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Christine Laferrière (Traducteur)
EAN : 9782267049787
560 pages
Christian Bourgois Editeur (14/03/2024)
4.2/5   27 notes
Résumé :
La Source de l’amour-propre réunit une quarantaine de textes écrits par Toni Morrison au cours des dernières décennies, où se donne à lire, dans toute son évidence, sa généreuse intelligence.
Elle s’implique, débat, ou analyse des thèmes aussi variés que le rôle de l’artiste dans la société, la question de l’imagination en littérature, la présence des Afro-Américains dans la culture américaine ou encore les pouvoirs du langage. On retrouve dans ces essais ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce que j'ai ressenti:
▪️Une source d'inspiration.

S'il y a une chose qui se démarque de ces textes réunis dans ce recueil, c'est qu'il est une grande source d'inspiration et de sagesse. J'ai lu avec beaucoup d'attention chaque mot, avec le respect immense qu'elle y met elle-même en les posant sur une feuille blanche. Et c'était lumineux et instructif. Un moment de méditation et de réflexions profondes sur les maux de notre temps, sur la culture américaine et sur le travail d'artiste. Être écrivain est une grande responsabilité et elle a pris certaines valeurs très à coeur pour en faire des textes puissants, qui continuent d'influencer et d'inspirer une nouvelle génération. La source de l'amour-propre, c'est une quarantaine de textes qui réunit les moments forts de sa vie, ses combats de femme, son talent et son intelligence qu'elle a mis au service de l'écriture. Sa générosité est immense et elle enveloppe de douceur.

La vie et l'oeuvre d'un écrivain ne sont pas un don fait à l'humanité: ils sont sa condition nécessaire.

▪️De l'Amour Ressource…

J'ai eu l'impression de trouver une véritable source d'amour en lisant ses pages. Des mots intenses, choisis avec soin, et qui soignent des plaies ouvertes. Ce livre est un outil pour saisir tous les obstacles et les fléaux de notre société qui entrave la tolérance et l'amour. Elle nous envoie de l'amour à la puissance de sa résilience, elle dépasse par la force de sa conviction les concepts destructeurs du racisme, du machisme, de la jalousie, de l'ignorance…Elle se fait Voix, d'un peuple ignoré et elle y met tout son coeur pour leur donner enfin une place dans la littérature. C'est une ambition tellement émouvante. J'ai été très touchée par tous ces messages. C'est une femme de coeur assurément, et ça se ressent dans ses mots. 400 pages de coeur battant et de pulsations inspirantes. du coeur vers nos coeurs…Et c'est pour ce don d'amour, que ce livre est un coup de coeur.

Il n'y a plus d'excuses pour un coeur qui saigne quand son contraire est pas de coeur du tout. C'est avec plus d'humanité qu'il faut faire face au danger de perdre notre humanité.

▪️Conversation avec une auteure éblouissante.

« Il ne s'agit seulement de « vous »: il s'agit aussi de vous et moi. Rien que nous deux. »

Avoir entre ses mains ces textes, c'est un moment précieux de lecture. C'est comme si, elle était encore un peu avec nous, à discuter encore de ce qui divise dans notre monde. Un cadeau qu'elle nous aurait laissé juste avant de partir…Un monologue intime pour comprendre une femme au grand coeur. Elle nous offre ses plus belles pensées, ses plus jolis projets, sa passion et son talent, ses convictions et sa générosité. Pour qu'on puisse s'y référer en cas de doute, dans les moments sombres, et alors tout s'éclaire. C'est avec beaucoup d'humilité que j'ai lu ce recueil, intimidée par autant d'intelligence , de respect envers la littérature, d'amour pour l'humanité. Je sais aussi, que c'est ma première lecture du recueil mais que ce ne sera pas la dernière. Je sais déjà que l'objet livre sera « abîmé » de lectures et relectures…Parce que il y avait des sujets qu'il me faut approfondir, faire plus de recherches sur la littérature américaine et afro-américaine pour vraiment m'imprégner des notions qu'elles développent dans ces argumentations, mais déjà, ces textes là sont d'une grande richesse et éveille beaucoup d'élan artistique et suscite des envies de lectures. Je comptais ce mois-ci, justement lire Beloved, et dans ce recueil, elle m'en a encore plus convaincue. Toute une collection de ses romans est à prévoir dans les prochains jours, tellement j'ai aimé les intentions de cette auteure éblouissante.

