Elle avait d’abord remarqué ses jambes solides, puis la précision nonchalante avec laquelle il renvoyait la balle. Là où Drew avait une attitude agressive, hargneuse, Eric n’était ni content ni mécontent. Il bougeait librement, sans s’inquiéter s’il perdait un point ou même un set. Il rejetait ses cheveux blonds en arrière avec naturel, sans poser ni paraître conscient de sa beauté. Il devenait seulement sérieux quand il voyait une faille dans les défenses de Drew. Alors il fondait sur la balle comme un félin prédateur qui resserre ses mâchoires sur la gorge d’un faon.
La vie et la mort régnaient partout sur la galerie du fond. Papillons de nuits et mouches mortes ou mourantes étaient piégées dans des toiles d’araignée. Des moucherons volaient, des araignées couraient. De l’autre côté de la moustiquaire il y avait un essaim de frelons. Les tueurs jaunes et noirs planaient lentement dans la brise en fredonnant leur chanson grave.
Elle était assise sur le lit avec les deux garçons. Thomas, l’enfant libéré depuis peu, était sur ses genoux, tandis qu’Eric était blotti contre elle. A un moment, Eric leva la main et regarda Tommy. Il abaissa la main avec une certaine force sur la tête du bébé. Celui-ci ne pleura pas, se contentant d’un froncement de sourcils pour exprimer sa douleur. Branwyn attrapa le bras fautif en disant : - Eric Nolan, tu es le bienvenu chez moi mais seulement si tu es gentil avec mon fils. Est-ce que c’est bien compris ?
Le principal avec la malchance, c’est qu’il t’arrive des choses désagréables et ça te rend triste. Si tu mourais, ce serait les autres qui seraient tristes, ce serait eux qui n’auraient pas de chance
La petite femme et Thomas s’étreignirent, là, sur son lit d’enfant. Elle pleurait. Il se rappelait les nombreuses fois où Eric et lui avaient couru vers elle couverts de plaies et de bosses. Elle était toujours là, prête à prendre soin d’eux.
Walter Mosley: 2015 National Book Festival