Devenir sage n'est pas vieillir. Vieillesse n'est pas sagesse. C'est couler qu'il faut, laisser couler le temps au plus profond de soi, couler dans la lumière de chaque instant qui nous est donné. Rester jeune comme la pierre. Rester jeune comme l'arbre qui, plein de racines, pousse, se défeuille, se renfeuille, fleurit et donne ses fruits au meilleur de la saison. Construire, chanter et passer comme l'oiseau, cela est rester jeune. Et se laisser couler vers le grand fleuve, puis avec lui couler : voilà le contraire de vieillir. Les fleuves ne vieillissent pas.
Dépouille-toi. Lave-toi de ces idées toutes faites, de ces jugements pervers qui circulent autour de toi et qui émanent des systèmes de la négation et de la pesanteur. Allège-toi. Pendant des années tu as laissé pénétrer dans ton cerveau des opinions dont tu n'as que faire désormais. Rien n'est vrai pour toi que ce qui naît de toi. Dépouille-toi, oublie même les beaux préceptes, si lumineux soient-ils. Pour un temps, ils nous accompagnent sur le sentier, mais vient vite l'heure où il faut aller selon son allure. Réforme-toi toi-même. Tu traverses en ce moment une plaine d'herbe rase et tu es seul.
Une variation qui nous sort du silence qui précède et qui nous prépare au silence qui suit. Après une audition très attentive, ce silence qui suit, c'est encore de la musique, la plus belle qui soit.