Pour moi, ça sera un indispensable, parce que j'ai compris l'état d'esprit et les messages de paix qu'elle a voulu laisser au monde, et c'était magnifique. Merci, Toni Morrison.

« Ce ne sont pas vos parents qui vous ont rêvés: c'est vous. Je ne fais que vous inciter à poursuivre le rêve que vous avez commencé. Car rêver n'est pas irresponsable: c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement: c'est du travail. Quand Martin Luther King a dit : « Je fais un rêve. », il ne jouait pas, il était sérieux. Quand il l'a imaginé, visualisé, crée dans son propre esprit, ce rêve a commencé à exister, et nous aussi devons faire ce rêve, afin de lui donner le poids, l'étendue de la longévité qu'il mérite. Ne laissez personne, personne, vous persuadez que le monde est ainsi fait et que, par conséquent, c'est ainsi qu'il doit être. »

Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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J'écoute Barbara Hendricks interpréter avec une force extraordinaire « Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage » de Maya Angelou. Ce magnifique texte résonne en moi, particulièrement depuis que j'ai lu « La source de l'amour propre » de Toni Morrison. D'ailleurs, je ne parviens pas à franchir le cinquième chapitre tant la langue m'attache à un territoire inconnu.
Voilà mon péril. Je suis une lectrice déformée par la langue bavarde et artificielle des politiques, des médias et des scribouillards. Je suis née en France de parents caucasiens. Pourtant, un métissage transparait dans les frisures de mon frère et ma tante maternelle. Au long de mes cinquante années d'existence, je ne me suis pas interrogée sur la suprématie de la culture et de l'économie occidentales, sur ma place dans ce monde. La langue que je pratique m'a été donnée en héritage. Je ne l'ai pas bousculée, tannée, brutalisée car elle m'appartient de fait. J'étais plongée dans l'ignorance de sa beauté uniforme.
Ce recueil de conférences rassemblées par les éditions 10/18 est un ouvrage précieux, une ressource pour les amoureux de la littérature, une ouverture sur les différentes formes de l'art. Toni Morrison évoque son difficile apprentissage de la citoyenneté, ses batailles pour s'approprier la langue des américains protestants blancs, l'explorer, la façonner. Il n'est pas facile d'être légitime lorsqu'une partie du monde est exclue de l'histoire, une histoire effacée, censurée. L'esclavage a engendré un peuple en exil qui n'est plus africain, et qui n'est pas américain. Toni mentionne la race et le racisme qui amènent incompréhension, déni et peur de l'étranger. L'étranger est une menace.
J'ai été émue par ces propos sur l'intimité de l'écrivain pour la langue, pour son hommage à Martin Luther King, pour son éloge funèbre à James Baldwin. Dans ces conférences transparaît son combat pour la culture afro-américaine. C'est une magnifique oratrice et ses oeuvres sont étudiées. Elles sont le témoignage d'un peuple stigmatisé, violenté.
De là où je suis, j'ai l'impression que la culture noire est encore une expérience marginale. « La source de l'amour propre » suscitera un nouvel élan.
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Le source de l'amour propre est le livre de Toni Morrison qui clôt mon cycle de lectures de l'écrivaine américaine. Ce livre est un recueil de 40 textes. J'avoue que j'ai eu du mal à accrocher à la lecture des premiers textes car c'étaient des discours universitaires. Cela m'a plutôt ennuyée. A partir du texte "Femmes, race et mémoire", mon intérêt s'est réveillé. Car Toni Morrison s'est mise à parler de ses livres et de ses secrets de fabrication. Passionnant! J'ai même repris les livres pour lire ce dont elle parlait. Je comprends pourquoi ses livres sont si prenants et envoutants : elle cisèle ses histoires, s'appuie sur la mémoire, la sienne et celle des Afro-Américains. A la fois autrice et lectrice quand elle écrit, elle sait si bien nous désarçonner, nous perturber, renverser nos préjugés... Mais je n'en dis pas plus car Toni Morrison le raconte tellement bien qu'elle nous entraine dans son tourbillon créatif. Ce que je ressens est que ses livres sont un grand cri d'amour pour les anciens esclaves et leurs descendants mais aussi pour nous lecteurs, qui que nous soyons et quelque soit notre tribu d'origine. Elle a toujours essayé de décorréler son oeuvre de la notion de "race" qui n'existe que pour ceux qui ont peur de la différence, qui étiquettent, qui rejettent l'autre dans le néant pour vivre. Bravo chère Toni Morrison!
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Il n'y aurait pas assez de mots pour dire à quel point j'ai aimé lire ces conférences et essais de Toni Morrison. "La source de l'amour-propre" m'a littéralement accompagnée partout pendant quelques semaines. C'est l'un des rares livres que j'ai pris plaisir à annoter, ce qui n'est pourtant pas mon habitude, tant les propos de chacune des conférences étaient justes et pertinents. Un véritable coup de coeur !

