Encore un moment...

Que je suis heureux d'encore vivre un moment avec le centenaire, infatigable clair voyant. L'Ancien parle de sa vie, de la vie et du monde. Sa capacité d'étonnement et d'émerveillement sont intacts. le penseur sur deux siècles aimerait bien un petit rabiot pour voir ce qui va émerger de l'univers en crise. Voilà bien un indécrottable curieux.
101 ans, c'est déjà pas mal après avoir failli trépasser à la naissance et dans le ventre de sa mère, trop tôt décédée. L'âge avançant, la nécessité de transmettre devient impérieuse. Comme Clint Eastwood (93 ans) réalise un film par an, Edgar Morin publie au moins une fois l'an : Les souvenirs viennent à ma rencontre; le sport porte en lui le tout de la société; Leçons d'un siècle de vie; Attends-toi à l'inattendu et Histoire(s) de vie.
L'heure n'est plus aux grands développements scientifiques mais au tri de l'accessoire et de l'essentiel (quelques textes anciens tracent la voie), au regard acéré sur les remous sociétaux. L'écriture confine à l'épure, rai lumineux sur le chaos ambiant, la nature en muse apaisante. Ah ces hirondelles de l'éternel retour printanier !
Éloge du lit, hommage aux femmes de Téhéran, mission de l'intellectuel, autant de brèves réflexions porteuses d'indignation, de sagesse et d'espoir. le chapitre "La conscience de la conscience" montre une vivacité intellectuelle intacte.
Je me contente de vous appâter, refusant le détail de 192 pages nourrissantes, empreintes d'une grande humanité. Je suis un inconditionnel. SVP, si vous ne connaissez pas l'homme, lisez ce livre alerte.
Il y a quelques jours mourait Alain Touraine (97 ans), observateur averti des mouvements sociaux. le journal Libération a ressorti une interview croisées des deux sociologues, publiée en 2019.
Touraine et Morin, un fameux tandem.
J'espère qu' "Encore un moment..." précède de futures dernières pages.
Une certitude, on ne peut apprendre à mourir, répondait-il à une question, "Il est déjà très difficile d'apprendre à vivre".

Ensemble de textes littéraires, historiques, philosophiques, scientifiques qui questionnent le réel, le monde, le rôle de l'intellectuel et prônent un rapprochement entre les disciplines, les savoirs, des confluences, des symbioses entre les éléments.
Edgar Morin s'inquiète d'une possible, probable période régressive liée à une conjonction de crises tout en sachant que l'improbable peut aussi modifier l'avenir.
Les domaines abordés sont variés et témoignent d'un bel appétit de vie et d'une curiosité toujours en éveil.

Quand bien même je suis entièrement d'accord avec la préférence qu'il accorde à l'agriculture biologique, je lis qu'Edgar Morin prône dans son dernier livre les cafés et les restaurants comme lieux de convivialité. En réalité, ce sont avant tout des lieux de consommation comme les autres et des lieux où règne aussi la loi de la recherche du profit qu'il a raison de rejeter. Il faut donc excuser son grand âge à ce vieillard qui n'en finit pas de mourir. de plus, les cafés et restaurants sont des lieux où l'on assiste à une servitude volontaire assez importante : les serveurs et serveuses sont souvent des gens très sollicités et ne pouvant plus penser. Ils n'ont pas le choix. Durant sa longue vie, je me demande si Edgar Morin a expérimenté cela.
Décidément les sociologues n'ont rien à dire d'intéressant.

Mr Morin aura 102 ans le 8 juillet. Il vient de publier son 175è livre. Et quel livre, facile à lire malgré les sujets très compliqués et d'actualité. Il fait preuve d'une acuité face aux enjeux de nos sociétés dont beaucoup de politique, d'écologistes et simplement chacun d'entre nous devrions nous inspirer. Une leçon d'humanisme et de bon sens. J'ai vraiment beaucoup aimé
A 102 ans , quel message d'espoir

A 102 ans, Edgar Morin est toujours un philosophe-sociologue qui nous ouvre les yeux sur le passé, le présent et l'avenir.
La clarté de cet essai est digne, honnête et franc.
Un bilan de passé et du présent est présenté de manière magistrale, quand au futur, il va falloir arrêter de faire l'autruche et de relever les manches.
A lire absolument, pour retrouver foi en l'homme, mais cela ne se fera pas sans prendre position.