêve d'être un homme de théâtre. Il a pu compter sur le soutien de son épouse, Émilie, qui ne s'est jamais plainte de leur vie modeste, s'ingéniant, en épouse aimante, à créer un petit cocon  du simple garni dans lequel ils végétaient. Mais alors que leur situation matérielle semble prendre un nouveau cours, les sirènes du cinéma appelant Richard, qu'un appartement et une voiture, gages du bonheur petit-bourgeois, on été achetés à crédit, sa femme lui fait soudainement faux bond, faisant montre d'une certaine indifférence, lui battant froid, pour finalement avouer devant l'insistance de son époux quelle ne l'aime plus,  qu'elle le méprise carrément. Tandis que lui ai confié un scénario d'un metteur en scène allemand, qui ambitionne de revisiter l'Odyssée du point de vue d'une analyse psychologique absconse tendant à interpréter les pérégrinations Ulysse sous le prisme d'une mésentente conjugale avec Pénélope, ce qui a des échos naturellement douloureux pour Richard, ce denier n'a de cesse de quémander l'amour d'Émilie, de remonter le cours du temps à la recherche de la faute originelle, des malentendus, motifs et raisons qui ont conduit à cette impasse.

Le Mépris, confessions d'un homme délaissé qui n'a pas vu venir la rupture, trop occupé des considérations matérielles du bonheur conjugal, est de ces livres, peut-être pas universels, mais du moins qui ne sauraient manquer d'éveiller des échos, chez les lecteurs  qui, au moins une fois dans leur vie, se sont retrouvés le bec dans l'eau, démunis, se posant les questions du ratage dans un douloureux processus d'introspection rétrospectif. À montrer dans toutes les écoles de cocus. 
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Seigneur ! On se promet les étoiles & l'envie puis on finit par s'engueuler pour les courses, le ménage & les factures ! L'Amour, ce menteur.

Dans une écriture désarçonnante & une clairvoyance quelque fois cruelle, ce livre véhicule toute l'affliction & l'accablement amoureux de façon sublime.
Molteni nous confie ses souvenirs concernant Émilie, comment leur mariage s'est transformé en enfer.
On vit le calvaire de l'être qui n'est plus aimé, qui soupçonne, qui souffre en se heurtant à des murs d'incompréhension, s'infligeant une torture psychologique dont il est la victime & le bourreau jusqu'à la folie.
Et cela prend du temps dans la vie & des pages dans le roman ! Si puissant & subtil !

Tout se fond & se confond dans sa tête, de soliloques en monologues répétitifs, aucune réponse jaillit. Et l'explication ne vient pas.
Comment accepter le changement soudain de l'autre ? Comment accepter qu'après l'aveuglement de la passion, il n'y ait plus que la réalité de deux êtres différents incapables de se comprendre ?
Tant de questions qui n'appellent de réponses. Et demeurent suspendues, ni émoussées ni oubliées.

Je lis & prends tristement conscience des malentendus qui se rassemblent dans le couple & deviennent une forme de vie, mais surtout qu'il n'est d'amour acquis que lorsqu'il échappe.

Très révélatrice aussi la référence à Ulysse & Penelope, où comment ces oeuvres nous influencent, la façon dont nous les reproduisons, leur donnant un nouveau sens, en les projetons sur nos propres vies.

J'ai beaucoup aimé la description d'Émilie, sublimée, sacralisée, qui semblent arracher un temps l'epoux à sa souffrance. J'ai tout aimé !
Ceux qui aiment les longues agonies amoureuses, vous serez servis.
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Ricardo, notre narrateur, vingt huit ans, est scénariste en attendant de pouvoir gagner sa vie en tant qu'auteur de théâtre. Il vient d'acheter un appartement à Rome pour sa femme, avec qui il est marié depuis deux ans. Mais sa femme ne l'aime plus. Alors qu'il s'en rend compte, son monde s'écroule... Il ne se rendait pas compte du bonheur dans lequel il vivait avant que sa femme ne le méprise. Alors il accepte de partir pour Capri pour préparer un scénario sur le Ulysse d'Homère avec un metteur en scène reconnu. Il emménage avec sa femme dans une villa appartenant à son producteur Battista, que sa femme semble détester depuis leur rencontre. Ricardo se débat entre ses sentiments, son envie de comprendre sa femme, et ce scénario qui ne l'emballe pas du tout. L'histoire d'Ulysse et de Pénélope se transpose peu à peu sur son propre couple...
Le mépris est un merveilleux roman dans lequel Alberto Moravia dresse des portraits psychologiques de l'homme et de la femme très maîtrisés et intelligents, c'est aussi un roman sur le couple, sur l'amour et les souffrances que tout cela peut engendrer.
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Roman très intemporel dans le thème abordé: celui d'une relation de couple qui se délite sans que celui qui est mis au ban n'y puisse rien; et cependant, roman un peu démodé à cause des rôles que l'homme et la femme jouent et qui nous paraissent aujourd'hui complètement dépassés alors que l'intrigue se situe dans une époque pourtant pas si lointaine. C'est le premier livre que je lis de Moravia et je crois déceler l'étoffe d'un grand auteur : à suivre...
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Roman psychologique ayant pour toile de fond Rome des années 50, et le milieu de la petite bourgeoisie.
Ce roman est remarquable par sa tension narrative,la finesse de l'évolution des protagonistes et l'amère constatation des conditionnements de la société sur les aspirations et les idéaux de l'individu ,et comment s'altèrent les relations entre les personnes.
"Quelle est ma faute,pourquoi tant de haine et de mépris ?" ,telle est l'angoissante question de Ricardo,le mari malheureux, face au changement radical du comportement de sa femme.
Moravia sait très bien nous montrer cette femme.
On assiste à la déconstruction psychologique des différents personnages.
Un couple incapable de se construire, de se consolider, de se comprendre.
Le drame de Ricardo est l'impuissance face à la solitude existentielle.

Lu en V.O.
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