Cette autrice américaine de la fin du XXe siècle aborde beaucoup de thèmes que l'on retrouve au coeur de ses ouvrages : le racisme, la place des artistes (et a fortiori des écrivains) et de l'art, la domination sociale, L Histoire, les médias, l'écriture, l'injustice... Beaucoup de thèmes engagés et forts, à propos desquels elle s'exprime avec une profonde humanité. Certains textes trouvent nécessairement échos entre eux et témoignent d'une bienveillance proche de la pédagogie, vouée à dénoncer les travers de notre société pour mieux l'encourager à révéler ce qu'elle a de meilleur.

L'oeuvre de l'autrice est particulièrement mobilisée au fil de ses interventions, expliquant ses choix narratifs tant concernant l'écriture que la portée de ses romans. C'est à la fois une formidable porte d'entrée et un éclairage analytique sur son travail. N'ayant pas lu la plupart des romans évoqués, j'ai survolé ces passages pour mieux y revenir en complément de mes futures lectures !
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Il m'a fallu deux semaines pour terminer "La Source de l'amour propre" de la grande Toni Morrison. Pas parce que ce recueil de textes est indigeste, mais parce qu'il est incroyablement riche et stimulant. Parce que cette période étrange n'est pas davantage propice à la lecture que mon quotidien. Mais je suis vraiment heureuse d'avoir lu ce livre ! J'ai trois pages de notes, une liste de références littéraires à aller voir... J'ai un peu plus d'espoir en l'avenir, aussi.
"Imaginez, visualisez comment ce serait de savoir que votre confort, vos amusements et votre sécurité ne reposent pas sur la privation d'autrui. C'est possible."
"[...] rêver n'est pas irresponsable : c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement : c'est du travail. Quand Martin Luther King a dit : "Je fais un rêve", il ne jouait pas, il était sérieux. [...le monde] doit être tel qu'il devrait être."
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critiques presse (1)
LeMonde
07 octobre 2019
Dans ce concentré de sa pensée – intransigeante, généreuse –, on retrouve les grands thèmes de Toni Morrison. La mémoire, l’histoire, l’esclavage, les stéréotypes raciaux, le « regard blanc ». Mais aussi la guerre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Imaginez, visualisez comment ce serait de savoir que votre confort, vos amusements et votre sécurité ne reposent pas sur la privation d'autrui. c'est possible. mais pas si nous sommes attachés à des paradigmes dépassés, à une réflexion moribonde qui n'a pas été précédée ni parsemée de rêve. C'est possible, et c'est à présent indispensable. indispensable, car si vous ne nourrissez pas les affamés, ils vous mangeront, et leur façon de manger est aussi variée qu'elle est féroce. Ils mangeront vos maisons, vos quartiers, vos villes ; ils dormiront dans vos vestibules, vos allées, vos jardins, à vos carrefours. Ils mangeront vos revenus, parce qu'il n'y aura jamais assez de prisons, ni de halls, ni d'hôpitaux, ni de foyers temporaires pour les loger. Et dans leur quête de votre genre de bonheur, ils mangeront vos enfants, les rendront abrutis, terrifiés et désireux à tout prix d'avoir la vie endormie que peuvent offrir les stupéfiants. Peut-être avons-nous déjà abandonné l'intelligence créatrice de deux tiers d'une nouvelle génération à ce sommeil violent et empoisonné : torpeur si brutale qu'ils ne peuvent s'en éveiller de peur de s'en souvenir ; sommeil d'une insouciance si hébétée qu'il transforme notre état de veille en effroi.

   Il est possible de vivre sans défendre la propriété ni la céder, mais nous ne vivrons jamais de la sorte, à moins que notre réflexion ne soit criblée de rêves. Et c'est à présent indispensable, car si vous n'éduquez pas ceux qui n'ont pas d'instruction en leur transmettant le meilleur de ce que vous avez, si vous ne leur offrez pas l'aide, la courtoisie et le respect que vous avez acquis en vous instruisant, ils s'éduqueront eux-mêmes, et les choses qu'ils enseigneront ou celles qu'ils apprendront ébranleront tout ce que vous savez. Par "éducation", je n'entends pas entraver l'esprit, mais le libérer ; par "éducation", je n'entends pas transmettre des monologues, mais s'engager dans des dialogues. Écouter, supposer parfois que j'ai une Histoire, une langue, une opinion, une idée, une spécificité. Supposer que ce que je sais peut être utile, peut mettre en valeur ce que vous savez, l'enrichir ou le compléter. Ma mémoire est aussi nécessaire à la vôtre que votre mémoire l'est à la mienne. Avant de chercher un "passé utilisable", nous devrions tout savoir du passé. Avant de commencer à "réclamer un héritage", nous devrions savoir exactement ce qu'il est : dans sa totalité et d'où il vient. En matière d'éducation, il n'y a pas de minorités : seulement une réflexion mineure. Car si l'éducation exige des cours mais non du sens, si elle ne doit s'occuper de rien d'autre que de carrières, si elle ne doit s'occuper de rien d'autre que de définir et de ménager la beauté, ou d'isoler des biens en s'assurant que l'enrichissement est le privilège de l'élite, elle peut s'arrêter à la fin du cours élémentaire ou au VIe  siècle, où on l'avait maîtrisée. Le reste n'est que consolidation. La fonction de l'éducation au XXe siècle doit consister à produire des êtres humains empreints d'humanité. À refuser de continuer à produire génération sur génération d'individus formés à prendre des décisions commodes plutôt qu'humaines...

   Eh bien, à présent, vous pouvez vous demander : Qu'est-ce que tout cela ? Je ne veux pas sauver le monde ? Et ma vie ? Je n'ai pas demandé à venir. Je n'ai pas demandé à naître. Ah bon ? Moi, je vous dis que si. Non seulement vous avez demandé à naître, mais vous avez insisté pour avoir votre vie. Voilà pourquoi vous êtes ici. pas d'autre raison. Il était trop facile de ne pas être. Maintenant que vous êtes ici, vous devez faire quelque chose que vous respectez, n'est-ce pas ? ce ne sont pas vos parents qui vous ont rêvés : c'est vous. Je ne fais que vous inciter à poursuivre le rêve que vous avez commencé. Car rêver n'est pas irresponsable : c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement : c'est du travail. Quant Martin Luther King a dit : "Je fais un rêve", il ne jouait pas, il était sérieux. Quand il l'a imaginé, visualisé, crée dans son propre récit, ce rêve a commencé à exister, et nous aussi devons faire ce rêve, afin de lui donner du poids, l'étendue et la longévité qu'il mérite. Ne laissez personne, personne, vous persuader que le monde est ainsi fait et que, par conséquent, c'est ainsi qu'il doit être. Il doit être tel qu'il devrait être. Le plein emploi est possible. Postuler une force de travail de vingt à trente pour cent de la population à venir représente une profonde avarice, et non une mesure économique équitable.

   Toutes les écoles publiques peuvent être des environnements d'apprentissage sûrs, favorables et accueillants. Personne, ni les enseignants, ni les élèves, ne préfère la bêtise et, dans certains endroits, de tels environnements ont déjà été construits.
   Les envies de suicide peuvent être éradiquées. Aucun drogué ni aucun candidat au suicide ne veut en être un.

   Ennemis, races et nations peuvent vivre ensemble. Même moi, au cours des quarante dernières années, j'ai vu des ennemis nationaux fâchés à mort devenir des amis chaleureux qui se soutenaient mutuellement, et quatre amis nationaux devenir de ennemis. Il ne faut pas quarante ans pour être témoin de cela. Toute personne de plus de huit ans a été témoin de la nature pratique, commerciale, presque capricieuse des amitiés nationales. J'ai vu affecter des ressources à la cause des personnes privées de leurs droits, des discrédités et des malchanceux, et avant que nous n'ayons pu récolter les fruits de ces ressources, avant que la législation mise en place n'ait pu faire son oeuvre ( vingt ans ? ), on l'a démantelée. C'est comme suspendre l'Union en 1796 parce qu'il y avait des problèmes. Construire un pont jusqu'à la moitié et dire qu'on ne peut pas aller d'ici à là-bas.

   Cet engagement résolu doit être rêvé à nouveau, repensé, réactivé, par vous et par moi. Autrement, à mesure que le racisme et le nationalisme se consolideront, que les côtes et les villages deviendront et demeureront les sources des troubles et des conflits, que les aigles et les colombes planeront au-dessus des sources de richesses premières qu'il reste sur cette terre, que les armes à feu, l'or et la cocaïne détrôneront les céréales, la technologie et la médecine pour s'assurer la première place dans les échanges mondiaux, nous finirons avec un monde qui ne sera pas digne qu'on le partage ni qu'on en rêve...

   Vous allez occuper des positions importantes. Des positions dans lesquelles vous pourrez décider de la nature et de la qualité de la vie d'autrui. Vos erreurs peuvent être irrémédiables. Aussi, quand vous entrerez dans ces lieux de confiance, de pouvoir, rêvez un peu avant de réfléchir, afin que vos pensées, vos solutions, vos directions et vos choix concernant qui vit et qui ne vit pas, qui prospère et qui ne prospère pas, soient dignes de cette vie sacrée que vous avez choisi de vivre. Vous n'êtes pas sans recours. Vous n'êtes pas sans cœur. Et vous avez du temps.
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"Ce ne sont pas vos parents qui vous ont rêvés: c'est vous. Je ne fais que vous inciter à poursuivre le rêve que vous avez commencé. Car rêver n'est pas irresponsable: c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement: c'est du travail. Quand Martin Luther King a dit : "Je fais un rêve.", il ne jouait pas, il était sérieux. Quand il l'a imaginé, visualisé, crée dans son propre esprit, ce rêve a commencé à exister, et nous aussi devons faire ce rêve, afin de lui donner le poids, l'étendue de la longévité qu'il mérite. Ne laissez personne, personne, vous persuadez que le monde est ainsi fait et que, par conséquent, c'est ainsi qu'il doit être."
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Les forces intéressées par les solutions fascistes aux problèmes nationaux ne se trouvent pas dans un parti politique ou un autre, ni dans une aile d'un seul parti politique ou une autre. Les démocrates n'ont pas une histoire d'égalitarisme sans tâche. Les libéraux ne sont pas non plus exempts de programmes de domination. les républicains ont compté dans leurs rangs tant des abolitionnistes que des défenseurs de la suprématie blanche. Conservateurs, modérés, libéraux ; gauche, droite, gauche dure, extrême droite ; religieux, laïcs, socialistes : nous ne devons pas nous laisser piéger par ces étiquettes du genre " Pepsi-Cola" ou "Coca-Cola", car le génie du fascisme, c'est que toute structure politique peut en héberger le virus et que quasiment tout pays développé peut en devenir un foyer convenable. Le fascisme parle la langue de l'idéologie, mais il n'est en vérité que marketing : marketing visant à s' assurer le pouvoir.

   On le reconnaît à son besoin de purger, aux stratégies qu'il utilise pour ce faire et à sa terreur des programmes vraiment démocratiques. On le reconnaît à sa détermination à convertir tous les services publics en missions d'entreprises privées, toutes les associations  à but non lucratif en association réalisant des bénéfices, de sorte que le gouffre étroit, mais confortable, séparant le gouvernement et les affaires disparaît. Il transforme les citoyens en contribuables, de sorte que les individus se fâchent ne serait-ce qu'à l'idée de bien public. Il transforme les voisins en consommateurs, de sorte que la mesure de notre valeur en tant qu'êtres humains n'est plus notre humanité, notre compassion ni notre générosité, mais ce que nous possédons. Il transforme le rôle de parent en motif de panique, de sorte que nous votons contre les intérêts de nos propres enfants : contre leur système de santé, leurs études, leur protection face aux armes. Et, en effectuant ces transformations, il engendre le parfait capitaliste, individu prêt à tuer un être humain pour obtenir un produit ( une paire de baskets, un blouson, une voiture ) ou à tuer plusieurs générations pour s'assurer le contrôle de divers produits ( pétrole, médicaments, fruits, or).

   Quand nos peurs auront toutes été adaptées en feuilletons ; notre créativité, censurée ; nos idées, "mises sur le marché" ; nos droits, vendus ; notre intelligence, transformée en slogans ; notre force, diminuée ; notre intimité, vendue aux enchères ; quand la théâtralité, la valeur de divertissement et la commercialisation de la vie seront complètes, nous nous retrouverons à vivre non dans une nation, mais dans un consortium d'industries, entièrement inintelligibles à nous-mêmes, exception faite de ce que nous verrons vaguement derrière un écran.
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Ah, comment ce serait sans la haine putride dont on nous a dit et enseigné qu'elle était inévitable parmi les humains ? Inévitable ? Naturelle ? Au bout de cinq millions d'années ? Au bout de quatre mille ans, nous n'avons rien imaginé de mieux ? lequel d'entre nous est né comme ça ? Lequel d'entre nous préfère que ce soit comme ça ? Haïr, s'emparer, mépriser ? Le racisme est une quête de savants et l'a toujours été. Ce n'est pas la gravité ni les marées océaniques. C'est l'invention de nos penseurs mineurs, de nos dirigeants mineurs, de nos lettrés mineurs et de nos entrepreneurs majeurs. On peut le désinventer, le déconstruire : son anéantissement débute par la visualisation de son absence, de sa perte, et si l'on ne peut pas le perdre tout de suite ou en le disant, on le peut en se comportant comme si, en fait, notre existence libre dépendait de lui, parce qu'elle en dépend. Si je passe ma vie à vous mépriser du fait de votre race, de votre classe sociale ou de votre religion, je deviens votre esclave. Si vous passez la vôtre à me haïr pour des raisons semblables, c'est parce que vous êtes mon esclave. Je possède votre énergie, votre peur, votre intellect. Je détermine l'endroit où vous vivez, comment vous vivez, la nature de votre travail, votre définition de l'excellence et je pose des limites à votre capacité d'aimer. J'aurai façonné votre vie. tel est le don de votre haine : vous êtes à moi...
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Quand nos peurs auront toutes été adaptées en feuilletons ; notre créativité, censurée ; nos idées, "mise sur le marché" ; nos,droits, vendus ; notre intelligence, transformée en slogans ; notre force, diminuée ; notre intimité, vendue aux enchères ; quand la théâtralité, la valeur de divertissement et la commercialisations de la vie seront compètes, nous nous retrouverons à vivre non dans une nation, mais dans un consortium d'industries, entièrement inintelligibles à nous-même, exception faite de ce que nous verrons vaguement comme derrière un écran. (page 29)
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Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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